Texte intégral
SONIA MABROUK
Bienvenue à vous et bonjour Jean-Baptiste DJEBBARI.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Bonjour à vous deux.
SONIA MABROUK
Alors, beaucoup de questions à vous poser très concrètes. Une tolérance sera donc accordée en ce week-end de Pâques pour ceux qui souhaitent changer de région et y rester pour le confinement, sans aucune restriction de déplacement partout en France, c'est possible ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors pour être le plus clair possible, on a une règle qui est relativement simple, c'est qu'en-dessous de 10 kilomètres, les déplacements ne nécessitent pas d'attestation et au-delà de 10 kilomètres, vous devez avoir à la fois une attestation et un motif dérogatoires. Ça, ça s'applique dès demain sur la France entière ; ça s'applique déjà dans les 19 départements qui sont concernés. Pour le week-end de Pâques, lundi inclus, et parce qu'on sait très bien qu'un certain nombre de familles vont vouloir descendre leurs enfants chez leurs grands-parents par exemple et que ces déplacements sont légitimes, nous appliquons une tolérance – donc samedi, dimanche, lundi – de manière à ce que ces déplacements légitimes puissent se faire et se faire en bon ordre et à compter de mardi matin, il y aura des contrôles beaucoup plus systématiques sur le motif de déplacement.
SONIA MABROUK
Et quand vous dites "tolérance", ça veut dire qu'il n'y aura pas pendant ce week-end de Pâques des contrôles sur les déplacements ? C'est bien cela ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors, des contrôles, il en existe toujours, il en existera toujours notamment par exemple dans les transports sur le port du masque ; vous savez que nous avons habilité tous les agents de la SNCF, de la RATP pour contrôler, il y aura des contrôles sur le protocole sanitaire mais sur le motif de déplacement, il y a cette tolérance pour pouvoir se déplacer jusqu'à lundi inclus, par exemple pour emmener ses enfants chez ses grands-parents dans le Limousin.
SONIA MABROUK
Est-ce que vous avez, Jean-Baptiste DJEBBARI, des chiffres sur ces départs ? Certains parlent d'un "exode". Pour la SNCF, on dit qu'il y aurait un boom des réservations.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, ça a été moins fort par exemple que à l'occasion du deuxième déconfinement, on a eu 25% de réservations en plus, 130 000 réservations très centrées d'ailleurs au moment de l'allocution présidentielle mais on a eu aussi 40 000 annulations du fait de la restructuration des vacances, de l'alignement des vacances sur les mêmes périodes et au total, je regardais ça ce matin, sur les chiffres de la SNCF pour le mois d'avril, on a moins 65% de réservations, ce qui prouve que les Français vont beaucoup moins se déplacer pendant le mois d'avril, ce qui est aussi un des buts recherchés.
SONIA MABROUK
Alors, s'il y a de tolérance qui est de mise ce week-end pour les déplacements interrégionaux, précisons-le, est-ce qu'il y a aussi une tolérance finalement pour le rayon des 10 kilomètres dans son propre département ? Ce serait logique !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
En tout cas, il y aura du pragmatisme et du bon sens ; je prends un exemple.
SONIA MABROUK
Oui, on en a besoin du bon sens !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, eh bien, on va essayer de l'appliquer. Les 10 kilomètres, ça vous permet effectivement d'aller faire la majeure partie de vos déplacements de proximité, de vos courses de proximité et quand vous êtes dans le Limousin, par exemple et que vous devez aller acheter du matériel de bricolage ou un PC pour vos enfants, il peut arriver que vous fassiez 13, 14 kilomètres pour aller à Aixe-sur-Vienne par exemple et ça, c'est permis puisque c'est un besoin, que le commerce de proximité se trouve à plus de 10 kilomètres, vous pouvez donc vous y rendre, ce sera faire preuve de pragmatisme et de bon sens.
SONIA MABROUK
J'ai bien compris mais attendez, le bon sens voudrait que si on tolère les déplacements interrégionaux samedi, dimanche, la règle des 10 kilomètres autour de chez soi, elle ne s'applique pas !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, non, je le redis mais la tolérance pour les déplacements interrégionaux pour le week-end de Pâques, c'est pour la situation bien précise mais néanmoins réelle de toute une famille qui va devoir s'organiser pour le télétravail, pour la garde d'enfants. Et je le dis encore, ces déplacements sont légitimes, ils se passeront une fois pour cette période de 4 semaines et nous avons souhaité les organiser plutôt que les subir et la raison de cette tolérance, elle est spécifiquement pour ce cas-là. Ce que vous dites, c'est qu'il y a une règle, pour le reste, les 10 kilomètres, qui s'applique déjà depuis plusieurs semaines dans 19 départements français qui va s'appliquer à la France entière et la règle, elle a vocation à s'appliquer.
SONIA MABROUK
Et qui va s'appliquer aussi, Jean-Baptiste DJEBBARI, aux départements ruraux, vous êtes un connaisseur de nos territoires, vous savez très bien que cette règle des 10 kilomètres, parfois, elle ne veut rien dire dans les départements ruraux où le premier supermarché peut être à 15 à 20 kilomètres !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Raison pour laquelle, je l'ai dit, pragmatisme et bon sens, il y avait là dans les règles précédentes la règle des 30 kilomètres, je ne veux pas rendre le propos confus mais l'idée c'était de dire ça, de dire que quand vous avez un centre commercial à 15 kilomètres et que vous n'avez rien d'autre à côté de chez vous, quand vous avez un magasin de bricolage ou un magasin de sport ou en magasin d'informatique à 15 kilomètres, que vous avez besoin de vous y rendre, vous pouvez vous y rendre. Évidemment, toute règle, si on cherche, souffre d'exception et l'idée c'est évidemment de pratiquer du bon sens pour ces quatre prochaines semaines …
SONIA MABROUK
Du bon sens, on espère !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Du bon sens et du pragmatisme.
SONIA MABROUK
De la tolérance en tous les cas, on l'a compris ce week-end de Pâques …
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Et de la responsabilité individuelle !
SONIA MABROUK
…dans le cadre des déplacements interrégionaux mais si on vous a bien compris, il sera toujours possible de se déplacer ensuite pour les gardes d'enfants, pour aller chercher, accompagner, un enfant, son enfant ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je prends un exemple pour, la réponse est plutôt "oui". Je prends un exemple.
SONIA MABROUK
Plutôt ou complètement ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je prends le bon exemple. Le bon exemple, c'est que vous avez vos grands-parents qui montent par exemple de Toulouse ou du Limousin à Paris ce week-end pour chercher vos enfants, soit les garder chez vous, soit les remmener à Toulouse, ça, c'est un déplacement légitime. On n'encourage pas à ce que ce type de déplacement se reproduise quatre fois dans la semaine ou même quatre fois dans le mois, on dit : faites-le une fois, organisez-vous …
SONIA MABROUK
Vous n'encouragez pas mais il n'y aura pas de sanction et de contrôle ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est la tolérance que nous posons et vous savez comme dans toute stratégie d'abord, il y a les règles, il faut qu'elles soient respectées et puis il y a l'adhésion aux règles, il y a la responsabilité individuelle. Les Français ont compris que ce que nous essayons de faire, c'est d'agir fort sur un temps relativement réduit pour sortir le plus rapidement possible de cette crise sanitaire et on donc ça renvoie aussi à la responsabilité.
SONIA MABROUK
Vous dites "agir fort et responsabilité", mais quand tous ceux qui quittent un département avec une forte tension épidémique pour aller vers un département très peu touché, vous les encouragez à faire circuler le virus ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, d'abord …
SONIA MABROUK
Bah si !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
…les départements très peu touchés, il y en a de moins en moins ; vous savez que le virus circule de façon très dynamique et de façon de plus en plus uniforme.
SONIA MABROUK
Mais ce n'est pas pour autant qu'il faut peut-être encourager ces déplacements, c'est ça ce que l'on ne comprend pas, Monsieur le ministre, ce week-end de Pâques, certains vont aller dans des départements peu touchés ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Si vous cherchez à me dire que quand il y a une règle posée, certains essaient de la contourner, c'est la nature humaine et donc c'est pour ça que nous appelons aussi à la responsabilité de chacun en disant que les règles, notamment le couvre-feu et que les contrôles sur les motifs par exemple des 10 kilomètres, vont s'appliquer partout pour essayer tant que faire se peut de limiter ceux qui voudraient contourner les règles mais il y aura des contrôles. Nous avons discuté de tout ça cette semaine avec Gérald DARMANIN qui avait mobilisé beaucoup de forces de sécurité intérieure pour justement faire respecter ces règles sur les rassemblements publics, sur la consommation d'alcool dans les lieux publics, bref toutes les règles qui ont été annoncées par le Premier ministre hier !
SONIA MABROUK
Que de règles, que de règles !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, oui, mais non mais c'est une situation qui n'est agréable pour personne dans aucun pays du monde !
SONIA MABROUK
Evidemment, c'est pour ça qu'on essaie d'être clair ce matin.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Exactement et de laquelle nous essayons de sortir collectivement.
SONIA MABROUK
Autre exemple, à partir de 6 avril Jean-Baptiste DJEBBARI on ne peut pas donc se déplacer entre régions sauf motif impérieux et précis mais est-ce qu'on peut se rendre, voyager dans un autre pays européen ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors, le principe qui s'applique aujourd'hui, c'est que vous pouvez vous déplacer dans un autre pays européen avec un test PCR. Vous savez qu'aujourd'hui les pays européens mettent de plus en plus de restrictions ; je prends le cas de l'Italie, vous voulez vous rendre en Italie, vous avez une quarantaine obligatoire à l'arrivée. Ça renvoie à la circulation très active du virus partout en Europe.
SONIA MABROUK
Très concrètement, je peux me déplacer pour des vacances dans un pays européen mais pas dans une autre région en France !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est un cas théorique qui existe, il, n'est pas encore tranché, on va en discuter ce matin. Donc c'est un cas théorique qui existe, qui existe déjà !
SONIA MABROUK
Oui mais nous, on est dans la pratique !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
En pratique, il est très peu utilisé. On a du voyage d'affaires mais on a très peu de voyages touristiques. Alors, évidemment, il y a des caméras qui parfois montrent des jeunes qui vont faire leur week-end à Barcelone mais c'est en pratique très peu utilisé.
SONIA MABROUK
D'accord mais un auditeur qui nous écoute ce matin qui veut partir en vacances dans un autre pays européen, il le fait ? Il est dans la pratique, lui !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
D'abord, on ne lui recommande pas. On va en discuter ce matin et il y a très peu d'offres de transport pour ce faire et par ailleurs je le dis, en plus des pays européens appliquent des restrictions notamment des quarantaines à l'arrivée. Donc en pratique cette possibilité est de moins en moins disponible !
SONIA MABROUK
Alors la lumière au bout du tunnel, on l'espère, c'est la vaccination si elle monte en puissance. Il y a certaines professions, Jean-Baptiste DJEBBARI comme les enseignants qui pourraient être prioritaires mais qu'en est-il des personnels dans les transports, les trains, les avions ? Plusieurs fédérations de transport réclament que leurs salariés à juste raison fassent partie des catégories prioritaires. Que leur répondez-vous ce matin ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je leur ai répondu hier puisque je les ai réunis, l'ensemble des secteurs du transport, les transports routiers de marchandises, les autocaristes, le transport aérien, le transport public terrestre et évidemment il y a cette demande comme on avait eu la demande à l'époque sur les masques, sur les tests.
SONIA MABROUK
Oui et quelle réponse ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
La réponse et tout le monde le comprend bien, c'est qu'une fois qu'on aura suffisamment de doses pour vacciner massivement, les personnels les plus exposés, vous l'avez dit, les policiers, les enseignants, les personnels de transport …
SONIA MABROUK
Donc vous ne leur avez pas répondu hier ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je leur ai dit que ce message était porté par leur ministre évidemment en interministériel et que le sujet mais ils le comprennent bien, ils le disent eux-mêmes, c'est l'approvisionnement massif en doses …
SONIA MABROUK
Donc il n'y a pas d'horizon de vaccination pour eux ? Ils sont quand même en première ligne !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Ils sont en première ligne, ils sont en deuxième ligne, ils ont été incroyablement engagés depuis le début de cette crise, depuis plus d'un an maintenant et je leur ai redit hier, vous savez que le président dans son allocution a dit qu'il reviendrait bientôt donner de la visibilité aux Français sur tous ces sujets et avoir un calendrier progressif de réouverture et donc il apportera …
SONIA MABROUK
Donc aucun horizon de vaccination pour ces premières lignes dans les transports pour le moment ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
De date précise, non parce que si je vous donne une date précise, je vais immédiatement être pris en défaut et donc mais en tout cas la volonté, c'est évidemment de pouvoir vacciner le plus tôt possible ceux qui sont les plus exposés.
SONIA MABROUK
En parlant d'horizon, avant-hier donc le président évoquait la mi-mai sans rien dire par exemple, c'est étonnant, d'un éventuel passe sanitaire, d'un travel pass pour faciliter les voyages. Vous n'êtes pas en train de travailler sur cela ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors si. Nous y travaillons, nous y travaillons évidemment au niveau français avec mon collègue Cédric O, au niveau européen parce que notamment s'agissant des transports internationaux, c'est au niveau européen que cela se fait. Il y a plein d'initiatives qui ont été lancées par IATA qui est l'association des transports aériens …
SONIA MABROUK
AIR FRANCE aussi, non, qui a fait des essais sur certains vols ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
AIR FRANCE et ça marche, on a les premiers chiffres.
SONIA MABROUK
Ah bon, c'est concluant ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est concluant, effectivement ça marche. Ça permet d'abord de gagner du temps dans les queues, d'avoir plus de fluidité de circulation, donc moins d'engorgement et nous y travaillons au niveau européen. Thierry BRETON s'est exprimé sur le sujet il y a quelques jours et l'idée, c'est d'avoir un passe, un travel pass sanitaire disponible pour l'été harmonisé au niveau européen et qui vous permette d'avoir votre certificat de vaccination, votre test PCR ou votre test sérologique de manière …
SONIA MABROUK
Ah certificat de vaccination également ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
L'ensemble des documents qui vous permettront de voyager de façon fluide.
SONIA MABROUK
Donc ce n'est plus une discussion taboue, qu'il y ait la vaccination, pas seulement le test PCR négatif ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est deux choses différentes parce que le sujet du passeport vaccinal, c'était de savoir si vous pouviez vous déplacer si vous étiez vacciné, si et seulement si vous étiez vacciné. Là, l'idée c'est d'avoir une application qui va permettre d'avoir tous les documents disponibles, soit votre certificat de vaccination, soit votre test PCR, soit une preuve.
SONIA MABROUK
Mais pourquoi vous ne dites pas maintenant clairement qu'il faudra le vaccin pour voyager ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Mais parce que ça se trouve, il faudra le vaccin ou le test PCR.
SONIA MABROUK
Mais pourquoi vous ne dites pas "et le vaccin" ? Le test PCR, il n'y a pas de problème, je crois qu'il n'y a pas un grand débat sur les libertés autour du test PCR !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
D'ailleurs, c'est déjà le cas aujourd'hui mais je dis "ou", "et/ou", vous voyez bien que tant qu'on n'a pas …
SONIA MABROUK
Mais le vaccin pourrait être une condition sine qua non pour voyager ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Le vaccin ou le test PCR, bref quelque chose qui va …Je n'essaye pas d'éluder la question vraiment …Moi, je pense qu'il faut avancer en bon ordre. Là, on a maintenant une vaccination qui progresse assez bien, on sait qu'on aura atteint, d'ailleurs, c'est l'objectif du président …enfin de Thierry BRETON le commissaire européen, une forme d'immunité collective au cours de au cœur de l'été, le président a rappelé cet objectif important et donc l'idée, c'est oui de pouvoir se re-déplacer pendant l'été en sécurité sanitaire, ça voudrait certainement avoir soit un test PCR soit une preuve de vaccination soit une preuve d'avoir vécu le virus et d'être immunisé naturellement contre le virus.
SONIA MABROUK
Jean-Baptiste DJEBBARI, merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 avril 2021