Texte intégral
LAURENCE FERRARI
Bonjour Olivier VERAN.
OLIVIER VERAN
Bonjour Laurence FERRARI.
LAURENCE FERRARI
Bienvenue dans « La matinale de Cnews ». On va commencer par ce contrôleur du Fisc qui a été tué dans le cadre de son travail, à Bullecourt dans le Pas-de-Calais, on vient de l’évoquer. Gabriel ATTAL, ministre des Comptes publics, se rend sur place ce matin, vous rendez hommage au fonctionnaire du service public français.
OLIVIER VERAN
Bien sûr. Cet homme avait le visage du service public, le visage du courage qui consiste aussi à intervenir pour des missions qui peuvent être difficiles, auprès des gens, chez les gens, dans l'accompagnement. Donc c'est forcément un drame humain terrible, ce brocanteur a commis un acte le plus terrible qui soit. Donc pensée pour la famille, pensée pour tous les collègues qui travaillent dans les services fiscaux ou de manière générale pour toute la grande famille des services publics. Le ministre se rendra, le ministre en charge des Comptes publics, Gabriel ATTAL, sera auprès des collègues de ce jeune homme dans la matinée. C’est normal.
LAURENCE FERRARI
Les salariés du public sont deux fois plus exposés que ceux du privé à ce type d'agression, 28 % d'entre eux disent avoir déjà subi des attaques, des violences verbales, physiques. C'est à l'Etat qu'on s'en prend à travers eux, ces dysfonctionnements de l'Etat aussi peut-être ?
OLIVIER VERAN
Je pense que toutes les situations ne se valent pas, ne sont pas égales. Il n’y a pas forcément la volonté d'attaquer l'Etat, il peut y avoir des actes de folie, il peut y avoir des actes de désespoir, de détresse, il peut y avoir des actes… On ne connaît pas le les motivations, si on peut parler de motivations de ce brocanteur, ce qui est sûr c'est qu’intervenir chez les gens, c'est une mission qui peut être difficile, mais c'est une mission qui courageuse et qui est nécessaire. C'est aussi la force et la puissance de nos services publics, que d'être capable de se rendre au domicile des personnes quand il le faut. Ça peut être une infirmière, ça peut être un pompier, qui se font aussi parfois agresser, ça peut être des fonctionnaires des services des impôts.
LAURENCE FERRARI
De policiers aussi, je pensais aussi aux forces de l’ordre…
OLIVIER VERAN
Bien sûr, les forces de l’ordre.
LAURENCE FERRARI
… qui sont régulièrement l'objet d'attaques et de violences.
OLIVIER VERAN
Bien sûr, c’est pour ça qu’on doit soutenir nos services publics très fortement.
LAURENCE FERRARI
L'assurance chômage, la pilule a du mal à passer du côté des syndicats qui voient que la baisse de la durée d'indemnisation de 25 % va créer des trappes à pauvreté pour les chômeurs âgés et pauvres. Qu'est-ce que vous leur dites, aux syndicats qui sont vent debout contre la réforme ?
OLIVIER VERAN
Moi, je leur dis d'abord que malgré la réforme, notre système reste l'un des plus protecteurs de toute l'Europe. Je leur dis ensuite que c'est très cohérent en fait de moduler. La règle est très simple : quand le chômage est élevé, qu'il est difficile de trouver un boulot, que même quand vous êtes diplômés vous n’êtes pas sûr de pouvoir trouver un travail dans vos cordes, eh bien le système d'assurance chômage, c'est une assurance qui couvre un risque, le risque de ne pas trouver un travail, cette assurance chômage elle est très protectrice. Pendant 2 ans, vous touchez tout le niveau de pension. A l'inverse, quand le chômage est bas, quand il y a des emplois qui sont disponibles, à l'heure à laquelle je vous parle Laurence FERRARI, il faut savoir qu'il y a quand même plus de 400 000 emplois disponibles dans notre pays. 400 000.
LAURENCE FERRARI
Dans quels secteurs ?
OLIVIER VERAN
Dans quasiment tout. C'est simple, il y a 60 % des entreprises qui cherchent à recruter, 60 %, et plus de 30 % qui sont à la peine pour recruter. Donc dans quasiment tous les domaines on propose de l'emploi aujourd'hui. Ce système d'assurance il est normal qu'il soit un peu moins protecteur dans ces périodes, on veut atteindre le plein emploi, on veut mettre en corrélation les emplois disponibles, avec les Français qui cherchent un emploi.
LAURENCE FERRARI
Alors justement, quand on va baisser la durée d'indemnisation de l'assurance chômage, est-ce qu'on va proposer automatiquement un travail à ceux qui sont au chômage ou pas ? C’est ça la vraie question.
OLIVIER VERAN
C'est même plus que ça. Non seulement…
LAURENCE FERRARI
Il va avoir une connexion immédiate ?
OLIVIER VERAN
Non seulement on est en train de réformer le système, avec ce qu'on appelle France Travail, c'est-à-dire qu'on est en train de mieux coordonner, de faire travailler ensemble tous les services de Pôle emploi, des Missions locales, les acteurs des collectivités et toutes celles qui offrent et qui mettent en relation les emplois avec les gens qui recherchent de l'emploi, mais aussi on met un très fort accent sur la formation professionnelle, vous savez, avec non seulement une réforme du lycée professionnel, mais aussi une réforme de la formation tout au long de la vie, de sorte que si quelqu'un dit : « écoutez, vous êtes sympa, je sais qu'il y ait des emplois disponibles, mais moi dans ma branche c'est saturé, et je ne peux pas trouver de travail dans ma branche », dans ce cas-là, plutôt que de lui dire « écoutez, vous allez rester au chômage ad vitam aeternam », on lui dit « vous avez raison, c'est saturé dans votre branche, voilà ce qu'on peut vous proposer en termes d'accompagnement, pour pouvoir…
LAURENCE FERRARI
Et de formations.
OLIVIER VERAN
Exactement, et de formations, pour accéder à l'emploi.
LAURENCE FERRARI
Donc, chaque chômeur aura cette proposition-là.
OLIVIER VERAN
Honnêtement, dans la période que nous connaissons, 18 mois pour trouver un travail, 18 mois pour trouver un travail, avec un taux de chômage qui est à 7 %, qui continue de baisser et alors qu'on tend vers le plein emploi, c'est suffisant.
LAURENCE FERRARI
Alors, on parle aussi là des seniors, et c'est ce que soulignent les syndicats, une trappe à pauvreté pour les chômeurs âgés. Là-dessus, dès 55 ans on est considéré comme seniors dans ce pays et on ne trouve pas de travail. Comment vous allez faire pour ces catégories d’âge ?
OLIVIER VERAN
On a un plan pour l'emploi des seniors, avec différentes mesures qui existent, non seulement de la formation quand il faut se reconvertir ou encore valoriser les capacités qu'on a de transmettre aux plus jeunes dans l'entreprise, donc éventuellement quand on occupe un poste de travail qui est usant, qui est fatiguant, on peut changer de poste de travail pour pouvoir participer à l'enseignement, à la formation des plus jeunes. Vous avez des systèmes qu'on appelle les retraites progressives etc. etc. Et dans le cadre de la réforme des retraites qui va intervenir, comme on va être amené à travailler un petit peu plus longtemps, eh bien on va mettre encore davantage l'action sur la formation des seniors. La France est le pays où dans lequel on part le plutôt à la retraite, et c'est aussi du coup le pays dans lequel il est le plus difficile de garder ou de trouver un emploi passé 50 ans, et encore plus 55 ans. Donc nous voulons justement qu’avec cette réforme des retraites, il y ait un plan d'accompagnement et de maintien dans l'emploi des seniors.
LAURENCE FERRARI
Et sur le plan, sur l'assurance chômage, comment vous êtes sûr qu'il va créer 100 à 150 000 emplois, c'est ce que dit Olivier DUSSOPT ?
OLIVIER VERAN
Alors, ça va être un mécanisme assez direct en fait, vous allez voir qu’il y aura un impact assez massif sur le marché du travail. Parce que c'est un signal aussi qu'on en envoie, qui consiste à dire, et franchement les Français en ont conscience, enfin si vous vous baladez dans votre ville ou dans vos villages et que vous allez voir différents secteurs, que ce soit des entreprises, des industries, évidemment des restaurateurs, les services à la personne, l'hôpital, l'EHPAD etc., vous allez trouver un nombre d'endroits très importants, dans lesquels on cherche aujourd'hui à embaucher et à recruter. Donc vraiment, ce qu'on veut, c'est de dire aux gens : l'esprit de l'assurance chômage, c'est l'esprit du Conseil national de la Résistance, c'est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale où l'Etat à l'époque, sous l'égide du général de GAULLE a dit « il y aura des périodes au cours desquelles les gens ne pourront pas trouver de travail, parce que le marché du travail sera trop tendu, alors il faudra les assurer pour ne pas qu'ils perdent tous leurs revenus ». Cette logique de l'assurance, est celle qui guide la réforme que nous proposons aujourd'hui. Et il est normal que quand le risque est élevé, l'assurance soit forte, et quand le risque est faible, l'assurance soit un peu moins forte.
LAURENCE FERRARI
Hier, Elisabeth BORNE, a pour la 5e fois dégainé le 49.3 pour faire passer le projet de budget de la Sécurité sociale. Nouveau dépôt de motion de censure de la NUPES, parce que selon Mathilde PANOT, ce énième passage en force est inacceptable. Vous allez gouverner pendant les 4 ans qui vous restent, à coups de 49.3 ?
OLIVIER VERAN
Non, mais nous l'avons dit il y a plusieurs semaines, il faut bien comprendre que le budget, parce qu'on parle du budget, c'est le moment où on se compte, que vous soyez dans un Conseil municipal, un Conseil départemental, un Conseil régional, au Parlement, c'est le moment où les députés disent s'ils sont dans la majorité ou s'ils sont dans l'opposition. Je note d'ailleurs, souvenez-vous, que les oppositions dans leur ensemble avaient déjà annoncé qu'elles voteraient contre le budget avant même qu'on en ait connaissance. Donc ce qui se passe est tout à fait dans la lignée, dans la continuité. Comme il y a plusieurs partis au budget, chaque partie fait l'objet d'un 49.3. Le véritable fait marquant, pardonnez-moi, de ces dernières semaines, ce n’est pas le 49.3 d’hier, c'est le fait que la semaine dernière le Parlement a adopté une partie du budget, sans recourir au 49.3, c'est-à-dire avec une majorité qui s'est dégagée à l'Assemblée nationale et au Sénat, ce qui était inattendu. Ce qui montre que notre politique de la main tendue, ce qui montrent que la consultation que nous organisons, ce qui montre que les débats au Parlement où on est capable de prendre des amendements des oppositions, permet sur certains bouts de budget, d'obtenir un accord et un consensus. Ça c'était plutôt inhabituel.
LAURENCE FERRARI
Encore un tout petit mot de ce qui se passe au Parlement. Les députés vont bientôt examiner les deux textes qui visent à garantir l'IVG dans la Constitution. Le Rassemblement national a décidé de changer de pied, le groupe a déposé hier un amendement qui vise à constitutionnaliser la Loi Veil. Ça vous surprend ce changement de pied de Marine LE PEN ?
OLIVIER VERAN
Je ne sais pas, parce que madame LE PEN elle change de pied d'avis assez souvent au fond, et ce qu'elle prône aujourd'hui ne sera peut-être parce qu'elle prônera dans un an, en fonction de l'éventail politique du moment. Ce qui est fondamental, c'est, je veux dire, moi-même j’ai…
LAURENCE FERRARI
Elle est inconstante dans ses positions, pour vous ?
OLIVIER VERAN
On a le droit d'évoluer.
LAURENCE FERRARI
Sur certains thèmes elle est …
OLIVIER VERAN
On a le droit d’évoluer. Moi je vais vous faire une confidence. Moi je m'étais posé la question de savoir s'il fallait mettre dans la Constitution le droit à l'IVG. Et puis en fait qu'est ce qui s'est passé depuis 2, 3 ans ? La remise en cause assez simplement finalement du droit à l'IVG, dans des grands pays comme les Etats-Unis, mais aussi ces discussions qui s'ouvrent dans certains pays européens. Et là je me suis dit, en fait s’il suffit d'une loi votée avec une majorité au Parlement pour remettre en cause cet acquis fondamental pour la santé des femmes et le droit à disposer de leur corps, c'est pas suffisant, donc si on met au niveau constitutionnel, c'est pour faire en sorte qu'une simple loi au Parlement ne puisse pas casser cela, et qu'on ne puisse pas revenir en arrière, c'est-à-dire qu'à moins que dans un avenir, un pouvoir en place dispose d'une majorité des 3/5e, c'est-à-dire une majorité de sénateurs et de députés, et c'est, c'est très loin d'être la situation quoi qu'il arrive, eh bien ils ne pourront pas remettre en question ce droit fondamental. Donc c'est pour ça que moi je suis très favorable désormais à l'inscription.
LAURENCE FERRARI
Donc vous dites : bravo Marine LE PEN.
OLIVIER VERAN
Je ne dis pas « bravo madame LE PEN », je dis que si elle a de la constance dans les positions qui sont les siennes, sur les questions sociétales notamment, ce serait plutôt pas mal.
LAURENCE FERRARI
On va parler des maires. Le président se rend au Congrès des maires, il n’y aura pas de discours, il y a quelques années il s'était fait siffler, on s’en rappelle, il va faire une déambulation pour avoir je cite un contact direct et fort. Il va en entendre des doléances, parce que les maires sont étranglés, vous le savez, par l'explosion des factures d'électricité et d'énergie. Qu'est-ce qu'il va leur dire aux maires, dans ses déambulations ?
OLIVIER VERAN
Pardon, plusieurs retours en arrière sur la question. Un, le président ne s'est pas fait que siffler au Congrès des maires…
LAURENCE FERRARI
Non, mais ça a été le cas, il y a 5 ans.
OLIVIER VERAN
… il y est allé plusieurs fois, et il a aussi et surtout été très applaudi au Congrès des maires, il y était l'année dernière par exemple.
LAURENCE FERRARI
D'accord, mais il y a 5 ans il s’est fait siffler.
OLIVIER VERAN
Ensuite, il va faire comme il le fait à régulièrement, il va déambuler, c'est-à-dire qu'il va aller à la rencontre directe, au contact direct sur le terrain des maires et des élus locaux, qui comptent énormément pour notre pays, puis il les recevra, plus d'un millier d'entre eux, à l'Elysée comme il le fait, pour avoir aussi cet échange fondamental. Sur la situation financière des collectivités, et notamment des municipalités des mairies, il y a des rapports indépendants qui montrent bien que la situation financière de nos communes s'améliore. Pourquoi ? Parce que nous avons arrêté de baisser les dotations aux communes depuis plusieurs années, et les capacités d'autofinancement, le niveau d'endettement, les indicateurs, s'améliorent dans l'immense majorité des cas. Et lorsque des communes font face à des difficultés avec le coût de l'énergie, nous en avons parfaitement conscience, nous mettons en place des amortisseurs, c'est-à-dire des fonds de dotations pour les communes dans lesquelles elles peuvent venir puiser pour faire en sorte de ne pas avoir à se poser la question de chauffer une école ou d'ouvrir un musée. Tout le reste, pardonnez-moi, c'est de la politique, et quand vous avez des communes, notamment la première d'entre elles, qui fait exploser la facture de ses habitants en augmentant la taxe foncière, en expliquant que c'est la faute de l'Etat, j'invite chaque Français qui s'intéresse à ces questions, à lire les rapports de la Cour des comptes, qui explique que la politique de soutien aux collectivités par l'Etat, fait que la situation globale des communes dans notre pays s'est améliorée.
LAURENCE FERRARI
Donc Anne HIDALGO ment quand elle dit que l'Etat n'est pas…
OLIVIER VERAN
Non, elle n’assume pas, mais ça c'est un classique, mais c'est dommage, c'est dommage, elle ferait mieux de dire : écoutez, voilà, Paris est très endettée, là où les communes de France sont endettées pour 3 ou 4 ans, eh bien à Paris on est endetté de plus de 20 ans. On a fait des choix, libre à vous de savoir si les choix qu'on a faits, ils profitent aux Parisiennes et aux Parisiens ou non. Je pense qu’un certain nombre d'entre eux ont une idée là-dessus. Mais donc il faut qu'on se désendette parce que finalement on se rend compte que ça ne peut pas durer, et donc on va augmenter vos impôts, c'est notre décision à nous, ville de Paris. Allez dire « regardez, c'est la faute à l'Etat », honnêtement ça ne marche plus auprès des Français.
LAURENCE FERRARI
J'ai encore deux questions importantes à vous poser. L’Océane Viking, il y a 11 jours, plus de 230 migrants débarqués à Toulon, aujourd'hui il n'en reste plus que 6 dans le centre d'accueil qui leur était dédié. Est-ce que c'est un fiasco ?
OLIVIER VERAN
Alors, ce n'est pas un fiasco, pardonnez-moi, d'abord…
LAURENCE FERRARI
C’est une réussite ?
OLIVIER VERAN
Non, c'est ce qu'on appelle l'Etat de droit. Vous avez des enfants, les enfants vous ne pouvez pas les enfermer…
LAURENCE FERRARI
La faiblesse de l'Etat de droit ?
OLIVIER VERAN
Mais, vous avez… Les conventions internationales des droits de l'enfant font que vous ne pouvez pas enfermer un gamin de 12 ans, contre son choix…
LAURENCE FERRARI
Alors, je ne parle pas que des mineurs, je vous parle des majeurs.
OLIVIER VERAN
Non, mais, 1ère catégorie. 2e catégorie, vous avez un certain nombre de ces personnes qui ont demandé le droit d'asile, et leur dossier est en instruction, comme tout demandeur d'asile ils sont libres une fois que le la demande a été faite, de circuler. Et d'autres n'ont pas fait la demande de droit d'asile, et la justice a décidé de les libérer, mais toutes ces personnes-là nous sommes en train de les contacter pour qu'elles rentrent dans le dispositif de droit d'asile, à la demande de la Première ministre.
LAURENCE FERRARI
Vous avez des retours, vous arrivez à les tracer ?
OLIVIER VERAN
Oui, il y aura des communications qui seront faites, et donc on veut qu’ils rentrent dans les dispositifs de demandes d'asile, pour être dans un dispositif de droit commun. Ils n’ont pas vocation, vous serez d'accord avec moi, à rester dans le village vacances de la presqu’île de Giens, pendant des semaines et des mois et des années. Je l'ai dit, pardonnez-moi, mais le seul délit dont ils sont coupables, c'est le délit de survie, ils n'ont tué personne, ils n'ont volé personne, et donc quand ils sont arrivés sur le territoire on a tout vérifié, sécurité intérieure, santé aussi, et ensuite dispositif de droit commun, et la justice a dit ; eh bien vous, vous pouvez circuler, vous ne pouvez pas circuler, vous avez demandé l'asile, vous êtes mineur vous voulez partir en Allemagne, on ne peut pas vous en empêcher, et donc le dispositif suit son cours.
LAURENCE FERRARI
D'accord, mais la réalité c'est qu'il n'en reste que 6 aujourd'hui dans le centre, et donc les Français se disent « mais alors où sont-ils passés ? Il se sont évaporés dans la nature ».
OLIVIER VERAN
Non, ça veut dire que ceux qui doivent être expulsés le seront. Ceux qui peuvent circuler, parce qu’ils sont fait la demande d'asile…
LAURENCE FERRARI
Et vous allez remettre la main dessus, sur les 44…
OLIVIER VERAN
Il y a un suivi qui est… Les gens ne sont pas complètement dans la nature, si c'est votre question. Après, il y en a un certain nombre qui ont décidé de quitter la France, de partir en Allemagne parce qu'ils avaient de la famille, etc. etc.
LAURENCE FERRARI
D'accord. Gérard COLLOMB a dit, l'ancien ministre de l'intérieur, « on ouvre une nouvelle brèche, on crée un précédent, pour moi cela ne peut qu'encourager les réseaux de passeurs pour qui les migrants sont une source de gains considérable ». Vous entendez ce qu’il dit ?
OLIVIER VERAN
Alors, j'entends qu'il y a un vrai sujet avec les réseaux de passeurs. Là on parle d'une ONG.
LAURENCE FERRARI
Christophe CASTANER l'avait souligné d’ailleurs.
OLIVIER VERAN
Là on parle d'une ONG, donc on ne va dire qu'une ONG est un réseau de passeurs. D’accord ?
LAURENCE FERRARI
C’est ce que disait Christophe CASTANER, vous vous en rappelez, 2019.
OLIVIER VERAN
Oui oui, non non, je dis juste que je différencie réseaux de passeurs et ONG. L’ONG, un bateau d’ONG ce n’est pas…
LAURENCE FERRARI
Non mais il avait dit qu’il y avait une collusion entre les réseaux de passeurs et les associations non gouvernementales.
OLIVIER VERAN
Il faut être extrêmement attentif à ça. Je vous dis juste, et on ne va pas revenir, enfin on peut revenir dessus si vous le voulez, mais vous avez 200 personnes à fond de cale d'un bateau depuis 2 semaines, en mer…
LAURENCE FERRARI
On ne revient pas là-dessus.
OLIVIER VERAN
… la question ne se posait pas. Est-ce que c'est le début…
LAURENCE FERRARI
Vous entendez ce que dit… une brèche.
OLIVIER VERAN
Est-ce que c’est le début d’une arrivée massive de bateaux, je n’en vois pas arriver, et nous insistons surtout…
LAURENCE FERRARI
C'est-à-dire qu'on n'accueillera pas le prochain bateau, monsieur VERAN ?
OLIVIER VERAN
Nous sommes surtout en train d'insister auprès des Italiens pour qu'ils remplissent leur rôle et qu’ils remplissent les accords européens.
LAURENCE FERRARI
Et s'ils ne veulent pas, est-ce que nous accueillerons le prochain bateau ?
OLIVIER VERAN
Nous verrons, mais la question n'est pas de savoir si on accueille…
LAURENCE FERRARI
Donc, ni oui ni non.
OLIVIER VERAN
Mais, encore une fois, on n'a pas vocation à accueillir ces bateaux, c'est l'Italie qui a vocation à les accueillir dès lors que les bateaux arrivent dans les eaux territoriales italiennes. Et en retour, l'Europe s'organise pour récupérer une partie des migrants et les répartir dans l'ensemble de l'Europe. Donc, nous demandons à l'Italie de tenir son rôle, de remplir ses engagements et nous remplirons dans ce cas-là les nôtres aujourd'hui, tout ce que je note, c'est que pour 200 migrants qui sont arrivés, dont peut-être une cinquantaine resteront en France à l'arrivée, eh bien ces 3 000 migrants que nous ne nous ne récupérons pas les Italiens. Donc, si vous faites le ratio, entre 3 000 d'un côté et 50 de l'autre, je ne crois pas que la situation soit à la défaveur de la France.
LAURENCE FERRARI
Une dernière question concernant la centrale nucléaire de Zaporijjia, le président MACRON a parlé hier au président ZELENSKY, il a aussi parlé au patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique, les deux présidents ont rappelé qu'évidemment c’était la faute de la Russie qui occupe illégalement cette centrale nucléaire, mais néanmoins la situation est extrêmement dangereuse, il y a des vagues de bombardements. Est-ce qu'au fond on n'est pas en train de dire aux Ukrainiens : ok, attention à ne pas bombarder cette centrale qui est tenue par des Russes ?
OLIVIER VERAN
Alors, je ne crois pas qu'on ait dit aux Ukrainiens de ne pas bombarder la centrale. Je crois que les Ukrainiens aujourd'hui considèrent que ce sont bien les Russes qui ont bombardé la centrale, il y a des enquêtes qui sont en cours. Nous, de façon générale, vous savez, on dit à tout le monde, et notamment et au premier chef aux Russes évidemment, parce qu'on considère que c'est les Russes qui a agressent et qui envahissent, jusqu'à présent je ne crois pas que ce soit les Ukrainiens qui bombardaient leur propre territoire. Evidemment ce sont les Russes qui bombardent, donc nous disons : attention. Attention, c'est une centrale nucléaire, certes le moteur a été arrêté depuis plusieurs semaines, mais enfin ça reste chaud, il faut du temps vraiment pour refroidir le cœur du réacteur. Il y a des infrastructures autour qui ont été touchées, le cœur du nucléaire du réacteur n'a pas été touché, on voit bien cette espèce de message et cette volonté de faire peur à travers ce bombardement de centrale. Donc le président de la République s'est entretenu avec le chef de l'équipe de l’AEIEA, pour vérifier avec lui si les conditions de sécurité sont maintenues ou si c'est très, ou s’il y avait une atteinte, donc manifestement encore une fois le cœur du réacteur n'a pas été touché, c'est une nouvelle qui est rassurante, ensuite le président de la République et la Communauté internationale continuent de faire pression sur la Russie pour que l'agression s'arrête, et que ce type de bombardements qui n'ont vraiment pas leur place dans aucun conflit sur la planète, n'aient pas lieu, je crois que c'est fondamental, et rappeler encore une fois, comme nous le faisons, que ce sont les Ukrainiens qui devront déterminer quand et comment ils souhaiteront engager des processus de paix.
LAURENCE FERRARI
Dans un futur proche, on l'espère.
OLIVIER VERAN
Nous espérons surtout que l'agresseur russe retourne en Russie.
LAURENCE FERRARI
Merci beaucoup Olivier VERAN d'être venu ce matin
source : Service d’information du Gouvernement, le 23 novembre 2022