Texte intégral
CHRISTOPHE BARBIER
Franck RIESTER, bonjour.
FRANCK RIESTER
Bonjour.
CHRISTOPHE BARBIER
Et bienvenue. Le président de la République a parlé aux Français hier sur TF1, il a confirmé 2 milliards de baisse d'impôts pour les classes moyennes d'ici la fin du quinquennat, il va falloir trouver l'argent, vous avez des pistes, parce que lui il laisse tout ouvert, mais il ne précise rien ?
FRANCK RIESTER
Alors, il laisse les pistes sur les baisses d'impôts, mais il a la volonté très claire de continuer cette politique, cette stratégie économique et sociale, qui est de baisser la fiscalité en France. Baisser la fiscalité des entreprises pour améliorer la compétitivité de notre pays, et on a vu qu'il y a des résultats, en matière d'attractivité, d'investissements étrangers, en matière de croissance, en matière de créations d'emplois, et puis baisser la fiscalité des Français, notamment ceux qui travaillent, ceux qui sont les classes moyennes, il y a la suppression de la taxe d'habitation, il y a eu la baisse de l'impôt sur le revenu…
CHRISTOPHE BARBIER
La suppression de la redevance aussi.
FRANCK RIESTER
La suppression de la redevance, et là on veut aller plus loin pour envoyer un message très clair, c'est qu'on veut récompenser le travail, on veut faire en sorte que ceux qui travaillent, qui se donnent de la peine, puissent avoir un juste retour sur cet investissement.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce qu'il s'agit aussi d'acheter la paix sociale, 2 milliards de baisse d'impôts, parce qu'on demande aussi à ces gens-là deux ans de travail en plus ?
FRANCK RIESTER
Vous pourriez me dire ça si la stratégie du président de la République, et du Gouvernement, n'avait pas été celle-là depuis six ans. Vous savez c'est la constance, cette stratégie économique et sociale c'est une stratégie fiscale qui paye, et c'est une étape de plus, et dans cette stratégie, oui, il y a le travail qui est au cœur de cette stratégie, c'est de demander à nos compatriotes de travailler plus longtemps, de travailler plus, et c'est pour ça qu'on a fait cette réforme des retraites, c'est pour à la fois équilibrer ce pilier de notre système et notre modèle social, mais c'est aussi faire en sorte qu'il y ait collectivement plus de travail et donc plus de création de richesse, et donc plus de rentrées fiscales pour financer notre modèle social, pour financer les services publics, pour financer les investissements dont on a besoin pour l'avenir.
CHRISTOPHE BARBIER
Le président a assumé complètement cette réforme, hier comme les jours précédents, il a ajouté une phrase mystérieuse, il a dit "le vrai mépris c'est le mensonge", qui visait-il ?
FRANCK RIESTER
Eh bien écoutez, il visait toutes celles et ceux qui sont dans le déni de la réalité, toutes celles et ceux qui nous ont expliqué qu'on pouvait ne pas reporter l'âge légal de départ en retraite, sans expliquer comment financer les déficits à venir, ceux qui par exemple, comme le groupe LIOT, ont déposé une proposition de loi à l'Assemblée nationale pour revenir sur le report de l'âge de 62 à 64 ans et qui n'expliquent pas du tout comment ils vont financer ça…
CHRISTOPHE BARBIER
Alors justement…
FRANCK RIESTER
C'est cette incapacité de regarder la réalité en France, et vous savez, la réalité, elle revient, elle revient en pleine face si on ne l'a pas regardée très clairement, en face justement, et donc je crois vraiment que ce qui fait la différence entre le président de la République, la Première ministre, le Gouvernement et sa majorité, qui sont déterminés à prendre dossier après dossier pour régler les problèmes concrets de nos compatriotes, et un certain nombre d'oppositions qui cherchent le chaos, qui cherchent la perturbation, et qui ne regardent pas en face les problèmes, eh bien je crois qu'il y a une vraie différence.
CHRISTOPHE BARBIER
Alors vous évoquiez cette proposition de loi LIOT, pour abroger cette réforme des retraites, elle sera débattue le 8 juin à l'Assemblée nationale, sauf, sauf si l'article 40 de la Constitution est activé, qui permet de considérer comme irrecevable toute proposition dégradant les finances publiques. Les groupes de la majorité se réunissent aujourd'hui, est-ce que vous souhaitez que cet article 40 soit déclenché ?
FRANCK RIESTER
Écoutez, clairement c'est, je dirais non conforme à la Constitution, du fait de cet article 40, clairement, il n'y a pas de débat là-dessus. Alors, il y aura dans les jours qui viennent, jusqu'au texte, dans l'hémicycle, les opportunités de faire jouer cet article 40, c'est à l'Assemblée nationale de de prendre ces décisions-là…
CHRISTOPHE BARBIER
Mais ça vous semble logique quoi !
FRANCK RIESTER
C'est logique puisque, encore une fois, ils créent 15 milliards, ou 18 milliards, de dépenses supplémentaires, sans expliquer comment ils financent, à tel point qu'ils mettent dans leur article 2 de leur proposition de loi, qu'ils veulent une conférence sociale à organisé plus tard pour voir justement comment on finance tout ça, c'est irresponsable…
CHRISTOPHE BARBIER
Ça ne suffit pas d'avoir ce rendez-vous ?
FRANCK RIESTER
C'est irresponsable, notamment en termes financiers, mais c'est irresponsable en termes aussi de fonctionnement démocratique. Regardez, on a une proposition de loi qui vient un mois seulement après la promulgation de la loi par le Conseil constitutionnel, et qui n'a quasiment aucune chance d'aboutir puisque le Sénat repoussera cette, repousserait plus exactement cette proposition de loi, donc oui on est dans le mensonge de nos compatriotes, on ment à nos compatriotes, et c'est grave, parce que quand on est un responsable politique, quand on essaye de proposer des choses à nos compatriotes, encore faut-il ne pas les tromper, et là c'est une tromperie. Un, c'est non financé, deux, si cette loi elle arrivait au Sénat, elle ne serait pas votée par le Sénat, et troisièmement, on ne va pas refaire les processus législatifs en permanence. Il y a eu des débats pendant des semaines, il y a eu des votes, il y a eu 175 heures de débats, il y a eu des votes, la loi a été promulguée, validée par le Conseil constitutionnel, un mois après on ne remet pas le sujet sur le tapis.
CHRISTOPHE BARBIER
Mais si vous utilisez cet article 40 on va vous dire "voilà, après le 49.3, après le 47.1, vous sortez l'article 40, il y a de la brutalité exécutive."
FRANCK RIESTER
Attendez, nous on ne sort pas l'article 40, c'est l'Assemblée nationale qui, dans son processus, peut faire appel à l'article 40 pour rendre irrecevable des lois, des propositions de loi, et nous nous voulons respecter la Constitution. Enfin, c'est quand même une drôle d'idée que d'imaginer que dans une démocratie comme la nôtre il faudrait s'asseoir sur la Constitution, c'est-à-dire la règle commune qui protège nos droits, mais qui aussi fait en sorte que nous puissions organiser la vie démocratique de notre pays, et l'article 40 est un des éléments de cette organisation de la vie démocratique, pour pas qu'on discute de sujets qui sont des sujets, non financés par exemple.
CHRISTOPHE BARBIER
Le président de la République a bien défendu hier le 49.3 en expliquant que des grandes lois avaient été votées ainsi, la dissuasion nucléaire, la CSG par exemple, ça veut dire que vous allez l'utiliser encore en cas de besoin, par exemple sur la loi sur l'immigration ?
FRANCK RIESTER
Écoutez, la Première ministre l'a dit très clairement, que par exemple sur les questions financières c'est quelque chose qui pourrait être utilisé, on n'exclut pas l'utilisation de ce 43.9, mais vous savez, depuis le début du quinquennat on a d'abord et avant tout cherché des majorités plus larges que la majorité présidentielle…
CHRISTOPHE BARBIER
C'est votre travail ça.
FRANCK RIESTER
Notamment…
CHRISTOPHE BARBIER
Et ça devient de plus en plus difficile tous les jours, non ?
FRANCK RIESTER
Oui, mais écoutez, on y arrive encore, depuis la réforme des retraites il y a eu des lois qui ont été votées, on a voté en tout 30 lois dont 27 avec une majorité plus large que la majorité présidentielle, sans recours au 49.3, on a utilisé le 49.3 pour les deux lois financières, budget, budget de la Sécurité sociale, et sur la réforme des retraites, toutes les autres lois, et des lois importantes, sur par exemple…
CHRISTOPHE BARBIER
Les éoliennes, le nucléaire.
FRANCK RIESTER
Exactement, sur la réforme du ministère de l'Intérieur, avec les moyens pour le ministère de l'Intérieur, avec la réforme de l'assurance chômage, avec beaucoup de textes qui ont été votés en allant convaincre les oppositions constructives de la pertinence de ce qu'on proposait, en tenant compte de leurs remarques, en faisant un travail très important au niveau de la majorité. Les députés, à l'Assemblée nationale, de la majorité, ont fait un travail remarquable, avec leurs collègues des oppositions constructives, pour arriver à des consensus. Vous savez, le Gouvernement a proposé des projets de loi, a été a été à l'écoute des parlementaires, mais ceux qui ont réussi à faire, ces alliances, ces compris, et à réussir à avoir des majorités plus larges, c'est d'abord et avant tout les députés de la majorité, des trois groupes de la majorité.
CHRISTOPHE BARBIER
Il y avait tout de même, en filigrane, l'espoir qu'un jour on soit dans quelque chose de plus stable, une coalition, un pacte de Gouvernement, avec une partie des oppositions constructives, notamment LR, on a l'impression que le président de la République, dans "l'Opinion", dans son interview hier, a enterré cette idée de coalition, pour vous elle est morte aussi ?
FRANCK RIESTER
Non, mais il ne s'agit pas d'enterrer, il s'agit d'être, là aussi, loin du déni de réalité. Clairement, les dirigeants des LR ont dit qu'ils ne souhaitaient pas, à un instant T, être dans une démarche de coalition.
CHRISTOPHE BARBIER
Ils sont divisés, il y en a pour, il y en a contre.
FRANCK RIESTER
Oui, mais globalement leurs dirigeants ont dit qu'ils n'étaient pas favorables à cette coalition à l'instant T. Donc, nous travaillons avec eux, comme nous le faisons au quotidien, pour, texte par texte, trouver des majorités plus larges. Là encore, soyons efficaces, soyons dans le réel, et n'essayons pas d'imaginer des réalités qui ne sont que des réalités virtuelles.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce que c'est une réalité virtuelle que de dire que l'immigration ça pourrait passer par référendum ? l'article 11 permet de réorganiser les services publics et de proposer ça en référendum, c'est bien les services publics l'immigration.
FRANCK RIESTER
L'analyse qui est la nôtre c'est que ce n'est pas dans le champ de l'article 11 de la Constitution, mais sur ces questions d'immigration il y a une volonté très claire d'avancer, la Première ministre a demandé à Gérald DARMANIN, en lien avec Olivier DUSSOPT et moi-même, de trouver les voies de passage avec les oppositions constructives, pour répondre concrètement à des problèmes, qui sont importants aujourd'hui, pour accélérer les procédures, pour mieux sanctionner les passeurs, pour mieux sanctionner les trafiquants d'êtres humains, puisque ce sont des trafiquants d'êtres humains qui font du commerce de l'immigration, et donc d'être plus efficace, à la fois dans la lutte contre l'immigration clandestine, et en même temps pour faciliter l'intégration, pour que par exemple celles et ceux qui sont sur notre territoire parlent mieux le français, pour faire en sorte que celles et ceux qui travaillent, donc depuis des années dans certaines entreprises, puissent avoir un titre de séjour, alors qu'aujourd'hui ce n'est pas possible. Il ne s'agit pas de faire un appel d'air bien évidemment, loin s'en faut, pour davantage d'immigration incontrôlée, mais c'est simplement pour tenir compte d'une problématique réelle, là aussi dans les entreprises, dans les administrations. Vous êtes maire d'une commune qui avait un hôpital, vous savez qu'il y a des médecins parfois d'autres pays qui ont des problèmes de titre de séjour, alors qu'on a une grande demande de médecins dans l'hôpital, donc c'est répondre à ces problèmes très concrets, très pragmatiques avec beaucoup de détermination et on pense qu'on peut avoir une voie de passage avec les oppositions constructives.
CHRISTOPHE BARBIER
Et le référendum pouvait servir sur d'autres sujets, je pense à la fin de vie par exemple.
FRANCK RIESTER
Alors je ne sais pas sur la fin de vie, oui mais sur le principe le référendum est un outil là aussi de la Constitution et le président de la République a dit qu'il était pas du tout fermé à l'utiliser.
CHRISTOPHE BARBIER
Donc il faut s'attendre à ce que ça vienne à un moment dans le débat, ça ferait respirer la démocratie alors que la majorité est relative.
FRANCK RIESTER
Oui. Pourquoi pas, je crois que c'est un outil utile et qui doit être utilisé le moment venu à bon escient et c'est ce qu'a en tête le président la République visiblement.
CHRISTOPHE BARBIER
Demain Élisabeth BORNE reçoit le maire démissionnaire de Saint-Brévin qui a craqué parce qu'il était harcelé, vous avez été maire longtemps de Coulommiers, c'est un métier dangereux ?
FRANCK RIESTER
En tout cas c'est un métier sous pression, c'est un métier où on est en contact avec les gens, c'est un métier formidable, travailler concrètement, localement, améliorer la vie des gens, c'est un métier exceptionnel, c'est une fonction exceptionnelle parce que c'est pas un métier, c'est un engagement, une fonction exceptionnelle, mais c'est vrai qu'il y a un certain nombre de nos compatriotes loin s'en faut la majorité mais quelques-uns qui sont de plus en plus exigeants et voire violents avec les élus, c'est inacceptable parce que quand on touche à des élus on touche la République dans son ensemble, et donc il faut être très ferme, beaucoup plus de moyens pour accompagner les élus qui sont sous la pression, qui subissent des violences ou des menaces, mieux lutter, mieux sanctionner contre ceux qui se livrent à de telles pratiques. Mais c'est vrai aujourd'hui être maire c'est une tâche rude notamment dans les communes rurales parce que, ou dans les petites communes parce qu'il n'y a pas les moyens des services des communes plus importantes et donc on est au four et au moulin et en plus on est à portée de gifles comme on dit souvent, eh bien il faut être très ferme avec nos maires, avec nos élus plus largement qui font un travail exceptionnel au service de l'intérêt général.
CHRISTOPHE BARBIER
Le président de la République annonce une nouvelle décentralisation, une vraie décentralisation, il faut cela, ça peut se réaliser dans un pays comme la France avec sa tradition très centralisée ?
FRANCK RIESTER
Oui je le crois, c'est nécessaire. Je crois que c'est nécessaire de simplifier les compétences entre les différentes gestions administratives de notre pays, entre la commune, le département, les régions, l'État, l'Europe et clarifier les responsabilités, qui fait quoi et avec peut-être plus d'autonomie financière, peut-être plus d'autonomie de décision mais avec aussi la responsabilité plus clairement précisée, ce qui est aujourd'hui loin s'en faut, pas le cas malheureusement.
CHRISTOPHE BARBIER
Franck RIESTER, merci beaucoup et bonne journée.
FRANCK RIESTER
Merci
Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 mai 2023