Texte intégral
CLAIRE BRIGUET-LAMARRE
Une personne LGBT+ a été agressée tous les deux jours en France en 2022, c'est une hausse de presque 30 % par rapport à l'année précédente, ce sont les chiffres de l'association SOS Homophobie. Bonjour Isabelle ROME.
ISABELLE ROME
Bonjour.
CLAIRE BRIGUET-LAMARRE
Vous êtes un ministre de l'Egalité femmes-hommes, ministre de la Diversité, et vous nous dévoilez ce matin sur France Info les mesures du nouveau plan de lutte contre les discriminations envers les personnes LGBT+. D'abord, qu'est-ce qui vous a poussé à faire un nouveau plan ?
ISABELLE ROME
Eh bien malgré tout ce que nous avons pu faire, et notamment lors du premier quinquennat du président de la République, avec l'interdiction de ces thérapies de conversion qui ne respectent pas la dignité humaine, l'ouverture à la PMA pour toutes, la possibilité offerte aussi à toutes les personnes de donner son sang, toutes ces mesures, eh bien nous nous rendons compte que dans ce pays, de l'égalité, des droits, eh bien cette haine envers les personnes LGBT+ est persistante, et donc ce plan il a pour vocation à dire "stop" à toute impunité face à cette haine, et d'abord, lutter efficacement contre la haine c'est d'abord bien appliquer le droit et c'est cet esprit qui est le nôtre dans l'élaboration de ce plan.
CLAIRE BRIGUET-LAMARRE
Alors, bien appliqué le droit ça va passer par quoi, quelle va être votre priorité ?
ISABELLE ROME
D'abord on pourrait dire qu'il y a trois axes, c'est-à-dire bien identifier, bien prévenir, bien traiter, tous ces actes qui ne respectent pas et qui sont porteurs de haine, et souvent porteurs de violences futures, donc il faut vraiment identifier, prévenir, traiter, et quand je dis traiter ça veut dire qu'on ne doit pas laisser un acte impuni, cela passe par exemple par la formation massive des policiers et des gendarmes, le ministre de l'Intérieur l'a déjà expliqué, avec une formation renforcée, en présentiel, dans le cas des formations initiales il faut que l'accueil puisse être complètement bien fait, donc dans les commissariats, les gendarmeries, les plaintes bien prises…
CLAIRE BRIGUET-LAMARRE
Ce qui n'est pas forcément le cas aujourd'hui, ça veut dire qu'un policier, un gendarme, ne sait pas forcément reconnaître un acte ou un propos à caractère "LGBTphobe" ?
ISABELLE ROME
Je pense qu'on a déjà progressé, mais il est très important de bien aussi aider justement les forces de l'ordre à justement bien identifier, c'est le premier terme, ce caractère homophobe d'un acte qui a pu être commis ou de propos qui ont pu être tenus, pour qu'ensuite l'infraction puisse être poursuivie justement en son caractère homophobe. Et puis aussi c'est permettre à toutes les personnes LGBT+ d'être bien dans l'espace public et ne pas être insultées, ne pas être humiliées, ne pas être menacées, et c'est dans ce sens-là que nous allons aussi prévoir que lorsqu'une condamnation pour un acte ou un propos homophobe sera prononcé, eh bien il y aura, par principe, la condamnation complémentaire de l'interdiction du stade…
CLAIRE BRIGUET-LAMARRE
Ça c'est vraiment nouveau…
ISABELLE ROME
Alors ça c'est vraiment nouveau.
CLAIRE BRIGUET-LAMARRE
Vous prévoyez ça en plus, ça devra d'ailleurs passer par un texte de loi…
ISABELLE ROME
Bien sûr, bien sûr, et ça c'est vraiment nouveau parce que les stades sont encore trop souvent des lieux, justement, porteurs de haine, ces banderoles, ces chants qu'on peut entendre, non, ce ne sont pas des manifestations de liesse populaire, ce sont des incitations à la haine, et donc aussi à la violence.
CLAIRE BRIGUET-LAMARRE
Isabelle ROME, vous parlez des stades, est-ce qu'éventuellement cette interdiction pourrait être portée à d'autres lieux publics, parce qu'il n'y a pas que dans les stades ?
ISABELLE ROME
Alors pour l'instant le plan prévoit cette mesure et je pense que c'est déjà extrêmement important, ensuite les choses ne sont jamais figées, mais voilà ce que comporte notre plan aujourd'hui.
CLAIRE BRIGUET-LAMARRE
Alors vous parlez, Isabelle ROME, que les personnes LGBT+ puissent mieux vivre dans l'espace public, ça passe notamment par la création de nouveaux centres LGBT+ en France, vous allez en créer, vous prévoyez d'en créer une dizaine.
ISABELLE ROME
Oui, ça c'est une mesure extrêmement importante qu'avait déjà commencé à mettre en œuvre la Première ministre dès le mois d'août 2022, puisqu'elle avait annoncé déjà un fonds de 3 millions d'euros, qui a permis déjà de renforcer l'existant et d'ouvrir de nouveaux centres, et là, eh bien c'est un effort vraiment sans précédent que le Gouvernement fait, avec justement 10 millions d'euros au total…
CLAIRE BRIGUET-LAMARRE
Donc vous rajoutez 7 millions d'euros.
ISABELLE ROME
Voilà, c'est ça, donc cela fait une enveloppe totale de 10 millions, qui est donc destinée à l'ouverture et au renforcement des centres d'accueil pour les personnes LGBT+, en fait il y en aura 10 de plus et nous visons au moins deux centres par région. Il est important…
CLAIRE BRIGUET-LAMARRE
Il en existe 35 aujourd'hui, juste pour préciser.
ISABELLE ROME
Voilà, 35 aujourd'hui, mais il y a certaines régions qui ne sont pas encore couvertes, comme par exemple Bourgogne-Franche-Comté, et puis aussi il faut que les territoires Outre-mer soient bien couverts eux aussi. Je pense qu'il est vraiment fondamental que tout jeune qui déclare, par exemple son homosexualité à ses parents…
CLAIRE BRIGUET-LAMARRE
Trouve un lieu d'accueil.
ISABELLE ROME
Qui peut être rejeté, justement ne soit pas dans la souffrance, ne soit pas dans le rejet et puisse trouver une oreille attentive, un accompagnement, partout, partout, partout sur notre territoire, je pense que c'est cela le respect aussi de la dignité humaine que doit notre République à chacune et chacun de ses concitoyens.
CLAIRE BRIGUET-LAMARRE
Alors, vous parliez des jeunes, on a beaucoup parlé du harcèlement scolaire ces derniers mois avec parfois des cas dramatiques, le harcèlement qui a parfois pour moteur la haine contre les personnes LGBT+, qu'allez-vous faire pour l'école, pour les plus jeunes vraiment ?
ISABELLE ROME
Alors, vous le savez, donc un important travail interministériel a été lancé la semaine dernière par la Première ministre, avec aussi le ministre de l'Education nationale et puis plusieurs ministres autour de la table, et j'en faisais partie, puisqu'en fait cette lutte contre le harcèlement elle aura notamment un focus justement sur la lutte contre le harcèlement en raison justement d'une homophobie ou d'une haine anti-LGBT+, c'est par exemple dans l'introduction dans le cadre du programme pHARe, vous savez, ce programme contre le harcèlement qui est mis en place par l'Education nationale…
CLAIRE BRIGUET-LAMARRE
Dans les collèges et dans les lycées à la rentrée.
ISABELLE ROME
Voilà, dans les collèges, dans les lycées, eh bien une formation justement des acteurs, une formation aussi des jeunes ambassadeurs, qui sont des élèves en fait, qui sont justement désignés, volontaires…
CLAIRE BRIGUET-LAMARRE
Qui seront sensibilisés plus particulièrement à ces questions-là.
ISABELLE ROME
Qui seront sensibilisés justement à ces questions-là pour qu'ils entendent bien la souffrance que peut exprimer justement un autre élève, et puis qui les orientent, je pense qu'il ne faut qu'aucun de nos jeunes n'aille la boule au ventre à l'école, n'aille la boule au ventre dans un centre de loisirs, dans un centre de vacances, c'est pour cela aussi qu'il est prévu que les encadrants aussi aient cette formation, notamment dans le cadre du BAFA, avec ce module particulier, c'est important aussi qu'on puisse aller chez le médecin sans risque d'être discriminé, d'où la formation justement dans les facs de médecine, bien sûr à l'Education nationale…
CLAIRE BRIGUET-LAMARRE
Dans l'administration.
ISABELLE ROME
Dans le milieu de la culture, dans l'administration, toutes les strates de la société doivent être sensibilisées.
CLAIRE BRIGUET-LAMARRE
Merci beaucoup Isabelle ROME, ministre de l'Egalité femmes-hommes, ministre de la Diversité, avec nous en direct ce matin sur France Info.
ISABELLE ROME
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 juillet 2023
