Texte intégral
YVES CALVI
RTL, 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine BEGOT, vous recevez ce matin, la secrétaire d'État chargée de l'Enfance, Charlotte CAUBEL et le nouveau président de la commission sur l'inceste et la violence sexuelle faite aux enfants, Sébastien BOUEILH.
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AMANDINE BEGOT
Charlotte CAUBEL, Sébastien BOUEILH succède au juge Edouard DURAND dont le travail était salué d'ailleurs par l'ensemble du monde associatif. Pourquoi a-t-il été mis à l'écart ? Est-ce que c'est, comme certains l'ont dit ces derniers jours, parce qu'il a critiqué notre système judiciaire ?
CHARLOTTE CAUBEL
D'abord, permettez-moi vraiment de vous dire que je suis ravie d'être aujourd'hui aux côtés de Sébastien qui a accepté d'ouvrir un deuxième chapitre de la CIIVISE. La CIIVISE animée par le juge DURAND et effectivement par sa vice-présidente, a parfaitement conduit son premier chantier qui était, un, de mettre un chiffre (sous-évalué, je suis bien d'accord) mais quand même déjà un chiffre qui choque et deux, de mesurer l'impact sur les adultes de fait commis quand ils étaient mineurs.
AMANDINE BEGOT
30 000.
CHARLOTTE CAUBEL
30 000 adultes entendus qui ont pu nous dire exactement ce qu'ils ressentaient encore aujourd'hui. Ça nous a permis, grâce par ailleurs au travail (600 pages du rapport, plus de préconisations) de mettre déjà au travail 40 préconisations. Donc l'élan lancé par la CIIVISE (que je vais dire la CIIVISE 1) a été vraiment totalement bénéfique. Comme toute institution, au bout de trois ans... (moi, j'ai entendu tous les membres de la CIIVISE), il y a besoin de renouveler un peu les équipes. Certains ne voulaient plus travailler, d'autres ne voulaient plus nécessairement, y compris la vice-présidente travailler dans ce binôme. Moi, aujourd'hui, j'installe un nouveau binôme, Sébastien BOUEILH et Caroline REY-SALMON, qui est médecin à l'Institut médico-légal de l'Hôtel-Dieu. Donc une combinaison différente afin d'apporter aussi d'autres combats. Le combat du juge DURAND, c'était surtout l'inceste. Il faut bien sûr continuer ce combat ; on a déjà lancé beaucoup de choses. J'ai fait quand même une campagne avec le mot inceste, pour la première fois, le Gouvernement a prononcé ce mot-là. Mais il faut partir sur d'autres sujets et je pense qu'on aura la continuité avec Sébastien, qui était membre de la CIIVISE et en même temps, une approche un tout petit peu différente.
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AMANDINE BEGOT
Je me souviens notamment du documentaire porté par Emmanuelle BEART, dans laquelle il y a une maman dont la petite fille de 4 ans est abusée par son papa, l'ex-mari de cette dame. La petite lui dit que son papa a une attitude qui n'est pas normale. Elle va mettre 4 ans à prouver que sa petite fille est victime d'abus sexuels de la part de son père ; et en attendant, tous les week-ends, elle doit lui donner pour la garde du week-end. Il n'est pas temps de remuer tout ça, Charlotte CAUBEL ?
CHARLOTTE CAUBEL
On remue tout ça et en mettant en œuvre au moins la moitié aujourd'hui et en ayant institué un travail gouvernemental pour évaluer les 40 autres solutions de la CIIVISE ; on prend en compte les préconisations de la CIIVISE et ce que le juge DURAND appelle la doctrine de la CIIVISE. Moi, je dis aujourd'hui que grâce à ça, nous allons évidemment nous mettre au travail. C'était bien le sens de cette commission ; nous donner une impulsion sur l'inceste notamment, mais il faut aussi des impulsions sur autre chose.
AMANDINE BEGOT
Mais sans vouloir critiquer qui que ce soit ; d'ailleurs, la Justice aujourd'hui, elle ne se base pas sur des croyances, ce n'est pas un témoignage, il faut des preuves. Est-ce que pour ces affaires-là, pour ces enfants, il ne faut pas changer de dispositif ?
CHARLOTTE CAUBEL
Il faut en tout cas avoir un dispositif très complet. On a déjà des choses. Les unités d'accueil pédiatriques, qui sont quelque chose qui ont été créées, poussées par la silice pour entendre les paroles des enfants dans un cadre très particulier, sont tout à fait essentielles. Mais vous avez raison, il faut qu'on arrive à aller vers les enfants, y compris avant la plainte, pour qu'ils puissent révéler les choses et parler sans attendre de se retrouver en situation. Et puis, on a beaucoup de choses aussi à faire et ça, Sébastien a une vraie vraie compétence : c'est la prise en charge aussi des enfants, une fois qu'ils ont été évidemment violentés. Et aujourd'hui, c'est quelque chose qui n'a pas eu le temps d'être exploité par la CIIVISE et que nous devons impérativement mettre en œuvre. Comment on fait pour qu'un enfant qui a subi une agression se construise, se reconstruise beaucoup plus rapidement que l'ensemble des victimes que nous avons entendues, qui parfois, 10 ans, 20 ans, 30 ans après, n'ont pas été un minimum réparées.
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AMANDINE BEGOT
Merci à tous les deux.
CHARLOTTE CAUBEL
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 décembre 2023