Texte intégral
BRUCE TOUSSAINT
07 h 36, Adrien GINDRE avec nous. Bonjour Adrien.
ADRIEN GINDRE
Bonjour Bruce.
BRUCE TOUSSAINT
Votre invité ce matin, Maud BREGEON, porte-parole du Gouvernement.
ADRIEN GINDRE
Bonjour Maud BREGEON.
MAUD BREGEON
Bonjour.
ADRIEN GINDRE
Le mouvement des agriculteurs se poursuit après la FNSEA et les jeunes agriculteurs, c'est la coordination rurale qui entame aujourd'hui sa mobilisation avec divers mots d'ordre, en Dordogne par exemple. Sur place, certains préviennent de ne pas bloquer le fret alimentaire, d'autres évoquent même un blocage de la frontière. Est-ce que c'est une colère légitime ?
MAUD BREGEON
Oui, c'est une colère qu'on comprend. Il y a des attentes qui sont extrêmement fortes. Moi, ce que je veux dire, c'est que tous les engagements qui ont été pris en janvier dernier par le Premier ministre, Gabriel ATTAL, sont repris par le Gouvernement. Et donc, il y a une continuité dans les engagements, dans les promesses.
ADRIEN GINDRE
Donc, si vous reprenez les engagements, c'est normal que les gens protestent ?
MAUD BREGEON
Tant sur la mise en œuvre de ces engagements que dans le budget, 300 millions d'euros qui ont été alloués aux engagements qui avaient été pris. Pour autant, on sait qu'il y a encore du chemin à parcourir et qu'il y a des inquiétudes sur le plan national, mais aussi sur le plan européen. On y reviendra probablement…
ADRIEN GINDRE
Sur le plan international, même, avec ces fameux accords Mercosur et le libre-échange.
MAUD BREGEON
Avec le Mercosur. Donc, nous, notre volonté, c'est que ces manifestations se passent dans le calme, évidemment, évidemment, sans aucune dégradation des biens et des personnes. Je pense notamment aux commerçants. On arrive dans une période qui est celle des fêtes de Noël et donc…
ADRIEN GINDRE
Votre collègue de l'Intérieur a dit que dans ce cas-là, il y aura intervention.
MAUD BREGEON
Qui est extrêmement importante pour eux. Mais moi, je fais confiance aux agriculteurs et en leur capacité, encore une fois, à manifester, à faire entendre leurs revendications dans le respect des Français.
ADRIEN GINDRE
Vous avez évoqué cette dimension internationale. Il y a eu une bonne nouvelle hier. Le ministre italien de l'Agriculture qui dit : "Je souhaiterais que les agriculteurs d'Amérique du Sud soient soumis aux mêmes obligations que les agriculteurs de l'Union européenne". Est-ce que ce matin, vous nous dites : "La France a désormais assez de soutien pour bloquer ce texte au niveau européen" ?
MAUD BREGEON
La France continue et continuera à tenir un bras de fer avec Ursula von der LEYEN autant que nécessaire.
ADRIEN GINDRE
La présidente de la Commission.
MAUD BREGEON
Parce que cet accord constitue une concurrence déloyale absolument inacceptable pour nos éleveurs, parce qu'il n'est pas cohérent sur le plan écologique et notamment vis-à-vis de l'accord de Paris, donc, on continuera à tenir la position qui est la nôtre. Moi, je constate qu'il y a une convergence aujourd'hui au sein de la classe politique française, quels que soient nos partis, quelles que soient nos opinions politiques, le Président de la République, le Premier ministre, le Gouvernement, bien sûr, mais aussi les parlementaires avec une tribune de plus de 600 parlementaires…
ADRIEN GINDRE
Certains, d'ailleurs, vous demandent à ce qu'il y ait un débat à l'Assemblée, c'est le cas de Mathilde PANOT, c'est le cas de…
MAUD BREGEON
…Qui soutient aujourd'hui la position qui est celle portée par le Gouvernement. Et moi, à titre personnel, je souhaite qu'il puisse y avoir un débat à l'Assemblée nationale avec un vote, suivi d'un vote, parce que je pense que ça viendra renforcer la position qui est celle du président et celle du Premier ministre et parce que je pense qu'il est légitime que l'Assemblée nationale puisse s'exprimer sur la question. Il y a beaucoup de députés qui sont concernés, parce qu'ils ont des agriculteurs dans leurs circonscriptions et de façon générale parce que ça concerne l'ensemble des Français.
ADRIEN GINDRE
Au Parlement, pour le moment, l'ordre du jour, c'est principalement le budget et le budget de la Sécu. Votre collègue de la Santé a fait, hier, une annonce importante. Le remboursement des consultations médicales va bien baisser, mais ce ne sera pas 10 %, ce sera finalement 5 % parce qu'il y aura aussi 5 % de baisse sur les remboursements de médicaments. L'idée, c'est le même effort, mais plus réparti pour qu'il soit moins visible ?
MAUD BREGEON
On essaie de trouver l'équilibre le plus juste et le plus acceptable possible, c'est la démarche qui est la nôtre depuis le début de l'examen de ce budget. On le sait, on a un contexte qui est extrêmement contraint, soixante milliards d'euros à trouver, un budget qui a été fait dans l'urgence. Et donc, on avance, encore une fois, dans le dialogue et avec une volonté de trouver des chemins de compromis.
ADRIEN GINDRE
Donc, il y aura des correctifs.
MAUD BREGEON
Moi, ce que je veux dire, c'est que l'assurance-maladie reste le système au monde qui rembourse le mieux toutes dépenses confondues, près de 80 %.
ADRIEN GINDRE
C'est une manière de le dire et pas une manière de se plaindre.
MAUD BREGEON
C'est important de le rappeler. Près de 80 %, des dépenses sont remboursées par l'assurance-maladie et je crois qu'on est aussi là pour dire la vérité aux Français. Le tout gratuit en matière de santé, le remboursement intégral des soins est un mensonge éhonté aux Français.
ADRIEN GINDRE
Oui, en l'occurrence, le remboursement intégral, on y est quand même…
MAUD BREGEON
Ce n'est pas un système au regard de la situation budgétaire et au regard de la démographie française qui est tenable.
ADRIEN GINDRE
Maud BREGEON, vous avez rappelé, soixante milliards d'euros à trouver, alors, il y a quand même toute une série de votes qui ont eu lieu ou qui sont attendus au Parlement. Je vais prendre trois exemples : l'augmentation des taxes sur le tabac, les sénateurs ont dit oui, l'augmentation de la fiscalité sur les Jeux et le prix en ligne, les sénateurs ont dit oui. Pour ce qui est de la taxe Soda, ils doivent se prononcer. Sur ces trois items, quelle est la position du Gouvernement ? Est-ce que oui ou non, vous souhaitez que les taxes augmentent ?
MAUD BREGEON
On continuera, encore une fois, à laisser le débat se tenir. Nous, on a mis sur la table une équation qui fonctionne qui est essentiellement basée sur des baisses de dépenses. Pour autant, je le redis, on a la volonté d'avancer avec les parlementaires. On l'a fait par exemple sur les retraites et ça a été annoncé, d'ailleurs, sur votre plateau, il y a une semaine de ça.
ADRIEN GINDRE
Sur TF1 par Laurent WAUQUIEZ…
MAUD BREGEON
On a la volonté de trouver des points d'accord avec les collectivités territoriales. Le Premier ministre en a parlé au Congrès des départements de France et on a également une volonté absolue de trouver un accord sur la question des allègements de charges.
ADRIEN GINDRE
Alors, reprenons ces points par un par un, Maud BREGEON, parce qu'ils sont très importants. Sur les collectivités, c'est un bon exemple, le Gouvernement avait dit cinq milliards d'économies.
MAUD BREGEON
Ce que je veux dire, c'est que la méthode qui est la nôtre, elle est constante. Elle est tenue depuis le départ.
ADRIEN GINDRE
Et donc, par exemple, les cinq milliards d'euros d'économies annoncés par le Gouvernement, le président du Sénat vous dit : "Il faut que ce soient deux milliards". Ce sera quoi le juste prix à la fin ?
MAUD BREGEON
On a conscience qu'il y a beaucoup de collectivités. Et notamment les départements, pas que, mais notamment les départements qui aujourd'hui, font face à des difficultés financières extrêmement importantes. Le cas des départements est très parlant, parce qu'ils assument une grande part des charges sociales sur les maisons de retraite, notamment sur le RSA.
ADRIEN GINDRE
Et donc, vous ne pouvez pas nous dire à combien on va terminer d'économies à la fin ?
MAUD BREGEON
On comprend bien qu'on a besoin de… Les idées, l'objectif du Gouvernement, ce n'est pas de mettre la tête des élus sous l'eau. Le Premier ministre l'a toujours dit : "L'objectif, c'est de faire avec".
ADRIEN GINDRE
Mais il y a un point qu'on ne comprend pas bien, Maud BREGEON, à chaque fois que quelqu'un vous saisit, pardon, je vous interromps, mais parce qu'à chaque fois que quelqu'un vous saisit d'un sujet, quand je dis vous, ce n'est pas personnellement, c'est le Gouvernement, dit, on va bouger, on est à l'écoute. On n'a toujours pas bien compris comment on atteignait les soixante milliards et où vous allez trouver l'argent. Alors prenons un exemple qui peut rapporter de l'argent. Quand votre ministre, votre collègue, pardon, ministre du budget, Laurence SAINT-MARTIN, dit : "Je suis favorable à travailler 7 heures de plus par an", ça, pour le coup, ça rapporte. Est-ce que ça, c'est la position du Gouvernement ?
MAUD BREGEON
On n'a pas compris où est-ce qu'on allait chercher de l'argent. On a d'abord largement détaillé, largement détaillé les mesures de réduction des dépenses.
ADRIEN GINDRE
Vous avez vu, ce matin, certains de nos collègues du Parisien s'amusent à un calcul. Ils disent : "Ça fait sept milliards de concessions en quelques jours", du coup, sept milliards…
MAUD BREGEON
Et également des contributions exceptionnelles ciblées. On a mis de nouvelles mesures dans le débat. Je pense par exemple aux jours de carence qui ont beaucoup fait parler.
ADRIEN GINDRE
Et donc, travailler sept heures de plus par an ?
MAUD BREGEON
Qui est une mesure qui est effectivement, rapporte de l'argent. Ce que vous pointiez sur le ticket modérateur est aussi une mesure qui va permettre de rapporter ou d'économiser de l'argent.
ADRIEN GINDRE
Et donc oui ou non pour travailler sept heures de plus par an ?
MAUD BREGEON
Notre conviction, c'est qu'il faut travailler davantage, mais que ça ne doit pas se faire en un claquement de doigts et qu'on doit passer, comme on l'a fait pour l'assurance-chômage, via un dialogue avec les partenaires sociaux, parce que c'est une décision qui est extrêmement importante, ça impacte tous les Français qui travaillent. Et donc, nous n'y sommes pas défavorables par principe, mais on estime que ça doit se faire dans le cadre du dialogue avec les organisations syndicales et avec les partenaires sociaux. Et cette méthode-là, qui a été celle mise en avant par le Premier ministre concernant l'assurance-chômage, vous l'avez vu, a fonctionné, puisque les partenaires sociaux, sur le sujet de l'assurance-chômage, ont pu trouver un accord. On veut continuer dans cette voie-là.
ADRIEN GINDRE
Ont trouvé un accord. Vous avez, entendu ce que dit Jordan BARDELLA pour le Rassemblement national ? Il dit que la décision n'est pas prise, mais que le Gouvernement prend le chemin de la censure. On a appris que le Premier ministre allait recevoir les présidents de groupe, dont Marine Le PEN, pour la première fois à Matignon la semaine prochaine. C'est pour s'attirer ses bonnes grâces ?
MAUD BREGEON
D'abord, nous avons bien conscience que si le Rassemblement national vote avec le Nouveau Front Populaire, ou si le Nouveau Front Populaire vote avec le Rassemblement national, une censure est adoptée. Michel BARNIER a accepté le défi en toute connaissance de cause et le Gouvernement a accepté ce défi en toute connaissance de cause. Nous, on est là parce qu'on a une mission, c'est d'abord de redresser les finances publiques, et puis ensuite de proposer un projet pour le pays. On est, et on dépend, on le sait, de 577 députés. Ce que je voudrais dire, en revanche, c'est qu'on ne dépend pas davantage d'un député du Rassemblement national que d'un autre député. Ce que je voudrais dire, en revanche, c'est qu'on ne dépend pas davantage d'un député du Rassemblement national que d'un autre député. Une voix vaut une voix.
ADRIEN GINDRE
Donc, il n'y aura pas de geste envers le RN.
MAUD BREGEON
On dépend tout autant des députés du Rassemblement national que des députés du Parti Socialiste, par exemple.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup, Maud BREGEON.
MAUD BREGEON
Merci à vous.
BRUCE TOUSSAINT
Merci Adrien GINDRE. On va se retrouver dans quelques instants pour évoquer la guerre en Ukraine. Mille jours en ce 19 novembre.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 novembre 2024