Interview de Mme Maud Bregeon, ministre déléguée, porte-parole du Gouvernement, à CNews - Europe 1 le 2 décembre 2024, sur le risque de censure du Gouvernement sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2025.

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Média : CNews - Europe 1

Texte intégral

SONIA MABROUK
Bonjour Maud BREGEON.

MAUD BREGEON
Bonjour.

SONIA MABROUK
Et bienvenue à la Grande interview sur Cnews - Europe 1. Vous êtes la porte-parole du Gouvernement. Un Gouvernement qui pourrait chuter sous peu d'ici mercredi. Votre parole est très attendue ce matin. Et plus que jamais, la censure semble inévitable. Le Rassemblement national la votera sauf miracle de dernière minute. Alors, je vous pose la question très clairement, est-ce que c'est plié comme l'a dit ce matin Jordan BARDELLA ?

MAUD BREGEON
Sonia MABROUK, je suis venue ce matin pour vous redire très calmement, pour redire aux Français que le Gouvernement de Michel BARNIER a toujours été dans une posture sincère d'écoute, de co-construction, alors même que le pays traverse un contexte budgétaire extraordinairement difficile. Nous avons laissé le débat se tenir à l'Assemblée nationale. Nous avons trouvé des chemins de compromis pour protéger les retraités et les plus modestes, pour préserver les Français de la hausse éventuelle de taxe sur l'électricité, pour préserver les entreprises d'une hausse de charges. Hier encore, au Sénat. Des accords ont été trouvés, notamment pour assurer aux Français qu'il n'y ait aucune hausse des taxes sur le gaz. Maintenant, pour dialoguer et pour trouver des chemins de compromis, il faut être deux.

SONIA MABROUK
Qui n'est pas là ? Il faut être deux. Vous y êtes encore prêts ce matin ?

MAUD BREGEON
Nous avons tendu la main à l'ensemble… Nous y avons toujours été prêts.

SONIA MABROUK
Est-ce que, ce matin, Maud BREGEON, vous vous dites encore que vous êtes en bon état d'esprit de négociation ?

MAUD BREGEON
Nous y sommes encore prêts. Contrairement à ce que je peux entendre ici ou là, nous ne sommes pas sectaires. Notre porte a toujours été ouverte. Nous avons toujours été ouverts au dialogue dans la responsabilité qui inclut de prendre en compte le cadre budgétaire qui s'impose à nous. Je le redis 6,1 % de déficit, 7 % l'année prochaine si on ne fait rien. Donc, il y a ce cadre qui s'impose à nous, mais nous avons toujours cherché des compromis. Maintenant, pour dialoguer, il faut être deux. Et le compromis, ce n'est pas du tout ou rien. Le compromis, ce n'est pas un ultimatum. Le compromis, ça nécessite que chacun accepte de faire un pas vers l'autre. Et je constate que cela n'a pas toujours été le cas aujourd'hui, au sein des oppositions.

SONIA MABROUK
Vous dites que le compromis, c'est à deux. Mais comme hier, quand hier, le ministre des Comptes publics, Laurent SAINT-MARTIN, a indiqué que le projet de loi de financement de la sécurité sociale ne sera plus modifié, Maud BREGEON, fermant ainsi la porte à tout compromis, C'est une fin de non-recevoir ?

MAUD BREGEON
Projet de loi de finances de la sécurité sociale ; que contient-il ? Il contient…

SONIA MABROUK
Pardonnez-moi, sur la forme, c'est une fin de non-recevoir ou alors ce n'est pas la position de Matignon.

MAUD BREGEON
Il contient… D'abord, ce projet de loi de finances de la sécurité sociale a débouché sur ce qu'on appelle – c'est un peu technique – une commission mixte paritaire, c'est-à-dire une instance qui réunit des députés et des sénateurs ; instance qui était conclusive. À savoir que, pour la première fois, pour la première fois depuis douze ans, députés et sénateurs ont réussi à s'accorder de façon majoritaire sur un accord…

SONIA MABROUK
Madame porte-parole du Gouvernement, le RN vient de dire ce matin que c'était plié. Je vous demande quelle est la position du Gouvernement ce matin ?

MAUD BREGEON
C'est extrêmement important de le dire. J'entends parfois des choses fausses sur ce que contient ce projet de loi de finances de la sécurité sociale. Ce projet de loi de finances de la sécurité sociale contient une trajectoire qui vise à contenir la hausse des dépenses de la sécurité sociale. Parce que si on veut préserver ce système qui est très important pour les Français, chacun comprend bien que le budget va être préservé.

SONIA MABROUK
Maud BREGEON, pardonnez-moi, on va en parler. Il y a une chose que je ne comprends pas ce matin ; le RN va de manière inévitable vers la censure. Vous êtes en train de nous expliquer ce qui, depuis plusieurs jours, est en débat. Est-ce que c'est encore le cas aujourd'hui ? Est-ce qu'on en est encore au niveau du débat aujourd'hui ? Ce n'est pas terminé ?

MAUD BREGEON
Le débat sur le projet de loi de finances, par exemple, doit se poursuivre jusqu'au 20 décembre. Donc, encore une fois, notre posture n'a pas changé. Et nous, on est dans une démarche qui est honnête vis-à-vis des Français, vis-à-vis des parlementaires.

SONIA MABROUK
Ça veut dire que le RN n'est pas dans cette démarche d'honnêteté ?

MAUD BREGEON
Mais je le redis, ce projet de loi de finances de la sécurité sociale – donc celui qui sera présenté aujourd'hui à l'Assemblée nationale et au Sénat – inclut une trajectoire qui contient notamment une hausse des dépenses de la sécurité sociale de 7 milliards. Donc on est très loin dans le budget d'austérité. Et chose extrêmement importante, contrairement à ce que j'ai pu entendre ici ou là, le projet de loi de finance de la Sécurité sociale ne contient aucun déremboursement des médicaments ou des consultations.

SONIA MABROUK
Alors, pardonnez-moi, on va s'arrêter sur ce point parce que c'est l'une des lignes rouges du Rassemblement national.

MAUD BREGEON
C'est extrêmement important.

SONIA MABROUK
C'est la baisse de la prise en charge du remboursement des médicaments par la Sécu. Ça constitue un casus belli pour le RN. Vous dites que ce n'est pas contenu et que vous dites peut-être que plus tard, vous pourriez même, par voie réglementaire, revenir sur ce point.

MAUD BREGEON
Oui, il faut expliquer un petit peu aux gens comment ça fonctionne. Le projet de loi de finance de la Sécurité sociale, je l'ai dit, dessine une trajectoire budgétaire qui est une trajectoire responsable et raisonnable. Ça, c'est la première chose. Sur les 150 pages de ce texte, je vous mets au défi de trouver où est-ce qu'il est inscrit la moindre notion de déremboursement de médicaments ou de consultations. Ce n'est pas inscrit dans le texte et ce n'est pas l'objet de cette semaine. En revanche, il conviendra par voie réglementaire, comme c'est la norme, de trouver les moyens de respecter, dans les semaines à venir, cette trajectoire. C'est ce qu'on appelle la voie réglementaire, ça passe par décret. Et encore une fois, là-dessus, sur les moyens pour y parvenir, nous serons ouverts au dialogue. Il y a des consultations qui sont prévues et il y aura des consultations, notamment avec le Parlementaire.

SONIA MABROUK
Maud BREGEON, est-ce que vous avez encore le temps de ces consultations ? Je vous rappelle ce qui a été dit ce matin, c'est-à-dire qu'on parle d'une motion de censure, tout à l'heure, d'ici 15 h, qui serait débattue mercredi, donc la fin du Gouvernement. Très clairement, aujourd'hui, pardonnez-moi, je vous pose la question directement : est-ce que ce n'est pas terminé et que c'est notre dernier entretien en tant que, vous, porte-parole du Gouvernement ?

MAUD BREGEON
Ce sera la responsabilité des parlementaires. Ma responsabilité, c'est d'expliquer clairement aux gens, un, que nous avons laissé le débat se tenir ; deux, que nous avons cherché des compromis avec tout le monde ; trois, que nous en avons trouvé, encore une fois, sur les retraites et l'électricité ; et quatre, je le redis, qu'il n'y a pas de mesure de déremboursement inclue dans le projet de loi de finances de la sécurité sociale, qu'il y aura des dispositions réglementaires à prendre et que ces dispositions réglementaires seront discutées. Une fois que je vous ai dit ça.

SONIA MABROUK
Donc les concessions, ce sont ces dispositions par voie réglementaire ?

MAUD BREGEON
Sonia MABROUK, comme dit souvent mon père, "à l'impossible, nul n'est tenu." Donc, si les uns et les autres ont décidé, quoi qu'il en coûte, de voter la censure, je n'ai pas, moi, les moyens de les en empêcher. Je dis, en revanche, qu'il faudra ensuite assumer, devant les Français, dans chacune des 577 circonscriptions de France, les conséquences de l'éventuel vote d'une motion censure…

SONIA MABROUK
Vous allez en parler.

MAUD BREGEON
…qui ferait tomber le Gouvernement, mais surtout qui ferait tomber le budget.

SONIA MABROUK
Vous dites, Maud BREGEON, quoi qu'il en coûte. La question qui se pose ce matin, c'est que les Français ne comprennent plus grand-chose à ce spectacle. Ils voient que la France risque de s'effondrer. Est-ce que vous pourriez dire, écoutez, "ce budget ne comptant personne, finalement. Nous ne sommes plus malheureusement à 7 ou 8 milliards près. Eh bien, on va lâcher pour éviter une crise politique, voire une crise de régime" ? Est-ce que Michel BARNIER, ce matin, est encore dans cet état d'esprit ou pourrait l'être ?

MAUD BREGEON
Regardons l'ensemble des compromis qui ont déjà été trouvés. Moi, je veux bien qu'on en demande toujours plus. Mais lorsque vous additionnez les compromis trouvés sur l'électricité, 3 milliards, sur les baisses de charges, un peu plus de 2 milliards, sur les retraites, entre 500 millions et 1 milliard, etc., vous arrivez à presque 8-9 milliards.

SONIA MABROUK
Mais que coûterait une crise politique ?

MAUD BREGEON
Mais que coûterait une crise financière et économique ?

SONIA MABROUK
Donc c'est ça notre choix aujourd'hui ?

MAUD BREGEON
Pour les Français. Ce n'est pas notre choix, Sonia MABROUK ; ce sera le choix des parlementaires.

SONIA MABROUK
Mais quand vous voulez dire le Rassemblement national ?

MAUD BREGEON
Non, non, ce sera le choix des parlementaires et de l'ensemble des parlementaires. Prétendre que le Rassemblement national détient à lui seul les clés d'une éventuelle censure, c'est une…

SONIA MABROUK
Maud BREGEON, vous savez très bien que la gauche, le Nouveau Front populaire, va voter comme un seul homme ou une seule femme.

MAUD BREGEON
C'est leur responsabilité. Mais pour autant, ils ont une responsabilité immense dans ce qui se passera dans les prochaines heures et dans les prochains jours. Et les socialistes ont une responsabilité immense.

SONIA MABROUK
Mais ils semblent déjà aller vers la voie de la censure. La question, – et c'est ce que vous reproche Marine Le PEN – c'est votre méthode, en réalité. Là, vous m'exposez des avancées ou des concessions. Ce que vous reproche Marine Le Pen, c'est un manque de considération. C'est un mépris pour elle et ses millions d'électeurs. Est-ce que vous avez cru qu'à cause de la stratégie de respectabilité, elle n'irait pas faire la motion de censure, ce qu'elle semble acter ce matin ?

MAUD BREGEON
Je crois qu'on a respecté depuis le premier jour tous les Français, tous les électeurs, toutes les électrices, quelles que soient leurs convictions politiques. Michel BARNIER a toujours dit que tous les élus à l'Assemblée nationale étaient des élus de la République, quelles que soient leurs appartenances partisanes. Et nous n'avons pas changé d'avis. Moi, j'ai toujours été convaincue – et c'est aussi pour ça que j'ai accepté de rejoindre le Gouvernement – qu'on pouvait combattre le projet du Rassemblement national, le projet de La France insoumise ou d'autres, sans combattre leurs électeurs. Donc, en cherchant ces compromis que nous avons trouvés pour protéger les retraités les plus modestes ou pour s'assurer qu'il n'y ait pas de hausse de taxes sur l'électricité, nous avons respecté l'ensemble des Français. Maintenant, encore une fois, je le redis, chacun doit s'interroger sur ce qu'il souhaite profondément pour le pays. Je suis très inquiète.

SONIA MABROUK
Vous êtes en train de dire que le Rassemblement national souhaite une crise politique et financière ?

MAUD BREGEON
Je suis très inquiète. Je suis très inquiète de ce qui se passerait dans les jours et dans les semaines.

SONIA MABROUK
On a tout entendu, Maud BREGEON : "La chienlit, la crise financière", on dirait qu'il va s'écrouler. Le budget de l'année sera donc bien acté ?

MAUD BREGEON
Vous voyez bien que ce n'est pas seulement les paroles de Maud BREGEON ou du Gouvernement de Michel BARNIER. Je vois bon nombre d'économistes, de représentants du monde agricole, par exemple, de représentants d'entreprises qui s'expriment pour dire à quel point ils sont inquiets de cette éventuelle situation. Je veux bien qu'on dise : "On va reprendre le budget de l'année passée, et puis au fond, circulez, il n'y a rien à voir, tout ça se passera très bien", c'est renoncer au moindre euro d'économies l'année prochaine.

SONIA MABROUK
Mais quel choix reste-t-il, Madame la Porte-parole du Gouvernement ?

MAUD BREGEON
C'est donc aller vers une trajectoire qui constituera pour le pays un décrochage économique et un affaiblissement dont nous mettrons des années à nous relever.

SONIA MABROUK
Mais qui doit ce matin faire le premier pas ou le dernier pas, puisque c'est apparemment acté du côté du Rassemblement national pour l'intérêt supérieur du pays, pour qu'on ne s'en retrouve pas dans une situation comme vous décrivez ? Qui doit faire ce pas ?

MAUD BREGEON
Mais nous avons fait, me semble-t-il…

SONIA MABROUK
Donc, de votre côté, c'est terminé ?

MAUD BREGEON
… Un certain nombre de pas et un certain nombre de compromis extrêmement importants, qui, encore une fois, ont coûté à ce qu'était initialement ce budget. Maintenant, je m'interroge sur ce que souhaitent vraiment les uns et les autres.

SONIA MABROUK
Mais vous devez le savoir, que souhaite le Rassemblement national ?

MAUD BREGEON
Quand nous parlons, par exemple, de déremboursement des médicaments, et que je vous dis qu'il n'y a pas de déremboursement prévu dans le projet de loi de finances de la Sécurité sociale, que ce sera ensuite des mesures réglementaires à discuter et que, pour autant, on en fait aujourd'hui un point dur, je ne comprends pas très bien.

SONIA MABROUK
Attendez, c'est important, vous êtes en train de dire que, dans cette négociation si importante pour le pays, les dés sont pipés, puisque le Rassemblement national fait de ce point sur le déremboursement des médicaments une ligne rouge. Vous dites : "Ça n'existe pas dans le PLFSS".

MAUD BREGEON
Je ne sonde pas le cœur et les âmes de chacun. Vous voyez, je redis juste que l'intérêt supérieur du pays, c'est que ce pays ait un budget et que ce pays ne sombre pas dans l'incertitude financière et économique.

SONIA MABROUK
À qui la faute ?

MAUD BREGEON
Moi, je ne distribue pas les points.

SONIA MABROUK
Certains remontent à l'erreur originelle, à la décision de dissoudre du président de la République. Qui fait que nous sommes aujourd'hui, vous et moi, en train de discuter, quand même d'une crise politique, financière et probablement d'une crise de régime ?

MAUD BREGEON
Non, non, non, c'est un peu facile de renvoyer encore et toujours la balle au président de la République. Le président de la République, quoi qu'on pense de lui, j'entends que certains Français peuvent avoir des doutes et que d'autres le soutiennent, mais le président de la République a redonné la parole aux Français. Les Français ont voté. Les Français ont fait le choix. On fait le choix, avec une participation d'ailleurs immense de l'Assemblée nationale, telle qu'elle est aujourd'hui. J'entends que certains disent que cette Assemblée nationale ne leur convient pas.

SONIA MABROUK
Pardonnez-moi, regardez leurs questions, y compris dans votre majorité, certains n'hésitent pas à fixer des lignes rouges à Michel BARNIER, ce n'est pas la confusion ?

MAUD BREGEON
Cette Assemblée nationale reflète ce qu'est aujourd'hui l'état de l'opinion et il faut la respecter. Que ça nous plaise ou non, moi, je ne serai jamais de ceux qui considèrent que les Français ont mal voté.

SONIA MABROUK
La question n'est pas là. Qu'est-ce qui va se passer là si le Gouvernement chute ?

MAUD BREGEON
Si le Gouvernement chute ?

SONIA MABROUK
D'un point de vue institutionnel pour le président de la République.

MAUD BREGEON
Le président de la République aura l'occasion de prendre les décisions qui lui incombent et ce n'est pas à moi de m'exprimer à sa place.

SONIA MABROUK
Et s'il est dans l'impossibilité de nommer un nouveau Gouvernement, vous avez entendu des voix, y compris quelqu'un comme Jean-François COPE, qui parle de la démission du président.

MAUD BREGEON
Celles et ceux qui aujourd'hui agitent le spectre de la démission du président de la République jouent contre nos institutions et jouent contre le pays. Je dis attention aux ingénieurs du chaos qui tirent un fil qui, selon moi, est extrêmement dangereux. Il appartient aujourd'hui aux députés et aux parlementaires de prendre leurs responsabilités pour que ce pays ne sombre pas dans un affaiblissement dont on mettrait, je le redis, des mois et des années à nous relever.

SONIA MABROUK
Si je vous entends bien, vous êtes en train d'appeler individuellement chaque député, en dehors de toute consigne de son parti, de prendre ses responsabilités ?

MAUD BREGEON
J'appelle évidemment les uns et les autres à prendre leurs responsabilités et je le dis très calmement et très simplement. Chacun des députés aura à rendre des comptes dans sa circonscription et c'est bien normal. Nous le faisons, d'ailleurs, j'étais moi-même députée avant, nous le faisons en permanence. Il faut bien…

SONIA MABROUK
C'est quand même une parole qui engage de vous dire "Rendre des comptes".

MAUD BREGEON
Et on rend des comptes en permanence lorsqu'on est élu sur tous les choix qu'on fait.

SONIA MABROUK
Mais qui va devoir rendre des comptes ? Est-ce que vous-même et votre majorité très relative va devoir rendre des comptes justement parce que nous sommes aussi arrivés à une telle situation ?

MAUD BREGEON
On est tous amenés à s'expliquer des choix que l'on fait devant les Français qui nous ont élus et devant ceux qui ne nous ont pas élus aussi d'ailleurs. Il faut bien entendre une chose, d'une part, on se privera du moindre euro d'économie supplémentaire, ce qui signifie que le déficit sera sûrement encore plus important, l'année prochaine qu'il ne l'était cette année. Les taux augmenteront, la charge de la dette augmenteront.

SONIA MABROUK
On est déjà dans une série.

MAUD BREGEON
C'est moins d'investissement pour, par exemple les services publics. Et puis ensuite, il y a un sujet de confiance, de crédibilité et d'image de la France. Quel investisseur viendra, en France, implanter une entreprise ou une usine dans un contexte de si grande incertitude ? Aucun. Et donc, derrière, si nos…

SONIA MABROUK
C'est pour ça que pose de nouveau la question : pour l'intérêt supérieur du pays, est-ce que ce matin, vous avez dit que vous avez fait des concessions, est-ce que votre porte reste ouverte ?

MAUD BREGEON
Notre porte reste ouverte, je le redis.

SONIA MABROUK
Pour un miracle de dernière minute ?

MAUD BREGEON
Nous ne sommes pas sectaires. Nous restons ouverts au dialogue. Notre volonté de trouver des compromis reste absolument inchangée, mais pour dialoguer, il faut être deux et ça nécessite que chacun accepte, je le redis, de faire un pas vers l'autre, c'est ça, la sincérité de notre démarche.

SONIA MABROUK
Si le Gouvernement chute, ce sera donc la responsabilité et s'il y a une crise financière, politique et de régime du RN pour vous ?

MAUD BREGEON
Si le Gouvernement chute, ce sera la responsabilité des parlementaires qui auront pris la décision de voter une éventuelle motion de censure.

SONIA MABROUK
Des parlementaires de la gauche et du RN.

MAUD BREGEON
Et je le redis, les députés de gauche auront une responsabilité tout aussi importante, parce qu'une voix vaut une voix. Un député n'est pas supérieur à un autre député et aucune motion de censure ne peut être adoptée sans les voix, par exemple, des socialistes. Et quand j'entends qu'un ancien chef d'État…

SONIA MABROUK
François HOLLANDE.

MAUD BREGEON
Comme François HOLLANDE, prendrait le risque de faire courir à la France une crise économique, financière, une instabilité politique inouïe, je ne comprends pas. Je ne comprends pas. 18 millions de Français ont fait confiance à François HOLLANDE en 2012. Qu'a-t-il à leur dire ce matin quand il prend ce type de décision ?

SONIA MABROUK
Merci Maud BREGEON. Est-ce que mercredi, vous serez encore porte-parole du Gouvernement ?

MAUD BREGEON
En tout cas, je continuerai à venir sur vos plateaux.

SONIA MABROUK
Vous ne le savez pas encore aujourd'hui.

MAUD BREGEON
Ce qui m'intéresse, vous savez, moi, j'ai fait de la politique, je ne venais pas de là. Je me suis engagée parce que je pensais qu'on pouvait encore sincèrement changer la vie des gens et j'espère qu'il y a encore beaucoup de responsables politiques qui, dans les jours et les semaines à venir, le seront vraiment.

SONIA MABROUK
Merci à vous, c'était votre grande interview ce matin.

MAUD BREGEON
Merci.

SONIA MABROUK
Bonne journée.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 3 décembre 2024