Texte intégral
ALIX BOUILHAGUET
Bonjour Laurent PANIFOUS. On commence évidemment avec ce drame survenu hier sur l'île d'Oléron. Un individu a volontairement percuté cinq personnes, deux sont aujourd'hui dans un état grave. Est-ce que vous avez des dernières précisions concernant ce drame ?
LAURENT PANIFOUS
Des précisions, je ne sais pas, mais déjà, permettez-moi d'avoir une pensée pour celles et ceux qui ont subi ce drame et pour leurs proches, et un mot aussi pour celles et ceux qui nous protègent aujourd'hui, nos forces de secours, nos forces de sécurité, celles et ceux qui ont pris en charge les blessés. Le ministre de l'Intérieur suit bien sûr cela de près, il y a une procédure en cours. C'est difficile d'en dire plus à ce stade, mais en tout cas, c'est un véritable drame que nous avons vécu sur cette île.
ALIX BOUILHAGUET
Le parquet antiterroriste est sur place en observation. À ce stade, il n'est pas saisi, ça veut dire que même si l'individu a crié "Allah akbar" au moment de son arrestation, ça ne suffit pas pour qualifier ses actes en attentat terroriste ?
LAURENT PANIFOUS
À ce stade, pas encore. Vous l'avez dit, la cellule est sur place en observateur et on attend plus d'informations pour pouvoir qualifier les faits.
ALIX BOUILHAGUET
Hier, lors des questions au Gouvernement, le député RN, Sébastien CHENU, a interpellé le Gouvernement. Il a, lui, semblé pointer une menace islamiste. Est-ce qu'il est allé trop vite en besogne ?
LAURENT PANIFOUS
Oui, je le crois. Il faut faire attention. Les faits sont graves. Il ne faut pas utiliser ce type d'événement à des fins politiciennes. Attendons de savoir ce que la justice nous dit de ce qui vient de se passer. Encore une fois, les faits sont trop graves pour se précipiter.
ALIX BOUILHAGUET
Un dernier mot sur ce dossier. Hier, c'est Marie-Pierre VEDRENNE, qui est la ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, qui a répondu à Sébastien CHENU. Effectivement, Laurent NUNEZ était, lui, sur place à Oléron. Pourquoi est-ce que ce n'est pas le Premier ministre qui a répondu aux députés ? C'est vrai que, pour certains, ça a semblé un petit peu léger.
LAURENT PANIFOUS
Non, je ne crois pas. C'est la ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur. C'est d'usage que ce soit elle qui réponde à ce type de questions.
ALIX BOUILHAGUET
Même quand il y a un drame de ce type ?
LAURENT PANIFOUS
Oui, mais encore une fois, attendons de savoir ce que la justice nous dit de ce qui vient de se passer. On essaie d'aller trop vite sur les conséquences et sur les causes de ce qui vient de se passer. Donc d'abord, sachant ce qui s'est passé. Et ensuite, la réponse politique pourra être à la hauteur des conséquences que nous tirerons de ce qui vient de se passer. Là, pour l'instant, c'est le temps de la justice. C'est le temps de la prise en charge de celles et ceux qui ont subi, de leur entourage. Et ensuite, après la décision de la justice, on pourra décider.
ALIX BOUILHAGUET
Alors Laurent PANIFOUS, vous êtes ministre des Relations avec le Parlement. C'est un petit peu le job à mission impossible en ce moment, c'est comment accorder les violons d'une Assemblée qui est totalement fragmentée. On va entrer dans le détail, c'est-à-dire sur le calendrier budgétaire. Mais d'abord, comment est-ce que vous vous procédez ? Est-ce que vous avez une méthode ? Vous rencontrez tous les députés ? Un par un ? Ça se joue où ? Dans la buvette ? Dans les couloirs de l'Assemblée nationale ?
LAURENT PANIFOUS
Non, ça ne se joue pas dans la fameuse buvette de l'Assemblée nationale. Ça se joue dans des entretiens avec tous les députés. Tous. Tous ont leur légitimité à l'Assemblée nationale. Mais c'est vrai surtout avec celles et ceux qui souhaitent de la stabilité, qui souhaitent faire en sorte que notre pays se dote d'un budget avant la fin de l'année. Il n'a échappé à personne qu'il y a une partie de l'hémicycle qui souhaite, quelque part, provoquer le chaos, la chute du Gouvernement, la destitution, la dissolution ou je ne sais quoi pour provoquer des élections anticipées. Et il y a une autre, une majorité, à ce stade, qui souhaite de la stabilité et donc travailler. Et c'est pour ça que vous avez des attitudes nouvelles. Et oui, mon rôle, avec d'autres, c'est de faire en sorte que des gens différents, c'est ce que je faisais dans mon groupe, le groupe LIOT dont j'étais président, faire travailler des gens de sensibilité différente pour essayer de trouver ce compromis.
ALIX BOUILHAGUET
On a le sentiment que, enfin ce n'est pas un sentiment, c'est presque des faits, le Premier ministre lâche beaucoup aux Socialistes. Il y a eu l'abandon du 49.3, la suspension de la réforme des retraites, le renoncement au gel des pensions de retraite, tout comme celui des minimas sociaux. Est-ce qu'il y a aujourd'hui un accord formel entre les Socialistes et le Premier ministre
LAURENT PANIFOUS
Non, il n'y a pas d'accord écrit entre les Socialistes et le Premier ministre. Il y a une recherche permanente du compromis point par point. C'est une nouvelle méthode qui a été mise en place par le Premier ministre, une rupture, il le dit, mais c'est une réalité. Et la recherche quotidienne, amendement après amendement du compromis, qui se fait en transparence devant les Françaises et les Français, on peut voir le Premier ministre venir au banc, à l'Assemblée nationale, quand des moments de tension arrivent, pour, lui-même, trancher, arbitrer. Je crois que c'est un grand moment de démocratie parlementaire qui est déroutant pour les députés eux-mêmes, parfois.
ALIX BOUILHAGUET
Pourquoi ? Pourquoi c'est déroutant de voir un Premier ministre, c'est aussi son rôle, d'animer, on va dire, des groupes parlementaires ?
LAURENT PANIFOUS
Oui, mais de voir comme ça, à l'Assemblée, des compromis qui se construisent en direct devant les Françaises et les Français, devant la représentation nationale, c'est quelque chose d'assez nouveau. Le fait même qu'on recherche un compromis est totalement nouveau. On est habitué à avoir des oppositions de bloc, de bloc de gauche, de droite, le bloc du centre. Aujourd'hui, les uns et les autres, ce qui nous rassemble, c'est la recherche de stabilité, la responsabilité, quelque part, d'apporter un budget au pays, et donc devoir faire des compromis. Le Gouvernement les a faits, le premier, et je crois que c'était à lui de le faire. Et maintenant, le bloc de droite, le bloc de gauche, ceux qui cherchent la stabilité doivent eux aussi en faire.
ALIX BOUILHAGUET
Mais vous dites que Sébastien LECORNU cherche les compromis. Est-ce que vous dites aussi que, finalement, et Michel BARNIER et François BAYROU n'ont pas cherché à faire des compromis ?
LAURENT PANIFOUS
Écoutez, ce que je sais, c'est que le Gouvernement a fait des bougées. C'est d'ailleurs pour ça que je suis rentré dans ce Gouvernement, parce que le Premier ministre LECORNU a accepté de bouger sur certaines choses, faire des compromis, c'est-à-dire revenir parfois sur certains sujets sur lesquels il n'est pas forcément intrinsèquement d'accord, mais avec la conviction que pour pouvoir avancer, se doter d'un budget, il va falloir accepter de travailler avec des autres, avec des gens différents. C'est quelque chose de nouveau. Moi, je crois que c'est quelque chose que les Françaises et les Français souhaitent.
ALIX BOUILHAGUET
Mardi, l'Assemblée nationale aurait dû voter le volet recette du budget, ça a été repoussé. On voit que le calendrier est d'ores et déjà bousculé. En ce moment, on étudie le projet de budget qui concerne la sécurité sociale. Mais tout ça semble assez mal parti pour tenir le calendrier. Beaucoup disent déjà que ça va passer par ordonnance. Est-ce que ça n'en prend pas le chemin ?
LAURENT PANIFOUS
Non, je ne crois pas. C'est vrai que le temps est limité, le calendrier est très contraint. C'est une réalité. Et puis, il y a aussi le retard de l'entrée du Gouvernement, puisqu'il y a eu la chute du LECORNU 1. Ça n'a échappé à personne. Donc oui, un calendrier qui est contraint. Oui, un rythme des débats qui est assez lent, mais qui est assez lent justement parce qu'on a ce nouveau travail, qui est un travail de compromis. Alors on ouvre le plus de jours possibles, on donne le plus de temps possible aux députés pour travailler. Les députés, les groupes peuvent aussi essayer de retirer peut-être des amendements qui ne seraient pas parfaitement essentiels, parce qu'on prend du temps sur les sujets importants et parce qu'il faut le temps du compromis. Encore une fois, c'est une nouvelle méthode, c'est inhabituel. Ça présage peut-être, moi, à titre personnel, je le souhaite, de ce que nous pourrons faire à l'avenir à l'Assemblée nationale.
ALIX BOUILHAGUET
Vous y croyez, vous, qu'on puisse tenir les délais, que ça ne se finisse pas par, effectivement, soit une loi spéciale, soit des ordonnances ?
LAURENT PANIFOUS
Non, non, ce n'est absolument pas l'objectif, d'avoir ni la loi spéciale, ni les ordonnances. Je crois, oui, qu'il est possible de construire ce compromis et qu'à la fin, après, par exemple, une commission mixte paritaire, c'est-à-dire ce moment où les députés et les sénateurs se rencontrent après avoir eux-mêmes dans leur chambre étudié le texte, de pouvoir trouver ce compromis et que ce texte soit voté par les deux Assemblées. Oui, c'est l'objectif.
ALIX BOUILHAGUET
Sébastien LECORNU ne joue pas la montre ? Certains dans l'opposition, les Insoumis notamment, disent que c'est ce qu'il fait.
LAURENT PANIFOUS
Non. Il ne joue absolument pas la montre. Il laisse au Parlement le souhait de délibérer, de voter. Le Gouvernement a fait une proposition de copie. Le Gouvernement s'est mis à la disposition des groupes pour, par exemple, chiffrer l'ensemble des amendements qui sont déposés et pour que les débats soient le plus pertinents possible. Encore une fois, c'est une méthode totalement nouvelle. C'est vrai que ça prend du temps, mais à la fin des fins, l'objectif, c'est que toutes celles et ceux qui cherchent cette stabilité, qu'ils soient de droite, du centre, qu'ils soient de gauche, puissent se réunir et trouver un budget de compromis qui ne sera parfait pour personne, il faut bien le comprendre. Ni pour la droite, ni pour la gauche.
ALIX BOUILHAGUET
Et ça, le Bloc central, notamment les élus de Renaissance, ils ont compris, ils vont avaler les couleuvres ? On voit effectivement les victoires des Socialistes, l'augmentation de la CSG encore, qui a été votée cette nuit.
LAURENT PANIFOUS
Oui. Ecoutez, moi, je ne crois pas qu'on puisse dire qu'ils avalent les couleuvres. Je crois qu'on doit dire qu'ils font preuve d'une grande responsabilité d'accepter de bouger sur des choses qui étaient importantes pour eux. C'est ça, le principe du compromis. C'était à eux, d'abord, de faire ce premier geste, puisque ce sont eux qui ont été en responsabilité ces dernières années. Mais la gauche et la droite doivent aussi entendre qu'ils doivent faire des compromis, et ils le font. Et moi, je crois, aujourd'hui, qu'il y a quelque chose de parfaitement satisfaisant, c'est de voir des responsables politiques avec des visions politiques différentes, avec des ambitions pour 2027 différentes, mais qui, pour l'instant, se disent, notre priorité, c'est d'avoir un budget, on doit faire pour ça les concessions, et ce n'est pas pour cela qu'on doit pouvoir nous mélanger et nous assimiler.
ALIX BOUILHAGUET
Un tout dernier mot sur ce qui se passe avec SHEIN. L'État qui a entamé une procédure de suspension de la plateforme. Mais tout ça, ça semble complexe, d'autant qu'il faudra en plus une mesure européenne et puis qu'il y a toujours des possibilités de contournement via des VPN. C'est compliqué, comme ça, de maîtriser ces plateformes ?
LAURENT PANIFOUS
Oui, c'est vrai, on est dans le domaine du commerce en ligne, et les choses peuvent être compliquées, mais c'est de la responsabilité de SHEIN de faire en sorte, et le Premier ministre a fait preuve de la plus grande fermeté, et j'en suis très heureux, en annonçant cette suspension. Les produits doivent être retirés, c'est parfaitement insupportable et inadmissible. Si ça n'est pas le cas, alors ils devront assumer les conséquences de cette vente de produits, à la fois des armes ou des produits pédopornographiques, c'est parfaitement inacceptable.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 7 novembre 2025