Texte intégral
CAROLINE MOTTE
Bonjour Charlotte PARMENTIER-LECOCQ et merci d'avoir accepté notre invitation. C'est effectif depuis hier, les fauteuils roulants sont remboursés à 100 % par l'Assurance Maladie. Alors ça concerne bien sûr les personnes handicapées mais ça concerne aussi les personnes âgées en perte d'autonomie. Il était temps de mettre en place ce remboursement intégral ?
CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Oui, tout à fait, c'était attendu par les associations depuis plus de 20 ans et c'était une promesse que le Président de la République a prise envers les associations, envers les personnes en situation de handicap, en 2023. Et donc depuis lors on est à la tâche pour concrétiser cette réforme. Et maintenant ça y est, les personnes qui ont besoin d'un fauteuil roulant pourront avoir le fauteuil qui leur correspond, qui sera pris en charge à 100 % par l'assurance maladie sans qu'elles aient même besoin de faire l'avance financière. Et puis surtout c'est de la simplification parce qu'elles n'auront plus à faire une multitude de dossiers pour finalement devoir aussi contribuer par elles-mêmes, elles auront un seul interlocuteur.
CAROLINE MOTTE
Et ça concerne tous les types de fauteuils roulants ?
CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Ça concerne tous les types de fauteuils roulants. Ce qu'on a voulu c'est vraiment pouvoir répondre à tous les besoins parce que le fauteuil roulant, il faut comprendre que c'est un peu le prolongement du corps de la personne, c'est indispensable pour vivre pleinement sa citoyenneté, évidemment pour pouvoir se déplacer mais pour pouvoir vaquer à toutes ses occupations, donc c'est vraiment une mesure d'autonomie et de citoyenneté.
CAROLINE MOTTE
Et la procédure alors pour se faire rembourser, est-ce que ce sera simple ou pas ? Est-ce qu'il faudra avancer les frais par exemple ?
CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Non, on ne devra pas avancer les frais. C'est ça qui est aussi révolutionnaire dans la démarche parce que parfois les fauteuils peuvent être extrêmement coûteux donc même faire l'avance serait difficile. Et la procédure est vraiment très simplifiée, mais tout part d'une prescription médicale qui définit vraiment le besoin de la personne. Ensuite il y a une étape d'essai et d'ajustement pour pouvoir finaliser complètement la prescription avec des options, des adjonctions, enfin vraiment tout ce qui va permettre de bien définir le besoin de la personne. Il y a une demande d'accord préalable auprès de l'Assurance Maladie. Et celle-ci a entre 15 jours et 2 mois pour répondre et ensuite c'est accord de l'Assurance Maladie. Donc vraiment, c'est de la simplification pour les personnes.
CAROLINE MOTTE
Donc tout a été pensé avec les associations pour le bien-être des personnes qui sont en fauteuil roulant ?
CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Oui, c'est une méthode à laquelle j'ai beaucoup tenu, c'est-à-dire qu'on mette vraiment toutes les parties prenantes autour de la table, d'abord les personnes en situation de handicap et les associations des personnes qui ont besoin de fauteuils roulants et ensuite évidemment les fabricants, les prestataires, les professionnels de santé, mais en travaillant toujours ensemble avec comme boussole, comment est-ce qu'on répond aux besoins des personnes. C'est ça notre boussole, mais ensuite c'était aussi trouver un équilibre pour que chaque partie prenante s'y retrouve y compris l'Assurance Maladie puisque dans cette réforme on a revu aussi certains tarifs de manière à ce qu'on régule aussi un peu mieux les dépenses.
CAROLINE MOTTE
Justement c'est une prise en charge qui a un coût aussi environ 100 à 200 millions d'Euros qui s'ajoutent aux 300 millions déjà consacrés par an. Est-ce qu'on peut se le permettre quand on connaît le déficit de la sécurité sociale aujourd'hui ?
CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
C'est un effort de solidarité nationale très clairement qui s'inscrit dans aussi le 100 % santé. Donc c'est aussi des mesures, on pourrait dire de prévention parce qu'une personne qui n'a pas le bon fauteuil ou qui s'isole parce qu'elle n'a pas pu obtenir un fauteuil, c'est une personne qui va aller moins bien et donc c'est aussi d'autres dépenses, si on regarde vraiment les choses sur un angle très financier. Mais dans cette réforme, on a revu aussi certains tarifs notamment des tarifs de location qui faisaient qu'on pouvait louer plusieurs fois un fauteuil qui finissait par le financer plusieurs fois. Et donc on remet un peu de l'ordre aussi dans la bonne gestion de nos finances publiques.
CAROLINE MOTTE
Vous êtes aussi en charge de l'Autonomie au Gouvernement et notamment d'un plan grand âge qui vise à repenser l'habitat et l'accompagnement des personnes âgées. C'est un sujet crucial quand on sait le choc démographique qui nous attend. Est-ce que vous pouvez déjà nous révéler les grandes lignes de ce plan grand âge ?
CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Alors je ne l'annonce pas encore maintenant mais mon objectif c'est de pouvoir l'annoncer vraiment dans les prochaines semaines. On sait qu'on a un enjeu énorme devant nous parce que notre population vieillit. On va avoir toutes les personnes du baby-boom qui vont avoir 85 ans en 2030. Ça va provoquer un besoin en prise en charge de la dépendance très important. Et puis au-delà, notre pays va continuer de vieillir donc on a à mettre en place des mesures de prévention pour que les gens soient en bonne santé le plus possible dans cet âge-là.
CAROLINE MOTTE
Et le but c'est de favoriser le maintien à domicile c'est ça ?
CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Et qu'on puisse à la fois favoriser le maintien à domicile mais aussi ce qu'on prévoit et dès le PLFSS, le projet de loi de financement de la sécurité sociale de cette année, parce que beaucoup de choses sont déjà en réalité sur les rails… Mais c'est de faire évoluer aussi notre politique autour de l'habitat, Ce qui est très demandé et qu'on a besoin de développer, c'est ce qu'on appelle l'habitat partagé. C'est aussi des habitats plus dans le centre d'une commune avec l'accès à tous les services et où rompt aussi l'isolement des personnes âgées et où on peut permettre aussi d'avoir toutes ces aides à domicile qui viennent se concentrer sur un même lieu, ce qui facilite aussi une bonne prise en charge et un bon accompagnement des personnes.
CAROLINE MOTTE
Alors vous parliez du budget de la sécurité sociale, c'est la dernière ligne droite, il revient aujourd'hui à l'Assemblée nationale pour une nouvelle lecture décisive. Est-ce que vous croyez à la possibilité d'un vote ?
CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Oui, alors absolument. De toute façon, c'est l'objectif, le projet de loi de financement de la sécurité sociale va passer par le vote. Et je crois vraiment qu'une voie de passage…
CAROLINE MOTTE
Vous êtes optimiste ?
CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Oui, je le suis. Je crois qu'une voie de passage est possible parce que des parlementaires, un grand nombre de parlementaires, je dirais une majorité de parlementaires œuvrent pour ça, œuvrent pour la stabilité de notre pays. On sait que l'absence de projet de loi de financement de la sécurité sociale, ça veut dire ne plus maîtriser où vont nos dépenses prioritairement, ça veut dire un dérapage avec 30 milliards de déficit prévisionnel alors qu'on souhaite plutôt revenir autour des 17 voire 20 milliards de déficit. Donc on a vraiment besoin de ce projet de loi de financement de la sécurité sociale.
CAROLINE MOTTE
C'est très compliqué pour le Premier ministre…
CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Et moi je veux vraiment saluer le travail des parlementaires qui œuvrent pour que, pied à pied, on puisse trouver des compromis.
CAROLINE MOTTE
Il doit tenir la gauche sans perdre la droite, c'est quand même très compliqué là. Pour lui, ça va se jouer à très, très peu de voix si vraiment il y a un vote.
CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
C'est très compliqué, c'est certain et ça s'appuie nécessairement sur un dialogue qui est entretenu par le Gouvernement depuis le départ mais aussi par un état d'esprit ouvert, constructif des parlementaires. C'est ce que l'on constate excepté évidemment les extrêmes qui veulent évidemment l'échec de cette solution. Mais ce que l'on constate, c'est que vraiment il y a une voie de passage, elle est étroite c'est vrai mais elle existe et c'est ce vers quoi on souhaite vraiment pouvoir tous aller aujourd'hui.
CAROLINE MOTTE
Elle est étroite, cette voie, vous l'avez dit mais surtout le socle commun se divise aussi sur plusieurs questions. On les a vu voter dans des sens opposés. Est-ce qu'aujourd'hui, le bloc central, on peut dire qu'il existe encore ?
CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Oui, il existe tout à fait encore. Tous les partis du bloc central et je peux parler de mon parti Horizons, œuvrent à la stabilité du pays depuis le départ.
CAROLINE MOTTE
Justement, est-ce que Horizons va jouer le jeu du Gouvernement ?
CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Ce que fait Horizons depuis le départ, depuis 2024, ça a toujours été de dire : "Nous œuvrons pour la stabilité du pays, nous œuvrons pour trouver des compromis". Et Édouard PHILIPPE a été le premier, au moment de la dissolution, à dire : "Il faut que de la gauche jusque la droite, on puisse trouver des voies d'accord pour permettre cet équilibre."
CAROLINE MOTTE
Mais il a été aussi celui qui appelle à la démission d'Emmanuel MACRON. Donc c'est vrai que c'est assez contradictoire comme position.
CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
En tout cas Horizons, depuis 2024, a accompagné chaque gouvernement et continue de le faire pour trouver ces voies de passage. Maintenant évidemment les négociations, les discussions font que chacun veut aboutir à un compromis. On doit trouver, évidemment ça fait mal pour certaines décisions qui peuvent être prises ou certains choix qui peuvent être pris mais il faut que tout le monde s'y retrouve. Donc ça veut dire qu'il doit y avoir un équilibre. Ça ne sera pas le budget de la gauche, ça ne sera pas le budget de la droite, ça ne sera pas le budget du bloc central, ça ne sera pas le budget voulu par Horizons mais c'est un budget qui est un budget de compromis pour le pays.
CAROLINE MOTTE
Donc vous appelez Horizons à la responsabilité politique, ce matin ?
CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Je ne me permets pas d'appeler qui que ce soit. Chacun et les parlementaires sont tous responsables. Mais en tout cas, le Gouvernement est dans une posture d'écoute, de soutien et d'appui à la recherche de ces voies de passage.
CAROLINE MOTTE
On a vu que les tractations avaient commencé sur la primaire de la droite. Est-ce que vous savez si l'idée fait son chemin justement dans la tête d'Édouard PHILIPPE ?
CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Alors ce n'est absolument pas, à ma connaissance, à l'ordre du jour. Je sais qu'il y a beaucoup de discussions autour de ça, autour d'une primaire. Je crois qu'aujourd'hui, l'enjeu est avant tout dans quel état est notre pays et dans quel état est-ce qu'on retrouve notre pays au moment des élections présidentielles. Et donc il y a une première étape extrêmement importante qui est maintenant, qui est celle du budget. Donc ça veut dire qu'il faut qu'on trouve des pistes d'atterrissage pour le budget. S'il n'y a pas de budget voté, adopté, automatiquement ça veut dire des conséquences financières et économiques très compliquées pour notre pays. Et donc avant tout Horizons est très attaché à ce que notre pays garde sa stabilité, à ce qu'on envoie aussi à nos entreprises des signaux encourageants et qui protègent aussi leur compétitivité, à ce que la valeur travail aussi soit toujours préservée et puis à ce que nos finances publiques soient protégées dans ce contexte où effectivement, c'est un grand défi.
CAROLINE MOTTE
Merci beaucoup Charlotte PARMENTIER-LECOCQ d'avoir répondu à nos questions ce matin.
CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Merci à vous, merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 3 décembre 2025