Texte intégral
JÉRÔME CHAPUIS
Bonjour Stéphanie RIST, ministre de la Santé.
STÉPHANIE RIST
Bonjour Jérôme CHAPUIS.
JÉRÔME CHAPUIS
Merci d'être ce matin sur France Info à quelques heures de ce scrutin très incertain, on l'a dit, qui porte entre autres sur la suspension de la réforme des retraites, mais sur le volet qui vous concerne, les dépenses de santé notamment. Il en sera question d'ailleurs avant, puisque le volet dépenses de ce budget sera mis au vote quelques heures avant le vote solennel sur l'ensemble du texte. On rappelle les montants, parce que c'est très important, 265 milliards d'euros de dépenses de santé en 2025, il est question de les augmenter jusqu'à 3 %, c'est bien ça, ce sera mis au vote cet après-midi ?
STÉPHANIE RIST
Oui, bonjour Jérôme CHAPUIS, c'est une augmentation de 3 % de l'ONDAM, c'est l'Objectif national des dépenses d'assurance maladie. 3 %, ça correspond à quatre milliards supplémentaires pour les dépenses d'Assurance maladie, pour l'accès aux soins, pour les hôpitaux.
JÉRÔME CHAPUIS
Quatre milliards alors qu'au départ il était plutôt question de la moitié, deux milliards.
STÉPHANIE RIST
Alors c'est le fruit des compromis budgétaires, c'est l'engagement du Gouvernement, parce qu'il n'y avait pas de majorité à l'Assemblée et au Sénat pour faire les franchises, le doublement des franchises qui a été abandonné, donc cette augmentation des dépenses elle est due à ce fruit de compromis.
JÉRÔME CHAPUIS
Alors le problème, c'est que le compromis que vous allez gagner par exemple, on le disait à l'instant peut-être pour amadouer les Écologistes pour obtenir leur vote, vous le perdez de l'autre côté, notamment du côté d'Horizons.
STÉPHANIE RIST
Écoutez ce que je peux dire c'est que ce texte c'est d'une part une augmentation des dépenses parce que l'accès aux soins de nos concitoyens n'attend pas, et d'autre part un déficit de la sécu qui diminue.
JÉRÔME CHAPUIS
Qui diminue ?
STÉPHANIE RIST
Sans texte voté aujourd'hui, le déficit de la sécurité sociale est au minimum à 29-30 milliards. Avec le texte que nous avons, le déficit sera à 19,6 milliards.
JÉRÔME CHAPUIS
19 milliards, on a entendu tout, jusqu'à présent on avait entendu 17 milliards de déficit…
STÉPHANIE RIST
C' est la copie initiale.
JÉRÔME CHAPUIS
… Dans un texte initial, et on a entendu 22 milliards, et même dans la bouche de certains députés Horizons jusqu'à 26 milliards. Est-ce que vous êtes sûr de vos chiffres ?
STÉPHANIE RIST
On est à 19,6 milliards avec un ONDAM, avec une dépense d'assurance maladie augmentée de 3 %, 19,6 milliards avec les transferts État-sécu mais qui est l'habitude et qui est juste la normalité.
JÉRÔME CHAPUIS
Sur ces 3 % de hausse des dépenses de santé, il faut bien nous expliquer, parce que l'inflation est prévue aux alentours d'1,5 % l'an prochain, comment est-ce que vous justifiez que les dépenses de santé qui sont payées, on le rappelle, par les cotisations sociales des salariés et pas seulement, de tout le monde, augmentent deux fois plus ?
STÉPHANIE RIST
Parce que nos dépenses de santé augmentent plus que l'inflation, parce que nous avons un vieillissement de la population. Nous avons plus de malades, plus de personnes âgées, plus de maladies chroniques, plus de personnes en ALD.
JÉRÔME CHAPUIS
Affection longue durée.
STÉPHANIE RIST
Les dépenses augmentent à peu près de 4 %. En moyenne, c'est 3,9-4 %. Donc on voit qu'avec notre augmentation de dépenses à 3 %, on fait encore une maîtrise de ces dépenses et des économies sur l'augmentation de dépenses.
JÉRÔME CHAPUIS
Alors, on parle beaucoup de chiffres. Vous disiez 19 milliards d'euros de déficit prévus l'an prochain. Si j'ai bonne mémoire, la semaine dernière, vendredi, la ministre des Comptes publics, Amélie de MONTCHALIN, parlait de 22 milliards. On s'y perd un peu.
STÉPHANIE RIST
Alors, la copie de départ était un déficit de 17,5 milliards. On est, cette année, en 2025, à 23 milliards. On sera, l'année prochaine, avec ce texte tel qu'il est aujourd'hui, avec les engagements de ne pas faire le doublement des franchises, nous serons à 19,6 milliards de déficit avec les transferts État-sécu qui sont le juste rendu pour la sécurité sociale.
JÉRÔME CHAPUIS
Alors, vous ne doublez pas ces franchises. C'est-à-dire, il faut le rappeler, les sommes qui restent à la charge des patients. Mais là encore, ce sont donc des dépenses supplémentaires, donc du déficit supplémentaire. Il faut être honnête avec nos auditeurs.
STÉPHANIE RIST
Il est inclus dans les 19,6 milliards de déficit. C'est pour ça que j'augmente l'ONDAM à trois, les dépenses de l'assurance maladie à 3 %. C'est pour tenir compte, d'une part, d'un milliard supplémentaire pour l'hôpital et France Santé et, d'autre part, parce que la majorité, le compromis, fait que nous ne doublerons pas les franchises cette année 2026.
JÉRÔME CHAPUIS
Et dans ce débat, vous avez perdu des soutiens importants, notamment celui d'Édouard PHILIPPE qui était hier soir sur LCI.
ÉDOUARD PHILIPPE, MAIRE DU HAVRE ET PRÉSIDENT D'HORIZONS
Je leur proposerais de nier l'ingénieur ou l'artiste du chaos. Il aurait, sur la valeur du texte, plutôt préféré voter contre. Je leur recommanderais de s'abstenir. Mais je le dis, parce que trop souvent, on fait comme si les problèmes pouvaient être réglés quand on ne les regarde pas en face. Nous avons un texte qui ne prépare pas l'avenir de nos enfants.
JÉRÔME CHAPUIS
Édouard PHILIPPE qui va donc proposer aux députés Horizons de son groupe, qui sont encore officiellement des soutiens du Gouvernement, de ne pas voter, de s'abstenir sur ce texte. Qu'est-ce que vous lui répondez ?
STÉPHANIE RIST
Je réponds deux choses. D'une part, que le déficit diminue avec ce texte. Le déficit de la sécu, le trou de la sécu diminue avec ce texte. Et je réponds d'autre part que les malades, les hôpitaux, ne vont pas attendre 2027. Nous devons aujourd'hui améliorer l'accès aux soins. Nous devons faire des mesures, des réformes avant 2027. Nous devons rajouter ce milliard attendu pour les hôpitaux et notre accès aux soins. Ces députés ont participé au travail de ce compromis de texte.
JÉRÔME CHAPUIS
C'est le budget de qui ? C'est votre budget ? C'est celui du PS ? C'est celui des députés ?
STÉPHANIE RIST
Non, c'est le budget d'un hémicycle qui a réussi, je le crois, à faire un compromis. Nous verrons cet après-midi si ce compromis est voté. Mais ces débats que nous avons eus, ils ont été fructueux. Ils ont amélioré ce texte.
JÉRÔME CHAPUIS
Qu'est-ce qui se passe s'il n'est pas voté ?
STÉPHANIE RIST
Nous sommes en deuxième lecture. Le texte va continuer sa navette entre les deux assemblées. Mais si ce texte n'est pas voté, moi j'ai besoin rapidement pour pouvoir faire les tarifs des hôpitaux. On s'est engagé pour qu'il y ait des tarifs des hôpitaux au 1er janvier. Moi, si ce texte n'est pas voté aujourd'hui, ça va reculer ma possibilité de proposer des tarifs aux hôpitaux.
JÉRÔME CHAPUIS
À quoi vous allez occuper votre journée ? Vous allez envoyer des SMS, passer des coups de fil à chaque député, un par un ?
STÉPHANIE RIST
Je vais continuer à expliquer ce qu'il y a dans le texte. Vous l'avez dit, il y a beaucoup de chiffres qui circulent. Donc je vais continuer à dire la copie finale où en est-on des chiffres de ce déficit pour ceux qui veulent maîtriser ce déficit. Les mesures qui sont positives de ce texte, comme les mesures pour les pharmacies, j'entends des reportages sur votre antenne, nous avons besoin des mesures de ce texte pour nos pharmacies rurales. Nous avons besoin de ce texte pour la revalorisation des infirmières, pour augmenter le tarif des hôpitaux, comme je l'ai dit, pour les EHPADs. Nous avons cent millions pour les Outre-mer qui ont été rajoutés dans ce texte. Je veux dire, il y a des mesures qui sont positives aussi dans ce texte.
JÉRÔME CHAPUIS
Pour ou contre, je voudrais vous entendre sur une proposition dont on parlait ce matin sur France Info. TERRA NOVA, laboratoire d'idées proche de la gauche et du parti socialiste, propose une hausse de la TVA. Il dit qu'on ne pourra pas se sortir des déficits sans que ça coûte 3 à 4 000 euros par foyer français et donc en augmentant la TVA, par exemple.
STÉPHANIE RIST
Je pense que c'est le début d'un débat que nous devons avoir pour la présidentielle. Débat de savoir comment nous allons financer notre modèle social. Vous savez que j'ai engagé une mission déjà pour débuter dans ce débat avec la coordination entre l'Assurance maladie obligatoire et les complémentaires. Nous devons rentrer, nous Français, dans ce débat de comment on finance notre protection sociale avec une natalité qui baisse, avec un vieillissement de notre population. Nous avons tout ce modèle social à débattre pour savoir et avoir une pérennité de son financement.
JÉRÔME CHAPUIS
Stéphanie RIST, un tout dernier mot sur un tout autre sujet, on en parlait dans le journal. Brigitte MACRON qui ironise sur des militantes féministes qui ont interrompu un spectacle d'Ary ABITTAN il y a quelques jours, qui a été poursuivi, on le rappelle, puis mis hors de cause par la justice dans une affaire de viol. La Première dame les traite, je cite, de : "Sales connes". Est-ce que vous partagez l'indignation des organisations féministes et d'une partie de la classe politique ?
STÉPHANIE RIST
Non mais pardon, hier j'ai été toute la journée avec les parlementaires pour essayer de continuer à travailler sur ce budget. Le budget de la sécurité sociale, c'est plus de 600 milliards d'euros. J'ai cet objectif de pouvoir amener un vote aujourd'hui parce que, encore une fois, les malades n'attendront pas. Donc je suis désolée, je ne veux pas commenter.
JÉRÔME CHAPUIS
Vous évoquiez tout à l'heure d'ailleurs un reportage sur France Info qu'on va entendre dans un instant puisqu'on va parler des déserts pharmaceutiques dans une minute sur France Info. Merci beaucoup Stéphanie RIST, ministre de la Santé d'être venue à quelques heures de ce vote du budget de la sécurité sociale.
STÉPHANIE RIST
Merci Jérôme CHAPUIS.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 10 décembre 2025