Texte intégral
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Bonjour à tous, bonjour Maud BREGEON.
MAUD BREGEON
Bonjour.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Merci d'avoir accepté notre invitation ce matin au lendemain de l'adoption par les députés du budget de la Sécurité sociale. C'était serré, mais c'est passé à 13 voix près. Sébastien LECORNU a reçu plusieurs ministres hier à Matignon. Est-ce que vous avez sablé le champagne ?
MAUD BREGEON
Non, c'est un moment important et ce n'est pas la victoire du Gouvernement, ce n'est pas non plus la victoire des partis politiques, c'est la victoire d'une majorité de parlementaires qui, hier, ont souhaité faire avancer cette démarche de compromis. C'est un cheminement, ce n'est qu'une étape et le plus dur reste peut-être à venir. Pour autant, ça marque un changement de méthode et un changement d'état d'esprit, je pense. Cette capacité à avancer vers la culture du compromis, on a souvent dit qu'en France c'était difficile. Je prends souvent un exemple, vous savez j'ai été élue, moi, en 2022, je n'ai jamais eu l'occasion de me prononcer sur un projet de loi de finances, que ce soit pour l'État ou que ce soit pour la Sécurité sociale. C'est dire que ce qui s'est passé hier était important.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Changement de méthode, est-ce que c'est la victoire d'une méthode, celle de Sébastien LECORNU ?
MAUD BREGEON
C'est la victoire d'une méthode et la victoire de la bonne volonté, encore une fois d'une majorité absolue de députés qui ont accepté d'avancer vers un texte qui ne leur convenait pas complètement. On l'a souvent dit, ce n'est pas le texte du Gouvernement, mais ce n'est pas un texte de droite, ce n'est pas un texte de gauche, ce n'est pas un texte macroniste.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Vous êtes soulagée ce matin quand même, il y a une forme de soulagement ?
MAUD BREGEON
En tout cas, moi je suis heureuse de voir qu'aujourd'hui, on renvoie une image plutôt positive de la vie politique – je tente le mot – avec encore une fois une majorité de parlementaires qui pourront, ce week-end, rentrer dans leurs circonscriptions et dire à leurs électeurs qu'ils ont tout fait pour aller arracher les victoires auxquelles ils croyaient et pour avoir permis au pays, encore une fois, d'avancer. Cela a été assez rare ces dernières années.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Maud BREGEON, est-ce que Bruno RETAILLEAU est pour vous un homme sérieux ?
MAUD BREGEON
En tout cas, je crois aujourd'hui, et vous savez…
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Vous savez pourquoi je vous pose cette question ?
MAUD BREGEON
Oui, oui. On arrive à un moment absolument décisif, puisque la semaine prochaine aura lieu sur le budget de l'État, ce qu'on appelle la commission mixte paritaire. C'est un moment où les députés et les sénateurs vont se rencontrer.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
On va en parler dans un instant, mais simplement sur Bruno RETAILLEAU, hier à votre place, il nous dit : "Sébastien LECORNU s'est couché devant les Socialistes. Ce texte prépare un crash social". Les mots sont forts.
MAUD BREGEON
Tout ça c'est de la politique. Bruno RETAILLEAU est président de parti. Il prépare peut-être la présidentielle, c'est à lui de le dire.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Il ne parle pas du texte, là, il parle de 2027 pour vous.
MAUD BREGEON
Ce qui m'importe, moi, c'est qu'hier, 18 députés du groupe droite républicaine de Laurent WAUQUIEZ ont voté pour ce projet de loi de finance de la sécurité sociale. Pas par entière conviction – il y a des choses dans ce budget qui ne leur convenaient pas – mais par volonté d'avancer. Et je sais que demain, en tout cas je l'espère, dans le dialogue qu'on va devoir avoir avec le Sénat, on trouvera avec nous Gérard LARCHER, Mathieu DARNAUD, Hervé MARSEILLE, qui seront dans cette volonté de compromis, j'y crois beaucoup.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Est-ce que vous comprenez quand même que les Français n'y comprennent plus rien ? Quand on a un Olivier Faure, hier, qui lui-même essaye de démarcher des députés LR pour qu'ils votent le texte qui est présenté par Sébastien LECORNU. Quand vous avez défendu bec et ongle, une réforme des retraites face à la rue, que finalement vous suspendez… Les Français parfois se disent : "Mais je ne comprends pas ce budget, je ne sais pas qui est avec qui." Qu'est-ce qui se passe ?
MAUD BREGEON
Ce que les Français comprennent, à mon avis, c'est la réalité de l'Assemblée nationale. Personne n'a de majorité absolue.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Donc on arrive forcément avec un gloubi-boulga ?
MAUD BREGEON
Je vais vous le dire autrement, si on avait 350 députés, on aurait probablement fait un budget différent, on aurait probablement fait un budget à notre main. Or, il me semble que nous n'avons pas gagné les dernières élections législatives et d'ailleurs aucun parti politique, aucun groupe parlementaire n'a aujourd'hui la majorité. Donc on est forcés de composer, on est forcés d'apprendre à discuter. Et moi, je vais vous dire, je pense que c'est sain et je pense qu'on apprendra de cette période. Je pense qu'il restera quelque chose des moments qu'on est en train de vivre aujourd'hui, de cette capacité à discuter avec des gens qui ne pensent pas complètement comme nous.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Alors il y a une haie de franchie, la suivante s'annonce beaucoup plus haute, c'est le budget de l'État. Plus difficile encore, écrit le Premier ministre sur les réseaux sociaux aujourd'hui. Comment est-ce que vous allez vous y prendre ? Est-ce que c'est le 49.3 demandé à la fois par François HOLLANDE et par Bruno RETAILLEAU ?
MAUD BREGEON
Non mais c'est un moment effectivement plus difficile.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Pas de 49.3 ?
MAUD BREGEON
C'est un moment plus difficile, un moment plus politique. Pour autant les derniers jours ont montré que le compromis était possible. Encore une fois qu'il l'eût cru, qu'il l'eût cru. Olivier FAURE s'accordait sur un texte avec les macronistes, avec le groupe de Laurent WAUQUIEZ. C'était inattendu.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Ça veut dire qu'il va y avoir, pour vous, un compromis ? C'est sûr ?
MAUD BREGEON
Et donc moi je pense qu'on doit encore pouvoir trouver un chemin. Je le disais tout à l'heure, il y a une date très importante qui aura lieu la semaine prochaine où sur le budget de l'État, des députés et des sénateurs vont se retrouver pour ce qu'on appelle une commission mixte paritaire. C'est un moment important, pourquoi ? Parce que cette capacité à faire un compromis ne dépendra pas que de l'Assemblée nationale, comme ça a été le cas hier. Ça dépendra de l'Assemblée nationale et du Sénat.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Il y a des avis complètement divergents entre l'Assemblée et le Sénat.
MAUD BREGEON
Dit autrement, l'Assemblée, la semaine prochaine, va devoir entendre le Sénat et le Sénat va devoir entendre l'Assemblée. Et si nous n'y arrivons pas, alors nous poursuivrons ces discussions probablement…
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Les visions sont très différentes.
MAUD BREGEON
Alors nous poursuivrons probablement ces discussions en janvier prochain.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'une loi spéciale est possible ?
MAUD BREGEON
Ça veut dire que si cette commission mixte paritaire n'est pas conclusive, si un accord est impossible entre l'Assemblée nationale et le Sénat, nous devrons prendre davantage de temps pour discuter. Ce qui ne serait pas anormal parce qu'encore une fois, c'est un budget, le budget de l'État qui est plus politique. Et donc ça nous amènera en janvier, après les fêtes de fin d'année, après les fêtes de Noël.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Donc vous ouvrez la voie là, aujourd'hui, très clairement, à une loi spéciale qui permettrait de dépasser ce 31 décembre comme date butoir.
MAUD BREGEON
J'espère d'abord que les Sénateurs et Députés seront dans une logique de compromis. Et je le redis, j'ai confiance dans Gérard LARCHER, dans Hervé MARSEILLE, dans Patrick KANNER, dans Mathieu DARNAUD, pour être force de compromis. J'espère que l'Assemblée nationale et le Sénat arriveront à se parler et à se retrouver. Si ce n'est pas le cas, oui, nous devrons poursuivre les discussions en janvier.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
On ne vous a pas encore entendu, c'est un autre sujet – on va devoir conclure bientôt – au sujet des propos de Brigitte MACRON à l'encontre de militantes féministes, insultes prononcées en marge d'une représentation l'humoriste Ary ABITTAN. Hier, à votre place, Bruno RETAILLEAU fustigeait les actions militantes des féministes. De l'autre côté, Marine TONDELIER a parlé de propos gravissimes. Vous vous situez où, vous ?
MAUD BREGEON
Ce qui est gravissime, c'est ce qui s'était passé lors d'une précédente représentation. Des militantes féministes sont venues tenter d'interrompre le spectacle, le spectacle de quelqu'un qui avait bénéficié d'un non-lieu. Qu'est-ce que ça signifie ? Ça signifie qu'au fond, la décision de justice n'aurait plus aucune importance. Ça, ça me choque profondément. Du reste, Brigitte MACRON a parlé avec spontanéité. C'était dans un cadre privé et sur un sujet, encore une fois, sur lequel on ne peut lui faire aucun reproche. Je vais vous le dire comme je le pense, qu'on laisse Brigitte MACRON tranquille.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Cadre privé, mais elle savait qu'il y avait une caméra, elle l'avait vue. Elle s'adresse même un peu à elle à un moment.
MAUD BREGEON
Le problème, encore une fois, c'est le cœur de l'affaire. C'est qu'on puisse aujourd'hui interrompre le spectacle de quelqu'un qui a bénéficié d'un non-lieu ; qu'on puisse, parce qu'on défend le féminisme, rouler sur la décision de justice.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Les happenings sont un instrument régulier utilisé par les militantes.
MAUD BREGEON
Le problème, ce n'est pas le happening. Le problème, c'est d'ignorer le non-lieu qui avait été prononcé. C'est ça le problème. Le féminisme, ça ne s'oppose pas à la justice.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Ces propos font beaucoup réagir. Est-ce qu'elle doit s'excuser publiquement ?
MAUD BREGEON
Non. Encore une fois, elle a parlé dans un cadre privé. Elle l'a fait avec beaucoup de spontanéité. Elle a toujours été très claire sur cette question. Et je le redis, on a un vrai problème. On a un vrai problème lorsque des femmes qui défendent une cause noble ignorent, comme ça a été le cas ici, une décision de justice. Parce que, je le redis, il y a eu un non-lieu.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Merci beaucoup Maud BREGEON d'être passée par "Les 4V" ce matin.
MAUD BREGEON
Merci à vous
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 décembre 2025