Racisme, antisémitisme, xénophobie : selon la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), l'année 2019 avait déjà enregistré une hausse des faits discriminatoires, preuve de la persistance de puissants préjugés en France.
Déposé le 9 mars 2021 à l'Assemblée nationale, un rapport d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme présente 57 propositions afin d'endiguer ce fléau qui fragilise l'ensemble de la société française.
Permanences et évolutions du racisme
Le rapport présente les différentes formes du racisme afin de mieux les appréhender. Au racisme biologique, discrédité depuis 1945, s'ajoutent d'autres types de racisme : le racisme scientifique, le racisme institutionnel, le racisme culturel.
Le rapport reprend les résultats de l'étude de 2019 de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) :
- le racisme anti-Noirs ne recule pas ;
- l'antisémitisme est en nette hausse depuis 2017 ;
- le racisme anti-Asiatiques, longtemps sous-estimé, a connu une forte hausse durant la crise sanitaire du Covid-19 en 2020 ;
- les actes racistes contre les Arabes et les musulmans enregistrent en 2019 leur plus forte hausse (70%) ;
- le rejet des populations roms persiste.
Le rapport alerte sur la digitalisation de l'expression raciste et les nouvelles formes d'expression de la haine. Le rôle des réseaux sociaux est pointé, "entre suppliciés exposés en public et bourreaux fâcheusement anonymes". Par conséquent, le développement de la haine en ligne nécessite d'actualiser le cadre juridique des infractions à caractère raciste.
La question du racisme dans la police est également abordée. D'après les auteurs, "il n'existe pas de racisme policier institutionnel" (la hiérarchie policière impose et contrôle des règles déontologiques strictes). Néanmoins, on constate une cristallisation des tensions entre certaines catégories de population et la police à propos des contrôles d'identité. De nombreux travaux semblent corroborer la notion de "contrôle au faciès". Enfin, le rapport évoque aussi l'existence d'un racisme à l'égard de policiers issus de minorités.
Quelles propositions ?
La France dispose de normes constitutionnelles et supranationales afin de combattre le racisme. Cette lutte doit se fonder sur le modèle universaliste et contre les dérives communautaristes et particularistes.
Pour une réponse universaliste déterminée, le rapport insiste sur la nécessité de disposer d'outils pédagogiques et des enseignements secondaire, universitaire et scientifique adaptés aux questions mémorielles. La recommandation n° 6 préconise la création d'un musée d'histoire de la colonisation.
En ce qui concerne la loi et la réponse pénale à apporter aux infractions racistes, les moyens humains dans la police et la gendarmerie doivent être augmentés pour recueillir les plaintes. Une concertation pour réformer le cadre légal applicable aux contrôles d'identité pourrait améliorer leur efficacité et "réduire les risques de contrôle discrétionnaire". La recommandation n° 19 préconise de permettre aux victimes de racisme, d'antisémitisme ou de discriminations raciales le dépôt de plainte en ligne.
Les propositions visant à lutter contre les discriminations portent aussi sur l'évaluation de l'accès à l'emploi public et sur le renforcement de la formation dans les administrations et les entreprises. La lutte contre le racisme et les discriminations doit devenir une priorité publique de premier plan. La recommandation n° 52 suggère d'ailleurs une politique de révision de la carte scolaire, associant les collectivités territoriales, l'éducation nationale et les parents d'élèves.