Concours qui n'attirent plus, moindre appétence pour la garantie de l'emploi, "nette augmentation" des départs volontaires... D'après le rapport de France Stratégie publié le 9 décembre 2024, la fonction publique est frappée d'une crise "multidimensionnelle" depuis plusieurs années.
Touchant les trois versants de la fonction publique et toutes les catégories d'emploi et de statuts, cette crise se traduit par une dégradation de la plupart des éléments qui, "matériellement ou symboliquement", attirent vers la fonction publique.
Effectifs : une "insuffisance de fonctionnaires"
Depuis une décennie, France Stratégie fait le constat d'une baisse tendancielle du nombre de candidats aux concours, et partant, du taux de sélectivité de ceux-ci. Ainsi, de 2016 à 2022, le nombre de postes offert a baissé de 11%, celui des présents aux concours de 50%. La part croissante de contractuels "ne suffit pas à répondre" à cette pénurie de candidats.
Versant par versant :
- dans la fonction publique d'État (FPE), qui regroupe la majeure partie des 5,7 millions d'emplois publics, 15% des postes offerts en 2022 n'ont pas été pourvus (5% en 2018) ;
- les employeurs de la fonction publique territoriale (FPT) relèvent des tensions ;
- dans certaines spécialités, les postes vacants se multiplient dans la fonction publique hospitalière (FPH).
Outre ces difficultés à pourvoir les postes offerts, le rapport souligne une grande difficulté à "fidéliser" les agents, parlant d'"attrition post-concours ou en cours de formation" et pointe des démissions en hausse.
France Stratégie décrit une "spirale négative" entre :
- d'une part, des difficultés de recrutement supérieures à celles du privé ;
- d'autre part, des besoins de recrutement "tirés par une démographie vieillissante".
Comment revaloriser la fonction publique ?
France Stratégie note l'image perfectible de la fonction publique et des fonctionnaires, qui s'accompagne d'une méfiance envers l'employeur, État et institutions en général.
Les différentes modalités d’accès à la fonction publique souffriraient d’une "assez forte opacité", et pour beaucoup, les concours restent "perçus comme un frein" : mal connus des candidats potentiels, ils sont jugés inadaptés au regard des fonctions qui seront exercées.
Les carrières, vues comme "statiques" et "immobiles", représentent un enjeu majeur en termes de "fidélisation" des agents. À cet égard, bien qu'elle reste prisée, la sécurité de l'emploi "ne ferait plus rêver".
Le rapport montre une dégradation du positionnement de la fonction publique dans l'échelle des salaires et parle d'un certain "déclassement". Une reconnaissance des agents, "y compris salariale", constitue un levier "incontournable".
Concernant les conditions de travail, France Stratégie évoque "une situation plus favorable" que dans le privé, mais France Stratégie note des signaux d'alerte, notamment en termes de risques psychosociaux. Une impression de "ne plus avoir les moyens de (bien) faire son travail", un sentiment de faible reconnaissance voire d'abandon se conjuguent aux effets des réformes passées et alimentent une perte de sens.
Cependant, la conciliation des temps professionnel et personnel constitue un atout fondamental en termes d'attractivité, pour différentes raisons :
- le temps partiel est moins subi que dans le privé ;
- le recours au télétravail est plus aisé, pour ceux qui peuvent en bénéficier.
Toutefois, certains métiers sont "particulièrement pénalisés" en matière de conciliation des temps professionnel et personnel (infirmières, médecins…).