Les réformes mises en œuvre depuis 2003 dans le but de rétablir l’équilibre financier des systèmes de retraite ont des conséquences sur l'allongement de durée de cotisation. Selon les observations de la Cour des comptes publiées le 26 novembre 2024, le vieillissement de la population des fonctionnaires de l'État touche particulièrement les catégories A et A+, qui prennent leur retraite plus tard.
L’augmentation progressive de l’allongement de la durée de cotisation
33% des agents de la FPE avaient plus de 50 ans en 2022 (contre 36% en moyenne pour l’ensemble des fonctions publiques). Depuis 2010, la part des plus de 60 ans dans les effectifs est passée de 4% à 9% en 2021. Elle devrait s’élever à l’échéance de dix ans à 12%, puis, en 2040, à 14%. Dans la fonction publique territoriale (FPT), la proportion est encore plus élevée : 43% des agents ont plus de 50 ans.
La déformation du haut de la pyramide des âges est en partie due à la forte proportion d’agents de catégorie A pour l’État (et de catégorie C pour les collectivités territoriales).
Le vieillissement des fonctionnaires de l'État s’explique principalement par les réformes des retraites de 2003, 2010, 2014 et 2023. Depuis la réforme de 2003, la durée d’assurance requise a augmenté de près de six années. De 37,5 annuités en 2003, cette durée est passée à 43 annuités en 2014.
Pour les générations nées après 1968, il faut cotiser durant 172 trimestres pour partir sans décote à l’âge de 64 ans, âge d’ouverture des droits depuis la réforme de 2023.
Par ailleurs, l’âge d’entrée dans la FPE a augmenté. Il est passé de 23 ans en 1980 à 29 ans en 2020. Cela s’explique principalement par deux facteurs :
- l’augmentation de la durée des études ;
- les effets des "doubles carrières" privé/public, de plus en plus fréquentes.
La nécessité de prêter attention aux fins de carrières
Selon la Cour, une adaptation des outils de gestion des ressources humaines est à "engager rapidement". La Cour des comptes recommande de mettre en place une gestion prévisionnelle des effectifs, des emplois et des compétences (GPEEC) et de "construire un appareil statistique en vue de produire des projections démographiques de l’emploi public de l'État".
Par ailleurs, les fins de carrière des fonctionnaires doivent être anticipées en menant une réflexion sur les dernières affectations des enseignants ou en instaurant des ruptures conventionnelles pour les autres fonctionnaires de l'État dans les cas d’absences de perspectives d’évolution de "troisième temps de carrière".
Le vieillissement des fonctionnaires touche de nombreux pays de l'OCDE
Pour sa part, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) fait le constat d'un vieillissement des agents des fonctions publiques dans de nombreux pays.
Les pays de l’OCDE ont progressivement repoussé les âges de départ en retraite et ont favorisé le maintien en emploi d’effectifs de plus en plus âgés. En dehors de quelques exceptions, dont l'Autriche et la Pologne, la plupart des États n’ont pas de stratégies de long terme relatives au vieillissement des agents de leur fonction publique.