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© Aline Morcillo - Hans Lucas/AFP

Soins psychiatriques : une situation de crise de santé publique

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Une mission d’information de l'Assemblée nationale sur la prise en charge des urgences psychiatriques alerte sur la crise que traverse le secteur, tant en termes de moyens d’accueil que de conditions de travail pour les professionnels. La mission attire également l'attention sur la prévalence d’épisodes dépressifs chez les 18-24 ans.

Alors que la santé mentale a été déclarée cause nationale pour 2025, la mission d'information de l'Assemblée nationale achevée le 10 décembre 2024 fait état d’une dégradation des indicateurs de santé mentale depuis 2020, particulièrement visible chez les jeunes (prévalence des épisodes dépressifs, augmentation des cas d'auto-agressions et de suicides, prescriptions de psychotropes en hausse, plus forte fréquentation des urgences psychiatriques...).

La mission constate une forte baisse des capacités de prise en charge psychiatrique dans le public et le privé non lucratif avec notamment pour conséquence un déport vers des services d'urgence non spécialisés et déjà saturés.

Difficultés dans les parcours de soin et les structures d'accueil

La mission s’appuie sur une forte documentation, recueillie notamment depuis la crise sanitaire et les alertes sur les effets psychologiques engendrés auprès des jeunes.

Concernant les structures d'accueil et la chaîne de soins, plusieurs problématiques sont pointées par la mission d’information :

  • des difficultés dans l’orientation des parcours de soin liées notamment à un manque de coordination entre les différents services concernés (centres d’accueil de crise, centre médico-psychologique, service d’accueil des urgences…) ;
  • une violence "institutionnelle" dans les structures de soin qui s'exerce "contre les professionnels, les patients et parfois les premiers contre les derniers" ;
  • un report sur les services d’urgence, par manque de capacité d'accueil des structures publiques spécialisées ;
  • une perte des capacités d’hospitalisation à temps complet depuis le "virage ambulatoire" opéré dans le public, qui profite à un secteur privé lucratif dont la rentabilité se voit renforcée. 

Alerte sur la situation en milieu carcéral et dans le secteur de la pédopsychiatrie

Par ailleurs, la mission évoque des inégalités d’accès aux soins psychiatriques, qu'elles soient d'ordre territoriales ou sociales (proximité à un établissements de soins adapté, capacité d'accueil pour les proches) et l'hétérogénéité des établissements en termes de qualité. 

Selon la mission "les établissements publics sont exposés à une triple peine : l’obligation d’assurer le service public avec des rémunérations moindres et des conditions de travail dégradées". 

Les parlementaires alertent sur la situation en milieu carcéral. Chez les personnes en sortie de détention – hommes et femmes – il est constaté une prévalence de troubles psychiatriques plus importante qu’à l'entrée en détention.

Le secteur de la pédopsychiatrie, qui doit répondre à un nombre croissant de troubles psychiques chez les jeunes, apparait "particulièrement sinistré" avec la suppression de plus de la moitié des lits d'hospitalisation et une démographie des pédopsychiatres en forte baisse (-34%).

La mission en appelle à une mobilisation collective "de grande ampleur" et formule 21 propositions pour répondre à une "crise de santé publique", particulièrement préoccupante s'agissant des jeunes.