L'Institut national d'études démographiques (INED) propose une publication mise en ligne en décembre 2024 sur l'évolution démographique de la France en 2023, singulièrement au regard de l'UE.
Il en ressort que la France est un pays vieillissant, en particulier du fait de sa faible natalité.
Solde naturel, solde migratoire : un nouvel équilibre
Avec 68,4 millions d'habitants au 1er janvier 2024, la France représente 15,2% de la population européenne, au deuxième rang derrière l'Allemagne. La croissance de sa population, à 3,4‰ en un an (230 000 personnes), est inférieure à la moyenne européenne (3,7‰) ; cette croissance est en baisse.
L'INED relève que la France, un peu plus jeune que la moyenne européenne, vieillit aussi plus vite, en raison d'un solde naturel (différence entre les décès et les naissances) "historiquement bas depuis l'après-guerre" (+25 000 personnes pour la France hexagonale), notamment du fait d'un nombre de naissances d'une faiblesse sans précédent dans l'histoire récente.
Dès lors, le solde migratoire est depuis 2018 le "principal moteur démographique" de la France.
Avec 13,1% de sa population née à l'étranger, la France se situe nettement derrière l'Allemagne par exemple (19,4%). En 2022, le flux d'entrées de ressortissants de pays tiers (requérant un titre de séjour) s'établit à 282 957 personnes, niveau le plus élevé depuis 2000. Les demandes d’asile sont pour leur part en baisse. Avec 5% des flux en provenance de tous les pays (l'Allemagne et l'Espagne en totalisent à elles deux 52%), la France est le cinquième pays européen d'accueil. Cependant, en proportion de sa population, elle se situe à la 21e place.
Fécondité et nuptialité : des évolutions divergentes
Avec 678 000 enfants en 2023 (48 000 de moins qu'en 2022), la natalité française fléchit non tant du fait d'une baisse du nombre de femmes en âge de procréer que d'un indice de fécondité de 1,67 enfant par femme, le plus bas depuis l'après-guerre. Un niveau faible qui lui permet toutefois d'être à la 2e place en Europe derrière la Bulgarie.
Le nombre de femmes sans enfants s'accroît à tous les âges. Il ne s'agit plus simplement d'un report des naissances, mais parfois, pointe l'INED, d'"infécondité désirée".
Un des taux de recours à l’avortement les plus élevés d’Europe
On dénombre 242 000 interruptions volontaires de grossesse (IVG) en 2023 : le ratio d'une IVG pour trois naissances est dépassé et ce chiffre situe la France au niveau de la Suède (15 ‰ des femmes en âge de procréer y ont recours). La France est un des pays où la législation est la plus souple. Les taux déclarés dans des États plus restrictifs ne tiennent cependant pas compte des avortements clandestins.
Le nombre de mariages s'élève à 242 000 et rattrape les chiffres datant d'avant le Covid-19. Le PACS est également en progression. On compte 2,9% de mariages et 4,9% de PACS de personnes du même sexe, un chiffre stable.
L'âge moyen au mariage continue de croître (36,3 ans pour les femmes, 38,7 pour les hommes). Sur le plan des générations, le taux de nuptialité s'élevait à près de 90% pour celle de 1946, près de 65% pour la génération 1972 mais environ 50% pour la génération 1987. Cette évolution rapproche la France de l'Europe du Sud et de l'Ouest.
Espérance de vie et mortalité
On compte 631 000 décès en 2023, un chiffre supérieur à l'avant-Covid, du fait du vieillissement de la population. La mortalité s'avère relativement basse aux âges plus élevés en Europe. L'espérance de vie continue de croître (80 ans pour les hommes, 85,7 pour les femmes) mais moins rapidement. L'écart de mortalité entre hommes et femmes est supérieur à la moyenne européenne mais diminue.
La France connaît un retard "important et croissant" pour la mortalité infantile. La mortalité liée aux morts violentes (accidents de la route, homicides, suicides) est également "particulièrement défavorable", notamment pour les hommes.
Mais l'on meurt principalement de cancers et non de maladies cardiovasculaires comme ailleurs en Europe.