En 2023, 44% des personnes interrogées déclaraient avoir fait l'expérience d'une pénurie de médicament, soit 15 points de plus qu'en 2021. La Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) et l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) publient une étude qui décrit les phénomènes de rupture de stock observés sur les médicaments d'intérêt thérapeutique majeur (MITM).
Que sont les médicaments classés MITM ?
Les médicaments d'intérêt thérapeutique majeur (MITM) sont définis par le code de la santé publique comme les médicaments "pour lesquels une interruption de traitement est susceptible de mettre en jeu le pronostic vital des patients à court ou moyen terme, ou représente une perte de chance importante pour les patients au regard de la gravité ou du potentiel évolutif de la maladie" (article L5111-4).
Depuis le décret du 30 mars 2021, les laboratoires pharmaceutiques producteurs de MITM sont obligés de constituer un stock de sécurité d'au moins deux mois pour les médicaments à destination du marché français.
En cas de risque de pénurie, les laboratoires doivent prévenir l'ANSM.
Publiée pour la première fois en décembre 2024, la liste officielle des MITM contient 8 107 médicaments.
Quelle est l'ampleur des ruptures de stock ?
L'étude de la Drees et de l'ANSM montre une forte progression des ruptures de stock depuis 2017. Entre 2017 et 2022, le nombre de déclarations de ruptures de stock envoyées par les laboratoires à l'ANSM a triplé, passant de 500 à 1 500. Le nombre de déclarations a cependant baissé en 2024 (939 déclarations), ce qui laisse penser que le pic des ruptures a été atteint.
Le nombre brut de ruptures n'est cependant pas significatif, celles-ci pouvant durer quelques jours ou plusieurs mois. L'étude évalue donc le nombre de ruptures jour par jour. Il apparaît qu'à partir de 2021, ce nombre augmente jusqu'à atteindre 800 médicaments en rupture simultanée durant l'hiver 2022-2023. Fin 2024, ce nombre s'établissait à 400.
Toutes les classes thérapeutiques de médicaments sont affectées par des ruptures de stock mais quatre classes représentent près de 75% des déclarations : les médicaments du système cardio-vasculaire (30%), les médicaments du système nerveux (20% dont une part importante concerne le paracétamol), les antibiotiques (14%) et les médicaments du système digestif.
L'étude s'appuyant sur les déclarations des laboratoires à l'ANSM, elle ne permet pas de mesurer la demande de médicaments non satisfaite. Pour évaluer l'indisponibilité des médicaments c'est-à-dire les boîtes manquantes dans les pharmacies, l'indicateur retenu repose sur le calcul du déficit de ventes de médicaments par rapport à un volume de ventes de référence. Au pic de l'hiver 2022-2023, le nombre de boîtes manquantes de MITM est ainsi estimé à 8 millions, soit entre 5,5 et 10% du volume total du marché des MITM.