La Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) a publié le 17 juin 2025 son rapport 2024. Il montre que la tolérance résiste, dans un contexte politique tendu qui a nui à la mise en œuvre du Plan national de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine.
La tolérance progresse
L’indice longitudinal de tolérance (ILT) mesure le niveau de tolérance et de préjugés de 0 (intolérance) à 100 (tolérance) dans une enquête sur les opinions vis-à-vis des personnes noires, asiatiques, arabes, roms, musulmanes et juives. L’ILT tend à augmenter en France.
Il remonte à 63 en 2024 après une chute de 65 à 62 entre 2022 et 2023. Cette progression est favorisée par :
- l’élévation du niveau de diplôme ;
- le renouvellement des générations (les jeunes adhèrent moins aux clichés racistes) ;
- les expériences interculturelles ;
- les discours politiques et médiatiques de tolérance.
La conception biologique du racisme dans l’opinion se marginalise. Seuls 6% des personnes interrogées estiment qu'il y a des races supérieures à d'autres. Les seules catégories parmi lesquelles un nombre supérieur à 10% de la population partage cette opinion sont les personnes se déclarant "très à droite" (18 %).
Les discriminations dont peuvent être victimes certains groupes restent massivement condamnées (à 95%). Le rejet des discriminations racistes est désormais majoritaire dans la population. Cependant, les seniors, les personnes ayant un niveau de diplôme inférieur au baccalauréat et les sympathisants des partis de droite et d’extrême droite sont systématiquement moins fermes dans leur condamnation du racisme.
Des préjugés ancrés, des actes racistes en hausse
Le rapport note :
- la persistance de stéréotypes. 60% des répondants pensent que beaucoup d’immigrés viennent en France uniquement pour profiter de la protection sociale, 46% que l’immigration est la principale cause de l’insécurité et 36% que les Juifs ont un rapport particulier à l’argent. Les Roms restent la minorité la plus rejetée ;
- la croissance du nombre de crimes ou délits racistes recensés par les forces de l’ordre (+11%). Ce nombre atteint un niveau inédit (9 350). Les violences envers les personnes (525) bondissent de 23%, et les menaces (1 897) de 14%. La plateforme Pharos enregistre 36 048 signalements pour provocation publique à la haine, discrimination, injures et diffamations xénophobes (+55%) ;
- une faible réponse pénale. En 2023, les parquets n’ont traité que 8 282 affaires (+4% en un an) et prononcé 1 594 condamnations. Le taux de classement sans suite est élevé ;
- une sous-déclaration massive. En 2022, 1,2 million d’individus de 14 ans et plus estiment subir au moins une atteinte à caractère raciste chaque année. Or 97% d’entre eux ne portent pas plainte. La sous-déclaration s’explique par la défiance envers les institutions, le nombre limité de condamnations et les difficultés à porter plainte ;
- les effets délétères du racisme sur la santé mentale et physique des victimes (isolement, anxiété, dépression…). Des biais raciaux ("syndrome méditerranéen"…) altèrent aussi la prise en charge médicale.