Image principale 1
Image principale 1
© Canecorso - stock.adobe.com

Loi du 18 mars 2024 visant à mieux protéger et accompagner les enfants victimes et covictimes de violences intrafamiliales

Temps de lecture  5 minutes

Afin de mieux protéger les enfants victimes de parents violents, en particulier incestueux, la loi complète les codes civil et pénal. 160 000 enfants subissent chaque année des violences sexuelles, tandis qu'un enfant meurt tous les 5 jours sous les coups de ses parents.

Où en est-on ?

  1. Étape 1 validée

    Dépôt au parlement

    15 décembre 2022

  2. Étape 2 validée

    Examen et adoption

    12 mars 2024

    Adoption définitive

  3. Étape 3 validée

    Promulgation

    18 mars 2024

Qu'est-ce que la procédure législative ?

Consulter

La loi a été promulguée le 18 mars 2024. Elle a été publiée au Journal officiel du 19 mars 2024.

Les lois des 28 décembre 2019 et 30 juillet 2020 visant à agir contre les violences au sein de la famille et à protéger les victimes de violences conjugales ont permis de faire progresser la protection des enfants en introduisant :

  • la suspension automatique de l’autorité parentale du parent poursuivi ou condamné pour crime commis sur l'autre parent ;
  • une possibilité de retrait de l’autorité parentale ou de son exercice à l'égard du parent condamné pour un délit (et plus seulement pour un crime) commis sur son enfant ou sur l’autre parent.

Toutefois, ces dispositions sont insuffisantes car incomplètes pour la députée Isabelle Santiago, auteure de la proposition de loi. 

Principe du retrait total de l'autorité parentale en cas d'inceste ou de crime

La loi rend plus systématique le retrait total de l’autorité parentale par les juridictions en cas de condamnation pour les infractions les plus graves : 

  • agression sexuelle ou viol incestueux ou autre crime sur son enfant ;
  • crime commis sur l'autre parent.

Le juge qui ne prononce pas le retrait total de l'autorité parentale devra spécialement motiver sa décision et ordonner le retrait partiel de l’autorité parentale ou le retrait de l’exercice de l’autorité parentale, sauf encore décision contraire spécialement motivée.

Le retrait total de l'autorité parentale signifie que le parent n'est même plus tenu informé des grandes étapes de la vie de son enfant, alors que le retrait de l'exercice de l'autorité parentale empêche le parent de prendre des décisions concernant la vie de son enfant.

Suspension automatique de l'exercice de l'autorité parentale en cas d'inceste ou de crime

Aujourd'hui, la suspension provisoire de plein droit de l'exercice de l'autorité parentale est trop limitative. Elle ne vise pas les enfants victimes qu'il faut pourtant protéger de leurs parents suspectés d'être violents. L’ordonnance de protection délivrée par le juge ne suffit pas toujours pendant le temps de la procédure. D'après une enquête de 2019, 72,6% des mères d’enfants mineurs obtenant une ordonnance de protection ont été contraintes d’exercer leur autorité parentale avec le conjoint, qui les a vraisemblablement violentées et mises en danger, elles et leurs enfants.

C'est pourquoi, la loi élargit la suspension automatique de l'exercice de l'autorité parentale, des droits de visite et d'hébergement au parent poursuivi ou mis en examen pour agression sexuelle ou viol incestueux ou pour tout autre crime commis sur son enfant. Cette suspension vaudra jusqu'à la décision du juge aux affaires familiales, jusqu'à la décision de non-lieu du juge d'instruction ou jusqu’à la décision de la juridiction pénale.

Nouveau cas de délégation forcée de l'exercice de l'autorité parentale

Le texte initial a été enrichi par les parlementaires pour prévoir un nouveau cas de délégation forcée de l’exercice de l’autorité parentale en cas de poursuite, de mise en examen ou de condamnation (même non définitive) pour crime ou agression sexuelle incestueuse commis sur son enfant par un parent s'il est seul titulaire de l’exercice de l’autorité parentale.

Il s'agit de permettre à la personne ou au service d'aide sociale à l'enfance (ASE) qui a recueilli l’enfant, lorsque l’autre parent n'a plus l’autorité parentale, ou qu’il est décédé, ou en l'absence de filiation à son égard, de prendre toutes les décisions nécessaires à l’organisation de la vie de l'enfant, sans avoir à obtenir l’autorisation du parent poursuivi ou condamné.

La loi contient d'autres dispositions. Elle systématise notamment les suspensions des droits de visite et d’hébergement des parents sous contrôle judiciaire pour violences intrafamiliales. En cas de non-suspension, le juge devra spécialement motiver sa décision.

Les préconisations de la Ciivise 

Dans son rapport de novembre 2023, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) a préconisé la création d’une mesure judiciaire d’urgence permettant au juge aux affaires familiales de statuer sur les modalités d’exercice de l’autorité parentale en cas d’inceste vraisemblable. 

"Sur le modèle de l’ordonnance de protection des femmes victimes de violences conjugales, cette ordonnance de sûreté de l’enfant" assurerait "que le principe fondamental de protection prioritaire de l’enfant soit respecté tout en garantissant un débat judiciaire par le critère de la vraisemblance des violences sexuelles incestueuses".

Cette page propose un résumé explicatif du texte pour le grand public. Elle ne remplace pas le texte officiel.

Où en est-on ?

  1. Étape 1 validée

    Dépôt au parlement

    15 décembre 2022

  2. Étape 2 validée

    Examen et adoption

    12 mars 2024

    Adoption définitive

  3. Étape 3 validée

    Promulgation

    18 mars 2024

Qu'est-ce que la procédure législative ?

Consulter