Agir au nom de la laïcité - Dilemmes parmi des professionnel·le·s de l'éducation populaire (Île-de-France, 2015-2021)

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Cette recherche analyse, à partir d’une enquête par entretiens et observations, les façons dont les mondes de l’éducation populaire sont traversés par les questions associées à la laïcité et au fait religieux aujourd’hui en Ile-de-France. Le travail des professionnels et des bénévoles associatifs vise à mettre en œuvre deux principes fondateurs de l’éducation populaire : l’inclusion et l’émancipation.

Les enquêtés insistent sur l’importance de préserver l’autonomie de l’éducation populaire pour se protéger de certaines lectures imposées de la laïcité (par l’État, les élus locaux, parfois les bénévoles). Si la pratique religieuse des publics fait l’objet d’une acceptation relativement partagée, les signes d’islam sont bien plus souvent perçus comme problématiques lorsqu’ils proviennent des professionnels. Des seuils d’acceptabilité se dessinent alors, et les personnes concernées, en particulier les professionnelles « voilées », sont invitées à (r)assurer les directions et les conseils d’administration de leur posture distanciée vis-à-vis de leurs croyances et de leurs pratiques religieuses. Les formations à la laïcité observées dans le cadre de cette enquête constituent alors un espace de délibération et de régulation.

Cette recherche révèle à quel point la laïcité et les signes d’islam engendrent aujourd’hui des épreuves de professionnalité qui interrogent l’autonomie et le devenir des mondes de l’éducation populaire.

SYNTHÈSE DU RAPPORT

Contexte 
Objectif et enquête
L’éducation populaire au cœur du problème public de la laïcité
Conflictualités et dilemmes professionnels au sujet de la laïcité au quotidien 
Les formations à la laïcité ou la régulation des pratiques par le droit 

INTRODUCTION 

Une recherche née de la sollicitation d’une fédération d’éducation populaire après les attentats de novembre 2015 
Éducation populaire et laïcité : une histoire longue et conflictuelle 
Un questionnement inscrit dans un champ sociologique plus large 

Institutions éducatives et construction d’un « problème musulman » 
Des expressions religieuses des publics aux interrogations des professionnel·le·s 
Orientations de la recherche 

CHAPITRE 1. CE QUE LES INDIVIDUS FONT DE LA LAÏCITÉ : ENQUÊTE DE TERRAIN ET MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE 

1. Enquête exploratoire par questionnaire
2. Enquête auprès de professionnel·le·s et de bénévoles de cinq structures se réclamant de l’éducation populaire 

2.1. Fédération pour une éducation populaire ensemble (ville de Chavinais)
2.2. MJC Varda (ville de La Roche) 
2.3. MJC Chez nous (ville de Vallaume) 
2.4. Centre social/MJC des Fossés (ville de Sartignon) 
2.5. Maison des jeunes (ville de Varins) 
3. Enquête sur des formations à la laïcité 

CHAPITRE 2. VERS UNE « NOUVELLE LAÏCITÉ » ? ÉLEMENTS DE CONTEXTUALISATION SOCIOHISTORIQUE 

1. Un cadre juridique paradoxal 
1.1. Un cadre constitutionnel et législatif stable jusqu’au début des années 2000 
1.2. Une réglementation infra-législative foisonnante 
2. Le tournant de 1989 
2.1. Les « atteintes au principe de laïcité » comme nouvelle catégorie des discours et de l’action publique
2.2. Les mots pour dire le « problème musulman » 
3. De la « laïcité libérale » à une « nouvelle laïcité »
3.1. D’un principe juridique à une valeur
3.2. Une laïcité essentialisée 
Conclusion du chapitre 2 

CHAPITRE 3. LE RAPPORT DES PROFESSIONNEL·LE·S ET DES BÉNÉVOLES DE L’ÉDUCATION POPULAIRE À LA LAÏCITÉ : DILEMMES ET CONFLICTUALITÉS

1.1. Une question décrite comme sensible et imposée de l’extérieur 
1.2. Derrière la laïcité, la question raciale 
1.3. Le recours au juridique pour garantir l’inclusion et l’émancipation
2. Malaises et conflictualités face au fait religieux dans les associations 
2.1. Une acceptabilité relativement partagée lorsque les faits religieux sont attribués aux publics
2.2. Une acceptabilité moindre lorsque les faits religieux sont attribués aux professionnel·le·s 
2.3. Contrôle de soi des professionnel·le·s minorisé·e·s
Conclusion du chapitre 3 

CHAPITRE 4. FORMER À LA LAÏCITÉ : UN « ACCORDAGE » DES PRATIQUES PAR LE DROIT

1. Identifier les difficultés et les interrogations face aux faits religieux 
1.1. Pédagogiser la laïcité : présentation des dispositifs observés 
1.2. Des lieux d’énonciation et de délibération du « problème musulman » 
2. La formation entre savoirs explicites et savoirs implicites 
2.1. Le droit comme discipline explicite et première pour former à la laïcité 
2.2. Un enseignement discret à l’antiracisme et à la lutte contre les discriminations 
3. Des rapports différenciés au droit chez les formateur·trice·s 
3.1. Prévenir les discriminations par la maîtrise du droit 
3.2. Déconstruire les préjugés par la critique du droit 
4. Les effets contrastés de la formation sur les stagiaires 
4.1. La formation comme ressource
4.2. Prendre conscience de ses pratiques discriminatoires : entre acceptation relative et exit (défection)
Conclusion du chapitre 4 

CONCLUSION GÉNÉRALE ET PROLONGEMENTS 

BIBLIOGRAPHIE 

ANNEXE : ENQUÊTE DE TERRAIN

  • Type de document : Rapport d'étude
  • Pagination : 129 pages
  • Édité par : Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (840)