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Trois ans après la fin de la crise sanitaire, la dégradation de la santé mentale des Français est une tendance de fond. Amorcée au milieu des années 2010, elle s'est accélérée pendant la crise du covid-19 et se poursuit depuis : en 2024, les risques de troubles anxiodépressifs touchent près de 30 % des 11-24 ans.
La consécration de la santé mentale comme "grande cause nationale" en 2025 s'articule autour de quatre objectifs prioritaires :
- la déstigmatisation des troubles psychiques et mentaux par le changement de regard ;
- le développement de la prévention et du repérage précoce ;
- l'amélioration de l'accès aux soins partout sur le territoire français ;
- l'accompagnement des personnes concernées dans toutes les dimensions de leur vie quotidienne.
La commission des affaires sociales relève l'explosion des troubles psychiques chez les jeunes : hausse du nombre de passages aux urgences et d'hospitalisations de mineurs pour motifs de tentative de suicide, scarifications et crises graves, progression des refus scolaires anxieux, lignes d'écoute de plus en plus sollicitées ou encore hausse des prescriptions de psychotropes. Si les réseaux sociaux contribuent au mal-être des jeunes, le caractère anxiogène du contexte économique et géopolitique encourage également chez eux l'apparition de troubles anxieux et dépressifs. Par ailleurs, les jeunes filles sont particulièrement exposées aux contenus qui dégradent la représentation du corps des femmes, au harcèlement en ligne et à des vidéos qui encouragent explicitement les troubles alimentaires, l'automutilation et le suicide.
Les rapporteurs préconisent notamment :
- de développer les consultations avancées assurées par les infirmiers en pratique avancée psychiatrie et santé mentale (IPA PSM) au sein des maisons de santé pluriprofessionnelles et des centres de santé,
- d'étendre les formations aux premiers secours en santé mentale à toutes les professions clés puis à l'ensemble des citoyens,
- de développer les équipes mobiles pluridisciplinaires intervenant en faveur des enfants protégés,
- ou encore de conduire une réflexion, à l'échelle territoriale, sur la création de permanences d'accueil en urgence et d'aménagement des horaires au sein des centres médico-psychologiques (CMP).
L'ESSENTIEL
LISTE DES RECOMMANDATIONS
LISTE DES SIGLES
I. LA DÉGRADATION DE LA SANTÉ MENTALE : UNE TENDANCE DE FOND, PARTICULIÈREMENT INQUIÉTANTE CHEZ LES JEUNES
A. LA SANTÉ MENTALE DES FRANÇAIS NE S'EST PAS AMÉLIORÉE DEPUIS LA FIN DE LA CRISE SANITAIRE
1. Des indicateurs qui témoignent d'un maintien d'un état dégradé de la santé mentale de la population
a) Les syndromes dépressifs, quoique légèrement décroissants en population générale, restent à un niveau élevé
b) Une inquiétude majeure sur les pensées suicidaires dont la prévalence est en hausse constante
c) Les gestes auto-infligés réaugmentent depuis 2020 en raison de leur prévalence chez les femmes
2. Un aspect à ne pas négliger : les effets de la déstigmatisation
a) La part de responsabilité de la crise sanitaire
b) Des évolutions au long cours pouvant rendre plus vulnérable la santé mentale de la population
c) Un contexte anxiogène et stressant
d) Les difficultés croissantes dans l'accès aux soins
3. Un aspect à ne pas négliger : les effets de la déstigmatisation
B. LA SANTÉ MENTALE DE LA JEUNESSE S'AGGRAVE DE MANIÈRE SPECTACULAIRE
1. Une hausse des troubles anxieux et dépressifs particulièrement marquée chez les jeunes, et plus encore chez les jeunes femmes
a) La dégradation de la santé mentale des jeunes
b) Une dégradation particulièrement importante chez les filles et les jeunes femmes
2. Une survenance de plus en plus précoce des troubles de santé mentale
C. LES JEUNES SUBISSENT LES EFFETS DES CRISES ET DE LA POROSITÉ ENTRE LE MONDE RÉEL ET LE MONDE VIRTUEL
1. Les effets d'hystérèse de la crise du covid-19
2. L'incidence établie des réseaux sociaux
a) L'usage des réseaux sociaux contribue à la détérioration de la santé mentale des jeunes
b) Les jeunes filles sont particulièrement touchées par ce phénomène
3. Un monde anxiogène, un avenir source d'inquiétude
4. Le rôle des substances addictives
II. LES ACTEURS DE LA PRISE EN CHARGE DE PREMIER NIVEAU : UN RÔLE À CONFORTER, UNE COORDINATION À RENFORCER
A. LA PRISE EN CHARGE DE PREMIER NIVEAU EST DÉTERMINANTE DANS LE PARCOURS DE SOINS DES PERSONNES SOUFFRANT DE TROUBLES DE SANTÉ MENTALE
1. La nécessité de consolider la part assurée par les soins de ville dans la prise en charge de proximité
a) Les médecins généralistes : des professionnels de santé au contact des patients en souffrance psychique
b) Les infirmiers diplômés d'État : une position privilégiée à valoriser
2. Une coopération entre les acteurs de premier et de deuxième niveau à renforcer
a) Faire travailler ensemble médecins généralistes, infirmiers et psychiatres
b) Assurer la présence d'IPA en psychiatrie et santé mentale dans les maisons de santé
3. MonSoutienPsy : un accès facilité au psychologue
a) Un dispositif qui vise à faciliter l'accès aux soins psychologiques
b) Un dispositif qui monte en charge sans être la réponse miracle
c) La nécessité de garantir la continuité du parcours de soins des patients suivis dans le cadre de MonSoutienPsy
4. La santé mentale, affaire de tous : poursuivre la sensibilisation des professions clés et soutenir la pair-aidance
a) Poursuivre les formations aux premiers secours en santé mentale
b) Encourager les dispositifs de pair-aidance
B. LES INSTITUTIONS EN CONTACT AVEC LA JEUNESSE ONT UN RÔLE DÉTERMINANT POUR PRÉVENIR, REPÉRER ET ORIENTER
1. La santé scolaire : une insuffisance de moyens en décalage avec son rôle stratégique
a) Les difficultés immenses de la santé scolaire
b) Des missions en santé mentale que l'éducation nationale ne parvient pas à assumer
c) Une refondation ambitieuse annoncée
d) Décloisonner les professionnels de l'éducation nationale pour mieux prendre en charge les troubles psychiques
2. Les maisons des adolescents : des structures pluridisciplinaires à soutenir dans un contexte d'augmentation des troubles chez les jeunes
3. Les troubles psychiques des enfants protégés : une prise en charge délaissée
a) Les problèmes de santé mentale exacerbés des enfants confiés à l'ASE
b) Une réponse de l'ASE et des offreurs de soins qui n'est pas à la hauteur des enjeux
c) Encourager le déploiement des équipes mobiles intervenant au sein des structures de l'ASE
C. LE PORTAGE INSTITUTIONNEL DE LA SANTÉ MENTALE : UNE POLITIQUE NATIONALE VOLONTARISTE EN MAL DE RÉSULTAT ET UNE GOUVERNANCE LOCALE INÉGALE
1. Une succession de plans gouvernementaux traduisant une impuissance à transformer en profondeur l'offre de soins
a) Une multiplication de plans gouvernementaux pour des améliorations réelles mais laborieuses
b) Une grande cause nationale qui, enfin, prend de l'ampleur
2. Les projets territoriaux et les conseils locaux de santé mentale : des outils de coopération locale de portée inégale
a) Une seconde génération de PTSM qui doit répondre aux lacunes identifiées
b) Promouvoir les CLSMS sans standardiser leurs actions
III. S'ATTELER AUX DIFFICULTÉS BIEN CONNUES DE LA PSYCHIATRIE POUR GARANTIR L'ACCÈS AUX SOINS SUR L'ENSEMBLE DU TERRITOIRE
A. LE MAL-ÊTRE DE LA PSYCHIATRIE
1. Une discipline en manque d'attractivité, des inégalités territoriales marquées
a) L'offre de soins psychiatriques est inégalement répartie sur le territoire, privant de nombreux patients d'une prise en charge adaptée
b) Des causes historiques : une discipline mal-aimée
c) Des causes plus récentes : des conditions d'exercice de plus en plus difficiles
2. Des centres médico-psychologiques sous tension
a) Les CMP : des structures au centre de la prise en charge des troubles de santé mentale
b) Une saturation des CMP qui compromet gravement la prise en charge des patients
3. Des établissements psychiatriques suroccupés
a) Une tension particulièrement forte en milieu rural et semi-rural
b) Des tensions qui résultent majoritairement du manque de professionnels et de la saturation du premier niveau
c) Un manque de solutions médico-sociales parfois comblé par le secteur sanitaire
3. Des services d'urgences fortement sollicités
a) Un état des lieux préoccupant
b) Mieux orienter les patients et prévenir les passages aux urgences évitables
4. Les infirmiers en pratique avancée spécialisés en psychiatrie et santé mentale : une profession récente qui suscite un réel espoir
a) Un consensus sur l'utilité des IPA PSM, en médecine de ville comme en établissement
b) La nécessité de renforcer l'attractivité de cette spécialité
B. LE RENFORCEMENT DES CENTRES MÉDICO-PSYCHOLOGIQUES ET LE DÉVELOPPEMENT DES ÉQUIPES MOBILES : DEUX AXES PRIORITAIRES POUR AMÉLIORER L'ACCÈS AUX SOINS
1. L'accès universel au CMP : un modèle à défendre en y affectant les moyens humains nécessaires
2. Favoriser les interventions à domicile
a) Le développement des équipes mobiles spécialisés
b) Promouvoir la visite à domicile par des équipes spécialisées ou le CMP autant que possible
c) Favoriser les conditions globales d'une intervention en milieu ouvert
EXAMEN EN COMMISSION
I. AUDITION DE M. FRANK BELLIVIER, DÉLÉGUÉ MINISTÉRIEL À LA SANTÉ MENTALE ET À LA PSYCHIATRIE
II. AUDITION DE M. RAPHAËL GAILLARD, PROFESSEUR EN PSYCHIATRIE À L'UNIVERSITÉ PARIS
III. AUDITION DE M. DANIEL ZAGURY, PSYCHIATRE ET EXPERT PRÈS LA COUR D'APPEL DE PARIS
IV. EXAMEN DU RAPPORT
LISTE DES PERSONNES ENTENDUES
LISTE DES CONTRIBUTIONS ÉCRITES
LISTE DES DÉPLACEMENTS
TABLEAU DE MISE EN ŒUVRE ET DE SUIVI DES RECOMMANDATIONS
- Autre titre : Santé mentale et psychiatrie : pas de "grande cause" sans grands moyens
- Type de document : Rapport parlementaire
- Pagination : 193 pages
- Édité par : Sénat
- Collection : Les Rapports du Sénat
- Numéro dans la série : 787