Déclaration de M. François Hollande, premier secrétaire du PS, sur le passage à l'euro, l'élection présidentielle 2002, la fonction présidentielle et le programme électoral du PS, Paris, le 7 janvier 2002.

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Circonstance : Présentation des voeux à la presse, Paris, le 7 janvier 2002

Texte intégral

Les voeux de cette année vont prendre une saveur particulière étant donné les échéances électorales à venir. Il faut que 2002 soit une année de victoires pour les français, une année de réussite. Nous l'avons déjà amorcé avec les premiers succès du passage à l'Euro.
2002 : un bon début pour l'Euro
Nous saluons le passage réussi à l'Euro. Le mérite en revient à tous les acteurs concernés, commerçants, transporteurs de fonds, mais aussi à tous les Français eux-mêmes. Le gouvernement y a aussi pris sa part. Si aujourd'hui certains le saluent avec timidité, si certains par lapsus l'oublient de leurs voeux, c'est vers le gouvernement que les mêmes se tourneraient si cela se passait négativement. La réussite n'était pas acquise en 1997, mais aujourd'hui la réussite économique est encore plus grande. Il y a eu le succès des conditions posées par Lionel Jospin avec un Euro large étendu aux pays du sud de l'Europe.
L'Euro est un facteur de stabilité. Les Britanniques commencent à le comprendre et les Américains sceptiques au départ, finissent eux aussi par admettre la performance de l'Euro. Les Français divisés après le référendum de Maastricht, ont montré par leur attitude ces derniers jours, leur adhésion à l'Euro, même si toutes les préventions n'ont pas encore disparu. Cette réussite est un démenti cruel à tous ceux qui demandaient un report de l'échéance ou à ceux qui attisaient la peur des commerçants. Beaucoup avaient imaginé faire campagne sur les défaillances du passage à l'Euro, aujourd'hui ils préfèrent se taire. Cette situation crée aussi des devoirs aux Européens et aux Socialistes. Mais l'Euro n'est qu'une étape dans la construction d'un ensemble politique pour peser plus fort sur le destin du monde, et pour se protéger davantage des aléas économiques : c'est un levier pour la régulation internationale si bien que désormais une accélération s'impose pour mettre en place un véritable gouvernement économique. Pour définir des règles de décision plus rapides, pour développer des politiques communes plus vastes, sociales, environnementales sur les investissements publics et pour approfondir la politique étrangère et de sécurité commune, surtout après les événements du 11 septembre. Ce sera l'objet de la convention européenne commune, mais ce sera aussi l'enjeu de l'élection présidentielle de 2002.
Les enjeux de 2002
Cette élection sera naturellement française, mais sera aussi européenne. Nous souhaitons pendant cette campagne que des initiatives soient prises en matière européenne, tant au plan social que culturel. Les consultations électorales de 2002 vont se tenir à un moment charnière, où se conjuguent des inquiétudes légitimes -tensions internationales, montées des violences et résurgence du chômage-, et des espoirs tout aussi fondés, -affirmation de l'Europe, développement rapide des technologies et libération du temps-. A tous égards, un nouveau cycle est possible, cycle économique, politique et cycle international. Une nouvelle époque est peut-être en gestation. La France est attendue et l'élection présidentielle ne doit pas être comme en 1995, un rendez-vous manqué, une élection pour rien. Une vision doit être définie et partagée, une impulsion doit être donnée, un nouveau pacte social doit être exécuté. Il faut saisir ce rendez-vous démocratique comme une occasion formidable de mobilisation de nos forces et forger un nouveau destin, pas forcément tranquille, qui dépassera les frontières de notre propre pays. En ce sens la fonction présidentielle doit être repensée, je n'ose pas dire réhabilitée. Il s'agit pour nous, non plus d'un président arbitre loin de la décision et des choix de politique intérieure, mais d'un président actif, porteur d'un projet collectif et directement impliqué à sa réalisation. C'est au nom de cette conception institutionnelle, au nom de cette démarche présidentielle que nous avons procédé à une organisation du calendrier électoral dans un ordre qui fait du scrutin présidentiel l'axe premier quand d'autres préféraient par convenance particulière, une confusion générale quitte à amoindrir encore l'autorité de la fonction suprême.
Rôle du Parti socialiste
Cette campagne, nous la mènerons autour d'un projet qui nous engagera pour les deux scrutins à venir et dont nous serons comptables comme nous l'avons été depuis 1997. Nous ne sommes donc ni dans une logique personnelle, où seules compteraient les intérêts d'un homme dans une famille, ni dans une opération de communication fondée sur l'évitement même de la confrontation électorale. La France n'appartient à aucun candidat en propre. La droite a fait son choix et Jacques Chirac en est le représentant le plus qualifié. Pour nous, c'est en étant fidèle à ses idées et à son projet et à sa pensée, que l'on rassemble largement les Français et que l'on sert au mieux son pays. Les socialistes forts de leur bilan ont élaboré leur projet autour de 3 objectifs :
Le plein emploi,
La sûreté pour tous,
L'accomplissement personnel
A travers ces trois objectifs, nous avons avancé plusieurs propositions : l'éducation tout au long de la vie, l'autonomie pour les jeunes en formation, la lutte contre les violences autour du rapport Dray et la solidarité entre les générations. En outre, le projet prévoit parallèlement une rénovation de l'ensemble de nos instruments de l'action publique aussi bien sur le plan institutionnel que sur la modernisation de l'État, décentralisation et démocratie sociale dont nous devons être aujourd'hui les rénovateurs. En face que nous propose-t-on ? La " société de confiance " qui est d'abord la confiance aux sociétés privées et plus largement au marché. La droite même si elle fait assaut de prudence et de discrétion, voire de confusion, reprend les mêmes vieilles rengaines du moins d'État, moins de fonctionnaires, du moins de charges, du moins de responsabilités publiques y compris même pour la sécurité, comme si d'ailleurs paradoxalement, l'exercice du pouvoir devait correspondre à son affaiblissement. La droite est à la fin d'un cycle historique, elle est aujourd'hui au service d'une entreprise purement personnelle et les partis qui la composent sont appelés à disparaître à cette fin. L'enjeu de 2002 est bien un affrontement entre deux conceptions de la politique et même deux façons de faire de la politique.
Le Parti socialiste sera un élément essentiel de la campagne présidentielle et législative. Nous la ferons avec nos forces, nos militants, nos idéaux. C'est le Parti socialiste qui jusqu'à la désignation de notre candidat a vocation à mener cette campagne. Une fois le candidat déclaré, ratifié par le vote des militants, le Parti socialiste sera associé à la conduite de cette campagne. Nous assumons cette clarté dans une responsabilité collective. C'est une équipe solidaire riche de personnalités diverses et variées. Le Bureau national est devenu un conseil de campagne et les groupes parlementaires y sont directement associés.
Le socle de la gauche plurielle
Nous devons rester les garants de l'unité de la gauche. Cette stratégie est la seule victorieuse. La majorité plurielle a correspondu à un gouvernement de législature. Toutes les lois ont été votées sans qu'on ait eu besoin de recourir à l'article 49.3 pour passer aux ordonnances. Pour autant, il nous faut redéfinir en fonction du projet sur lequel les Français se prononceront pour les cinq ans à venir, un nouveau socle pour la gauche. Nous devons le faire avec le souci d'associer chacun à la définition de ces actes communs. C'est pourquoi, nous sommes soucieux de passer des accords politiques électoraux avec nos partenaires quand ils nous le demandent. Nous l'avons fait avec les radicaux de gauche. Avec le Parti communiste, nous avons des réunions qui se poursuivront dans les semaines qui viennent, sur les convergences qui peuvent être les nôtres par rapport à la campagne notamment des législatives, et avec les Verts nous espérons avoir une conclusion de notre démarche, la semaine prochaine. Je renouvelle cette demande de principes communs auprès de nos partenaires.
Nous avons confiance dans cette période exceptionnelle qui s'ouvre, nous sommes confiants dans l'attitude des Français, plus positive qu'on ne le dit souvent, et surtout dans cette conception de la politique que je forme aujourd'hui devant vous.
Je formule surtout des voeux à l'égard de celles et de ceux pour lesquels cette action est destinée
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 9 janvier 2002)