Texte intégral
C'est bien volontiers que j'ai accepté de participer à cette journée bilan des premières opérations LQCM "Logements à Qualité et Coût Maîtrisés". S'il s'agit bien de logements de qualité, cet objectif de coûts maîtrisés me paraît en effet plus que jamais d'actualité. Je tenais donc d'abord à saluer cette initiative et à remercier tous ceux qui ont participé à cette expérimentation.
En effet, expérimenter, cela veut dire remettre en cause ses habitudes de travail, convaincre toute son équipe de tenter de faire autrement. Cela veut dire aussi accepter une évaluation rigoureuse et se soumettre au feu de la critique. Il faut donc d'abord saluer tous ceux qui se sont engagés dans cette aventure : les maîtres d'ouvrage, les architectes, les bureaux d'études et les entreprises qui ont cherché à concevoir et réaliser des bâtiments de qualité à meilleur prix. Et je félicite de même tous ceux qui ont suivi cette expérimentation, tant au niveau central qu'au niveau local, dans les DRE, les DDE et les CETE.
Je n'ai pu participer à l'ensemble de votre journée, mais c'est un thème que j'ai eu l'occasion d'aborder -puisque la commune de Chambéry est le siège d'une opération expérimentale et que j'ai été à ce titre conduit à examiner un avant-projet de très près.
Je voudrais donc vous livrer quelques réflexions issues à la fois de mon expérience et des premiers éléments de bilan LQCM.
D'abord, je tiens à vous dire que cette préoccupation d'avoir un habitat de qualité et à coûts maîtrisés reste tout à fait d'actualité. Vous connaissez les décisions que le gouvernement a prises pour relancer la construction sociale, avec la création du PLUS qui comporte -aussi pour aider à la qualité- des améliorations financières substantielles. Vous savez également que l'Union des HLM s'est engagée à relancer la construction de logements sociaux sur ces nouvelles bases.
Mais pour autant il ne faut relâcher notre effort, ni sur les loyers, ni sur les charges. Gagner 10 % de la quittance, par exemple 200 F par mois, c'est augmenter le reste à vivre de la famille concernée d'autant, et c'est une marge tout à fait appréciable pour des familles modestes.
Un certain nombre d'organismes avaient expliqué leur participation à la consultation en disant simplement : construire autrement ou ne plus construire. Je pense que cela ne peut pas vouloir dire construire moins bien et en aucun cas revenir à des choix régressifs comme on en a connu il y a une trentaine d'années, avec une standardisation systématique qui était la négation des besoins de diversité qui sont ceux de nos concitoyens.
Je souhaite donc dans cet esprit que l'effort soit poursuivi et que les acquis de cette consultation soient popularisés. J'avais pu voir, au congrès HLM de Nantes, le résultat de la consultation " architecture à coût maîtrisé " organisée par l'Union HLM et ses partenaires. Et j'ai constaté à cette occasion qu'on aboutissait à un niveau de prix à peu près analogue, non seulement avec des organismes déjà lauréats de la consultation LQCM, mais aussi avec d'autres, et de toute taille. Cela veut dire que nous pouvons à peu près partout, au prix d'un effort sur nos méthodes , arriver à des gains sensibles au bénéfice des locataires. Ces acquis doivent être absolument généralisés. Nous disposons pour cela de relais territoriaux solides, avec les DRE et les DDE, ainsi qu'avec les structures régionales de l'Union des HLM. Il y a là une action à entreprendre, un travail collectif de longue haleine, en s'appuyant sur les travaux réalisés à l'occasion de ce colloque, et en n'hésitant pas à élaborer des documents pédagogiques spécifiques pour faciliter cette diffusion de bons exemples.
Il faut continuer à travailler en fonction des usagers, car c'est leur satisfaction globale qui doit rester notre critère fondamental. Optimiser un projet en coût global, c'est l'une des novations importantes de la consultation LQCM. C'est ainsi qu'il faut raisonner, car c'est au montant de la quittance globale que les locataires sont sensibles. Les dossiers LQCM font apparaître tout un travail pour maîtriser une à une les dépenses d'eau, d'électricité et de chauffage. Bien souvent il s'agit de solutions de bon sens, prises après des analyses sérieuses d'offres techniques ou de matériels économiseurs existants sur le marché. C'est un volet peu spectaculaire, mais tout à fait essentiel, et qui traduit bien le respect que l'on doit avoir des locataires et de leurs problèmes financiers. C'est sans doute là qu'existent les marges de progrès économiques les plus importantes, et nous devons poursuivre cet effort avec tous les concessionnaires et tous les fournisseurs de services concernés.
On doit faire le même travail pour les charges liées au stationnement des véhicules. La loi du 29 juillet 1998 a réduit les exigences légales en nombre de places. Abriter un véhicule à bas prix ne remet pas en cause le confort d'un habitat et il y a là une piste pour réduire des dépenses superflues.
Travailler pour les usagers, c'est aussi travailler avec les usagers. Là aussi votre expérimentation a montré que c'est possible, que les futurs locataires savent exprimer des choix clairs et prendre des positions raisonnables quand on organise avec eux un travail réel de concertation. Il faut généraliser le plus possible cette attitude.
Je voudrais également exprimer un souhait : améliorer la qualité urbaine de ces constructions. Nous avons créé la DGUHC précisément pour faire disparaître progressivement les césures entre la construction d'une part, et la qualité urbaine d'autre part. On doit absolument, projet par projet, partir de la lecture du site et de ses capacités, plutôt que plaquer un projet sur ce site. C'est d'autant plus nécessaire que, dans bien des cas, les communes apportent aux opérations de logements sociaux des terrains avec des situations urbaines tout à fait correctes.
Aujourd'hui l'une des qualités premières d'un bâtiment, c'est sa qualité urbaine. Nous avons encore de ce point de vue des marges de progrès, et d'abord par un meilleur dialogue entre communes, maîtres d'ouvrage et architectes.
L'Etat est lui aussi un partenaire important dans ces processus de construction, et il doit savoir jouer son rôle dans cette démarche globale dont nous voyons l'importance et l'intérêt.
J'ai bien noté que l'un des thèmes dominants de cette journée est : savoir concevoir et construire un projet en commun, en analysant bien toutes les composantes du projet en amont, pour faire à ce moment-là les arbitrages qui s'imposent, puis assurer un déroulement régulier du projet dans ses phases de mise au point, de réalisation et de mise en service. Il est souhaitable que les services de l'Etat soient associés à l'équipe-projet. Cela veut dire à la fois :
*qu'il faut les consulter en amont, sur les éléments décisifs comme le programme détaillé ou les loyers de sortie prévisionnels, plutôt qu'en aval, quand le projet est quasi-figé et que toute observation devient coûteuse en temps comme en délai
*que ce travail de concertation fait en amont, permet d'éviter les blocages ultérieurs. Cela vaut pour les aspects techniques comme pour les aspects architecturaux (je pense aux architectes conseils, qu'il faut savoir consulter quand il en est temps).
La présence de DDE dans d'excellents dossiers LQCM montre que ce travail en amont est à la fois utile et réalisable. Il faut généraliser cette façon de faire, pour que le plus rapidement possible l'on passe d'un contrôle a posteriori, souvent accusé d'être tatillon, à une collaboration active dès l'amont.
La consultation LQCM est également à mes yeux un exemple réussi de collaboration organisée entre des chercheurs, des praticiens, entre la théorie et la pratique, entre la recherche et l'expérimentation. Nous avons là un dossier exemplaire pour le PUCA : un problème important et bien délimité, une expérimentation précise, des évaluations rigoureuses sur les résultats obtenus, une capacité de valorisation et de diffusion.
Je souhaite que le futur programme du PUCA, que le président Jean-Louis MONS, que je salue, viendra me présenter, contienne des programmes de ce genre, qui permettent une mobilisation générale autour d'objectifs concrets intéressant l'ensemble de la population.
Car c'est en suscitant, et en diffusant les idées nouvelles, les bonnes pratiques, que nous ferons collectivement progresser le droit au logement. Et la période de relance du logement social qui s'ouvre devant nous constitue une stimulation pour poursuivre dans cette voie.
Merci de votre attention.
(source http://www.logement.gouv.fr, le 23 novembre 1999)
En effet, expérimenter, cela veut dire remettre en cause ses habitudes de travail, convaincre toute son équipe de tenter de faire autrement. Cela veut dire aussi accepter une évaluation rigoureuse et se soumettre au feu de la critique. Il faut donc d'abord saluer tous ceux qui se sont engagés dans cette aventure : les maîtres d'ouvrage, les architectes, les bureaux d'études et les entreprises qui ont cherché à concevoir et réaliser des bâtiments de qualité à meilleur prix. Et je félicite de même tous ceux qui ont suivi cette expérimentation, tant au niveau central qu'au niveau local, dans les DRE, les DDE et les CETE.
Je n'ai pu participer à l'ensemble de votre journée, mais c'est un thème que j'ai eu l'occasion d'aborder -puisque la commune de Chambéry est le siège d'une opération expérimentale et que j'ai été à ce titre conduit à examiner un avant-projet de très près.
Je voudrais donc vous livrer quelques réflexions issues à la fois de mon expérience et des premiers éléments de bilan LQCM.
D'abord, je tiens à vous dire que cette préoccupation d'avoir un habitat de qualité et à coûts maîtrisés reste tout à fait d'actualité. Vous connaissez les décisions que le gouvernement a prises pour relancer la construction sociale, avec la création du PLUS qui comporte -aussi pour aider à la qualité- des améliorations financières substantielles. Vous savez également que l'Union des HLM s'est engagée à relancer la construction de logements sociaux sur ces nouvelles bases.
Mais pour autant il ne faut relâcher notre effort, ni sur les loyers, ni sur les charges. Gagner 10 % de la quittance, par exemple 200 F par mois, c'est augmenter le reste à vivre de la famille concernée d'autant, et c'est une marge tout à fait appréciable pour des familles modestes.
Un certain nombre d'organismes avaient expliqué leur participation à la consultation en disant simplement : construire autrement ou ne plus construire. Je pense que cela ne peut pas vouloir dire construire moins bien et en aucun cas revenir à des choix régressifs comme on en a connu il y a une trentaine d'années, avec une standardisation systématique qui était la négation des besoins de diversité qui sont ceux de nos concitoyens.
Je souhaite donc dans cet esprit que l'effort soit poursuivi et que les acquis de cette consultation soient popularisés. J'avais pu voir, au congrès HLM de Nantes, le résultat de la consultation " architecture à coût maîtrisé " organisée par l'Union HLM et ses partenaires. Et j'ai constaté à cette occasion qu'on aboutissait à un niveau de prix à peu près analogue, non seulement avec des organismes déjà lauréats de la consultation LQCM, mais aussi avec d'autres, et de toute taille. Cela veut dire que nous pouvons à peu près partout, au prix d'un effort sur nos méthodes , arriver à des gains sensibles au bénéfice des locataires. Ces acquis doivent être absolument généralisés. Nous disposons pour cela de relais territoriaux solides, avec les DRE et les DDE, ainsi qu'avec les structures régionales de l'Union des HLM. Il y a là une action à entreprendre, un travail collectif de longue haleine, en s'appuyant sur les travaux réalisés à l'occasion de ce colloque, et en n'hésitant pas à élaborer des documents pédagogiques spécifiques pour faciliter cette diffusion de bons exemples.
Il faut continuer à travailler en fonction des usagers, car c'est leur satisfaction globale qui doit rester notre critère fondamental. Optimiser un projet en coût global, c'est l'une des novations importantes de la consultation LQCM. C'est ainsi qu'il faut raisonner, car c'est au montant de la quittance globale que les locataires sont sensibles. Les dossiers LQCM font apparaître tout un travail pour maîtriser une à une les dépenses d'eau, d'électricité et de chauffage. Bien souvent il s'agit de solutions de bon sens, prises après des analyses sérieuses d'offres techniques ou de matériels économiseurs existants sur le marché. C'est un volet peu spectaculaire, mais tout à fait essentiel, et qui traduit bien le respect que l'on doit avoir des locataires et de leurs problèmes financiers. C'est sans doute là qu'existent les marges de progrès économiques les plus importantes, et nous devons poursuivre cet effort avec tous les concessionnaires et tous les fournisseurs de services concernés.
On doit faire le même travail pour les charges liées au stationnement des véhicules. La loi du 29 juillet 1998 a réduit les exigences légales en nombre de places. Abriter un véhicule à bas prix ne remet pas en cause le confort d'un habitat et il y a là une piste pour réduire des dépenses superflues.
Travailler pour les usagers, c'est aussi travailler avec les usagers. Là aussi votre expérimentation a montré que c'est possible, que les futurs locataires savent exprimer des choix clairs et prendre des positions raisonnables quand on organise avec eux un travail réel de concertation. Il faut généraliser le plus possible cette attitude.
Je voudrais également exprimer un souhait : améliorer la qualité urbaine de ces constructions. Nous avons créé la DGUHC précisément pour faire disparaître progressivement les césures entre la construction d'une part, et la qualité urbaine d'autre part. On doit absolument, projet par projet, partir de la lecture du site et de ses capacités, plutôt que plaquer un projet sur ce site. C'est d'autant plus nécessaire que, dans bien des cas, les communes apportent aux opérations de logements sociaux des terrains avec des situations urbaines tout à fait correctes.
Aujourd'hui l'une des qualités premières d'un bâtiment, c'est sa qualité urbaine. Nous avons encore de ce point de vue des marges de progrès, et d'abord par un meilleur dialogue entre communes, maîtres d'ouvrage et architectes.
L'Etat est lui aussi un partenaire important dans ces processus de construction, et il doit savoir jouer son rôle dans cette démarche globale dont nous voyons l'importance et l'intérêt.
J'ai bien noté que l'un des thèmes dominants de cette journée est : savoir concevoir et construire un projet en commun, en analysant bien toutes les composantes du projet en amont, pour faire à ce moment-là les arbitrages qui s'imposent, puis assurer un déroulement régulier du projet dans ses phases de mise au point, de réalisation et de mise en service. Il est souhaitable que les services de l'Etat soient associés à l'équipe-projet. Cela veut dire à la fois :
*qu'il faut les consulter en amont, sur les éléments décisifs comme le programme détaillé ou les loyers de sortie prévisionnels, plutôt qu'en aval, quand le projet est quasi-figé et que toute observation devient coûteuse en temps comme en délai
*que ce travail de concertation fait en amont, permet d'éviter les blocages ultérieurs. Cela vaut pour les aspects techniques comme pour les aspects architecturaux (je pense aux architectes conseils, qu'il faut savoir consulter quand il en est temps).
La présence de DDE dans d'excellents dossiers LQCM montre que ce travail en amont est à la fois utile et réalisable. Il faut généraliser cette façon de faire, pour que le plus rapidement possible l'on passe d'un contrôle a posteriori, souvent accusé d'être tatillon, à une collaboration active dès l'amont.
La consultation LQCM est également à mes yeux un exemple réussi de collaboration organisée entre des chercheurs, des praticiens, entre la théorie et la pratique, entre la recherche et l'expérimentation. Nous avons là un dossier exemplaire pour le PUCA : un problème important et bien délimité, une expérimentation précise, des évaluations rigoureuses sur les résultats obtenus, une capacité de valorisation et de diffusion.
Je souhaite que le futur programme du PUCA, que le président Jean-Louis MONS, que je salue, viendra me présenter, contienne des programmes de ce genre, qui permettent une mobilisation générale autour d'objectifs concrets intéressant l'ensemble de la population.
Car c'est en suscitant, et en diffusant les idées nouvelles, les bonnes pratiques, que nous ferons collectivement progresser le droit au logement. Et la période de relance du logement social qui s'ouvre devant nous constitue une stimulation pour poursuivre dans cette voie.
Merci de votre attention.
(source http://www.logement.gouv.fr, le 23 novembre 1999)