Texte intégral
Mesdames, messieurs,
Mes chers amis,
Monsieur le Ministre,
Noëlle Lenoir et moi-même sommes très heureux de vous accueillir ici aujourd'hui pour un acte solennel et inédit. En l'occurrence, la remise par un pays ami, par la République tchèque, d'un tableau volé en France pendant la guerre pour qu'il soit à son tour remis par la République française à ses légitimes propriétaires : les héritiers de la famille Schloss.
Vous le savez, ce tableau, qu'on a longtemps attribué à l'école de Rembrandt et dont le sujet est un Juif au bonnet de fourrure, ce tableau a été enlevé du château de Chambon où il avait été mis à l'abri pendant la guerre, par les héritiers Schloss, enlevé par les Allemands et cette immense collection a subi alors le sort, triste et hélas commun, de beaucoup de collections appartenant en France à des français de confession juive ou à des étrangers de confession juive qui avaient fait le choix de vivre dans notre pays.
Ces actes de spoliation constituent l'une des pages les plus noires de notre Histoire et je crois que nous avons tous eu à cur de réparer, dans un premier temps à la Libération, dans un deuxième temps, au cours des dernières années, quand l'opinion publique a été une nouvelle fois alertée sur ce sujet par, à la fois, le travail des services de l'Etat, mais aussi le courage et la sagacité d'un certain nombre de chercheurs.
Vous le savez, après guerre, a eu lieu un immense mouvement de restitution d'uvres spoliées, notamment une grande partie des uvres qui étaient revenues en France après guerre et qui avaient été provisoirement classées Musées Nationaux Récupération. Le mouvement de restitution a été d'une grande ampleur, conduisant certaines familles à faire des dons à divers musées français en reconnaissance de la massivité et de la célérité de ces restitutions. Hélas, un certain nombre d'uvres sont restées en déshérence, un certain nombre de familles sont restées spoliées, parce qu'hélas, très souvent les victimes directes de ces spoliations avaient disparues dans la persécution nazie.
Une partie de ces uvres était restée, donc, dans certains cas, non localisée ; dans certains cas, il avait été difficile d'identifier leur légitime propriétaire. Je le rappelai, au cours des dernières années, un travail considérable a été fait par le Ministère des Affaires étrangères et son service des archives, par Le Ministère de la Culture et les missions spéciales que mes prédécesseurs ont mis en place, je pense notamment à la mission conduite par Norbert Engel, et par un certain nombre d'organismes publics, notamment la mission d'étude sur la spoliation des Juifs en France, présidée par Jean Matteoli, la Commisison d'indemnisation des victimes de la spoliation, présidée par M. Pierre Drai et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, présidée par Madame Simone Veil, que j'ai l'honneur de saluer.
Ces travaux ont conduit les autorités françaises à établir avec les autorités tchèques une relation de travail étroite et fructueuse, portant notamment sur la situation de cette uvre attribuée à Rembrandt, qui se trouvait depuis la fin de la guerre à la Galerie nationale de Prague, qui s'en était d'ailleurs, je crois bien, portée acquéreur sur le marché en 1945. Je dois souligner l'excellence de ces contacts, et je sais la part que les ambassadeurs ont pris à la réalisation de ce travail de concertation. Ce travail de concertation aboutissant et établissant de façon incontestable que ce tableau était bien issu de la spoliation de la famille Schloss, la République tchèque a pris, sans aucune ambiguité, la décision de restituer ce tableau à la France, de façon à ce que la République française fasse le nécessaire en le restituant à son tour aux ayant-droits de la famille Schloss. C'est aujourd'hui, chers collègues, chose faite. Nous allons dans un instant recevoir ce tableau. Au cours des prochains jours, il sera, par les soins du service des archives du Ministère des Affaires étrangères, restitué à ses propriétaires. Justice sera ainsi faite, cette justice aura consommé un demi-siècle, mais néanmoins, justice est faite et je crois que chacun ici en éprouve une immense satisfaction.
Qu'il me soit permis, Monsieur le Ministre, de vous remercier au nom de la République française, de vous dire également, combien je suis heureux que la Saison tchèque qui réunit en ce moment la République tchèque et la République française, grande saison culturelle, soit également marquée par un événement de cette nature qui, s'ajoutant aux actes classiques de programmation, montre toute la force des idéaux qui nous réunissent, également tout l'attachement de la République tchèque au développement de relations de plus en plus étroites avec notre pays et avec les pays de l'Europe occidentale.
Je vous remercie, je remercie tous ceux, Monsieur le Ministre, qui vous accompagnent, notamment le Directeur de la Galerie nationale ; je sais que, quelles que soient les conditions d'entrée d'une uvre dans une collection publique, c'est toujours, pour son conservateur, un déchirement que de s'en dessaisir, même si c'est pour la restituer, de façon totalement légitime. J'ai fréquenté dans ma vie professionnelle beaucoup de directeurs de musées et beaucoup de conservateurs et je sais à quel point ils sont jaloux de tout ce qui constitue leur collection. Donc, je tiens à vous remercier, M. Le directeur, également pour la décision que vous avez prise, sans hésiter, en faveur de cette restitution.
En conclusion, puisque nous allons, dans un moment, avec le Ministre de la République tchèque, inaugurer la Saison tchèque à l'Opéra national de Paris, je tiens à dire que je me réjouis du succès, de la qualité, de l'ampleur de cette manifestation qui nous est commune, et une nouvelle fois, Monsieur le Ministre, je vous remercie pour votre sens de l'équité, de la justice.
Puisse cet acte de restitution contribuer à apaiser non pas le souvenir, car ce souvenir reste très vif, mais en tout cas, une partie de la douleur de tous ceux ou de leurs héritiers qui ont subi si durement les pages sinistres que vous connaissez de l'Histoire de l'Europe. Je vous remercie.
(source http://www.culture.gouv.fr, le 1 juillet 2002)
Mes chers amis,
Monsieur le Ministre,
Noëlle Lenoir et moi-même sommes très heureux de vous accueillir ici aujourd'hui pour un acte solennel et inédit. En l'occurrence, la remise par un pays ami, par la République tchèque, d'un tableau volé en France pendant la guerre pour qu'il soit à son tour remis par la République française à ses légitimes propriétaires : les héritiers de la famille Schloss.
Vous le savez, ce tableau, qu'on a longtemps attribué à l'école de Rembrandt et dont le sujet est un Juif au bonnet de fourrure, ce tableau a été enlevé du château de Chambon où il avait été mis à l'abri pendant la guerre, par les héritiers Schloss, enlevé par les Allemands et cette immense collection a subi alors le sort, triste et hélas commun, de beaucoup de collections appartenant en France à des français de confession juive ou à des étrangers de confession juive qui avaient fait le choix de vivre dans notre pays.
Ces actes de spoliation constituent l'une des pages les plus noires de notre Histoire et je crois que nous avons tous eu à cur de réparer, dans un premier temps à la Libération, dans un deuxième temps, au cours des dernières années, quand l'opinion publique a été une nouvelle fois alertée sur ce sujet par, à la fois, le travail des services de l'Etat, mais aussi le courage et la sagacité d'un certain nombre de chercheurs.
Vous le savez, après guerre, a eu lieu un immense mouvement de restitution d'uvres spoliées, notamment une grande partie des uvres qui étaient revenues en France après guerre et qui avaient été provisoirement classées Musées Nationaux Récupération. Le mouvement de restitution a été d'une grande ampleur, conduisant certaines familles à faire des dons à divers musées français en reconnaissance de la massivité et de la célérité de ces restitutions. Hélas, un certain nombre d'uvres sont restées en déshérence, un certain nombre de familles sont restées spoliées, parce qu'hélas, très souvent les victimes directes de ces spoliations avaient disparues dans la persécution nazie.
Une partie de ces uvres était restée, donc, dans certains cas, non localisée ; dans certains cas, il avait été difficile d'identifier leur légitime propriétaire. Je le rappelai, au cours des dernières années, un travail considérable a été fait par le Ministère des Affaires étrangères et son service des archives, par Le Ministère de la Culture et les missions spéciales que mes prédécesseurs ont mis en place, je pense notamment à la mission conduite par Norbert Engel, et par un certain nombre d'organismes publics, notamment la mission d'étude sur la spoliation des Juifs en France, présidée par Jean Matteoli, la Commisison d'indemnisation des victimes de la spoliation, présidée par M. Pierre Drai et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, présidée par Madame Simone Veil, que j'ai l'honneur de saluer.
Ces travaux ont conduit les autorités françaises à établir avec les autorités tchèques une relation de travail étroite et fructueuse, portant notamment sur la situation de cette uvre attribuée à Rembrandt, qui se trouvait depuis la fin de la guerre à la Galerie nationale de Prague, qui s'en était d'ailleurs, je crois bien, portée acquéreur sur le marché en 1945. Je dois souligner l'excellence de ces contacts, et je sais la part que les ambassadeurs ont pris à la réalisation de ce travail de concertation. Ce travail de concertation aboutissant et établissant de façon incontestable que ce tableau était bien issu de la spoliation de la famille Schloss, la République tchèque a pris, sans aucune ambiguité, la décision de restituer ce tableau à la France, de façon à ce que la République française fasse le nécessaire en le restituant à son tour aux ayant-droits de la famille Schloss. C'est aujourd'hui, chers collègues, chose faite. Nous allons dans un instant recevoir ce tableau. Au cours des prochains jours, il sera, par les soins du service des archives du Ministère des Affaires étrangères, restitué à ses propriétaires. Justice sera ainsi faite, cette justice aura consommé un demi-siècle, mais néanmoins, justice est faite et je crois que chacun ici en éprouve une immense satisfaction.
Qu'il me soit permis, Monsieur le Ministre, de vous remercier au nom de la République française, de vous dire également, combien je suis heureux que la Saison tchèque qui réunit en ce moment la République tchèque et la République française, grande saison culturelle, soit également marquée par un événement de cette nature qui, s'ajoutant aux actes classiques de programmation, montre toute la force des idéaux qui nous réunissent, également tout l'attachement de la République tchèque au développement de relations de plus en plus étroites avec notre pays et avec les pays de l'Europe occidentale.
Je vous remercie, je remercie tous ceux, Monsieur le Ministre, qui vous accompagnent, notamment le Directeur de la Galerie nationale ; je sais que, quelles que soient les conditions d'entrée d'une uvre dans une collection publique, c'est toujours, pour son conservateur, un déchirement que de s'en dessaisir, même si c'est pour la restituer, de façon totalement légitime. J'ai fréquenté dans ma vie professionnelle beaucoup de directeurs de musées et beaucoup de conservateurs et je sais à quel point ils sont jaloux de tout ce qui constitue leur collection. Donc, je tiens à vous remercier, M. Le directeur, également pour la décision que vous avez prise, sans hésiter, en faveur de cette restitution.
En conclusion, puisque nous allons, dans un moment, avec le Ministre de la République tchèque, inaugurer la Saison tchèque à l'Opéra national de Paris, je tiens à dire que je me réjouis du succès, de la qualité, de l'ampleur de cette manifestation qui nous est commune, et une nouvelle fois, Monsieur le Ministre, je vous remercie pour votre sens de l'équité, de la justice.
Puisse cet acte de restitution contribuer à apaiser non pas le souvenir, car ce souvenir reste très vif, mais en tout cas, une partie de la douleur de tous ceux ou de leurs héritiers qui ont subi si durement les pages sinistres que vous connaissez de l'Histoire de l'Europe. Je vous remercie.
(source http://www.culture.gouv.fr, le 1 juillet 2002)