Texte intégral
Q - L'armée russe a donc donné l'assaut dès ce matin, alors que le commando avait apparemment commencé à mettre à exécution son ultimatum. Des otages sont morts au cours de cette opération. On parle d'une trentaine, mais ils étaient 700 otages. Monsieur le Ministre, est-ce que vous ne redoutiez pas depuis jeudi un scénario beaucoup plus, encore plus, dramatique, tragique ?
R - C'est évidemment un soulagement ce matin, de savoir que cette prise d'otages est terminée. Il faut connaître exactement le bilan de l'assaut qui a été donné, mais nous savons quel a été, tout au long de ces heures, la très profonde émotion du peuple russe et des peuples du monde entier qui ont suivi en direct cette tragédie. Nous sommes évidemment solidaires de cette souffrance, de cette inquiétude très profonde qui se manifeste aujourd'hui à Moscou et qui s'est manifestée hier dans d'autres régions du monde.
Q - Est-ce que vous pensez, comme vient de le dire Vladimir Poutine, que ceux qui ont commis cette prise d'otages sont les mêmes que ceux qui avaient commis l'explosion de Bali ou l'attentat du 11 septembre ?
R - Je crois que le terrorisme est profondément opportuniste. Il se nourrit des crises, il les utilise, cela a été le cas en Afghanistan, dans les relations entre l'Inde et le Pakistan, cela est évidemment le cas au Moyen-Orient, mais je crois qu'il faut bien distinguer les choses. D'une part, le terrorisme, qui est condamnable sous toutes ses formes et où que ce soit, et d'autre part les crises qui appellent véritablement la recherche d'une solution politique. C'est le cas bien évidemment de la Tchétchénie, nous le disons depuis des années.
Q - Et qu'est-ce que vous répondez à tous ceux qui disent ou écrivent qu'une prise d'otages, c'est aussi un acte de désespoir et que là, il a été provoqué par le sentiment que les Tchétchènes ont pu avoir d'être abandonnés par le monde et plus précisément par l'Europe ?
R - S'en prendre à des innocents, où que ce soit, à New York, au Pakistan ou à Moscou, c'est toujours inacceptable.
Q - Et il n'y a aucune responsabilité, même indirecte, du monde, dans ce qui se passe ?
R - Il ne faut pas rentrer dans cette logique. Nous le disons, et je crois que la diplomatie française, de ce point de vue, se veut à la fois lucide et responsable. Nous devons rechercher des solutions politiques, partout où il y a des crises, parce que les crises du monde sont interdépendantes, on le voit en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie. Il faut oeuvrer, nous ne pouvons plus attendre, il n'y a pas de crises régionales avec lesquelles nous puissions vivre, comme nous l'avons fait, pendant des décennies. Et c'est pour cela qu'il y a urgence, nous le disons dans le conflit israélo-arabe, à trouver des solutions et pas uniquement à se satisfaire d'abaisser la tension, mais ne mélangeons pas les choses.
Q - Parlons du Sommet de Bruxelles, tout le monde dit que les Quinze se sont mis d'accord sur le financement de l'élargissement parce que Jacques Chirac et Gerhard Schroeder l'ont voulu, l'ont permis. Ce matin, dites-vous aussi que ce sommet de Bruxelles est bel et bien dû à l'amitié retrouvée entre la France et l'Allemagne ?
R - C'est vrai, nous prédisions des discussions de "marchands de tapis", personne ne croyait que nous puissions trouver une solution à Bruxelles et l'on pensait renvoyer à Copenhague ce dossier financier. Et pourtant, la France et l'Allemagne ont fait une offre à leurs partenaires, une offre financière fondée sur la conviction que nous sommes devant l'un des plus grands enjeux de ce temps.
Q - Mais, pourquoi le moteur franco-allemand a-t-il subitement redémarré alors que les hommes n'ont pas changé ? Les Français ont réélu Jacques Chirac, les Allemands ont réélu Gerhard Schroeder, qu'est-ce qui a changé ?
R - Parce que, et la France et l'Allemagne ont conscience des défis auxquels nous sommes confrontés, conscience des enjeux, de leur responsabilité et il a fallu beaucoup de travail. Je vous rappelle que nous étions dans une période d'élection, en France dans un premier temps, en Allemagne ensuite. Nous avons passé ce cap, et dès que les élections allemandes se sont terminées, nous nous sommes retrouvés et nous avons travaillé d'arrache-pied avec nos amis allemands.
Q - Pourquoi, sous le précédent septennat, le moteur franco-allemand était-il en panne ?
R - Parce que peut-être que l'urgence, la conviction, la détermination ont pu faire défaut, chacun se repliant sur sa sphère intérieure, regardant davantage ses propres problèmes. Et puis, la conscience est réapparue, avec un défi beaucoup plus grand, ce défi d'une nouvelle Europe réconciliée, d'une Europe qui devait retrouver à la fois son coeur et son esprit, une Europe qui devait retrouver sa force et c'est bien là ce qui est devant nous, faire cette Europe à 25, demain à 27.
Q - Dire qu'à partir de 2007, les dépenses agricoles n'augmenteront plus alors qu'il y aura 10 pays de plus, très concrètement, cela veut donc dire que les agriculteurs français vont devoir se serrer beaucoup "la ceinture".
R - Très concrètement, cela veut d'abord dire que, jusqu'en 2006, la règle du jeu de la Politique agricole commune continuera de s'appliquer comme actuellement. A partir de 2007, le plafonnement, la stabilisation commencera à jouer bien sûr, mais c'est en même temps, jusqu'en 2013, c'est-à-dire pour dix ans, une garantie de financement pour nos agriculteurs. C'est totalement inespéré, c'est un élément extrêmement important de sécurisation car les entreprises agricoles sont comme les autres, elles ont besoin de prévisibilité. Il y a donc là, véritablement, du point de vue de l'Europe, un engagement très fort vis-à-vis de son agriculture. Chacun sait bien l'importance de celle-ci, du pouvoir agricole dans le monde.
Q - Est-ce vrai que la France a proposé à ses partenaires que, dans l'Europe de demain, le Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement élise un président de l'Europe qui serait en fonction pour une durée de cinq ans ?
R - Nous avons fait cette proposition comme beaucoup d'autres propositions qui sont actuellement sur la table et discutées dans le cadre de la Convention présidée par M. Giscard d'Estaing.
Q - Cela, c'est la proposition de la France.
R - En effet, c'est la proposition du président de la République, Jacques Chirac, qu'il y ait un président de l'Europe, élu par le Conseil européen, un ministre des Affaires étrangères de l'Europe, une Constitution pour cette Europe. Voilà des éléments qui vont permettre à l'Europe d'être à la fois plus démocratique et plus efficace. Car nous voulons aussi que les parlements nationaux soient davantage intéressés à la construction européenne.
Q - Le président de l'Europe serait-il issu, pour vous, des chefs d'Etat et de gouvernement pris ailleurs ?
R - Forcément, c'est quelqu'un qui aura une expérience, un savoir-faire, élu par le Conseil européen, par les différents membres de cette Europe.
Q - Appartiendra-t-il à ce Conseil ?
R - Pas forcément, il vaut mieux même qu'il soit en dehors mais qu'il ait déjà eu une expérience.
Q - Dans votre projet, ce président de l'Europe devrait-il aussi recevoir en plus, l'investiture du parlement européen ?
R - Cela fait partie des sujets que nous devons discuter dans les prochains mois, dans le cadre de la Convention. L'idée est de rendre l'Europe plus efficace, de lui permettre de s'affirmer sur la scène internationale. Nous savons que l'Europe est la première puissance économique du monde, c'est la première puissance fournisseuse d'aide aux pays en voie de développement. Il faut que politiquement, elle puisse enfin exister et c'est pour cela que nous nous battons pour qu'il y ait notamment une Europe de la défense, pour qu'en Macédoine, l'Europe puisse jouer tout son rôle. Il y a là des défis qu'il faut relever et évidemment, il faut le faire à vingt-cinq aussi efficacement, peut-être même plus efficacement que nous ne pouvions le faire à Quinze. D'où la nécessité, au-delà de l'élargissement, de prévoir cet approfondissement institutionnel, cette modification de la règle du jeu pour permettre à cette Europe de peser véritablement sur les décisions du monde.
Q - Hier, soir, au Conseil de sécurité des Nations unies, les Etats-Unis ont déposé officiellement leur projet de résolution sur l'Iraq. Tel qu'il est, ce projet est-il approuvé par la France ?
R - Il reste du travail à faire, des progrès à faire, nous l'avons dit à nos amis américains depuis plusieurs semaines, plusieurs mois déjà. Nous sommes pressés de voir cette résolution aboutir car, depuis l'Assemblée générale des Nations unies où l'on a pu adresser un message très ferme à Saddam Hussein qui a accepté le retour des inspecteurs, il est urgent maintenant que nous nous concentrions sur l'essentiel.
Q - N'a-t-on pas annoncé un peu trop vite que les Américains avaient accepté l'idée française, votre idée d'une résolution en deux temps ?
R - Les Américains ont accepté l'idée de "deux temps". D'abord, la définition des arrangements pratiques, des modalités de fonctionnement des inspections, et ensuite, un retour vers le Conseil de sécurité pour évaluer la situation sur la base des rapports que pourront faire sur place les inspecteurs. La volonté française est entière. Nous avons établi une synthèse pour montrer que cela était possible, une synthèse à la fois des préoccupations françaises, russes, des différents membres du Conseil de sécurité et des Etats-Unis. Cette synthèse montre que nous pouvons aboutir dans les prochains jours à une résolution. C'est ce que nous voulons faire.
Q - Les Américains ont déposé un projet officiellement, allez-vous déposer le vôtre officiellement ?
R - Nous allons essayer de travailler avec les Américains, sur la base du texte qu'ils ont proposé. Si nous n'y arrivons pas, nous proposerons officiellement évidemment notre propre texte.
Notre envie, notre désir, c'est d'aboutir et nous sommes convaincus que si chacun se concentre sur l'objectif principal, concret, le désarmement, le retour des inspecteurs, il y a aujourd'hui toutes les possibilités - et la synthèse que nous avons préparée et rédigée le montre -, pour qu'un vote ait lieu au Conseil de sécurité, à l'unanimité, car nous voulons que la Communauté internationale, le Conseil de sécurité soit uni pour adresser un message ferme et clair. Mais nous refusons l'automaticité de l'usage de la force car nous sommes convaincus que la force ne peut être qu'un dernier recours. Le président Jacques Chirac l'a dit avec beaucoup de clarté et de fermeté à Beyrouth, nous nous en tenons à cette ligne. C'est une exigence fondamentale de la diplomatie française.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 octobre 2002)
R - C'est évidemment un soulagement ce matin, de savoir que cette prise d'otages est terminée. Il faut connaître exactement le bilan de l'assaut qui a été donné, mais nous savons quel a été, tout au long de ces heures, la très profonde émotion du peuple russe et des peuples du monde entier qui ont suivi en direct cette tragédie. Nous sommes évidemment solidaires de cette souffrance, de cette inquiétude très profonde qui se manifeste aujourd'hui à Moscou et qui s'est manifestée hier dans d'autres régions du monde.
Q - Est-ce que vous pensez, comme vient de le dire Vladimir Poutine, que ceux qui ont commis cette prise d'otages sont les mêmes que ceux qui avaient commis l'explosion de Bali ou l'attentat du 11 septembre ?
R - Je crois que le terrorisme est profondément opportuniste. Il se nourrit des crises, il les utilise, cela a été le cas en Afghanistan, dans les relations entre l'Inde et le Pakistan, cela est évidemment le cas au Moyen-Orient, mais je crois qu'il faut bien distinguer les choses. D'une part, le terrorisme, qui est condamnable sous toutes ses formes et où que ce soit, et d'autre part les crises qui appellent véritablement la recherche d'une solution politique. C'est le cas bien évidemment de la Tchétchénie, nous le disons depuis des années.
Q - Et qu'est-ce que vous répondez à tous ceux qui disent ou écrivent qu'une prise d'otages, c'est aussi un acte de désespoir et que là, il a été provoqué par le sentiment que les Tchétchènes ont pu avoir d'être abandonnés par le monde et plus précisément par l'Europe ?
R - S'en prendre à des innocents, où que ce soit, à New York, au Pakistan ou à Moscou, c'est toujours inacceptable.
Q - Et il n'y a aucune responsabilité, même indirecte, du monde, dans ce qui se passe ?
R - Il ne faut pas rentrer dans cette logique. Nous le disons, et je crois que la diplomatie française, de ce point de vue, se veut à la fois lucide et responsable. Nous devons rechercher des solutions politiques, partout où il y a des crises, parce que les crises du monde sont interdépendantes, on le voit en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie. Il faut oeuvrer, nous ne pouvons plus attendre, il n'y a pas de crises régionales avec lesquelles nous puissions vivre, comme nous l'avons fait, pendant des décennies. Et c'est pour cela qu'il y a urgence, nous le disons dans le conflit israélo-arabe, à trouver des solutions et pas uniquement à se satisfaire d'abaisser la tension, mais ne mélangeons pas les choses.
Q - Parlons du Sommet de Bruxelles, tout le monde dit que les Quinze se sont mis d'accord sur le financement de l'élargissement parce que Jacques Chirac et Gerhard Schroeder l'ont voulu, l'ont permis. Ce matin, dites-vous aussi que ce sommet de Bruxelles est bel et bien dû à l'amitié retrouvée entre la France et l'Allemagne ?
R - C'est vrai, nous prédisions des discussions de "marchands de tapis", personne ne croyait que nous puissions trouver une solution à Bruxelles et l'on pensait renvoyer à Copenhague ce dossier financier. Et pourtant, la France et l'Allemagne ont fait une offre à leurs partenaires, une offre financière fondée sur la conviction que nous sommes devant l'un des plus grands enjeux de ce temps.
Q - Mais, pourquoi le moteur franco-allemand a-t-il subitement redémarré alors que les hommes n'ont pas changé ? Les Français ont réélu Jacques Chirac, les Allemands ont réélu Gerhard Schroeder, qu'est-ce qui a changé ?
R - Parce que, et la France et l'Allemagne ont conscience des défis auxquels nous sommes confrontés, conscience des enjeux, de leur responsabilité et il a fallu beaucoup de travail. Je vous rappelle que nous étions dans une période d'élection, en France dans un premier temps, en Allemagne ensuite. Nous avons passé ce cap, et dès que les élections allemandes se sont terminées, nous nous sommes retrouvés et nous avons travaillé d'arrache-pied avec nos amis allemands.
Q - Pourquoi, sous le précédent septennat, le moteur franco-allemand était-il en panne ?
R - Parce que peut-être que l'urgence, la conviction, la détermination ont pu faire défaut, chacun se repliant sur sa sphère intérieure, regardant davantage ses propres problèmes. Et puis, la conscience est réapparue, avec un défi beaucoup plus grand, ce défi d'une nouvelle Europe réconciliée, d'une Europe qui devait retrouver à la fois son coeur et son esprit, une Europe qui devait retrouver sa force et c'est bien là ce qui est devant nous, faire cette Europe à 25, demain à 27.
Q - Dire qu'à partir de 2007, les dépenses agricoles n'augmenteront plus alors qu'il y aura 10 pays de plus, très concrètement, cela veut donc dire que les agriculteurs français vont devoir se serrer beaucoup "la ceinture".
R - Très concrètement, cela veut d'abord dire que, jusqu'en 2006, la règle du jeu de la Politique agricole commune continuera de s'appliquer comme actuellement. A partir de 2007, le plafonnement, la stabilisation commencera à jouer bien sûr, mais c'est en même temps, jusqu'en 2013, c'est-à-dire pour dix ans, une garantie de financement pour nos agriculteurs. C'est totalement inespéré, c'est un élément extrêmement important de sécurisation car les entreprises agricoles sont comme les autres, elles ont besoin de prévisibilité. Il y a donc là, véritablement, du point de vue de l'Europe, un engagement très fort vis-à-vis de son agriculture. Chacun sait bien l'importance de celle-ci, du pouvoir agricole dans le monde.
Q - Est-ce vrai que la France a proposé à ses partenaires que, dans l'Europe de demain, le Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement élise un président de l'Europe qui serait en fonction pour une durée de cinq ans ?
R - Nous avons fait cette proposition comme beaucoup d'autres propositions qui sont actuellement sur la table et discutées dans le cadre de la Convention présidée par M. Giscard d'Estaing.
Q - Cela, c'est la proposition de la France.
R - En effet, c'est la proposition du président de la République, Jacques Chirac, qu'il y ait un président de l'Europe, élu par le Conseil européen, un ministre des Affaires étrangères de l'Europe, une Constitution pour cette Europe. Voilà des éléments qui vont permettre à l'Europe d'être à la fois plus démocratique et plus efficace. Car nous voulons aussi que les parlements nationaux soient davantage intéressés à la construction européenne.
Q - Le président de l'Europe serait-il issu, pour vous, des chefs d'Etat et de gouvernement pris ailleurs ?
R - Forcément, c'est quelqu'un qui aura une expérience, un savoir-faire, élu par le Conseil européen, par les différents membres de cette Europe.
Q - Appartiendra-t-il à ce Conseil ?
R - Pas forcément, il vaut mieux même qu'il soit en dehors mais qu'il ait déjà eu une expérience.
Q - Dans votre projet, ce président de l'Europe devrait-il aussi recevoir en plus, l'investiture du parlement européen ?
R - Cela fait partie des sujets que nous devons discuter dans les prochains mois, dans le cadre de la Convention. L'idée est de rendre l'Europe plus efficace, de lui permettre de s'affirmer sur la scène internationale. Nous savons que l'Europe est la première puissance économique du monde, c'est la première puissance fournisseuse d'aide aux pays en voie de développement. Il faut que politiquement, elle puisse enfin exister et c'est pour cela que nous nous battons pour qu'il y ait notamment une Europe de la défense, pour qu'en Macédoine, l'Europe puisse jouer tout son rôle. Il y a là des défis qu'il faut relever et évidemment, il faut le faire à vingt-cinq aussi efficacement, peut-être même plus efficacement que nous ne pouvions le faire à Quinze. D'où la nécessité, au-delà de l'élargissement, de prévoir cet approfondissement institutionnel, cette modification de la règle du jeu pour permettre à cette Europe de peser véritablement sur les décisions du monde.
Q - Hier, soir, au Conseil de sécurité des Nations unies, les Etats-Unis ont déposé officiellement leur projet de résolution sur l'Iraq. Tel qu'il est, ce projet est-il approuvé par la France ?
R - Il reste du travail à faire, des progrès à faire, nous l'avons dit à nos amis américains depuis plusieurs semaines, plusieurs mois déjà. Nous sommes pressés de voir cette résolution aboutir car, depuis l'Assemblée générale des Nations unies où l'on a pu adresser un message très ferme à Saddam Hussein qui a accepté le retour des inspecteurs, il est urgent maintenant que nous nous concentrions sur l'essentiel.
Q - N'a-t-on pas annoncé un peu trop vite que les Américains avaient accepté l'idée française, votre idée d'une résolution en deux temps ?
R - Les Américains ont accepté l'idée de "deux temps". D'abord, la définition des arrangements pratiques, des modalités de fonctionnement des inspections, et ensuite, un retour vers le Conseil de sécurité pour évaluer la situation sur la base des rapports que pourront faire sur place les inspecteurs. La volonté française est entière. Nous avons établi une synthèse pour montrer que cela était possible, une synthèse à la fois des préoccupations françaises, russes, des différents membres du Conseil de sécurité et des Etats-Unis. Cette synthèse montre que nous pouvons aboutir dans les prochains jours à une résolution. C'est ce que nous voulons faire.
Q - Les Américains ont déposé un projet officiellement, allez-vous déposer le vôtre officiellement ?
R - Nous allons essayer de travailler avec les Américains, sur la base du texte qu'ils ont proposé. Si nous n'y arrivons pas, nous proposerons officiellement évidemment notre propre texte.
Notre envie, notre désir, c'est d'aboutir et nous sommes convaincus que si chacun se concentre sur l'objectif principal, concret, le désarmement, le retour des inspecteurs, il y a aujourd'hui toutes les possibilités - et la synthèse que nous avons préparée et rédigée le montre -, pour qu'un vote ait lieu au Conseil de sécurité, à l'unanimité, car nous voulons que la Communauté internationale, le Conseil de sécurité soit uni pour adresser un message ferme et clair. Mais nous refusons l'automaticité de l'usage de la force car nous sommes convaincus que la force ne peut être qu'un dernier recours. Le président Jacques Chirac l'a dit avec beaucoup de clarté et de fermeté à Beyrouth, nous nous en tenons à cette ligne. C'est une exigence fondamentale de la diplomatie française.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 octobre 2002)