Texte intégral
M. JUPPE.- Monsieur le Président, je vous remercie de vos voeux. J'ai été sensible à ce que, en d'autres temps, lorsque je travaillais au Quai d'Orsay, j'aurais appelé la franchise. Vous savez que, c'est un mot qui, dans le langage diplomatique, est toujours très soigneusement soupesé.
Vous interrogiez pour savoir si le 13 était un jour faste ou néfaste, la réponse est là, dans ce soleil qui nous éclaire. C'est la raison pour laquelle c'est avec beaucoup de chaleur que je voudrais, à mon tour, vous souhaiter une heureuse année 1997 à chacune et à chacun d'entre vous. Je souhaite santé, force et même pugnacité - nous en avons tous besoin - épanouissement personnel et familial et réussite professionnelle.
Mais puisque nous sommes entre nous, vous l'avez dit en ce début d'année, et que vous souhaitiez que nous ayons plus l'occasion d'aborder des sujets politiques, je voudrais aussi formuler quelques voeux généraux.
Je parlerai donc, entre nous, de vous et de nous. De vous, la presse, de nous, le Gouvernement parce que je crois qu'au total, malgré certains malentendus que vous évoquiez, nous avons beaucoup de choses en commun. Beaucoup plus que nous ne le pensons, à commencer par le même attachement à la démocratie.
Oui, je souhaite qu'en 1997, nous soyons, vous et nous, mieux encore qu'en 1996, les défenseurs de la démocratie et même les acteurs de cette nouvelle démocratie que, pour ma part, j'appelle de mes voeux.
Je crois très profondément - j'espère de ce point de vue vous rassurer, cher Président - que la presse, aujourd'hui, face à toutes les puissances qui endoctrinent ou à toutes les forces qui uniformisent, est un des remparts de la démocratie. Lorsque, elle en partage les valeurs fondamentales - c'est le cas en France, bien sûr - elle en exprime, elle en garantit la diversité et le pluralisme. Il faut donc donner à la presse les moyens de jouer pleinement son rôle.
Or, je sais que votre métier est difficile, il est même parfois dangereux. L'année 1995 avait vu la disparition brutale, dans des circonstances tragiques, de plusieurs de vos confrères, morts en faisant leur travail d'information, au mépris de tous les dangers. Nous n'avons pas eu, Dieu merci, cette année, à déplorer semblables disparitions, mais le monde de la presse a été néanmoins endeuillé à plusieurs reprises en 1996.
Je pense au décès de Robert Hersant, cette grande figure des entreprises de presse. Je pense aussi à la disparition de grandes signatures qui honoraient votre profession : celle de Claude Mauriac, de Claude Bourdet, de Jean-François Sailly, de Xavier Gauthier, d'Yves Heller, de Jacques Decomoix, de Gérard Fénéon, très récemment de Jacques Sauvage, d'autres encore. Toutes signatures prestigieuses de la presse nationale ou régionale.
Je voudrais ici leur rendre publiquement hommage et dire à leurs familles la peine que nous avons ressentie. Un journaliste qui disparaît, comme on dit, c'est un peu de démocratie qui s'en va, en tout cas un défenseur de la démocratie qui nous quitte, même s'il est plus jeune, s'apprête à prendre hardiment la relève.
Je disais à l'instant que votre métier est difficile et je voudrais maintenant évoquer quelques-unes de ces difficultés, pour l'essentiel, puisque vous m'y avez invité, d'ordre économique.
Croyez-le bien, le Gouvernement est conscient, à la fois du fragile équilibre économique des entreprises de presse et de l'enjeu démocratique que représente le pluralisme des titres. C'est la raison pour laquelle, malgré les fortes contraintes qui ont pesé sur l'élaboration de la loi de finances pour 1997, j'ai décidé d'abonder, vous le savez, de 30 millions de francs l'enveloppe de crédits qui figure aux services du Premier ministre et qui sont destinés précisément aux aides à la presse.
Par ailleurs, tout au long de l'année 1996, des discussions importantes se sont déroulées sur les tarifs postaux. Et je voudrais saluer l'esprit constructif qui n'a cessé d'animer tous ceux qui ont participé à cet exercice : les représentants de la presse écrite, bien sûr, mais aussi les représentants de la Poste. Yves Galmot qui a su, avec son talent coutumier, présider la table ronde.
Un accord a été signé vendredi dernier par l'ensemble des syndicats représentatifs de la presse écrite - je m'en réjouis - à l'exception du Syndicat de la Presse parisienne. Je forme des voeux très sincères pour que ce Syndicat souscrive le plus vite possible à un protocole qui me parait répondre de manière équilibrée aux aspirations des uns et des autres.
Je sais que pour certaines entreprises un effort financier important sera à fournir au cours des cinq prochaines années, mais en contrepartie une meilleure transparence des tarifs postaux et du fonctionnement de la Commission paritaire des agences de presse et des publications sera garantie.
Vous avez consacré votre propos, Monsieur le Président, à la réforme fiscale qui a été engagée pour les cinq prochaines années. Je voudrais vous dire que je comprends tout à fait qu'elle ait pu, au moment où elle a été annoncée, susciter des inquiétudes et des mécontentements parmi vous. Je pense que tout malentendu est maintenant dissipé. En effet, la baisse du barème sera - on le vérifiera - pour la grande majorité des journalistes, plus forte que la hausse liée à la suppression de l'abattement spécifique. Certains d'entre vous, peut-être, en raison de leur situation de revenus et de famille - je pense notamment aux célibataires - auraient pu subir, à terme, une hausse de l'impôt, j'ai donc demandé que des mesures soient prises pour faire disparaître totalement ce risque.
Un Fonds spécifique a été créé dans la loi de finances pour 1997. Alain Lamassoure qui est présent à mes côtés et Philippe Douste-Blazy ont chargé Monsieur Jacques Bonnet, Président de Chambre à la Cour des Comptes, de préciser le montant et les modalités d'attribution de cette compensation. Les discussions se poursuivent. Alain Lamassoure me disait à l'instant qu'elles se déroulent fort bien, au point d'ailleurs que, maintenant, on souhaite y aborder l'ensemble des problèmes du métier de journaliste. J'espère qu'en tout cas nous pourrons très rapidement élaborer un mécanisme qui donne satisfaction à tous.
Je voudrais enfin rappeler qu'un arrêté du ministre du Travail et des Affaires sociales, publié le 1er janvier dernier, a permis de maintenir la déduction de 30 % pour le calcul des charges sociales qui pèsent tant sur les salariés que sur entreprises.
Je suis désolé de donner à ce propos un tour un peu, certains diraient, corporatiste, mais enfin je voulais répondre, bien entendu, Monsieur le Président, aussi soigneusement que possible à vos questions.
Il y a d'autres sujets sur lesquels vous souhaiteriez que le Gouvernement se prononce, par exemple, le tarif des annonces légales ou le prix du papier. Je crois nécessaire d'envisager, au cours de l'année 1997, une réflexion globale sur l'efficacité de l'ensemble des mesures qui constituent le régime économique de la presse afin d'étudier ensemble les moyens de mieux les adapter à la réalité de la situation de vos entreprises.
Lors de ces voeux, le ministre de la Culture a indiqué qu'il souhaitait vous réunir le plus rapidement possible pour évoquer ces questions, je soutiens pleinement cette initiative et j'en suivrai de très près les conclusions.
Après vous avoir parlé de vous, ai-je encore le temps de vous parler de nous, qui sommes au Gouvernement ? Puisque vous m'y incitez, je vais le faire, mais rassurez-vous de manière tout à fait concise. Mon message sera bref.
Je souhaite simplement qu'en 1997 l'action réformatrice du Gouvernement soit encore plus ambitieuse qu'en 1996, et tout simplement parce que la France a, aujourd'hui, un besoin vital de réformes pour se préparer à l'an 2000 et bâtir la nouvelle démocratie à laquelle les Français aspirent.
Les réformes, nous en avons engagé de très nombreuses et de très profondes : celle de la protection sociale, celle de la Défense, celle de l'Education nationale, celle des impôts - nous en avons parlé - celle des entreprises publiques - je pense notamment à FRANCE TELECOM - celle de l'Etat et des relations qu'il entretient avec les citoyens dans un souci de plus grande proximité et de plus grande simplicité.
En 19 mois, plusieurs de ces réformes ont déjà beaucoup avancé et pourtant le temps des réformes n'est pas derrière nous. Il est devant nous. Il faut d'abord mener à terme celles qui ont été lancées et qui ne sont pas toutes achevées, loin de là, et il faut aussi prendre de nouvelles initiatives.
Le Président de la République nous a tracé la voie en ce qui concerne la réforme de la Justice qui pourrait être, si elle allait jusqu'au but évoqué par le Président, une véritable révolution. Je pense aussi à la réforme de la SNCF qu'il faut aujourd'hui mettre à l'ordre du jour. Ce sera le cas, dès lundi prochain, au Sénat, puis à l'Assemblée nationale. Je pense à tout ce qui concerne l'insertion professionnelle des jeunes où, à condition de bien s'expliquer, je suis convaincu qu'on trouvera de nouvelles modalités pour favoriser les formations en alternance.
Le pire qui pourrait arriver à la France aujourd'hui, ce serait de retomber dans l'immobilisme, dans le conservatisme ou dans la démagogie. Je sais que tous les membres du Gouvernement donnent le meilleur d'eux-mêmes pour réussir cela et je sais aussi que la Majorité nous apporte tout son soutien en ce sens.
Or, me dira-t-on " Les Français, eux, sont-ils prêts à aller de l'avant ? ". Certains ne le croient pas, ils parlent de morosité, voire de découragement, je dois vous dire qu'en ce début d'année, comme d'ailleurs à la fin de l'année dernière, ce n'est pas du tout mon sentiment. Certes, pour beaucoup de nos concitoyens, les temps sont difficiles, la vie est dure, il y a toujours l'angoisse du chômage, mais il y a aussi en France - et je ne me résignerai pas à ne pas le rappeler et à ne pas le dire parce que c'est la vérité - de l'enthousiasme, de l'esprit d'entreprise, de l'esprit de conquête, du courage, de la volonté de relever les défis, de la lucidité.
C'est à vous, si vous me le permettez - j'espère ne pas trop vous entraîner dans une complicité trop excessive - c'est à vous et à nous de montrer la perspective, d'indiquer le top, de donner des repères, comme on dit, du sens. C'est une responsabilité que nous avons en commun, chacun, naturellement, dans notre rôle. Par exemple, susciter les vrais débats, dévoiler les vrais enjeux, faire comprendre les contraintes, les limites, comme dans ce débat sur la retraite à 55 ans qui vient de resurgir, oui, nous devrions, je croie, faire cela ensemble et bâtir ainsi une démocratie qui soit plus authentique et plus solidaire.
Donner des repères et du sens, ai-je dit, les Françaises et les Français de cette fin de siècle ou cette fin de millénaire, sont soumis à des forces qui peuvent sembler contraires. D'une part, et Dieu sait si on vous en rabat les oreilles, la mondialisation, les échanges, mais aussi des cultures et des comportements, qui apportent bien sûr du progrès et de la richesse, mais aussi parfois un sentiment d'impuissance et un peu de peur. Et puis de l'autre côté, un besoin de plus en plus fort de proximité, d'enracinement qui, certes, rassure, qui peut nourrir la convivialité, la solidarité, mais qui peut pousser aussi à l'égoïsme et au repli sur soi.
La grande question est de savoir comment trouver, entre ces forces contraires, un point d'équilibre, un point d'ancrage ? Je crois qu'on ne peut le trouver que dans le sentiment national, dans un projet commun, dans le pacte républicain, en un mot, dans la France.
Oui, je crois que le sens que nous cherchons à la politique, c'est tout simplement la France, son unité, ses valeurs, sa morale républicaine, son rayonnement international, sa prospérité, qui sont les seuls gages d'harmonie et de mieux être pour tous nos concitoyens. C'est pourquoi je souhaite, pour conclure, que 1997 soit, pour la France, une grande année de confiance et d'espérance.
Vous interrogiez pour savoir si le 13 était un jour faste ou néfaste, la réponse est là, dans ce soleil qui nous éclaire. C'est la raison pour laquelle c'est avec beaucoup de chaleur que je voudrais, à mon tour, vous souhaiter une heureuse année 1997 à chacune et à chacun d'entre vous. Je souhaite santé, force et même pugnacité - nous en avons tous besoin - épanouissement personnel et familial et réussite professionnelle.
Mais puisque nous sommes entre nous, vous l'avez dit en ce début d'année, et que vous souhaitiez que nous ayons plus l'occasion d'aborder des sujets politiques, je voudrais aussi formuler quelques voeux généraux.
Je parlerai donc, entre nous, de vous et de nous. De vous, la presse, de nous, le Gouvernement parce que je crois qu'au total, malgré certains malentendus que vous évoquiez, nous avons beaucoup de choses en commun. Beaucoup plus que nous ne le pensons, à commencer par le même attachement à la démocratie.
Oui, je souhaite qu'en 1997, nous soyons, vous et nous, mieux encore qu'en 1996, les défenseurs de la démocratie et même les acteurs de cette nouvelle démocratie que, pour ma part, j'appelle de mes voeux.
Je crois très profondément - j'espère de ce point de vue vous rassurer, cher Président - que la presse, aujourd'hui, face à toutes les puissances qui endoctrinent ou à toutes les forces qui uniformisent, est un des remparts de la démocratie. Lorsque, elle en partage les valeurs fondamentales - c'est le cas en France, bien sûr - elle en exprime, elle en garantit la diversité et le pluralisme. Il faut donc donner à la presse les moyens de jouer pleinement son rôle.
Or, je sais que votre métier est difficile, il est même parfois dangereux. L'année 1995 avait vu la disparition brutale, dans des circonstances tragiques, de plusieurs de vos confrères, morts en faisant leur travail d'information, au mépris de tous les dangers. Nous n'avons pas eu, Dieu merci, cette année, à déplorer semblables disparitions, mais le monde de la presse a été néanmoins endeuillé à plusieurs reprises en 1996.
Je pense au décès de Robert Hersant, cette grande figure des entreprises de presse. Je pense aussi à la disparition de grandes signatures qui honoraient votre profession : celle de Claude Mauriac, de Claude Bourdet, de Jean-François Sailly, de Xavier Gauthier, d'Yves Heller, de Jacques Decomoix, de Gérard Fénéon, très récemment de Jacques Sauvage, d'autres encore. Toutes signatures prestigieuses de la presse nationale ou régionale.
Je voudrais ici leur rendre publiquement hommage et dire à leurs familles la peine que nous avons ressentie. Un journaliste qui disparaît, comme on dit, c'est un peu de démocratie qui s'en va, en tout cas un défenseur de la démocratie qui nous quitte, même s'il est plus jeune, s'apprête à prendre hardiment la relève.
Je disais à l'instant que votre métier est difficile et je voudrais maintenant évoquer quelques-unes de ces difficultés, pour l'essentiel, puisque vous m'y avez invité, d'ordre économique.
Croyez-le bien, le Gouvernement est conscient, à la fois du fragile équilibre économique des entreprises de presse et de l'enjeu démocratique que représente le pluralisme des titres. C'est la raison pour laquelle, malgré les fortes contraintes qui ont pesé sur l'élaboration de la loi de finances pour 1997, j'ai décidé d'abonder, vous le savez, de 30 millions de francs l'enveloppe de crédits qui figure aux services du Premier ministre et qui sont destinés précisément aux aides à la presse.
Par ailleurs, tout au long de l'année 1996, des discussions importantes se sont déroulées sur les tarifs postaux. Et je voudrais saluer l'esprit constructif qui n'a cessé d'animer tous ceux qui ont participé à cet exercice : les représentants de la presse écrite, bien sûr, mais aussi les représentants de la Poste. Yves Galmot qui a su, avec son talent coutumier, présider la table ronde.
Un accord a été signé vendredi dernier par l'ensemble des syndicats représentatifs de la presse écrite - je m'en réjouis - à l'exception du Syndicat de la Presse parisienne. Je forme des voeux très sincères pour que ce Syndicat souscrive le plus vite possible à un protocole qui me parait répondre de manière équilibrée aux aspirations des uns et des autres.
Je sais que pour certaines entreprises un effort financier important sera à fournir au cours des cinq prochaines années, mais en contrepartie une meilleure transparence des tarifs postaux et du fonctionnement de la Commission paritaire des agences de presse et des publications sera garantie.
Vous avez consacré votre propos, Monsieur le Président, à la réforme fiscale qui a été engagée pour les cinq prochaines années. Je voudrais vous dire que je comprends tout à fait qu'elle ait pu, au moment où elle a été annoncée, susciter des inquiétudes et des mécontentements parmi vous. Je pense que tout malentendu est maintenant dissipé. En effet, la baisse du barème sera - on le vérifiera - pour la grande majorité des journalistes, plus forte que la hausse liée à la suppression de l'abattement spécifique. Certains d'entre vous, peut-être, en raison de leur situation de revenus et de famille - je pense notamment aux célibataires - auraient pu subir, à terme, une hausse de l'impôt, j'ai donc demandé que des mesures soient prises pour faire disparaître totalement ce risque.
Un Fonds spécifique a été créé dans la loi de finances pour 1997. Alain Lamassoure qui est présent à mes côtés et Philippe Douste-Blazy ont chargé Monsieur Jacques Bonnet, Président de Chambre à la Cour des Comptes, de préciser le montant et les modalités d'attribution de cette compensation. Les discussions se poursuivent. Alain Lamassoure me disait à l'instant qu'elles se déroulent fort bien, au point d'ailleurs que, maintenant, on souhaite y aborder l'ensemble des problèmes du métier de journaliste. J'espère qu'en tout cas nous pourrons très rapidement élaborer un mécanisme qui donne satisfaction à tous.
Je voudrais enfin rappeler qu'un arrêté du ministre du Travail et des Affaires sociales, publié le 1er janvier dernier, a permis de maintenir la déduction de 30 % pour le calcul des charges sociales qui pèsent tant sur les salariés que sur entreprises.
Je suis désolé de donner à ce propos un tour un peu, certains diraient, corporatiste, mais enfin je voulais répondre, bien entendu, Monsieur le Président, aussi soigneusement que possible à vos questions.
Il y a d'autres sujets sur lesquels vous souhaiteriez que le Gouvernement se prononce, par exemple, le tarif des annonces légales ou le prix du papier. Je crois nécessaire d'envisager, au cours de l'année 1997, une réflexion globale sur l'efficacité de l'ensemble des mesures qui constituent le régime économique de la presse afin d'étudier ensemble les moyens de mieux les adapter à la réalité de la situation de vos entreprises.
Lors de ces voeux, le ministre de la Culture a indiqué qu'il souhaitait vous réunir le plus rapidement possible pour évoquer ces questions, je soutiens pleinement cette initiative et j'en suivrai de très près les conclusions.
Après vous avoir parlé de vous, ai-je encore le temps de vous parler de nous, qui sommes au Gouvernement ? Puisque vous m'y incitez, je vais le faire, mais rassurez-vous de manière tout à fait concise. Mon message sera bref.
Je souhaite simplement qu'en 1997 l'action réformatrice du Gouvernement soit encore plus ambitieuse qu'en 1996, et tout simplement parce que la France a, aujourd'hui, un besoin vital de réformes pour se préparer à l'an 2000 et bâtir la nouvelle démocratie à laquelle les Français aspirent.
Les réformes, nous en avons engagé de très nombreuses et de très profondes : celle de la protection sociale, celle de la Défense, celle de l'Education nationale, celle des impôts - nous en avons parlé - celle des entreprises publiques - je pense notamment à FRANCE TELECOM - celle de l'Etat et des relations qu'il entretient avec les citoyens dans un souci de plus grande proximité et de plus grande simplicité.
En 19 mois, plusieurs de ces réformes ont déjà beaucoup avancé et pourtant le temps des réformes n'est pas derrière nous. Il est devant nous. Il faut d'abord mener à terme celles qui ont été lancées et qui ne sont pas toutes achevées, loin de là, et il faut aussi prendre de nouvelles initiatives.
Le Président de la République nous a tracé la voie en ce qui concerne la réforme de la Justice qui pourrait être, si elle allait jusqu'au but évoqué par le Président, une véritable révolution. Je pense aussi à la réforme de la SNCF qu'il faut aujourd'hui mettre à l'ordre du jour. Ce sera le cas, dès lundi prochain, au Sénat, puis à l'Assemblée nationale. Je pense à tout ce qui concerne l'insertion professionnelle des jeunes où, à condition de bien s'expliquer, je suis convaincu qu'on trouvera de nouvelles modalités pour favoriser les formations en alternance.
Le pire qui pourrait arriver à la France aujourd'hui, ce serait de retomber dans l'immobilisme, dans le conservatisme ou dans la démagogie. Je sais que tous les membres du Gouvernement donnent le meilleur d'eux-mêmes pour réussir cela et je sais aussi que la Majorité nous apporte tout son soutien en ce sens.
Or, me dira-t-on " Les Français, eux, sont-ils prêts à aller de l'avant ? ". Certains ne le croient pas, ils parlent de morosité, voire de découragement, je dois vous dire qu'en ce début d'année, comme d'ailleurs à la fin de l'année dernière, ce n'est pas du tout mon sentiment. Certes, pour beaucoup de nos concitoyens, les temps sont difficiles, la vie est dure, il y a toujours l'angoisse du chômage, mais il y a aussi en France - et je ne me résignerai pas à ne pas le rappeler et à ne pas le dire parce que c'est la vérité - de l'enthousiasme, de l'esprit d'entreprise, de l'esprit de conquête, du courage, de la volonté de relever les défis, de la lucidité.
C'est à vous, si vous me le permettez - j'espère ne pas trop vous entraîner dans une complicité trop excessive - c'est à vous et à nous de montrer la perspective, d'indiquer le top, de donner des repères, comme on dit, du sens. C'est une responsabilité que nous avons en commun, chacun, naturellement, dans notre rôle. Par exemple, susciter les vrais débats, dévoiler les vrais enjeux, faire comprendre les contraintes, les limites, comme dans ce débat sur la retraite à 55 ans qui vient de resurgir, oui, nous devrions, je croie, faire cela ensemble et bâtir ainsi une démocratie qui soit plus authentique et plus solidaire.
Donner des repères et du sens, ai-je dit, les Françaises et les Français de cette fin de siècle ou cette fin de millénaire, sont soumis à des forces qui peuvent sembler contraires. D'une part, et Dieu sait si on vous en rabat les oreilles, la mondialisation, les échanges, mais aussi des cultures et des comportements, qui apportent bien sûr du progrès et de la richesse, mais aussi parfois un sentiment d'impuissance et un peu de peur. Et puis de l'autre côté, un besoin de plus en plus fort de proximité, d'enracinement qui, certes, rassure, qui peut nourrir la convivialité, la solidarité, mais qui peut pousser aussi à l'égoïsme et au repli sur soi.
La grande question est de savoir comment trouver, entre ces forces contraires, un point d'équilibre, un point d'ancrage ? Je crois qu'on ne peut le trouver que dans le sentiment national, dans un projet commun, dans le pacte républicain, en un mot, dans la France.
Oui, je crois que le sens que nous cherchons à la politique, c'est tout simplement la France, son unité, ses valeurs, sa morale républicaine, son rayonnement international, sa prospérité, qui sont les seuls gages d'harmonie et de mieux être pour tous nos concitoyens. C'est pourquoi je souhaite, pour conclure, que 1997 soit, pour la France, une grande année de confiance et d'espérance.