Déclaration de M. Gilles de Robien, ministre de l'équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer, sur l'avenir de l'automobile et ses relations avec l'environnement et la société, sur la nécessité de maîtriser la mobilité en respectant les contraintes du développement durable et en améliorant la sécurité de tous, Paris, le 22 janvier 2003.

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Circonstance : Séminaire Automobile et Equipement à Paris, le 22 janvier 2003

Texte intégral

Messieurs les présidents,
Mesdames et messieurs les directeurs,
Mesdames et messieurs,
Nous sommes réunis ce soir avec des responsables des deux constructeurs automobiles français au plus haut niveau, avec des représentants d'entreprises et d'organismes professionnels liés à ce secteur et avec des experts. Du coté de mon ministère, nous avons mobilisé les principaux acteurs qui présentent des complémentarités par rapport à l'automobile et à la mobilité : il s'agit des infrastructures, des transports, de l'urbanisme et bien entendu de la sécurité et de la circulation routière.
Je souhaite ré-insister aujourd'hui sur les nécessités d'améliorer la sécurité sur les routes et de mieux prendre en compte les besoins des usagers, notamment en matière d'information. Ces usagers sont nos clients communs. Nous devons travailler ensemble pour améliorer le service tout en étant plus respectueux de l'environnement.
La séance d'ouverture de ce soir et les réunions qui vont suivre s'inscrivent parfaitement dans cet esprit de coopération renforcée.
J'ai confiance dans les deux constructeurs français et dans leur réussite fondée sur des principes partagés : satisfaction du client, sécurité, prise en compte de l'environnement, et bien sûr, respect des normes et rentabilité des capitaux des deux constructeurs.
Cette réussite est fondée sur des stratégies différentes face à la mondialisation. PSA a choisi des coopérations spécifiques avec de nombreux acteurs ; Renault a choisi une alliance globale avec Nissan. Je connais également l'importance des grands équipementiers français de niveau international, comme Michelin et Valéo. Seuls quelques pays comme les Etats-Unis, le Japon ou l'Allemagne sont dans notre situation, avec des constructeurs nationaux de dimension mondiale. C'est un atout considérable pour notre pays, mais c'est aussi une lourde responsabilité.
L'automobile est aujourd'hui au centre des grands débats de société : sécurité routière, changement climatique, mobilité des personnes et des biens. L'automobile est au coeur du défi du développement durable et les réponses à ce défi sont une des grandes priorités du gouvernement. Pour explorer ces réponses, je voudrais que nous élargissions le dialogue entre vous, constructeurs français, et ce ministère : nous devons encore plus travailler ensemble. C'est l'objectif de ce séminaire.
Plus précisément, je souhaite développer en liaison avec mes collègues concernés une politique globale de la mobilité dont l'automobile et la route sont les éléments clés du système intermodal de transport.
Nous entretenons des contacts nombreux et permanents avec vos entreprises et vos organismes professionnels et j'ai noté qu'il serait souhaitable que nos positions soient plus lisibles sur les différentes thématiques que nous partageons. Cette politique doit constituer aussi une référence importante pour préciser la position de la France dans les décisions européennes. Notamment, le Livre Blanc de la Commission nécessite d'adopter une position française qui tienne compte des besoins des usagers, des réalités économiques et du contexte d'élargissement de l'Europe.
Vous êtes vous aussi des acteurs influents à Bruxelles par l'Association des Constructeurs Européens de l'Automobile (ACEA). M. Louis Schweitzer en préside les destinées en 2003 à la suite de M. Jean-Martin Folz en 2002.
Dans ce contexte, je souhaite que ce séminaire apporte vos propositions les plus concrètes possibles sur les trois thèmes retenus pour les prochaines séances de travail :
- la chaîne énergie et motorisation ;
- les nouvelles technologies d'information et de télécommunication ;
- la mobilité durable ;
Les deux premiers thèmes traitent d'aspects techniques qui ont néanmoins des conséquences importantes sur la sécurité des véhicules. Le troisième thème concerne plus directement le comportement de nos concitoyens.
En ce qui concerne la chaîne "énergie et motorisation", le travail commun entre les constructeurs et les administrations françaises et européennes nous montre que la réduction des pollutions locales (C.O., NOX, et particules) est en net progrès avec une diminution drastique des émissions de polluants. Le nouveau défi est celui des émissions de CO2. Dans le cadre européen, la France s'est engagée à stabiliser ses émissions de gaz à effet de serre. Cette réduction proviendra de la poursuite des progrès technologiques et de vos efforts. Mais elle dépend aussi des conditions pratiques de circulation et de conduite. La conduite apaisée participe à cet objectif au même titre que les progrès technologiques. La conduite apaisée est un moyen de réduire sensiblement les émissions tout en améliorant la sécurité. Nous devons faire évoluer les mentalités, en nous mobilisant ensemble, chacun dans son domaine de compétence. Je pense en particulier à la formation et aux contrôles, mais aussi à la communication et aux véhicules.
Le conducteur et ses passagers doivent retrouver le plaisir du voyage. Vous constructeurs, vous intégrez ce souhait de vos clients dans la conception des voitures. Nous devons aussi nous attacher à mieux l'intégrer dans la conception des routes et à mieux harmoniser les systèmes d'information et le symbolisme grâce à une exploitation coordonnée et moderne de la route. En particulier nous devons (avec les sociétés d'autoroutes !) et les collectivités territoriales nous efforcer d'améliorer l'information des usagers sur les conditions de circulation.
L'information en temps réel contribue à réduire le stress et les comportements accidentogènes des usagers. Le Schéma Directeur d'Information Routière (SDIR) en cours d'élargissement répond à ce besoin d'information sur les axes les plus circulés (soit plus de 20 000 km) quel que soit le statut de l'autoroute, de la voie rapide et de la route concernée. L'information sera mise à la disposition des usagers de la route, en particulier par la radio (RDS-TMC) sur une fréquence unique. De plus ces informations seront utilisables par des opérateurs de service et des constructeurs avec un cahier des charges d'utilisation.
La sécurité des automobilistes reste la préoccupation majeure du gouvernement. Je sais que cette préoccupation est partagée par tous les constructeurs automobiles. Je souhaite que les constructeurs français soient à la pointe de l'innovation en matière de sécurité. Mon ministère, en particulier grâce à l'action de Monsieur Bernard Gauvin, développe depuis longtemps des partenariats avec vous pour atteindre plus rapidement les objectifs fixés, et je souhaite que ce travail en commun soit renforcé.
Le C.I.S.R. a souligné le nécessaire strict respect des limitations de vitesse et à sa maîtrise par le conducteur. Tout dispositif à bord des voitures qui lui permet de maîtriser sa vitesse participe à cet objectif. Il en va de même pour les enregistreurs de contexte (boite noire).
Nous devons aller ensemble dans cette direction : Je souhaite que l'administration puisse rapidement donner l'exemple et s'équiper de véhicules ayant ces fonctionnalités. Mais il faut également que les constructeurs facilitent ce choix avec des produits standards et sans surcoût dissuasif. Des systèmes plus élaborés mettant en relation véhicules, infrastructures et télécommunications constituent une voie d'avenir pour laquelle nous devons coopérer, évitant ainsi d'adopter des mesures extrêmes qui ont pu être regroupées sous le nom de "bridage".
Malheureusement, les dispositifs de sécurité active ne peuvent pas éliminer tous les accidents. La sécurité passive des voitures modernes a aussi beaucoup progressé. Nous devons également progresser en matière de secours des accidentés de la route. Je vous soutiens sur la création en France et si possible en Europe, d'un numéro d'appel d'urgence unique, utilisable par tout citoyen et intégrable dans un équipement de localisation et de transmission aux services de secours. L'aboutissement de ce projet concerne plusieurs départements ministériels dont ceux de la Santé et de l'Intérieur.
Ces éléments contribuent également à la sécurité routière et il me semble que nous devons les intégrer pour développer une stratégie coordonnée sur le long terme. Si nous sommes bien d'accord sur ces points, je vous propose d'initier la préparation d'une stratégie d'ensemble avec vous et d'en définir les moyens.
Au cours des travaux de ce séminaire, vous pourrez vous appuyer sur la réflexion prospective lancée depuis trois ans par le Conseil général des Ponts et Chaussées et par la DRAST, et notamment sur le dernier cahier "mobilité" qui est en cours d'impression. Cette réflexion, qui a mobilisé de nombreux acteurs du secteur public et du secteur privé, est arrivée aujourd'hui à son terme et pourra apporter des éléments utiles concernant les relations entre l'automobile, l'environnement et la société.
En résumé, j'attends de ce séminaire qu'il contribue à définir les voies et moyens pour mieux maîtriser la mobilité, la pacifier en respectant les contraintes d'un développement durable et en améliorant la sécurité de tous.
Voilà pour les objectifs.
(source http://www.equipement.gouv.fr, le 21 février 2003)