Texte intégral
Bonsoir. Cela me fait plaisir de vous retrouver, et en ce moment d'ailleurs cela fait chaud au cur. Je vais vous dire que j'assiste avec une très grande joie, une joie profonde, à cette renaissance de la CGPME, dont le pays a besoin parce que les petites et moyennes entreprises font partie des forces de notre pays, et je suis très heureux de vous voir nombreux, capables de propositions. Je salue l'ensemble de vos dirigeants, le président Roubaud -je salue aussi le président Rebuffel, qui est ici -, tous ceux qui ont construit cette famille entrepreneuriale, la CGPME, dont nous ne pouvons que nous réjouir, qu'elle prenne du muscle, partout dans le pays, dans chacune de nos régions de France. Je vois, cher président Roubaud, que vous n'avez pas perdu l'habitude. La première partie, c'était les compliments. Tout allait bien. Donc je me disais que je passais une bonne après-midi finalement. Et la deuxième partie, c'est : nous ne sommes pas quitte ". Et, là, selon la bonne tradition de Monsieur Rebuffel vous avez fait la liste des demandes. Vous n'avez pas encore tout à fait le métier de Monsieur Rebuffel car lui quelquefois, il mettait ça déjà dès la première partie, mais enfin
Mais cela ne nous a pas empêchés et d'être amis et de construire ensemble, une démarche pour les petites et moyennes entreprises, non pas dans le seul intérêt des entreprises, non pas dans le seul intérêt de l'économie, mais dans l'intérêt de la France. Quand le président Chirac m'avait confié le ministère des PME, nous avions fait, ensemble, un plan PME et on s'était réuni pour savoir comment l'appeler et on l'avait appelé le plan PME pour la France parce que c'est cela, dont il s'agit. Et c'est pour ça que le fait PME est un fait très important : c'est qu'au fond en dépassant les intérêts particuliers, il sert la cause de l'intérêt général, la cause de notre pays. C'est un élément très important de votre identité. C'est qu'au-delà de ce que vous représentez comme activité, comme emplois, comme équipes humaines, il y a cette valeur importante, pour notre économie, pour notre Nation, c'est que vous êtes le moteur du développement dont notre pays a tant besoin.
Quelle est la stratégie de la France aujourd'hui sur le plan économique ? Elle s'articule, autour de deux objectifs principaux : la création de richesses et la croissance durable. Et pour la création de richesses et pour la croissance durable, nous avons besoin des petites et moyennes entreprises. La création de richesses, parce que ne croyons pas que notre pays pourra durablement avoir l'un des systèmes sociaux les plus généreux du monde, si nous ne sommes pas capables de créer davantage de richesses pour financer ce système social. C'est la création de richesses qui apporte à notre pays la qualité de la vie, la cohésion sociale ; c'est la création de richesses qui est la source du développement social. Et donc on voit bien que, pour la France, le chemin de l'avenir, ce n'est pas la concentration, le gigantisme, la " financiarisation ", la standardisation, la banalisation sur tous ces terrains là. Il y aura plus fort que nous. L'avenir de la France, c'est la création, la valeur ajoutée, l'innovation ; c'est la recherche, c'est la capacité d'injecter de l'humain, dans l'économie. C'est plus il y aura d'humain dans l'économie, plus il y aura de valeur ajoutée, et c'est dans les petites et moyennes entreprises qu'on injecte le plus l'humain dans l'économie.
Et, donc, cette création de valeur ajoutée, cette création d'humains ajoutée dans l'économie, c'est une priorité nationale. Cela veut dire aussi que dans notre pays, il faut apprendre à respecter cette valeur ajoutée, qui signifie toujours l'idée et le travail des femmes et des hommes qui ont participé à cette valeur ajoutée. C'est pour ça que, quand je vous entends parler de commerce de proximité, je le dis à tous ceux qui ont toujours tendance à dire qu'il faut écraser les prix car à force de toujours écraser les prix, on finit par écraser le travail de ceux qui produisent. Et la seule façon qu'a une économie, aujourd'hui de pouvoir développer de l'activité, de l'emploi en étant compétitive, c'est en jouant la qualité et en jouant la valeur ajoutée. C'est ça, le cap de la France. Cela veut dire de la formation, cela veut dire de faire en sorte que partout on puisse garder des structures qui respectent la taille humaine. C'est quand la taille humaine est méprisée que les systèmes s'imposent et que, finalement, on perd toute la capacité de dynamisme dont on a besoin. La création de valeurs, et puis cette croissance durable.
Deuxième objectif très important, la croissance notamment pour moderniser la société, pour faire en sorte que, quand nous avons la possibilité d'obtenir la croissance qu'on en profite pour réformer la société et qu'on ne laisse pas partir la croissance telle la marée, sans aucun résultat structurel sur l'ensemble de notre économie et notre organisation étatique. Il est très important qu'on puisse bâtir une stratégie de croissance durable. Il n'est pas normal, quand on compare la France avec d'autres pays, que sur 20 ans, nous ayons 2 % de croissance, en moyenne et, ça, ce n'est pas un problème d'un gouvernement de gauche ou de droite. Sur 20 ans, 2 % de croissance, mais aux Etats-Unis, 3 % de croissance. Croyons-nous qu'on pourra durablement être fort en Europe, durablement être fort dans le monde, si ailleurs, non seulement aux Etats-Unis, mais dans tous les pays émergeants, ont une croissance encore plus forte ? On a du retard de croissance. Il faut aller chercher la croissance, cette croissance que l'on trouve dans le travail, que l'on trouve dans l'idée, que l'on trouve dans la valeur ajoutée, que l'on trouve dans la mobilisation des équipes, que l'on trouve dans votre métier quotidien.
Nous avons besoin d'aller chercher cette croissance là, que nous pouvons aussi gagner en effet, par une réforme de l'Etat. J'ai bien entendu ; cela fait partie de la thématique centrale de la CGPME depuis toujours. La lutte contre la paperasserie ; il y a de quoi faire. Et on a beau supprimer, il y en a d'autres qui arrivent, car vous remarquerez bien que derrière un formulaire, il y a toujours un bureau et supprimer le formulaire, c'est supprimer le bureau, et la personne qui est dans le bureau, elle ne veut pas qu'on supprime le formulaire.
Mais, sur de nombreux sujets, nous avons engagé notamment par voie d'ordonnance, cette capacité à simplifier nos activités économiques, de manière à permettre, comme vous le demandez - je l'ai bien entendu - aux chefs d'entreprise, aux acteurs économiques et sociaux de se consacrer à leur métier et de ne pas se trouver transformés en agents administratifs. Nous avons depuis un peu plus d'un an maintenant, essayé de rebâtir une stratégie pour notre pays. Un point très important, sur lequel je voudrais insister, parce que je vous sais très attachés aux fonctionnements de la République, un point qui me paraît très important pour l'avenir, dans longtemps, mais il faut toujours éviter à chaque fois que vous aurez un bulletin de vote, éviter la cohabitation. parce que ce n'est déjà pas facile, quand tout le monde est d'accord, alors quand les uns et les autres ont des difficultés à vivre ensemble, c'est très compliqué, et c'est comme ça qu'on arrive à faire un certain nombre d'erreurs qui sont des erreurs stratégiques lourdes pour notre pays.
Je crois vraiment qu'aujourd'hui le Gouvernement a défini un cap clair. Nous voulons d'abord comme vous, d'abord bien faire notre métier. Et bien faire notre métier c'est mettre l'Etat à sa place, toute sa place, rien qu'à sa place, et que l'Etat s'occupe bien de ce qu'il a à faire, avant de s'occuper de ce que les autres ont à faire. C'est un élément très important de notre stratégie. C'est pour ça que nous avons commencé par les fonctions régaliennes. Nous avons voulu restaurer la sécurité, nous avons voulu rénover la justice, nous avons voulu construire une autre politique de défense, nous avons voulu partager davantage les pouvoirs dans la décentralisation. Tout ceci nous paraît très important pour que l'Etat assume ses responsabilités, et puisse être présent, là où les citoyens l'attendent, notamment en matière de sécurité et en matière de justice. Ce sont des priorités pour lesquelles nous mettons des moyens supplémentaires et pour lesquelles nous voulons vraiment qu'il y ait une performance du service public, car c'est une attente profonde de tous les citoyens. Dans les milieux économiques, comme dans tous les autres milieux, on a besoin de la sécurité pour pouvoir travailler et pouvoir assumer normalement, les activités quotidiennes. C'est une priorité pour nous, c'est un élément très important de la stratégie qui est la nôtre. Nous pensons vraiment que l'Etat doit être fort sur ses responsabilités, doit pouvoir se faire respecter. Croyez-vous, par exemple, qu'on pourrait longtemps rester membre permanent du conseil de sécurité à l'ONU si nous n'étions pas capables de faire les efforts pour notre Défense nationale. Croyons-nous que la France peut prétendre aujourd'hui, parler de la paix dans le monde si elle n'est pas capable de préparer aussi ses armées aux situations difficiles. Moi j'ai trouvé une Défense où je voyais des avions dans l'impossibilité de décoller parce qu'on manquait de pièces de rechange, ou des bateaux incapables de prendre la mer parce qu'ils n'avaient pas la motorisation nécessaire. Je crois qu'un pays qui attend d'un Etat, la capacité de faire respecter la République, doit faire en sorte que la sécurité, la Justice, la Défense, l'organisation des pouvoirs républicains soient assumées avec fermeté et avec efficacité.
C'est le cur de notre métier, nous voulons l'assumer si je puis dire pour parler votre langage. Et avec les partenaires, il faut faire en sorte que, sur le plan économique et social, comme vous l'avez demandé, on puisse avoir un dialogue qui nous permette de libérer les forces vives de notre pays. Sur un certain nombre de sujets, avec le président Roubaud, nous avons déjà travaillé ensemble et, si dans l'assouplissement des 35 heures par exemple, on est passé de 10 à 20 pour le seuil, vous l'avez arraché, je me souviens, à la fin d'une négociation, en faisant preuve d'un caractère qui ressemblait à celui de votre prédécesseur - d'ailleurs, Il y avait un peu de granit -. Nous avons discuté sur un certain nombre de sujets importants. Vous avez fait allusion tout à l'heure, à notre travail sur le texte sur l'initiative qu'a présenté R. Dutreil sur la création d'entreprises, qui est un sujet très important, un élément très important pour lequel nous nous sommes donnés les moyens qu'est en effet l'épargne de proximité. Quand on voit aujourd'hui, comment on pourrait mobiliser l'épargne territoriale, la famille, la commune, les voisins, le territoire au niveau des régions, pouvoir mobiliser de l'argent et faire comme avec les fonds communs de placement, la capacité d'avoir un avantage fiscal pour l'argent qui va s'investir dans l'emploi. C'est ce que nous voulons faire. Nous voulons faire en sorte, que l'on puisse trouver, avec ces fonds de participation, des capacités territoriales, de proximité, à investir dans les entreprises et dans le territoire. Je crois que c'est très important pour le développement de l'ensemble de notre appareil économique.
Nous avons des objectifs en commun, vous l'avez dit et je voudrais appeler votre attention sur, en effet, cette exigence en matière de formation. Il est très important de mesurer aujourd'hui que nous sommes depuis 30 ans d'ailleurs, dans un changement démographique que la société française quelquefois fait semblant d'ignorer. Et quand je vois le débat sur les retraites, je voudrais vraiment qu'on regarde la vérité en face. Les choses sont simples. A partir de 2006, il y aura de moins en moins de gens pour payer, et de plus en plus de gens pour toucher. Il y a bien un moment où cela se passera mal. Il faut sortir de l'impasse, c'est évident. Ce déficit démographique, qui fait que depuis 30 ans, les générations en France ne se renouvellent plus, cela nous pose des problèmes majeurs, des problèmes qui sont des problèmes importants, le problème des retraites, le problème de la santé, les problèmes d'éducation, les problèmes d'emploi. Evidemment nous sommes dans un pays qui a refusé de prendre à bras le corps ce type de problème, et nous en arrivons à cette conclusion triste pour notre pays. Nous sommes le pays qui a un taux de chômage des jeunes le plus élevé, et en même temps un taux de chômage très élevé des plus de 50 ans. Et donc on voit bien aujourd'hui, que cette situation ne peut pas continuer, qu'il faut pour l'ensemble de notre pays, avoir une stratégie qui est l'augmentation du nombre global d'heures travaillées. C'est ça, la stratégie. Si nous augmentons le nombre d'heures travaillées, en faisant que pour tous, pour les jeunes plus tôt quelquefois, plutôt que de rentrer à 27, 28, 30 ans dans l'entreprise, on puisse y entrer plus tôt, et qu'on y trouve la formation et que, rentrant avec un BTS, on puisse devenir ingénieur dans l'entreprise, qu'on puisse avancer avec la formation tout au long de la vie. C'est ça, les années qui viennent ; c'est comme cela qu'on pourra faire en sorte, en entrant de bonne heure, et qu'on ouvre la formation et qu'on ne mette pas systématiquement en licenciement, ceux qui ont plus de 50 ans, parce qu'il faut aussi faire dans notre pays de l'expérience, une vraie valeur. L'expérience est utile à un pays. Et on a besoin de l'expérience des gens de 50 ans, de 55 ans. Je n'ai pas encore 55 ans, je me sens dans Mais c'est cette expérience là qu'il faut aussi libérer. C'est pour cela qu'il nous faut revoir notre système de formation et c'est pour ça, cher président, que j'accepte tout à fait votre approche du sujet, adaptation. Mais adaptation pour qu'on puisse avoir des systèmes de formation tout au long de la vie, qu'on puisse entrer jeune, qu'on puisse travailler le temps que l'on veut, qu'on puisse choisir le moment de sa retraite, en fonction de ses propres décisions, mais qu'on ne soit pas enclenché dans des systèmes que l'on maîtrise peu et qui sont souvent difficiles à supporter pour les personnes. Il y a là un certain nombre de sujets qui sont très importants, et je compte beaucoup sur notre travail en commun, pour avancer. C'est un des éléments essentiels en matière de développement économique et de mutation, que de réussir cette adaptation de la formation. J'ai bien entendu votre message sur le service minimum. J'ai aussi entendu les applaudissements. Vous connaissez les engagements du gouvernement, vous avez entendu mes ministres. Je veille à ce que le climat social reste dans notre pays, le meilleur possible, mais je confirme les engagements.
J'ai bien entendu votre appel pour la participation aux organismes paritaires et les conditions qui y étaient liées. Cela, je crois que c'est en effet très important et j'apprécie cette démarche, et vous savez que nous partageons votre volonté de revaloriser le travail et d'avoir en effet, cette ambition là qui est de dire aux jeunes qu'ils gagneront leur liberté, qu'ils gagneront le bonheur dans leur vie, avec les efforts, et qu'aujourd'hui, ceux qui promettent la réussite sans effort sont des marchands d'illusion. Quand on voit que la Chine a aujourd'hui près de 9 % de croissance pour ce début d'année, quand on voit qu'il va y avoir 400 millions d'Indiens, 100 millions de Chinois supplémentaires, quand on voit qu'il y a un million chaque année en plus en Egypte, quand on voit la mobilisation du monde, ne croyons pas que l'avenir se fera sans effort. Organisons, partageons l'effort, mais ne laissons pas croire à nos jeunes que l'avenir passerait par une dévalorisation du travail. Au contraire. C'est par le travail, qui sera une force non pas d'asservissement mais au contraire d'épanouissement, que nous pourrons relever les défis que la France doit relever. Alors, j'ai bien entendu qu'avec les baisses des charges, ça ne suffit pas il faut continuer. Vous confirmez !
Là, je sais je ne prends pas de risque, mais sachez que c'est une volonté très précise du président de la République et qu'il nous a donné des orientations très claires, sur ce sujet en effet. Quelles que soient les difficultés de la croissance, nous voyons bien, aujourd'hui, que les pays notamment les pays européens, qui ont pénalisé, par la fiscalité ou les charges, davantage encore leurs entreprises ont eu au premier trimestre 2003 moins de croissance que les pays qui ont allégé les charges et allégé la fiscalité. La croissance est liée à l'allègement des charges qui pèsent sur les forces vives de notre pays. C'est pour cela que nous sommes très attachés à tenir les engagements qui ont été pris lors des échéances démocratiques. Je voudrais vous rassurer aussi, même si ce n'est pas simple, que sur cette bataille de la TVA nous savons bien qu'il faut faire en sorte que pour le bâtiment on puisse maintenir cette TVA à taux réduit, et nous savons bien que pour la restauration, il faut tenir la promesse sur laquelle nous nous sommes engagés. Je suis allé plusieurs fois à Bruxelles ; je mène la discussion ; mes ministres sont allés voir tous les ministres de l'Europe, parce qu'il faut qu'on puisse convaincre. D'ores et déjà, la Commission a accepté de faire le rapport que nous lui demandions. Donc la première étape a été franchie parce que précédemment la Commission était hostile à cette approche. Nous avons gagné cette première étape. Il y en a d'autres à gagner. Je crois que ce qui est très important, c'est de convaincre et je le dis à l'ensemble de nos partenaires européens régulièrement, c'est de convaincre l'ensemble de nos administrations européennes, que derrière cette baisse de la TVA, il y a de la création d'emplois. Je vois encore des rapports, et je me demande si ceux qui ont écrit ces rapports sont allés une fois en province, s'ils ont mis les pieds dans une région pour voir ce que la TVA a pu faire quand on l'a abaissé en matière de bâtiment, en terme de création d'emplois. On voit bien aujourd'hui, qu'en matière de restauration, si notre pays veut rester une des premières forces touristiques du monde Comment est-ce qu'on transforme un visiteur en agent économique ? Souvent par la restauration parce que le visiteur, en lui-même, il n'est pas obligé forcément de pouvoir dépenser de l'argent. Je me souviens dans la très belle région de Poitou Charente, que le président Roubaud a oublié de citer tout à l'heure,
Au début, il y avait, je me suis donc occupé du Marais poitevin : 350.000 visiteurs, 22 chambres. Et donc, il y avait beaucoup de monde qui passait, mais l'activité économique, derrière, elle était assez faible. Et donc il faut créer de l'activité. Et la restauration c'est un point de passage obligé de l'activité touristique, et nous avons en France une réputation, nous avons en France des professionnels de qualité, nous avons les outils de formation. Et donc il faut faire en sorte qu'on rende les comptes d'exploitation de ces entreprises profitables, parce qu'aujourd'hui, ce n'est pas le cas, et c'est pour ça qu'il faut aider les entreprises de la restauration. Cela fait aussi partie de la stratégie de rayonnement et d'attractivité de la France. C'est pour ça que nous sommes très attachés à cet engagement et, là, je parle au nom du gouvernement. Mais sachez aussi que le président de la République est, sur ce sujet, aussi engagé.
Enfin je voudrais vous dire que nous avons besoin ensemble de travailler à la cohésion territoriale de notre pays. Je vois, ici ou là, un certain nombre de professionnels qui craignent la décentralisation. Je leur dis qu'il ne faut pas craindre la décentralisation. La décentralisation, ce sont des décisions plus proches du terrain. A force de vouloir toujours tout décider d'en haut, on a congestionné notre système par le haut. Laissons-le respirer. Laissons faire en sorte que des décisions soient prises, sur le terrain, qu'on puisse discuter avec les acteurs et qu'on n'ait pas ces grands systèmes d'organisation géants, qui ont du mal à respecter eux-mêmes la dimension humaine. Il faut faire en sorte que dans notre pays, on puisse faire vivre notre territoire, et qu'on puisse avoir une autre vision que cette région capitale très importante et puis derrière progressivement, des territoires qui connaissent des problèmes d'aménagement du territoire et quelquefois même, de la désertification. Nous avons besoin de l'activité économique pour répartir partout sur le territoire l'ensemble des richesses, l'ensemble de l'emploi.
C'est pour cela que les PME, c'est pour cela que l'artisanat sont très liés à l'aménagement du territoire parce qu'il s'agit d'un emploi enraciné, d'un emploi qui est attaché au territoire et on voit très bien que certaines entreprises, dans lesquelles les taux de financiarisation sont trop élevés, sont quelquefois irresponsables vis à vis du territoire. Et je pense que ce n'est pas un reproche qu'on peut faire aux PME. Les PME respectent le territoire, respectent l'environnement dans lequel elles se sont développées, parce qu'elles y sont attachées, elles en font partie. Et je ne suis pas favorable à cette économie qui se déplace au gré des subventions, qui se déplace au gré des opportunités internationales. Nous avons besoin d'une économie enracinée dans nos régions de France. Nous avons besoin d'une économie dans laquelle l'ensemble du dispositif économique soit réparti sur le territoire. C'est un élément très important de la cohésion nationale. La France ne doit pas se déchirer. Nous avons de nombreuses fractures. Nous vivons une fracture sociale importante, une fracture territoriale, peut-être demain une fracture numérique. Nous avons besoin des forces de la cohésion. Je crois que le territoire est un élément de cohésion. Les gens s'y connaissent, se parlent, ont des repères. La PME, la petite et moyenne entreprise est un élément de la cohésion sociale. Il ne faut pas opposer les Français les uns aux autres. Il ne faut pas voir une société qui puisse se développer en créant des catégories et en montant les catégories les unes contre les autres. La France se développe quand elle rassemble. Et quand elle rassemble, elle peut le faire autour de structures à taille humaine, avec des responsables, avec une capacité conviviale à vivre cette relation humaine. C'est pour ça que territoire, entreprise, tout ce qui peut tisser le lien dans notre société, est très important. C'est pour ça que votre mission sociale est très importante. Et c'est pour ça que je suis venu vous dire combien on a besoin du fait PME aujourd'hui en France, combien on a besoin que vous nous aidiez à rapprocher les Français. Evitons les affrontements stériles. Nous devons travailler les uns et les autres pour notre pays.
Quand la France, ensemble, est mobilisée, elle peut gagner. Si on a une tension sociale qui bloque le pays comme vous le disiez tout à l'heure, si on a des difficultés qui paralysent, si on a des égoïsmes qui sont exacerbés, on n'avancera pas aussi vite que nous devons avancer. C'est pour ça que vous qui êtes déjà à la tête de structures qui sont des structures de rassemblement, vous qui êtes au contact de votre salarié, vous qui êtes des patrons dans l'atelier, ce sont des activités humaines que vous connaissez et je crois que c'est très important d'avoir en permanence ce dialogue. Vous êtes des médiateurs sociaux, par la relation quotidienne qui est la vôtre, comme un maire dans sa ville ou dans son village. Et c'est très important de faire en sorte que la société française soit une société, où l'on se parle plus qu'on s'affronte et on peut avoir ce dialogue mais pas ce dialogue par organisations de masse qui s'opposent les unes aux autres, un dialogue qui est un dialogue de terrain, un dialogue de proximité, un dialogue très humain. Voilà pourquoi je crois vraiment qu'il faut que le fait PME soit renforcé dans notre pays. C'est pour cela que j'ai demandé à R. Dutreil de faire en sorte que nous préparions un nouveau texte législatif, pour que nous puissions intégrer les demandes qui sont les vôtres pour que l'ensemble du monde PME sente que vraiment la France aujourd'hui, fait appel à eux. Vous êtes le moteur de cette économie humaniste à laquelle nous aspirons. On voit bien que la France a un modèle spécial, que la France n'est pas le modèle allemand, n'est pas le modèle américain. Nous avons un modèle d'économie humaniste, dont la PME est je crois, est un très bon symbole, qui est un symbole de solidarité, mais aussi un symbole de dépassement, parce que tous les jours pour aller chercher les commandes, pour remplir le travail, il faut se battre, il faut aller chercher au-delà de soi-même cette énergie supérieure qui fait qu'à un moment l'individu est fier de lui-même parce qu'il a atteint le dépassement par l'uvre commune.
Avec ce texte, ensemble nous pourrons développer la force des PME dans notre pays. Nous avons un dialogue franc, nous avons des relations de confiance. Je sais que vous êtes très exigeants et j'apprécie cette exigence parce que c'est la nature de nos relations et ce n'est pas parce que nous avons beaucoup de respect, les uns pour les autres, que nous ne devons pas être exigeants vis à vis des uns et des autres. J'apprécie votre exigence. Vous savez que vous pouvez compter sur ma détermination. Je voudrais simplement vous dire du fond du cur aujourd'hui, vous m'avez dit tout à l'heure, c'était quasiment droit dans les yeux " ne nous décevez pas ". Je ferai tout pour ne pas vous décevoir, mais je voudrais vous dire ayez confiance car ce qui est le plus important, c'est que la France vous aime. Merci. "
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 24 juin 2003)
Mais cela ne nous a pas empêchés et d'être amis et de construire ensemble, une démarche pour les petites et moyennes entreprises, non pas dans le seul intérêt des entreprises, non pas dans le seul intérêt de l'économie, mais dans l'intérêt de la France. Quand le président Chirac m'avait confié le ministère des PME, nous avions fait, ensemble, un plan PME et on s'était réuni pour savoir comment l'appeler et on l'avait appelé le plan PME pour la France parce que c'est cela, dont il s'agit. Et c'est pour ça que le fait PME est un fait très important : c'est qu'au fond en dépassant les intérêts particuliers, il sert la cause de l'intérêt général, la cause de notre pays. C'est un élément très important de votre identité. C'est qu'au-delà de ce que vous représentez comme activité, comme emplois, comme équipes humaines, il y a cette valeur importante, pour notre économie, pour notre Nation, c'est que vous êtes le moteur du développement dont notre pays a tant besoin.
Quelle est la stratégie de la France aujourd'hui sur le plan économique ? Elle s'articule, autour de deux objectifs principaux : la création de richesses et la croissance durable. Et pour la création de richesses et pour la croissance durable, nous avons besoin des petites et moyennes entreprises. La création de richesses, parce que ne croyons pas que notre pays pourra durablement avoir l'un des systèmes sociaux les plus généreux du monde, si nous ne sommes pas capables de créer davantage de richesses pour financer ce système social. C'est la création de richesses qui apporte à notre pays la qualité de la vie, la cohésion sociale ; c'est la création de richesses qui est la source du développement social. Et donc on voit bien que, pour la France, le chemin de l'avenir, ce n'est pas la concentration, le gigantisme, la " financiarisation ", la standardisation, la banalisation sur tous ces terrains là. Il y aura plus fort que nous. L'avenir de la France, c'est la création, la valeur ajoutée, l'innovation ; c'est la recherche, c'est la capacité d'injecter de l'humain, dans l'économie. C'est plus il y aura d'humain dans l'économie, plus il y aura de valeur ajoutée, et c'est dans les petites et moyennes entreprises qu'on injecte le plus l'humain dans l'économie.
Et, donc, cette création de valeur ajoutée, cette création d'humains ajoutée dans l'économie, c'est une priorité nationale. Cela veut dire aussi que dans notre pays, il faut apprendre à respecter cette valeur ajoutée, qui signifie toujours l'idée et le travail des femmes et des hommes qui ont participé à cette valeur ajoutée. C'est pour ça que, quand je vous entends parler de commerce de proximité, je le dis à tous ceux qui ont toujours tendance à dire qu'il faut écraser les prix car à force de toujours écraser les prix, on finit par écraser le travail de ceux qui produisent. Et la seule façon qu'a une économie, aujourd'hui de pouvoir développer de l'activité, de l'emploi en étant compétitive, c'est en jouant la qualité et en jouant la valeur ajoutée. C'est ça, le cap de la France. Cela veut dire de la formation, cela veut dire de faire en sorte que partout on puisse garder des structures qui respectent la taille humaine. C'est quand la taille humaine est méprisée que les systèmes s'imposent et que, finalement, on perd toute la capacité de dynamisme dont on a besoin. La création de valeurs, et puis cette croissance durable.
Deuxième objectif très important, la croissance notamment pour moderniser la société, pour faire en sorte que, quand nous avons la possibilité d'obtenir la croissance qu'on en profite pour réformer la société et qu'on ne laisse pas partir la croissance telle la marée, sans aucun résultat structurel sur l'ensemble de notre économie et notre organisation étatique. Il est très important qu'on puisse bâtir une stratégie de croissance durable. Il n'est pas normal, quand on compare la France avec d'autres pays, que sur 20 ans, nous ayons 2 % de croissance, en moyenne et, ça, ce n'est pas un problème d'un gouvernement de gauche ou de droite. Sur 20 ans, 2 % de croissance, mais aux Etats-Unis, 3 % de croissance. Croyons-nous qu'on pourra durablement être fort en Europe, durablement être fort dans le monde, si ailleurs, non seulement aux Etats-Unis, mais dans tous les pays émergeants, ont une croissance encore plus forte ? On a du retard de croissance. Il faut aller chercher la croissance, cette croissance que l'on trouve dans le travail, que l'on trouve dans l'idée, que l'on trouve dans la valeur ajoutée, que l'on trouve dans la mobilisation des équipes, que l'on trouve dans votre métier quotidien.
Nous avons besoin d'aller chercher cette croissance là, que nous pouvons aussi gagner en effet, par une réforme de l'Etat. J'ai bien entendu ; cela fait partie de la thématique centrale de la CGPME depuis toujours. La lutte contre la paperasserie ; il y a de quoi faire. Et on a beau supprimer, il y en a d'autres qui arrivent, car vous remarquerez bien que derrière un formulaire, il y a toujours un bureau et supprimer le formulaire, c'est supprimer le bureau, et la personne qui est dans le bureau, elle ne veut pas qu'on supprime le formulaire.
Mais, sur de nombreux sujets, nous avons engagé notamment par voie d'ordonnance, cette capacité à simplifier nos activités économiques, de manière à permettre, comme vous le demandez - je l'ai bien entendu - aux chefs d'entreprise, aux acteurs économiques et sociaux de se consacrer à leur métier et de ne pas se trouver transformés en agents administratifs. Nous avons depuis un peu plus d'un an maintenant, essayé de rebâtir une stratégie pour notre pays. Un point très important, sur lequel je voudrais insister, parce que je vous sais très attachés aux fonctionnements de la République, un point qui me paraît très important pour l'avenir, dans longtemps, mais il faut toujours éviter à chaque fois que vous aurez un bulletin de vote, éviter la cohabitation. parce que ce n'est déjà pas facile, quand tout le monde est d'accord, alors quand les uns et les autres ont des difficultés à vivre ensemble, c'est très compliqué, et c'est comme ça qu'on arrive à faire un certain nombre d'erreurs qui sont des erreurs stratégiques lourdes pour notre pays.
Je crois vraiment qu'aujourd'hui le Gouvernement a défini un cap clair. Nous voulons d'abord comme vous, d'abord bien faire notre métier. Et bien faire notre métier c'est mettre l'Etat à sa place, toute sa place, rien qu'à sa place, et que l'Etat s'occupe bien de ce qu'il a à faire, avant de s'occuper de ce que les autres ont à faire. C'est un élément très important de notre stratégie. C'est pour ça que nous avons commencé par les fonctions régaliennes. Nous avons voulu restaurer la sécurité, nous avons voulu rénover la justice, nous avons voulu construire une autre politique de défense, nous avons voulu partager davantage les pouvoirs dans la décentralisation. Tout ceci nous paraît très important pour que l'Etat assume ses responsabilités, et puisse être présent, là où les citoyens l'attendent, notamment en matière de sécurité et en matière de justice. Ce sont des priorités pour lesquelles nous mettons des moyens supplémentaires et pour lesquelles nous voulons vraiment qu'il y ait une performance du service public, car c'est une attente profonde de tous les citoyens. Dans les milieux économiques, comme dans tous les autres milieux, on a besoin de la sécurité pour pouvoir travailler et pouvoir assumer normalement, les activités quotidiennes. C'est une priorité pour nous, c'est un élément très important de la stratégie qui est la nôtre. Nous pensons vraiment que l'Etat doit être fort sur ses responsabilités, doit pouvoir se faire respecter. Croyez-vous, par exemple, qu'on pourrait longtemps rester membre permanent du conseil de sécurité à l'ONU si nous n'étions pas capables de faire les efforts pour notre Défense nationale. Croyons-nous que la France peut prétendre aujourd'hui, parler de la paix dans le monde si elle n'est pas capable de préparer aussi ses armées aux situations difficiles. Moi j'ai trouvé une Défense où je voyais des avions dans l'impossibilité de décoller parce qu'on manquait de pièces de rechange, ou des bateaux incapables de prendre la mer parce qu'ils n'avaient pas la motorisation nécessaire. Je crois qu'un pays qui attend d'un Etat, la capacité de faire respecter la République, doit faire en sorte que la sécurité, la Justice, la Défense, l'organisation des pouvoirs républicains soient assumées avec fermeté et avec efficacité.
C'est le cur de notre métier, nous voulons l'assumer si je puis dire pour parler votre langage. Et avec les partenaires, il faut faire en sorte que, sur le plan économique et social, comme vous l'avez demandé, on puisse avoir un dialogue qui nous permette de libérer les forces vives de notre pays. Sur un certain nombre de sujets, avec le président Roubaud, nous avons déjà travaillé ensemble et, si dans l'assouplissement des 35 heures par exemple, on est passé de 10 à 20 pour le seuil, vous l'avez arraché, je me souviens, à la fin d'une négociation, en faisant preuve d'un caractère qui ressemblait à celui de votre prédécesseur - d'ailleurs, Il y avait un peu de granit -. Nous avons discuté sur un certain nombre de sujets importants. Vous avez fait allusion tout à l'heure, à notre travail sur le texte sur l'initiative qu'a présenté R. Dutreil sur la création d'entreprises, qui est un sujet très important, un élément très important pour lequel nous nous sommes donnés les moyens qu'est en effet l'épargne de proximité. Quand on voit aujourd'hui, comment on pourrait mobiliser l'épargne territoriale, la famille, la commune, les voisins, le territoire au niveau des régions, pouvoir mobiliser de l'argent et faire comme avec les fonds communs de placement, la capacité d'avoir un avantage fiscal pour l'argent qui va s'investir dans l'emploi. C'est ce que nous voulons faire. Nous voulons faire en sorte, que l'on puisse trouver, avec ces fonds de participation, des capacités territoriales, de proximité, à investir dans les entreprises et dans le territoire. Je crois que c'est très important pour le développement de l'ensemble de notre appareil économique.
Nous avons des objectifs en commun, vous l'avez dit et je voudrais appeler votre attention sur, en effet, cette exigence en matière de formation. Il est très important de mesurer aujourd'hui que nous sommes depuis 30 ans d'ailleurs, dans un changement démographique que la société française quelquefois fait semblant d'ignorer. Et quand je vois le débat sur les retraites, je voudrais vraiment qu'on regarde la vérité en face. Les choses sont simples. A partir de 2006, il y aura de moins en moins de gens pour payer, et de plus en plus de gens pour toucher. Il y a bien un moment où cela se passera mal. Il faut sortir de l'impasse, c'est évident. Ce déficit démographique, qui fait que depuis 30 ans, les générations en France ne se renouvellent plus, cela nous pose des problèmes majeurs, des problèmes qui sont des problèmes importants, le problème des retraites, le problème de la santé, les problèmes d'éducation, les problèmes d'emploi. Evidemment nous sommes dans un pays qui a refusé de prendre à bras le corps ce type de problème, et nous en arrivons à cette conclusion triste pour notre pays. Nous sommes le pays qui a un taux de chômage des jeunes le plus élevé, et en même temps un taux de chômage très élevé des plus de 50 ans. Et donc on voit bien aujourd'hui, que cette situation ne peut pas continuer, qu'il faut pour l'ensemble de notre pays, avoir une stratégie qui est l'augmentation du nombre global d'heures travaillées. C'est ça, la stratégie. Si nous augmentons le nombre d'heures travaillées, en faisant que pour tous, pour les jeunes plus tôt quelquefois, plutôt que de rentrer à 27, 28, 30 ans dans l'entreprise, on puisse y entrer plus tôt, et qu'on y trouve la formation et que, rentrant avec un BTS, on puisse devenir ingénieur dans l'entreprise, qu'on puisse avancer avec la formation tout au long de la vie. C'est ça, les années qui viennent ; c'est comme cela qu'on pourra faire en sorte, en entrant de bonne heure, et qu'on ouvre la formation et qu'on ne mette pas systématiquement en licenciement, ceux qui ont plus de 50 ans, parce qu'il faut aussi faire dans notre pays de l'expérience, une vraie valeur. L'expérience est utile à un pays. Et on a besoin de l'expérience des gens de 50 ans, de 55 ans. Je n'ai pas encore 55 ans, je me sens dans Mais c'est cette expérience là qu'il faut aussi libérer. C'est pour cela qu'il nous faut revoir notre système de formation et c'est pour ça, cher président, que j'accepte tout à fait votre approche du sujet, adaptation. Mais adaptation pour qu'on puisse avoir des systèmes de formation tout au long de la vie, qu'on puisse entrer jeune, qu'on puisse travailler le temps que l'on veut, qu'on puisse choisir le moment de sa retraite, en fonction de ses propres décisions, mais qu'on ne soit pas enclenché dans des systèmes que l'on maîtrise peu et qui sont souvent difficiles à supporter pour les personnes. Il y a là un certain nombre de sujets qui sont très importants, et je compte beaucoup sur notre travail en commun, pour avancer. C'est un des éléments essentiels en matière de développement économique et de mutation, que de réussir cette adaptation de la formation. J'ai bien entendu votre message sur le service minimum. J'ai aussi entendu les applaudissements. Vous connaissez les engagements du gouvernement, vous avez entendu mes ministres. Je veille à ce que le climat social reste dans notre pays, le meilleur possible, mais je confirme les engagements.
J'ai bien entendu votre appel pour la participation aux organismes paritaires et les conditions qui y étaient liées. Cela, je crois que c'est en effet très important et j'apprécie cette démarche, et vous savez que nous partageons votre volonté de revaloriser le travail et d'avoir en effet, cette ambition là qui est de dire aux jeunes qu'ils gagneront leur liberté, qu'ils gagneront le bonheur dans leur vie, avec les efforts, et qu'aujourd'hui, ceux qui promettent la réussite sans effort sont des marchands d'illusion. Quand on voit que la Chine a aujourd'hui près de 9 % de croissance pour ce début d'année, quand on voit qu'il va y avoir 400 millions d'Indiens, 100 millions de Chinois supplémentaires, quand on voit qu'il y a un million chaque année en plus en Egypte, quand on voit la mobilisation du monde, ne croyons pas que l'avenir se fera sans effort. Organisons, partageons l'effort, mais ne laissons pas croire à nos jeunes que l'avenir passerait par une dévalorisation du travail. Au contraire. C'est par le travail, qui sera une force non pas d'asservissement mais au contraire d'épanouissement, que nous pourrons relever les défis que la France doit relever. Alors, j'ai bien entendu qu'avec les baisses des charges, ça ne suffit pas il faut continuer. Vous confirmez !
Là, je sais je ne prends pas de risque, mais sachez que c'est une volonté très précise du président de la République et qu'il nous a donné des orientations très claires, sur ce sujet en effet. Quelles que soient les difficultés de la croissance, nous voyons bien, aujourd'hui, que les pays notamment les pays européens, qui ont pénalisé, par la fiscalité ou les charges, davantage encore leurs entreprises ont eu au premier trimestre 2003 moins de croissance que les pays qui ont allégé les charges et allégé la fiscalité. La croissance est liée à l'allègement des charges qui pèsent sur les forces vives de notre pays. C'est pour cela que nous sommes très attachés à tenir les engagements qui ont été pris lors des échéances démocratiques. Je voudrais vous rassurer aussi, même si ce n'est pas simple, que sur cette bataille de la TVA nous savons bien qu'il faut faire en sorte que pour le bâtiment on puisse maintenir cette TVA à taux réduit, et nous savons bien que pour la restauration, il faut tenir la promesse sur laquelle nous nous sommes engagés. Je suis allé plusieurs fois à Bruxelles ; je mène la discussion ; mes ministres sont allés voir tous les ministres de l'Europe, parce qu'il faut qu'on puisse convaincre. D'ores et déjà, la Commission a accepté de faire le rapport que nous lui demandions. Donc la première étape a été franchie parce que précédemment la Commission était hostile à cette approche. Nous avons gagné cette première étape. Il y en a d'autres à gagner. Je crois que ce qui est très important, c'est de convaincre et je le dis à l'ensemble de nos partenaires européens régulièrement, c'est de convaincre l'ensemble de nos administrations européennes, que derrière cette baisse de la TVA, il y a de la création d'emplois. Je vois encore des rapports, et je me demande si ceux qui ont écrit ces rapports sont allés une fois en province, s'ils ont mis les pieds dans une région pour voir ce que la TVA a pu faire quand on l'a abaissé en matière de bâtiment, en terme de création d'emplois. On voit bien aujourd'hui, qu'en matière de restauration, si notre pays veut rester une des premières forces touristiques du monde Comment est-ce qu'on transforme un visiteur en agent économique ? Souvent par la restauration parce que le visiteur, en lui-même, il n'est pas obligé forcément de pouvoir dépenser de l'argent. Je me souviens dans la très belle région de Poitou Charente, que le président Roubaud a oublié de citer tout à l'heure,
Au début, il y avait, je me suis donc occupé du Marais poitevin : 350.000 visiteurs, 22 chambres. Et donc, il y avait beaucoup de monde qui passait, mais l'activité économique, derrière, elle était assez faible. Et donc il faut créer de l'activité. Et la restauration c'est un point de passage obligé de l'activité touristique, et nous avons en France une réputation, nous avons en France des professionnels de qualité, nous avons les outils de formation. Et donc il faut faire en sorte qu'on rende les comptes d'exploitation de ces entreprises profitables, parce qu'aujourd'hui, ce n'est pas le cas, et c'est pour ça qu'il faut aider les entreprises de la restauration. Cela fait aussi partie de la stratégie de rayonnement et d'attractivité de la France. C'est pour ça que nous sommes très attachés à cet engagement et, là, je parle au nom du gouvernement. Mais sachez aussi que le président de la République est, sur ce sujet, aussi engagé.
Enfin je voudrais vous dire que nous avons besoin ensemble de travailler à la cohésion territoriale de notre pays. Je vois, ici ou là, un certain nombre de professionnels qui craignent la décentralisation. Je leur dis qu'il ne faut pas craindre la décentralisation. La décentralisation, ce sont des décisions plus proches du terrain. A force de vouloir toujours tout décider d'en haut, on a congestionné notre système par le haut. Laissons-le respirer. Laissons faire en sorte que des décisions soient prises, sur le terrain, qu'on puisse discuter avec les acteurs et qu'on n'ait pas ces grands systèmes d'organisation géants, qui ont du mal à respecter eux-mêmes la dimension humaine. Il faut faire en sorte que dans notre pays, on puisse faire vivre notre territoire, et qu'on puisse avoir une autre vision que cette région capitale très importante et puis derrière progressivement, des territoires qui connaissent des problèmes d'aménagement du territoire et quelquefois même, de la désertification. Nous avons besoin de l'activité économique pour répartir partout sur le territoire l'ensemble des richesses, l'ensemble de l'emploi.
C'est pour cela que les PME, c'est pour cela que l'artisanat sont très liés à l'aménagement du territoire parce qu'il s'agit d'un emploi enraciné, d'un emploi qui est attaché au territoire et on voit très bien que certaines entreprises, dans lesquelles les taux de financiarisation sont trop élevés, sont quelquefois irresponsables vis à vis du territoire. Et je pense que ce n'est pas un reproche qu'on peut faire aux PME. Les PME respectent le territoire, respectent l'environnement dans lequel elles se sont développées, parce qu'elles y sont attachées, elles en font partie. Et je ne suis pas favorable à cette économie qui se déplace au gré des subventions, qui se déplace au gré des opportunités internationales. Nous avons besoin d'une économie enracinée dans nos régions de France. Nous avons besoin d'une économie dans laquelle l'ensemble du dispositif économique soit réparti sur le territoire. C'est un élément très important de la cohésion nationale. La France ne doit pas se déchirer. Nous avons de nombreuses fractures. Nous vivons une fracture sociale importante, une fracture territoriale, peut-être demain une fracture numérique. Nous avons besoin des forces de la cohésion. Je crois que le territoire est un élément de cohésion. Les gens s'y connaissent, se parlent, ont des repères. La PME, la petite et moyenne entreprise est un élément de la cohésion sociale. Il ne faut pas opposer les Français les uns aux autres. Il ne faut pas voir une société qui puisse se développer en créant des catégories et en montant les catégories les unes contre les autres. La France se développe quand elle rassemble. Et quand elle rassemble, elle peut le faire autour de structures à taille humaine, avec des responsables, avec une capacité conviviale à vivre cette relation humaine. C'est pour ça que territoire, entreprise, tout ce qui peut tisser le lien dans notre société, est très important. C'est pour ça que votre mission sociale est très importante. Et c'est pour ça que je suis venu vous dire combien on a besoin du fait PME aujourd'hui en France, combien on a besoin que vous nous aidiez à rapprocher les Français. Evitons les affrontements stériles. Nous devons travailler les uns et les autres pour notre pays.
Quand la France, ensemble, est mobilisée, elle peut gagner. Si on a une tension sociale qui bloque le pays comme vous le disiez tout à l'heure, si on a des difficultés qui paralysent, si on a des égoïsmes qui sont exacerbés, on n'avancera pas aussi vite que nous devons avancer. C'est pour ça que vous qui êtes déjà à la tête de structures qui sont des structures de rassemblement, vous qui êtes au contact de votre salarié, vous qui êtes des patrons dans l'atelier, ce sont des activités humaines que vous connaissez et je crois que c'est très important d'avoir en permanence ce dialogue. Vous êtes des médiateurs sociaux, par la relation quotidienne qui est la vôtre, comme un maire dans sa ville ou dans son village. Et c'est très important de faire en sorte que la société française soit une société, où l'on se parle plus qu'on s'affronte et on peut avoir ce dialogue mais pas ce dialogue par organisations de masse qui s'opposent les unes aux autres, un dialogue qui est un dialogue de terrain, un dialogue de proximité, un dialogue très humain. Voilà pourquoi je crois vraiment qu'il faut que le fait PME soit renforcé dans notre pays. C'est pour cela que j'ai demandé à R. Dutreil de faire en sorte que nous préparions un nouveau texte législatif, pour que nous puissions intégrer les demandes qui sont les vôtres pour que l'ensemble du monde PME sente que vraiment la France aujourd'hui, fait appel à eux. Vous êtes le moteur de cette économie humaniste à laquelle nous aspirons. On voit bien que la France a un modèle spécial, que la France n'est pas le modèle allemand, n'est pas le modèle américain. Nous avons un modèle d'économie humaniste, dont la PME est je crois, est un très bon symbole, qui est un symbole de solidarité, mais aussi un symbole de dépassement, parce que tous les jours pour aller chercher les commandes, pour remplir le travail, il faut se battre, il faut aller chercher au-delà de soi-même cette énergie supérieure qui fait qu'à un moment l'individu est fier de lui-même parce qu'il a atteint le dépassement par l'uvre commune.
Avec ce texte, ensemble nous pourrons développer la force des PME dans notre pays. Nous avons un dialogue franc, nous avons des relations de confiance. Je sais que vous êtes très exigeants et j'apprécie cette exigence parce que c'est la nature de nos relations et ce n'est pas parce que nous avons beaucoup de respect, les uns pour les autres, que nous ne devons pas être exigeants vis à vis des uns et des autres. J'apprécie votre exigence. Vous savez que vous pouvez compter sur ma détermination. Je voudrais simplement vous dire du fond du cur aujourd'hui, vous m'avez dit tout à l'heure, c'était quasiment droit dans les yeux " ne nous décevez pas ". Je ferai tout pour ne pas vous décevoir, mais je voudrais vous dire ayez confiance car ce qui est le plus important, c'est que la France vous aime. Merci. "
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 24 juin 2003)