Texte intégral
A. Hausser-. Avant que l'on parle de l'UMP et des modes de scrutin, un mot sur la bataille de Bagdad qui est engagée. Votre souhait, c'est que l'on en finisse rapidement ?
- "C'est que l'on en finisse, et le plus vite possible, parce que lorsque j'entends dire, ce matin, très tôt, que, dans les hôpitaux, on se contente de plâtrer les membres cassés sans réduire les fractures, cela me paraît quelque chose d'ahurissant ! L'aide humanitaire est importante, mais d'abord, que l'on soigne les gens, les blessés, et que cette guerre s'arrête. La guerre est toujours un malheur, chacun le sait. Nous ne l'avons pas voulue, notre pays s'y est opposé ; les Américains ont passé outre le Conseil de sécurité et l'ONU. Mais maintenant, que cela se termine le plus vite possible sera le mieux."
Une des craintes de nos dirigeants, était qu'il y ait des affrontements intercommunautaires en France. Marseille a réussi à les contenir ?
- "Il n'y en a pas du tout à Marseille. Il y a, à Marseille, entre les communautés, un lien, un dialogue permanent, assurés par les dignitaires religieux au sein d'une association qui s'appelle "Marseille Espérance" ; les religieux ont fait "un appel de Marseille" qui est un véritable appel laïc, et tout cela est particulièrement bien respecté. Et donc, dans la deuxième ville de France - 800 000 habitants -, il ne se passe rien de dramatique, mais je le dis en baissant la tête et avec humilité, car à tout moment, il peut se passer quelque chose. Mais pour l'instant, cela se passe bien. Ceci dit, plus vite la guerre s'arrêtera, mieux cela vaudra."
La France doit-elle trouver sa place dans la reconstruction ?
- "Je me réjouis quand même que T. Blair le dise très nettement au président Bush ; cela doit passer par l'ONU. La reconstruction de l'Irak, tout ce qui doit se faire en Irak maintenant, doit passer par le Conseil de sécurité et par l'ONU, et pas uniquement au bon vouloir des Américains."
Marseille redoute-t-elle des représailles économiques ?
- "Je les redoute un peu, parce que nous avons plus de 80 entreprises qui appartiennent aux Américains dans le département des Bouches-du-Rhône, dont une grande entreprise qui s'appelle Gemplus, qui me pose beaucoup de problèmes aux portes de Marseille, dans la communauté urbaine, à Gémenos et à La Ciotat. Et là, c'est difficile avec des Américains."
Marseille est aussi un peu une ville corse... Hier, J.-P. Raffarin, avec N. Sarkozy, a annoncé la tenue d'un référendum le 6 juillet prochain. Vous pensez que la réforme du statut est de nature à apaiser les choses ?
- "En tout cas, c'est une excellente initiative de J.-P. Raffarin. C'est dans la droite ligne de ce qu'il a voulu dans la décentralisation, dans la réforme constitutionnelle. C'est une expérimentation à mener, et c'est surtout donner la parole aux Corses. Jusqu'à présent, aucun des statuts n'avait permis de consulter les Corses directement. Là, les Corses vont être consultés et l'organisation qui est proposée - une Assemblée régionale qui définit les grands objectifs et deux conseils territoriaux élus à la proportionnelle par des petits territoires - me semble quelque chose lié à la proximité et donc quelque chose d'intéressant. En Corse, on ne peut pas rester dans le statu quo. On ne peut pas rester dans cette situation, et je crois que la Corse est profondément attachée à la République française, qu'elle va le démontrer dans le référendum. Et les propositions faites m'apparaissent tout à fait convenables."
Vous pensez que ce référendum sera une question détournée pour marquer son attachement à la République ?
- "Pas détournée... Je crois que les Corses veulent leurs spécificités, leur culture, leur langue, leurs traditions ; c'est tout à fait normal, naturel, et nous nous employons à le faire. Mais en même temps, ils ont un profond attachement à la République française, à la démocratie, et ils veulent le manifester aussi. Nous allons voir. Je trouve que J.-P. Raffarin a le courage de faire cette réforme ; N. Sarkozy, de la mettre en oeuvre. Les deux hommes sont déterminés et je les soutiens, parce que Marseille est la première ville de Corse !"
Il y a une autre question qui va être débattue dans la matinée et dans l'après-midi, c'est l'affaire du mode de scrutin. Cela ne vous fait pas plaisir...
- "Non. J'ai encore le souvenir de ce qui s'est passé il y a six ans, de ces régions qui sont ingouvernables, de la présence très forte du Front national. Ce qui me choque dans notre vie républicaine, c'est que, entre les périodes électorales, les élus et les médias ne veulent jamais parler du Front national. On n'en parle pas, on fait comme s'il n'existait plus. Mais quand arrivent les élections, on retrouve la forte potentialité du Front national. Les décisions qui ont été prises, donnent un ballon d'oxygène, à n'en pas douter, au Front national. Il y aura, dans les régions, de nombreuses élections triangulaires. En Provence-Alpes-Côte-d'Azur, nous y sommes habitués et nous surmonterons cette difficulté. Mais nous avions une thèse : c'était une majorité forte pour pouvoir bien gouverner les régions. Et de l'autre côté, la gauche avait une autre idée : le plus de proportionnelle possible. Mine de rien, le Conseil constitutionnel s'est érigé en arbitre et a choisi une thèse plutôt que l'autre. C'est ce qui me paraît, quand même, un peu contestable et qui va donner un "coup de booster" au Front national dans les régions de France."
Est-ce qu'on arrête le Front national avec un mode de scrutin ?
- "Non, on n'arrête jamais avec un mode de scrutin. Cela ne se passe jamais forcément comme on l'a prévu. Mais nous aurions pu avoir, avec le seuil plus élevé, une constitution d'une majorité pour pouvoir gouverner la région. Là, nous serons encore dans l'instabilité, on aura encore besoin du 49-3 des régions."
Mais vous avez renoncé à faire présenter un amendement...
- "Oui, d'abord parce qu'il y a la censure du Conseil constitutionnel et que nous n'avons pas l'habitude de contester la décision, même si elle ne fait pas plaisir, à l'évidence. Mais pour autant, le Premier ministre, le chef de majorité, veut la barre des 10 % des exprimés, qui sera adoptée par l'Assemblée nationale et par le Sénat. C'est le patron de la majorité, il a tranché, et nous devons, bien entend,u être solidaires avec lui, même si, là aussi, on pouvait imaginer d'autres formules qui permettent d'ailleurs le pluralisme. Quand j'entends dire, qu'avec le seuil de 10 % des inscrits, il n'y avait pas le pluralisme... Le pluralisme est à 5 % des exprimés. A partir de
5 % des exprimés, vous pouvez vous marier... A partir de ce moment-là, tout le monde pouvait être représenté. De toute manière, pour ce qui concerne l'UMP, nous avons fait des propositions à l'UDF ; nous voulons faire ensemble le gouvernement des régions pour l'année prochaine."
Et ce sera l'heure de vérité ?
- "Ce sera un moment de vérité proportionnel aux forces politiques, comme c'est toujours le cas."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 8 avril 2003)
- "C'est que l'on en finisse, et le plus vite possible, parce que lorsque j'entends dire, ce matin, très tôt, que, dans les hôpitaux, on se contente de plâtrer les membres cassés sans réduire les fractures, cela me paraît quelque chose d'ahurissant ! L'aide humanitaire est importante, mais d'abord, que l'on soigne les gens, les blessés, et que cette guerre s'arrête. La guerre est toujours un malheur, chacun le sait. Nous ne l'avons pas voulue, notre pays s'y est opposé ; les Américains ont passé outre le Conseil de sécurité et l'ONU. Mais maintenant, que cela se termine le plus vite possible sera le mieux."
Une des craintes de nos dirigeants, était qu'il y ait des affrontements intercommunautaires en France. Marseille a réussi à les contenir ?
- "Il n'y en a pas du tout à Marseille. Il y a, à Marseille, entre les communautés, un lien, un dialogue permanent, assurés par les dignitaires religieux au sein d'une association qui s'appelle "Marseille Espérance" ; les religieux ont fait "un appel de Marseille" qui est un véritable appel laïc, et tout cela est particulièrement bien respecté. Et donc, dans la deuxième ville de France - 800 000 habitants -, il ne se passe rien de dramatique, mais je le dis en baissant la tête et avec humilité, car à tout moment, il peut se passer quelque chose. Mais pour l'instant, cela se passe bien. Ceci dit, plus vite la guerre s'arrêtera, mieux cela vaudra."
La France doit-elle trouver sa place dans la reconstruction ?
- "Je me réjouis quand même que T. Blair le dise très nettement au président Bush ; cela doit passer par l'ONU. La reconstruction de l'Irak, tout ce qui doit se faire en Irak maintenant, doit passer par le Conseil de sécurité et par l'ONU, et pas uniquement au bon vouloir des Américains."
Marseille redoute-t-elle des représailles économiques ?
- "Je les redoute un peu, parce que nous avons plus de 80 entreprises qui appartiennent aux Américains dans le département des Bouches-du-Rhône, dont une grande entreprise qui s'appelle Gemplus, qui me pose beaucoup de problèmes aux portes de Marseille, dans la communauté urbaine, à Gémenos et à La Ciotat. Et là, c'est difficile avec des Américains."
Marseille est aussi un peu une ville corse... Hier, J.-P. Raffarin, avec N. Sarkozy, a annoncé la tenue d'un référendum le 6 juillet prochain. Vous pensez que la réforme du statut est de nature à apaiser les choses ?
- "En tout cas, c'est une excellente initiative de J.-P. Raffarin. C'est dans la droite ligne de ce qu'il a voulu dans la décentralisation, dans la réforme constitutionnelle. C'est une expérimentation à mener, et c'est surtout donner la parole aux Corses. Jusqu'à présent, aucun des statuts n'avait permis de consulter les Corses directement. Là, les Corses vont être consultés et l'organisation qui est proposée - une Assemblée régionale qui définit les grands objectifs et deux conseils territoriaux élus à la proportionnelle par des petits territoires - me semble quelque chose lié à la proximité et donc quelque chose d'intéressant. En Corse, on ne peut pas rester dans le statu quo. On ne peut pas rester dans cette situation, et je crois que la Corse est profondément attachée à la République française, qu'elle va le démontrer dans le référendum. Et les propositions faites m'apparaissent tout à fait convenables."
Vous pensez que ce référendum sera une question détournée pour marquer son attachement à la République ?
- "Pas détournée... Je crois que les Corses veulent leurs spécificités, leur culture, leur langue, leurs traditions ; c'est tout à fait normal, naturel, et nous nous employons à le faire. Mais en même temps, ils ont un profond attachement à la République française, à la démocratie, et ils veulent le manifester aussi. Nous allons voir. Je trouve que J.-P. Raffarin a le courage de faire cette réforme ; N. Sarkozy, de la mettre en oeuvre. Les deux hommes sont déterminés et je les soutiens, parce que Marseille est la première ville de Corse !"
Il y a une autre question qui va être débattue dans la matinée et dans l'après-midi, c'est l'affaire du mode de scrutin. Cela ne vous fait pas plaisir...
- "Non. J'ai encore le souvenir de ce qui s'est passé il y a six ans, de ces régions qui sont ingouvernables, de la présence très forte du Front national. Ce qui me choque dans notre vie républicaine, c'est que, entre les périodes électorales, les élus et les médias ne veulent jamais parler du Front national. On n'en parle pas, on fait comme s'il n'existait plus. Mais quand arrivent les élections, on retrouve la forte potentialité du Front national. Les décisions qui ont été prises, donnent un ballon d'oxygène, à n'en pas douter, au Front national. Il y aura, dans les régions, de nombreuses élections triangulaires. En Provence-Alpes-Côte-d'Azur, nous y sommes habitués et nous surmonterons cette difficulté. Mais nous avions une thèse : c'était une majorité forte pour pouvoir bien gouverner les régions. Et de l'autre côté, la gauche avait une autre idée : le plus de proportionnelle possible. Mine de rien, le Conseil constitutionnel s'est érigé en arbitre et a choisi une thèse plutôt que l'autre. C'est ce qui me paraît, quand même, un peu contestable et qui va donner un "coup de booster" au Front national dans les régions de France."
Est-ce qu'on arrête le Front national avec un mode de scrutin ?
- "Non, on n'arrête jamais avec un mode de scrutin. Cela ne se passe jamais forcément comme on l'a prévu. Mais nous aurions pu avoir, avec le seuil plus élevé, une constitution d'une majorité pour pouvoir gouverner la région. Là, nous serons encore dans l'instabilité, on aura encore besoin du 49-3 des régions."
Mais vous avez renoncé à faire présenter un amendement...
- "Oui, d'abord parce qu'il y a la censure du Conseil constitutionnel et que nous n'avons pas l'habitude de contester la décision, même si elle ne fait pas plaisir, à l'évidence. Mais pour autant, le Premier ministre, le chef de majorité, veut la barre des 10 % des exprimés, qui sera adoptée par l'Assemblée nationale et par le Sénat. C'est le patron de la majorité, il a tranché, et nous devons, bien entend,u être solidaires avec lui, même si, là aussi, on pouvait imaginer d'autres formules qui permettent d'ailleurs le pluralisme. Quand j'entends dire, qu'avec le seuil de 10 % des inscrits, il n'y avait pas le pluralisme... Le pluralisme est à 5 % des exprimés. A partir de
5 % des exprimés, vous pouvez vous marier... A partir de ce moment-là, tout le monde pouvait être représenté. De toute manière, pour ce qui concerne l'UMP, nous avons fait des propositions à l'UDF ; nous voulons faire ensemble le gouvernement des régions pour l'année prochaine."
Et ce sera l'heure de vérité ?
- "Ce sera un moment de vérité proportionnel aux forces politiques, comme c'est toujours le cas."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 8 avril 2003)