Texte intégral
Q - Bonsoir, Monsieur le Ministre. Partagez-vous l'idée selon laquelle la COI est à la croisée des chemins et qu'elle joue un peu son avenir lors de ce sommet ?
R - Je le crois. La France vient de présider pendant dix-huit mois la COI et nous avons mis en évidence au cours de cette période, en effet, le besoin qu'il y avait de réfléchir au devenir de la COI, d'en modifier probablement le fonctionnement et surtout de lui donner les moyens d'une meilleur articulation avec ses grands voisins que sont la SADC ou l'Indian Ocean Rim.
Q - Justement, quel rôle la COI peut-elle jouer face à ces grands ensembles ?
R- Le Secrétaire général de la COI soulignait dans votre reportage la difficulté qu'il y a à donner de la visibilité à la COI. Je voudrais rappeler un objectif important de cette organisation qui est celui du développement des échanges, de l'intégration économique de la COI. Cette intégration prend une signification particulière car nous sommes en train de conclure la renégociation des Accords de Lomé. Un des points nouveaux dans ces accords qui relient l'Europe aux pays d'Afrique, Caraïbes, Pacifique, c'est précisément le besoin que nous ressentons tous d'aider l'intégration économique régionale comme voie de passage vers la mondialisation. De ce point de vue, la COI est un outil d'intégration économique régionale de la zone et devrait l'aider à mieux s'intégrer dans les nouveaux Accords de Lomé. C'est un point important. J'observe qu'entre Maurice et Madagascar, des choix importants ont été faits en matière de baisse des droits de douane - une baisse totale est prévue au 1er janvier de l'an 2000. C'est un élément qui mérite d'être souligné.
Q - Est-ce que finalement les cinq îles jouent le jeu au sein de la COI et que certaines d'entre elles ne sont-elles pas tentées de jouer davantage avec les grands ensembles que vous évoquiez tout à l'heure.
R - Il est évident que tous n'étant pas parties prenantes à ces grands ensembles, tous n'ont pas la même attitude à leur égard. Mais tous ressentent le besoin d'une meilleure relation entre la COI et ces autres ensembles. La France à cause et pour la Réunion souhaitent qu'il y ait une relation plus forte avec la SADC ou l'Indian Ocean Rim.
Q - Quel rôle doit jouer la France dans cette commission de l'Océan indien ?
R - Elle aura joué un rôle d'impulsion au cours des dix-huit mois de sa présidence, non seulement en aidant les pays à favoriser leurs échanges par cette baisse tarifaire, en mettant en place des moyens spécifiques pour affronter les grands défis qui s'annoncent, comme dans les domaines de la santé - il y a un fonds d'aide et de coopération qui s'attaque aux grandes maladies endémiques émergentes ou ré-émergentes parce que certaines que l'on croyait en voie de disparition reviennent sur le devant de la scène - ou de la sécurité civile, point pour lequel il existe également un FAC. Je ne voudrais pas, à cet égard, que l'on oublie de rappeler le rôle que la France souhaite jouer vis-à-vis de cette région en ce qui concerne la prévention des catastrophes naturelles et leur traitement.
Q - Longtemps, la Réunion a semblé se suffire à elle-même dans cette région. Aujourd'hui la tendance est inversée. Est-il facile de discuter d'égal à égal avec les autres partenaires de la zone ?
R - C'est peut-être aux Réunionnais eux-mêmes, et aux élus de la Réunion qu'il faudrait poser cette question. Ils seront bien sûr à mes côtés, demain, et ils s'exprimeront au cours de cette conférence. Ils étaient déjà à Maurice lorsqu'il y a dix-huit mois la France a pris la présidence de la COI. Je ne doute pas que les évolutions législatives qui se préparent en ce qui concerne le statut des départements d'Outre-mer favorisent cette coopération internationale fortement souhaitée par les élus de ces départements.
Q - Cela signifie plus de pouvoir pour négocier ?
R - Plus de possibilités pour dialoguer avec leurs voisins, pour bâtir ensemble des programmes en matière économique, sociale ou culturelle, dans les règles de compétence qui sont les leurs et en concertation avec nous. Je pense que la loi qui se prépare va être une avancée importante qui va dans le sens de la reconnaissance de l'identité en quelque sorte.
Q - Quand aurons-nous les grandes lignes de cette loi d'orientation ?
R - Je pense que M. Queyranne, demain, pourra vous en dire plus. Je sais que le Premier ministre lui-même souhaite très rapidement s'exprimer sur ce sujet car il y attache beaucoup d'importance. Il souhaite communiquer lui-même.
Q - La République des Comores sera bien présente à ce sommet et sera représentée par le conseiller du président. Mais le colonel Azali ne viendra pas à la Réunion. En l'absence des parties au conflit on voit mal comment ce sommet pourrait relancer les négociations sur le plan diplomatique. Vous allez évoquer cette question lors du sommet ?
R - Je ne m'inscris pas dans ce pessimisme. Je crois que c'est une occasion de parler avec le représentant des Comores car si le colonel Azali n'est pas là, il est représenté par M. Sultan Chouzour, conseiller à la présidence comorienne, en liaison permanent avec M. Azali. Ce sommet est l'occasion de parler avec les voisins des Comoriens.
Q - Justement, quelle est la position de la France sur le dossier d'Anjouan et des Comores ?
R - La position de la France a été rappelée depuis très longtemps : respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la République fédérale islamique des Comores. Elle est très claire. Tous ceux qui disent autre chose se trompent ou mentent. Il est important de le rappeler.
Q - Ils mentent ?
R - Ceux qui prétendraient que la France aurait déjà reconnu Anjouan mentent. L'occasion est bonne pour moi de rappeler la position de la France. Cela étant, il faut évidemment que le dialogue entre Comoriens reprenne et aboutisse et que l'on accède à la sérénité. J'en parlerai demain et je ne douta pas que le président Chirac lors du sommet en parle avec les chefs d'Etat des pays voisins parce qu'il s'agit d'un sujet auquel la France attache une grande importance et parce que cette situation se traduit par les souffrances des populations à Anjouan comme sur les autres îles.
Q - Il y aura bientôt le lancement à titre expérimental de la télévision régionale de l'Océan indien. Quel rôle peut-elle jouer ?
R - Si elle peut donner plus de proximité encore entre voisins, tant mieux. C'est pour cela que nous voyons d'un très bon oeil le lancement de cette télévision qui devrait, en facilitant la compréhension mutuelle, non seulement améliorer les relations mais aussi favoriser l'intégration régionale que nous appelons de nos voeux.
Q - Avez-vous une vision de ce que sera la COI dans dix ans ?
R - Je crois que c'est un peut tôt. Je pense que ce serait les mêmes, avec une meilleure articulation avec la SADC, avec les autres pays de l'Océan indien, y compris l'Inde plus lointaine - c'est important pour la Réunion qu'il y ait cette relation -, avec des économies plus développées, avec des populations mieux garanties, ayant un meilleur accès à la santé, à l'éducation, avec un environnement préservé - c'est essentiel - et un tourisme en pleine expansion. Il a des gisements touristiques considérables. Nous nous en préoccupons.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 décembre 1999)
R - Je le crois. La France vient de présider pendant dix-huit mois la COI et nous avons mis en évidence au cours de cette période, en effet, le besoin qu'il y avait de réfléchir au devenir de la COI, d'en modifier probablement le fonctionnement et surtout de lui donner les moyens d'une meilleur articulation avec ses grands voisins que sont la SADC ou l'Indian Ocean Rim.
Q - Justement, quel rôle la COI peut-elle jouer face à ces grands ensembles ?
R- Le Secrétaire général de la COI soulignait dans votre reportage la difficulté qu'il y a à donner de la visibilité à la COI. Je voudrais rappeler un objectif important de cette organisation qui est celui du développement des échanges, de l'intégration économique de la COI. Cette intégration prend une signification particulière car nous sommes en train de conclure la renégociation des Accords de Lomé. Un des points nouveaux dans ces accords qui relient l'Europe aux pays d'Afrique, Caraïbes, Pacifique, c'est précisément le besoin que nous ressentons tous d'aider l'intégration économique régionale comme voie de passage vers la mondialisation. De ce point de vue, la COI est un outil d'intégration économique régionale de la zone et devrait l'aider à mieux s'intégrer dans les nouveaux Accords de Lomé. C'est un point important. J'observe qu'entre Maurice et Madagascar, des choix importants ont été faits en matière de baisse des droits de douane - une baisse totale est prévue au 1er janvier de l'an 2000. C'est un élément qui mérite d'être souligné.
Q - Est-ce que finalement les cinq îles jouent le jeu au sein de la COI et que certaines d'entre elles ne sont-elles pas tentées de jouer davantage avec les grands ensembles que vous évoquiez tout à l'heure.
R - Il est évident que tous n'étant pas parties prenantes à ces grands ensembles, tous n'ont pas la même attitude à leur égard. Mais tous ressentent le besoin d'une meilleure relation entre la COI et ces autres ensembles. La France à cause et pour la Réunion souhaitent qu'il y ait une relation plus forte avec la SADC ou l'Indian Ocean Rim.
Q - Quel rôle doit jouer la France dans cette commission de l'Océan indien ?
R - Elle aura joué un rôle d'impulsion au cours des dix-huit mois de sa présidence, non seulement en aidant les pays à favoriser leurs échanges par cette baisse tarifaire, en mettant en place des moyens spécifiques pour affronter les grands défis qui s'annoncent, comme dans les domaines de la santé - il y a un fonds d'aide et de coopération qui s'attaque aux grandes maladies endémiques émergentes ou ré-émergentes parce que certaines que l'on croyait en voie de disparition reviennent sur le devant de la scène - ou de la sécurité civile, point pour lequel il existe également un FAC. Je ne voudrais pas, à cet égard, que l'on oublie de rappeler le rôle que la France souhaite jouer vis-à-vis de cette région en ce qui concerne la prévention des catastrophes naturelles et leur traitement.
Q - Longtemps, la Réunion a semblé se suffire à elle-même dans cette région. Aujourd'hui la tendance est inversée. Est-il facile de discuter d'égal à égal avec les autres partenaires de la zone ?
R - C'est peut-être aux Réunionnais eux-mêmes, et aux élus de la Réunion qu'il faudrait poser cette question. Ils seront bien sûr à mes côtés, demain, et ils s'exprimeront au cours de cette conférence. Ils étaient déjà à Maurice lorsqu'il y a dix-huit mois la France a pris la présidence de la COI. Je ne doute pas que les évolutions législatives qui se préparent en ce qui concerne le statut des départements d'Outre-mer favorisent cette coopération internationale fortement souhaitée par les élus de ces départements.
Q - Cela signifie plus de pouvoir pour négocier ?
R - Plus de possibilités pour dialoguer avec leurs voisins, pour bâtir ensemble des programmes en matière économique, sociale ou culturelle, dans les règles de compétence qui sont les leurs et en concertation avec nous. Je pense que la loi qui se prépare va être une avancée importante qui va dans le sens de la reconnaissance de l'identité en quelque sorte.
Q - Quand aurons-nous les grandes lignes de cette loi d'orientation ?
R - Je pense que M. Queyranne, demain, pourra vous en dire plus. Je sais que le Premier ministre lui-même souhaite très rapidement s'exprimer sur ce sujet car il y attache beaucoup d'importance. Il souhaite communiquer lui-même.
Q - La République des Comores sera bien présente à ce sommet et sera représentée par le conseiller du président. Mais le colonel Azali ne viendra pas à la Réunion. En l'absence des parties au conflit on voit mal comment ce sommet pourrait relancer les négociations sur le plan diplomatique. Vous allez évoquer cette question lors du sommet ?
R - Je ne m'inscris pas dans ce pessimisme. Je crois que c'est une occasion de parler avec le représentant des Comores car si le colonel Azali n'est pas là, il est représenté par M. Sultan Chouzour, conseiller à la présidence comorienne, en liaison permanent avec M. Azali. Ce sommet est l'occasion de parler avec les voisins des Comoriens.
Q - Justement, quelle est la position de la France sur le dossier d'Anjouan et des Comores ?
R - La position de la France a été rappelée depuis très longtemps : respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la République fédérale islamique des Comores. Elle est très claire. Tous ceux qui disent autre chose se trompent ou mentent. Il est important de le rappeler.
Q - Ils mentent ?
R - Ceux qui prétendraient que la France aurait déjà reconnu Anjouan mentent. L'occasion est bonne pour moi de rappeler la position de la France. Cela étant, il faut évidemment que le dialogue entre Comoriens reprenne et aboutisse et que l'on accède à la sérénité. J'en parlerai demain et je ne douta pas que le président Chirac lors du sommet en parle avec les chefs d'Etat des pays voisins parce qu'il s'agit d'un sujet auquel la France attache une grande importance et parce que cette situation se traduit par les souffrances des populations à Anjouan comme sur les autres îles.
Q - Il y aura bientôt le lancement à titre expérimental de la télévision régionale de l'Océan indien. Quel rôle peut-elle jouer ?
R - Si elle peut donner plus de proximité encore entre voisins, tant mieux. C'est pour cela que nous voyons d'un très bon oeil le lancement de cette télévision qui devrait, en facilitant la compréhension mutuelle, non seulement améliorer les relations mais aussi favoriser l'intégration régionale que nous appelons de nos voeux.
Q - Avez-vous une vision de ce que sera la COI dans dix ans ?
R - Je crois que c'est un peut tôt. Je pense que ce serait les mêmes, avec une meilleure articulation avec la SADC, avec les autres pays de l'Océan indien, y compris l'Inde plus lointaine - c'est important pour la Réunion qu'il y ait cette relation -, avec des économies plus développées, avec des populations mieux garanties, ayant un meilleur accès à la santé, à l'éducation, avec un environnement préservé - c'est essentiel - et un tourisme en pleine expansion. Il a des gisements touristiques considérables. Nous nous en préoccupons.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 décembre 1999)