Communiqué des Verts, en date du 11 octobre 2003, sur les grandes orientations du budget 2004, intitulé " Tract : Budget 2004, socialement désastreux, écologiquement catastrophique ".

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Texte intégral

Le budget présenté par le gouvernement affiche clairement la couleur : tout faire pour imposer un ordre social profondément archaïque et inégalitaire, au mépris des besoins et des réalités de la population. L'Europe a alors bon dos pour justifier une politique d'austérité qui touche les couches déjà en grandes difficultés.
Le recul social continue
Le projet de budget 2004, fièrement présenté comme "de droite", est révélateur du type de société dont rêve le gouvernement. On prend aux pauvres pour donner aux riches. La tendance est à la constitution d'une société à plusieurs vitesses : ceux qui sont déjà exclus du monde du travail voient leur situation se dégrader d'avantage, avec la remise en cause du RMI, les modifications apportées de la durée de l'ASS (chômeurs en fin de droit), la création du RMA (main d'oeuvre à bon marché pour le secteur privé), tandis que les patrons voient s'élargir leurs marges de manuvre. La réduction des dépenses de santé, l'absence d'un véritable programme de logements, vont pénaliser encore plus fortement des populations défavorisées.
C'est la même logique qui pousse à réduire le nombre de fonctionnaires et à remplacer les mesures du gouvernement précédent, comme les emplois-jeunes, par des exonérations de cotisations sociales pour les employeurs. A la place d'emplois définis collectivement et répondant à une utilité sociale, ce seront maintenant des petits boulots imposés. Avec la privatisation de la société, c'est aussi moins de démocratie au quotidien dans notre pays.
Réductions d'impôts ? Un tour de passe-passe
Le gouvernement fait grand bruit autour de la baisse de l'impôt sur le revenu promise par le candidat Chirac. Mais tandis que la réduction des impôts directs bénéficie aux plus favorisés, les impôts locaux et les prix des services publics augmentent du fait du désengagement de l'Etat. Quand ce ne sont pas des droits sociaux et des revenus qui sont purement et simplement supprimés pour les précaires de toutes sortes : intermittents, RMIstes, chômeurs, personnes âgées avec la baisse de l'APA. Au total, tout le monde paiera autant, peut être plus, mais ce sera moins de redistribution et moins de solidarité dans notre société, au moment où la situation économique les rend plus nécessaires. Toute la population bénéficiait du service public et de la protection sociale, seuls les riches auront bientôt les moyens de se débrouiller sans.
Critères européens : l'hypocrisie du gouvernement
La loi de finance 2004 prévoit une très forte augmentation du déficit public et de la dette de l'Etat. Ces arrangements budgétaires sont des hypothèques sur les finances de l'avenir. Ils n'auraient pu être justifiés que dans la mesure où ils étaient mis au service des générations futures, en investissant dans les services publics, le développement durable ou le combat contre les injustices sociales.
Mais le budget présenté par le gouvernement est bien éloigné d'une telle conception de la dépense publique. Au contraire, le déficit est utilisé au profit des couches les plus riches de la société. Raffarin a alors beau jeu d'agiter l'épouvantail de l'Europe pour justifier les mesures d'austérité qui touchent les moins favorisés. Il participe ainsi à l'hypocrisie générale qui voit les gouvernants justifier leur politique sur le dos de l'Europe libérale qu'ils ont eux-mêmes mise en place.
Les priorités réelles du gouvernement
Le gouvernement met en avant ses efforts budgétaires en faveur de la recherche, la culture ou l'éducation. Mais la hausse du budget de la culture n'est-elle pas seulement destinée à calmer les grognes suscitées par la réforme du statut des intermittents ? Peut-on vraiment remplacer un droit collectif des artistes par des subventions octroyées en fonction du bon vouloir des gouvernants, qui peuvent être facilement supprimées dès que la nécessité ne s'en fait plus sentir ? Quant au budget de la recherche, il reste majoritairement orienté par les exigences des entreprises, et non par les besoins de la société, y compris en matière d'environnement
Les effets d'annonce écartés, quelles sont en fait les vraies priorités du gouvernement ? - La police, l'armée et les prisons. Une conception bien négative du rôle de l'Etat.
Vaches maigres pour l'environnement
En dépit des beaux discours du président sur le développement durable, le budget de l'Ecologie continue à baisser, et le ministère lui-même se voit de plus en plus marginalisé. Les efforts en matière d'environnement sont réduits à presque rien, alors même que la dégradation de la planète s'amplifie, et que récemment, la canicule a provoqué la mort prématurée de 15.000 personnes en France. On peut aussi noter l'invraisemblable suppression du financement par l'Etat des transports publics. Une mesure qui se traduira à un moment ou à un autre par un relèvement des impôts locaux pour financer de nouvelles lignes de bus, de tranmways.
Avec ce budget 2004, le gouvernement a choisi de passer outre les réalités du pays et d'imposer un ordre archaïque, anti-social et anti-écologique, alors même que le chômage augmente, que nombre des besoins élémentaires ne sont plus assurés pour tous, et que les dégradations de l'environnement demanderaient des dispositifs urgents.
Les Verts
(Source http://www.les-verts.org, le 13 octobre 2003)