Texte intégral
La Constitution européenne, le référendum du 6 juillet en Corse, l'"islam de France" et le résultat des élections au CFCM (Conseil français du culte musulman) : les sujets de mécontentement ne manquent pas pour le souverainiste Philippe de Villiers. Avec la même vigueur, le député de Vendée s'en prend à l'"Européen" Giscard d'Estaing et au ministre de l'Intérieur Sarkozy.
Propos recueillis par Sophie Huet
LE FIGARO. - Valéry Giscard d'Estaing a été ovationné ce week-end à Salonique. L'Europe va se doter d'une Constitution. Y a-t-il encore la place pour les souverainistes en France ?
Philippe de VILLIERS. - Oui, tout à fait. On peut même avancer que c'est l'An I du souverainisme, puisque la France va se voir dépouiller par cette Constitution de sa souveraineté. Une Constitution, c'est la règle suprême que se donne un peuple pour conférer un statut à son État. Les Français ne sont pas du tout informés de la portée confiscatoire du texte en question.
M. Giscard d'Estaing avance masqué. Cette Constitution propose de mettre sur pied un super-État européen. Elle généralise et inscrit dans le marbre toutes sortes de processus supranationaux qui, au nom de la "souveraineté partagée", déposséderaient le peuple français de la maîtrise de ses décisions.
Finalement, le projet de Constitution européenne de Valéry Giscard d'Estaing et le projet de référendum en Corse se nourrissent l'un l'autre : on est en train de détricoter la France par le haut et par le bas avec la mise en place de futurs gouvernements régionaux indépendants.
Justement, à propos de la Corse, et alors que la campagne pour le référendum du 6 juillet sur la réforme du statut de l'île a été officiellement ouverte hier, le gouvernement affiche sa confiance. Si vous étiez concerné, voteriez-vous "oui" au référendum en Corse ?
Si j'étais corse, je voterais "non". Car ceux que l'on appelle à tort les nationalistes, qui sont en fait des terroristes, vont voter "oui" pour s'engouffrer dans la brèche.
Jean-Pierre Raffarin et Nicolas Sarkozy ont été empêchés de tenir meeting en Corse ce week-end. Qu'en pensez-vous ?
C'est tout à fait déplorable, car c'est l'État qui est ainsi tourné en dérision. Mais je pense que le projet du ministre de l'Intérieur, largement négocié avec les nationalistes, alimente précisément la confusion, le désordre et la perte d'autorité de l'État.
En quoi ce projet vous paraît-il dangereux ?
Ce projet flirte avec l'idée d'indépendance. On met en place, avec la collectivité territoriale unique, une entité politique extrêmement puissante, dotée de prérogatives considérables, avec de véritables ministères, dotés d'un pouvoir quasi législatif. Cette nouvelle organisation préfigure l'émergence d'un gouvernement corse, et donc, à terme, une possible indépendance.
Le deuxième danger tient au dispositif électoral très favorable aux indépendantistes. La réforme leur permet d'espérer obtenir, à terme, une majorité à la collectivité territoriale unique pour négocier l'indépendance avec "l'État français".
Un autre de vos sujets de préoccupation concerne le Conseil français du culte musulman, qui a été obligé de concéder en son sein, après des élections internes, une place importante aux islamistes.
La création de ce Conseil est une erreur politique majeure, parce qu'elle installe au coeur de l'Etat une enclave de caractère politico-religieux. Aujourd'hui, on découvre que ce conseil soi-disant représentatif ne l'est pas, et qu'il va donner le pouvoir à des islamistes financés par des puissances étrangères, et qui vont chercher leurs consignes dans les consulats turcs, égyptiens, algériens, marocains...
Il y a cinq millions de musulmans en France. Le CFCM n'a-t-il pas pour but de les représenter au sein de la République française ?
Je crains que Nicolas Sarkozy, dont le talent et le zèle ne sont pas en cause, ne joue les apprentis sorciers, dans la voie de ses prédécesseurs. L'islam ne fait pas de séparation entre le spirituel et le temporel, et ne reconnaît aucun droit au-dessus du Coran. Le président de l'UOIF (Union des organisations islamiques de France), M. Thami Breze, a d'ailleurs déclaré que "le Coran est notre Constitution". Donc, les choses sont claires. Il y aura bien un islam en France, mais il n'y aura jamais un "islam de France".
Que préconisez-vous ?
Il faut dissoudre le CFCM. Car, sinon, il servira de levier à l'islamisme radical, et s'appliquera alors la prédiction de Dalil Boubakeur : "Tout cela conduira à la création d'un parti islamiste."
Faut-il une loi pour interdire le port d'insignes religieux à l'école ?
Il faut une loi pour interdire, non pas le port du voile, mais du tchador, qui n'est pas seulement un signe d'appartenance religieuse, mais aussi un acte politique, voire une provocation. Je crois que l'UOIF utilise les gamines à l'école pour faire progresser le communautarisme.
Que pensez-vous du nouveau projet de loi du ministre de l'Intérieur sur l'immigration ?
C'est un projet largement cosmétique, qui comporte deux défaillances majeures : ce texte ouvre le droit d'asile à toutes les victimes de persécutions non étatiques. Cela veut dire que toute la misère du monde va déferler chez nous. En outre, ce projet prévoit de supprimer la double peine, ce qui est une concession faite au "droit-de-l'hommisme", et un signe de laxime. Il est inadmissible que les étrangers coupables de meurtre, trafic de stupéfiants, viol ou acte de barbarie ne soient pas expulsés du territoire français.
(Source http://www.mpf-villiers.org, le 25 juin 2003)
Propos recueillis par Sophie Huet
LE FIGARO. - Valéry Giscard d'Estaing a été ovationné ce week-end à Salonique. L'Europe va se doter d'une Constitution. Y a-t-il encore la place pour les souverainistes en France ?
Philippe de VILLIERS. - Oui, tout à fait. On peut même avancer que c'est l'An I du souverainisme, puisque la France va se voir dépouiller par cette Constitution de sa souveraineté. Une Constitution, c'est la règle suprême que se donne un peuple pour conférer un statut à son État. Les Français ne sont pas du tout informés de la portée confiscatoire du texte en question.
M. Giscard d'Estaing avance masqué. Cette Constitution propose de mettre sur pied un super-État européen. Elle généralise et inscrit dans le marbre toutes sortes de processus supranationaux qui, au nom de la "souveraineté partagée", déposséderaient le peuple français de la maîtrise de ses décisions.
Finalement, le projet de Constitution européenne de Valéry Giscard d'Estaing et le projet de référendum en Corse se nourrissent l'un l'autre : on est en train de détricoter la France par le haut et par le bas avec la mise en place de futurs gouvernements régionaux indépendants.
Justement, à propos de la Corse, et alors que la campagne pour le référendum du 6 juillet sur la réforme du statut de l'île a été officiellement ouverte hier, le gouvernement affiche sa confiance. Si vous étiez concerné, voteriez-vous "oui" au référendum en Corse ?
Si j'étais corse, je voterais "non". Car ceux que l'on appelle à tort les nationalistes, qui sont en fait des terroristes, vont voter "oui" pour s'engouffrer dans la brèche.
Jean-Pierre Raffarin et Nicolas Sarkozy ont été empêchés de tenir meeting en Corse ce week-end. Qu'en pensez-vous ?
C'est tout à fait déplorable, car c'est l'État qui est ainsi tourné en dérision. Mais je pense que le projet du ministre de l'Intérieur, largement négocié avec les nationalistes, alimente précisément la confusion, le désordre et la perte d'autorité de l'État.
En quoi ce projet vous paraît-il dangereux ?
Ce projet flirte avec l'idée d'indépendance. On met en place, avec la collectivité territoriale unique, une entité politique extrêmement puissante, dotée de prérogatives considérables, avec de véritables ministères, dotés d'un pouvoir quasi législatif. Cette nouvelle organisation préfigure l'émergence d'un gouvernement corse, et donc, à terme, une possible indépendance.
Le deuxième danger tient au dispositif électoral très favorable aux indépendantistes. La réforme leur permet d'espérer obtenir, à terme, une majorité à la collectivité territoriale unique pour négocier l'indépendance avec "l'État français".
Un autre de vos sujets de préoccupation concerne le Conseil français du culte musulman, qui a été obligé de concéder en son sein, après des élections internes, une place importante aux islamistes.
La création de ce Conseil est une erreur politique majeure, parce qu'elle installe au coeur de l'Etat une enclave de caractère politico-religieux. Aujourd'hui, on découvre que ce conseil soi-disant représentatif ne l'est pas, et qu'il va donner le pouvoir à des islamistes financés par des puissances étrangères, et qui vont chercher leurs consignes dans les consulats turcs, égyptiens, algériens, marocains...
Il y a cinq millions de musulmans en France. Le CFCM n'a-t-il pas pour but de les représenter au sein de la République française ?
Je crains que Nicolas Sarkozy, dont le talent et le zèle ne sont pas en cause, ne joue les apprentis sorciers, dans la voie de ses prédécesseurs. L'islam ne fait pas de séparation entre le spirituel et le temporel, et ne reconnaît aucun droit au-dessus du Coran. Le président de l'UOIF (Union des organisations islamiques de France), M. Thami Breze, a d'ailleurs déclaré que "le Coran est notre Constitution". Donc, les choses sont claires. Il y aura bien un islam en France, mais il n'y aura jamais un "islam de France".
Que préconisez-vous ?
Il faut dissoudre le CFCM. Car, sinon, il servira de levier à l'islamisme radical, et s'appliquera alors la prédiction de Dalil Boubakeur : "Tout cela conduira à la création d'un parti islamiste."
Faut-il une loi pour interdire le port d'insignes religieux à l'école ?
Il faut une loi pour interdire, non pas le port du voile, mais du tchador, qui n'est pas seulement un signe d'appartenance religieuse, mais aussi un acte politique, voire une provocation. Je crois que l'UOIF utilise les gamines à l'école pour faire progresser le communautarisme.
Que pensez-vous du nouveau projet de loi du ministre de l'Intérieur sur l'immigration ?
C'est un projet largement cosmétique, qui comporte deux défaillances majeures : ce texte ouvre le droit d'asile à toutes les victimes de persécutions non étatiques. Cela veut dire que toute la misère du monde va déferler chez nous. En outre, ce projet prévoit de supprimer la double peine, ce qui est une concession faite au "droit-de-l'hommisme", et un signe de laxime. Il est inadmissible que les étrangers coupables de meurtre, trafic de stupéfiants, viol ou acte de barbarie ne soient pas expulsés du territoire français.
(Source http://www.mpf-villiers.org, le 25 juin 2003)