Texte intégral
Depuis 10 ans, date de création de l'Organisation communautaire de son marché, la banane européenne, et antillaise en particulier, souffre de la concurrence internationale sur son marché communautaire, et plus particulièrement de la banane d'Amérique latine, dite banane " dollars ", dont les coûts de production sont inférieurs en raison de réglementations sociales et environnementales moins contraignantes. Ces deux dernières années, la filière antillaise, martiniquaise et guadeloupéenne, a subi une crise sans précédent, et continue de vivre des moments difficiles alors qu'elle doit faire face à des échéances à risque. 2004 est en effet une année de transition qui verra d'une part l'élargissement de l'Union européenne et d'autre part, la préparation active d'une nouvelle organisation communautaire du marché de la banane à mettre en uvre avant fin 2005.
Conscient des difficultés que rencontre actuellement la filière " banane ", le Gouvernement n'a jamais eu l'intention de laisser tomber cette production agricole indispensable à l'économie et à la vie des Antilles. Il a entendu les producteurs, leurs groupements et leurs représentants qui plaident pour une survie et un accompagnement de cette filière. Car aujourd'hui il s'agit bien de se mobiliser pour la survie de la filière, même s'il faut aussi préparer l'avenir.
Depuis près de deux ans, c'est précisément ce que s'évertue à faire sans relâche le Gouvernement. Loin de rester passif et attentiste, il a toujours été à l'écoute des professionnels en relayant leurs demandes auprès des instances communautaires et aussi en les argumentant du mieux possible. Ceci n'est pas toujours une tâche facile, par exemple lorsqu'il s'agit d'aller plaider un complément d'aide compensatoire en l'absence de données chiffrées précises fournies par les producteurs, comme l'exige pourtant la Commission au 1er mars de chaque année. Nous avons ainsi défendu avec conviction et énergie cette filière, en impliquant souvent les plus hautes autorités de l'Etat. Ainsi depuis septembre 2002, ont été obtenus de Bruxelles des revalorisations d'avances et des compléments d'aide, sans parler des autorisations de mettre en oeuvre des mécanismes financiers locaux et nationaux (préfinancement, octroi de prêts à taux plus ou moins bonifiés, etc...). Défendre avec force les intérêts de la filière antillaise à Bruxelles, c'est à dire convaincre en préalable la Commission européenne puis les 14 autres Etats membres qui seront demain 24, est un travail de tous les instants qui exige cohérence et organisation. Il s'agit de négociations ardues qui requièrent aussi une mise en conformité des mesures prises sur le plan national avec les demandes d'aides présentées à Bruxelles. L'avantage de bénéficier de l'aide européenne qui aura constitué plus de 60% du revenu des planteurs de banane antillais en 2003, ne peut évidemment se dissocier des contraintes communautaires qui interdisent les décisions unilatérales d'aides nationales destinées à combler telle ou telle difficulté du moment.
L'action du Gouvernement a également reposé sur l'organisation d'une concertation régulière avec tous les acteurs de la filière, qu'ils soient producteurs, groupements de producteurs, mûrisseurs, importateurs, distributeurs. Qu'il s'agisse des réunions, séminaires, invitations de responsables, missions d'experts et déplacements de délégations sur le terrain, rien n'a été négligé pour faciliter les échanges de données et de points de vue afin de permettre à chacun de se nourrir des réflexions de l'autre. Au début de l'année 2003, des groupes de travail ont ainsi été constitués pour faciliter cet important travail de réflexion commune. Je regrette que ces efforts n'aient pas toujours été bien compris et que les résultats aient été en demi-teinte. Le Gouvernement espérait en effet recueillir des propositions précises et constructives faisant l'objet d'un consensus de la profession pour anticiper et préparer l'avenir dans les meilleurs conditions.
La volonté politique et la mobilisation du Gouvernement à défendre ce dossier de la banane antillaise est bel et bien une réalité. Mais le combat pour la survie de la banane antillaise ne peut être gagner qu'ensemble, unis : producteurs, groupements, acteurs de la filière et des services publics. L'heure n'est pas aux procès d'intention, aux malentendus, et à la polémique, mais à l'action commune et à la recherche de synergies et de partenariats. Il faut regarder la réalité en face. Pour agir ensemble, trois voies doivent être empruntées :
Premièrement, les professionnels comme l'Etat doivent s'engager totalement dans cette démarche. Les professionnels, en restructurant leur filière, de la production jusqu'à la commercialisation, pour reconquérir le marché métropolitain voire européen, en montant des partenariats avec les mûrisseries et les distributeurs. L'Etat, en accompagnant ces mesures par des moyens financiers et humains adaptés. C'est le sens du contrat de progrès proposé aux groupements de producteurs par le Gouvernement le 18 mars dernier. Ce terme de " contrat de progrès " est cohérent avec l'attente et les besoins actuels, il a d'ailleurs été initialement proposé par les professionnels eux-mêmes. La signature de ce contrat permettrait de débloquer 25 M pour financer trois types de mesures visant à :
restructurer la mise en marché (commercialisation et promotion)
restructurer la production et soutenir les producteurs
favoriser la reconversion par des aides sociales
Deuxièmement, le Gouvernement s'est engagé à traiter le cas urgent des planteurs en grande difficulté, notamment les petites et moyennes exploitations qui sont les plus touchées, en mobilisant les ressources disponibles aux niveaux local et national pour les aider à sortir rapidement de la spirale d'endettement dans laquelle ils se trouvent.
Troisièmement, en étant force de proposition à Bruxelles pour influencer le sens des réformes communautaires afin qu'elles servent les intérêts de la filière antillaise, car politiques et professionnels sont unanimes à reconnaître que l'Organisation communautaire actuelle du marché de la banane ne répond plus à ses objectifs et doit être réformée rapidement. Les professionnels antillais ont entrepris des démarches communes avec leurs collègues producteurs de l'UE pour parvenir à des positions communes d'orientation souhaitée de cette réforme. Le Gouvernement attend avec impatience ces propositions pour en discuter ouvertement, préparer des argumentaires pour défendre une position française forte à Bruxelles en vue de ces prochaines négociations.
Le défi est donc aujourd'hui d'agir ensemble, en mobilisant tous les outils à notre disposition aux niveaux local, national et communautaire. L'Union dans la concertation est plus que jamais nécessaire, au niveau politique et professionnel, et la concrétisation d'un réel partenariat entre l'Etat et l'ensemble de la filière est indispensable. Devant l'intérêt général, les divergences doivent s'estomper et disparaître. Il est impératif qu'avant le 15 mai, nous ayons pu ensemble avec tous les professionnels, nous mettre d'accord sur les modalités de mise en uvre du contrat de progrès et que ce document ait pu être signé. Il est vital qu'avant la fin du mois de juin, nous soyons prêts, sur la base d'une plate-forme commune, à défendre à Bruxelles des propositions de réforme de l'organisation communautaire de marché de la banane.
C'est à ce prix, en étant solidaire et en travaillant en partenariat que nous réussirons à sauver la filière antillaise de la banane au bénéfice des populations locales et au bénéfice des consommateurs métropolitains. L'Etat sera toujours présent au côté des planteurs antillais : la partie n'est pas perdue tant que nous n'avons pas joué notre dernière carte
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 28 avril 2004)
Conscient des difficultés que rencontre actuellement la filière " banane ", le Gouvernement n'a jamais eu l'intention de laisser tomber cette production agricole indispensable à l'économie et à la vie des Antilles. Il a entendu les producteurs, leurs groupements et leurs représentants qui plaident pour une survie et un accompagnement de cette filière. Car aujourd'hui il s'agit bien de se mobiliser pour la survie de la filière, même s'il faut aussi préparer l'avenir.
Depuis près de deux ans, c'est précisément ce que s'évertue à faire sans relâche le Gouvernement. Loin de rester passif et attentiste, il a toujours été à l'écoute des professionnels en relayant leurs demandes auprès des instances communautaires et aussi en les argumentant du mieux possible. Ceci n'est pas toujours une tâche facile, par exemple lorsqu'il s'agit d'aller plaider un complément d'aide compensatoire en l'absence de données chiffrées précises fournies par les producteurs, comme l'exige pourtant la Commission au 1er mars de chaque année. Nous avons ainsi défendu avec conviction et énergie cette filière, en impliquant souvent les plus hautes autorités de l'Etat. Ainsi depuis septembre 2002, ont été obtenus de Bruxelles des revalorisations d'avances et des compléments d'aide, sans parler des autorisations de mettre en oeuvre des mécanismes financiers locaux et nationaux (préfinancement, octroi de prêts à taux plus ou moins bonifiés, etc...). Défendre avec force les intérêts de la filière antillaise à Bruxelles, c'est à dire convaincre en préalable la Commission européenne puis les 14 autres Etats membres qui seront demain 24, est un travail de tous les instants qui exige cohérence et organisation. Il s'agit de négociations ardues qui requièrent aussi une mise en conformité des mesures prises sur le plan national avec les demandes d'aides présentées à Bruxelles. L'avantage de bénéficier de l'aide européenne qui aura constitué plus de 60% du revenu des planteurs de banane antillais en 2003, ne peut évidemment se dissocier des contraintes communautaires qui interdisent les décisions unilatérales d'aides nationales destinées à combler telle ou telle difficulté du moment.
L'action du Gouvernement a également reposé sur l'organisation d'une concertation régulière avec tous les acteurs de la filière, qu'ils soient producteurs, groupements de producteurs, mûrisseurs, importateurs, distributeurs. Qu'il s'agisse des réunions, séminaires, invitations de responsables, missions d'experts et déplacements de délégations sur le terrain, rien n'a été négligé pour faciliter les échanges de données et de points de vue afin de permettre à chacun de se nourrir des réflexions de l'autre. Au début de l'année 2003, des groupes de travail ont ainsi été constitués pour faciliter cet important travail de réflexion commune. Je regrette que ces efforts n'aient pas toujours été bien compris et que les résultats aient été en demi-teinte. Le Gouvernement espérait en effet recueillir des propositions précises et constructives faisant l'objet d'un consensus de la profession pour anticiper et préparer l'avenir dans les meilleurs conditions.
La volonté politique et la mobilisation du Gouvernement à défendre ce dossier de la banane antillaise est bel et bien une réalité. Mais le combat pour la survie de la banane antillaise ne peut être gagner qu'ensemble, unis : producteurs, groupements, acteurs de la filière et des services publics. L'heure n'est pas aux procès d'intention, aux malentendus, et à la polémique, mais à l'action commune et à la recherche de synergies et de partenariats. Il faut regarder la réalité en face. Pour agir ensemble, trois voies doivent être empruntées :
Premièrement, les professionnels comme l'Etat doivent s'engager totalement dans cette démarche. Les professionnels, en restructurant leur filière, de la production jusqu'à la commercialisation, pour reconquérir le marché métropolitain voire européen, en montant des partenariats avec les mûrisseries et les distributeurs. L'Etat, en accompagnant ces mesures par des moyens financiers et humains adaptés. C'est le sens du contrat de progrès proposé aux groupements de producteurs par le Gouvernement le 18 mars dernier. Ce terme de " contrat de progrès " est cohérent avec l'attente et les besoins actuels, il a d'ailleurs été initialement proposé par les professionnels eux-mêmes. La signature de ce contrat permettrait de débloquer 25 M pour financer trois types de mesures visant à :
restructurer la mise en marché (commercialisation et promotion)
restructurer la production et soutenir les producteurs
favoriser la reconversion par des aides sociales
Deuxièmement, le Gouvernement s'est engagé à traiter le cas urgent des planteurs en grande difficulté, notamment les petites et moyennes exploitations qui sont les plus touchées, en mobilisant les ressources disponibles aux niveaux local et national pour les aider à sortir rapidement de la spirale d'endettement dans laquelle ils se trouvent.
Troisièmement, en étant force de proposition à Bruxelles pour influencer le sens des réformes communautaires afin qu'elles servent les intérêts de la filière antillaise, car politiques et professionnels sont unanimes à reconnaître que l'Organisation communautaire actuelle du marché de la banane ne répond plus à ses objectifs et doit être réformée rapidement. Les professionnels antillais ont entrepris des démarches communes avec leurs collègues producteurs de l'UE pour parvenir à des positions communes d'orientation souhaitée de cette réforme. Le Gouvernement attend avec impatience ces propositions pour en discuter ouvertement, préparer des argumentaires pour défendre une position française forte à Bruxelles en vue de ces prochaines négociations.
Le défi est donc aujourd'hui d'agir ensemble, en mobilisant tous les outils à notre disposition aux niveaux local, national et communautaire. L'Union dans la concertation est plus que jamais nécessaire, au niveau politique et professionnel, et la concrétisation d'un réel partenariat entre l'Etat et l'ensemble de la filière est indispensable. Devant l'intérêt général, les divergences doivent s'estomper et disparaître. Il est impératif qu'avant le 15 mai, nous ayons pu ensemble avec tous les professionnels, nous mettre d'accord sur les modalités de mise en uvre du contrat de progrès et que ce document ait pu être signé. Il est vital qu'avant la fin du mois de juin, nous soyons prêts, sur la base d'une plate-forme commune, à défendre à Bruxelles des propositions de réforme de l'organisation communautaire de marché de la banane.
C'est à ce prix, en étant solidaire et en travaillant en partenariat que nous réussirons à sauver la filière antillaise de la banane au bénéfice des populations locales et au bénéfice des consommateurs métropolitains. L'Etat sera toujours présent au côté des planteurs antillais : la partie n'est pas perdue tant que nous n'avons pas joué notre dernière carte
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 28 avril 2004)