Texte intégral
Q - Monsieur le Ministre, la semaine dernière, le président français a représenté aussi l'Allemagne au Sommet de Bruxelles. Etait-ce un geste symbolique ou quelque chose qui va se répéter ?
R - C'est un geste symbolique, qui marque la très grande confiance et la très grande amitié qui existe aujourd'hui entre l'Allemagne et la France. Vous savez que nous avons à coeur depuis de nombreuses années de rapprocher nos pays et nous voulons le faire au service de l'Europe. Je crois qu'au cours des derniers mois, sur beaucoup de sujets difficiles, je pense à la politique agricole, à la réforme des institutions, des positions très proches entre la France et l'Allemagne ont permis d'encourager la recherche de solutions au niveau européen. C'est bien dans cet esprit européen que nous voulons travailler.
Q - Mais cela va devenir une habitude ?
R - Je crois que nous n'en sommes pas là. Chaque pays est évidemment soucieux de représenter ses propres intérêts, mais il y a une très grande confiance entre nos deux pays et entre nos deux responsables, Jacques Chirac et Gerhard Schröder.
Q - L'alliance franco-allemande semble très forte, très puissante. C'est peut-être ce qui fait peur à l'Europe ?
R - Vous savez, notre souci, c'est de travailler avec tous les Européens. Nous voulons prendre des initiatives avec chacun. Celle qui récemment a été prise par l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, vis-à-vis de Téhéran pour essayer de trouver une solution à cette question difficile de la non-prolifération, est la marque de notre volonté de travailler ensemble. Mais l'aventure européenne, c'est une aventure aujourd'hui à vingt-cinq. C'est une aventure que nous voulons véritablement mener tous ensemble. Nous avons conscience que pour l'Europe, pour nos peuples, c'est un autre âge, c'est une nouvelle époque qui s'ouvre. C'est pour cela que je suis aujourd'hui en Slovénie et je peux vous dire qu'après les entretiens que j'ai eus avec votre Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères - et je rencontrerai tout à l'heure votre président -, le sentiment que j'éprouve, aujourd'hui à Ljubljana, est un sentiment de très grande confiance, de très grande proximité. Nous appartenons à la même famille et quand nous parlons des positions de la Slovénie et de la France sur la Conférence intergouvernementale, quand nous parlons de l'Irak, du Proche-Orient, des Balkans, eh bien nous le faisons avec le sentiment profond de respect et de confiance pour trouver les solutions.
Q - Cette famille débat en ce moment de la Constitution européenne, c'est un débat assez chaud. La Slovénie veut principalement deux choses. La France est-elle prête à accepter que tous les commissaires aient le droit de vote, et pensez-vous que le nombre minimal des députés européens sera atteint à Pâques ?
R - Sur la Commission, il y a deux principes qui se font concurrence. Le premier, c'est le principe d'efficacité, et nous pensons qu'une Commission restreinte, avec un nombre limité de portefeuilles, serait mieux capable de prendre des décisions et d'agir. Nous comprenons que pour certains Etats, l'idée d'avoir un plus grand nombre de commissaires avec un droit de vote puisse aussi être tentante. La question est peut-on essayer de trouver un compromis entre ce principe d'efficacité et une représentation de chacun des Etats. Il y a eu un certain nombre de propositions : soit de limiter la Commission à dix-huit membres, ce qui ferait une rotation plus rapide ; soit de donner la possibilité d'un commissaire par Etat, en doublant le nombre des commissaires pour les grands Etats ; soit d'avoir une simple représentation pour chacun des Etats. Je crois qu'il faut que l'on regarde cela dans une discussion très franche entre nous, pour voir si ce système permettra de véritablement répondre aux questions européennes. C'est le débat que nous avons en ce moment entre nous.
Sur la question du Parlement et de la représentation des députés, je pense que ce sont des questions auxquelles nous pourrions trouver des solutions, et la France comprend la position slovène.
Q - Vous pensez que les rapports entre les Etats-Unis et la France aujourd'hui sont meilleurs qu'au mois de mars et d'avril ?
R - Oui, incontestablement, parce qu'il y a la volonté de trouver des réponses ensemble aux problèmes. Dans le cadre de l'Irak, nous avons voté à l'unanimité la résolution 1511, qui vient d'être adoptée par le Conseil de sécurité. Nous avons donc trouvé un chemin pour la communauté internationale. Pour la France, comme pour l'Allemagne, comme pour la Russie, ou pour l'ensemble des membres du Conseil de sécurité, l'important était de recréer l'unité de la communauté internationale. Mais nous sommes aussi soucieux de l'efficacité de l'action engagée en Irak. Or nous sommes inquiets de la dégradation de la situation. Ce que nous pensons, c'est que cette résolution, malheureusement, ne permettra pas véritablement de relever le défi. Il faudra sans doute aller plus loin. Ce que nous souhaitons, c'est que, très vite, l'on puisse reconnaître la souveraineté irakienne, parce que c'est le point de départ de la reconstruction. Si les Irakiens ont le sentiment de reprendre en main leur destin, ils auront davantage confiance, ils s'engageront davantage dans la reconstruction. D'autres grands sujets marquent bien aujourd'hui notre communauté de vision. Dans le cadre de la lutte contre la prolifération, sur le dossier iranien, sur la Corée du Nord, face au terrorisme, je crois qu'aujourd'hui la France et les Etats-Unis sont extrêmement proches. Nous devons travailler ensemble, parce que les problèmes du monde sont si graves que nous avons cette responsabilité. Je crois que c'est un devoir pour chacun aujourd'hui.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 octobre 2003)
R - C'est un geste symbolique, qui marque la très grande confiance et la très grande amitié qui existe aujourd'hui entre l'Allemagne et la France. Vous savez que nous avons à coeur depuis de nombreuses années de rapprocher nos pays et nous voulons le faire au service de l'Europe. Je crois qu'au cours des derniers mois, sur beaucoup de sujets difficiles, je pense à la politique agricole, à la réforme des institutions, des positions très proches entre la France et l'Allemagne ont permis d'encourager la recherche de solutions au niveau européen. C'est bien dans cet esprit européen que nous voulons travailler.
Q - Mais cela va devenir une habitude ?
R - Je crois que nous n'en sommes pas là. Chaque pays est évidemment soucieux de représenter ses propres intérêts, mais il y a une très grande confiance entre nos deux pays et entre nos deux responsables, Jacques Chirac et Gerhard Schröder.
Q - L'alliance franco-allemande semble très forte, très puissante. C'est peut-être ce qui fait peur à l'Europe ?
R - Vous savez, notre souci, c'est de travailler avec tous les Européens. Nous voulons prendre des initiatives avec chacun. Celle qui récemment a été prise par l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, vis-à-vis de Téhéran pour essayer de trouver une solution à cette question difficile de la non-prolifération, est la marque de notre volonté de travailler ensemble. Mais l'aventure européenne, c'est une aventure aujourd'hui à vingt-cinq. C'est une aventure que nous voulons véritablement mener tous ensemble. Nous avons conscience que pour l'Europe, pour nos peuples, c'est un autre âge, c'est une nouvelle époque qui s'ouvre. C'est pour cela que je suis aujourd'hui en Slovénie et je peux vous dire qu'après les entretiens que j'ai eus avec votre Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères - et je rencontrerai tout à l'heure votre président -, le sentiment que j'éprouve, aujourd'hui à Ljubljana, est un sentiment de très grande confiance, de très grande proximité. Nous appartenons à la même famille et quand nous parlons des positions de la Slovénie et de la France sur la Conférence intergouvernementale, quand nous parlons de l'Irak, du Proche-Orient, des Balkans, eh bien nous le faisons avec le sentiment profond de respect et de confiance pour trouver les solutions.
Q - Cette famille débat en ce moment de la Constitution européenne, c'est un débat assez chaud. La Slovénie veut principalement deux choses. La France est-elle prête à accepter que tous les commissaires aient le droit de vote, et pensez-vous que le nombre minimal des députés européens sera atteint à Pâques ?
R - Sur la Commission, il y a deux principes qui se font concurrence. Le premier, c'est le principe d'efficacité, et nous pensons qu'une Commission restreinte, avec un nombre limité de portefeuilles, serait mieux capable de prendre des décisions et d'agir. Nous comprenons que pour certains Etats, l'idée d'avoir un plus grand nombre de commissaires avec un droit de vote puisse aussi être tentante. La question est peut-on essayer de trouver un compromis entre ce principe d'efficacité et une représentation de chacun des Etats. Il y a eu un certain nombre de propositions : soit de limiter la Commission à dix-huit membres, ce qui ferait une rotation plus rapide ; soit de donner la possibilité d'un commissaire par Etat, en doublant le nombre des commissaires pour les grands Etats ; soit d'avoir une simple représentation pour chacun des Etats. Je crois qu'il faut que l'on regarde cela dans une discussion très franche entre nous, pour voir si ce système permettra de véritablement répondre aux questions européennes. C'est le débat que nous avons en ce moment entre nous.
Sur la question du Parlement et de la représentation des députés, je pense que ce sont des questions auxquelles nous pourrions trouver des solutions, et la France comprend la position slovène.
Q - Vous pensez que les rapports entre les Etats-Unis et la France aujourd'hui sont meilleurs qu'au mois de mars et d'avril ?
R - Oui, incontestablement, parce qu'il y a la volonté de trouver des réponses ensemble aux problèmes. Dans le cadre de l'Irak, nous avons voté à l'unanimité la résolution 1511, qui vient d'être adoptée par le Conseil de sécurité. Nous avons donc trouvé un chemin pour la communauté internationale. Pour la France, comme pour l'Allemagne, comme pour la Russie, ou pour l'ensemble des membres du Conseil de sécurité, l'important était de recréer l'unité de la communauté internationale. Mais nous sommes aussi soucieux de l'efficacité de l'action engagée en Irak. Or nous sommes inquiets de la dégradation de la situation. Ce que nous pensons, c'est que cette résolution, malheureusement, ne permettra pas véritablement de relever le défi. Il faudra sans doute aller plus loin. Ce que nous souhaitons, c'est que, très vite, l'on puisse reconnaître la souveraineté irakienne, parce que c'est le point de départ de la reconstruction. Si les Irakiens ont le sentiment de reprendre en main leur destin, ils auront davantage confiance, ils s'engageront davantage dans la reconstruction. D'autres grands sujets marquent bien aujourd'hui notre communauté de vision. Dans le cadre de la lutte contre la prolifération, sur le dossier iranien, sur la Corée du Nord, face au terrorisme, je crois qu'aujourd'hui la France et les Etats-Unis sont extrêmement proches. Nous devons travailler ensemble, parce que les problèmes du monde sont si graves que nous avons cette responsabilité. Je crois que c'est un devoir pour chacun aujourd'hui.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 octobre 2003)