Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer, sur la création cinématographique outre-mer et sur la place de RFO dans le paysage audiovisuel, Cannes le 18 mai 2004.

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Circonstance : Remise du prix Hohoa, prix du meilleur scénario de l'outre-mer, à Cannes le 18 mai 2004

Texte intégral

Chers amis de métropole et d'outre-mer,
Je suis heureuse, ce soir, de pouvoir m'adresser à vous, pour la deuxième fois, dans ce cadre prestigieux du Festival international de Cannes. Je n'ai pu vous rejoindre, pour cette soirée, qui reçoit tout mon soutien, mais soyez assurés que je suis de cur, avec vous, pour honorer le monde du cinéma de l'outre-mer. Je voudrais saluer tout particulièrement le Président du jury, Elie Chouraqui, pour son implication et son appui, Euzhan Palcy, qui nous fait la joie d'être présente, et remercier Réseau France Outre-Mer et l'association Invariances Noires qui ont permis à ce prix de voir le jour.
L'outre-mer participe, et depuis longtemps, à cette diversité culturelle qui fait la richesse de notre pays. Mais cette France d'outre-mer a bien des difficultés à accéder à une reconnaissance pleine et entière, et donc à une meilleure visibilité, à une meilleure écoute.
Cette visibilité, cette expression des cultures et des identités ultramarines en France métropolitaine et dans le monde passe aussi par l'image. Le cinéma et la télévision doivent refléter la richesse et la diversité de toutes les cultures qui forment notre communauté nationale. Ils ne le font pas assez. Je le regrette. Même si les débats et les initiatives actuels me réconfortent et me soutiennent dans mon action. Le rôle prépondérant de l'image dans les sociétés contemporaines rend, aujourd'hui, encore plus urgent et indispensable l'effort de promotion des images d'outre-mer.
La télévision publique doit à cet égard jouer tout son rôle. Et je forme le vu que le groupe France Télévisions sache saisir l'occasion de l'intégration de Réseau France Outre-Mer, en son sein, pour favoriser la multiplication des images et des visages ultramarins sur les écrans nationaux. La place de RFO Sat dans le paysage audiovisuel métropolitain doit, elle aussi, être renforcée, pour assurer la continuité indispensable avec l'outre-mer.
L'émergence de talents nouveaux, l'écriture de scénarios de qualité, la production de films nombreux sont bien sûr la condition nécessaire à une meilleure visibilité des images d'outre-mer sur les écrans de métropole. La question du financement de la filière cinéma est à ce titre cruciale.
Le gouvernement et l'Etat cherchent à jouer pleinement leur rôle, d'impulsion et d'accompagnement, au service des réalisateurs et des créateurs d'outre-mer.
Le ministère de la culture et de la communication a créé un dispositif supplémentaire d'incitation au financement du long métrage, en partenariat avec les régions. Ce nouveau dispositif est une chance pour l'outre-mer. L'Etat s'engage en effet, davantage encore, à favoriser la création par les collectivités locales de fonds d'aide à la production, en abondant la contribution que ces dernières y apporteront. Je me réjouis à cet égard que la Réunion ait déjà créé son système d'aide à la production et s'intéresse aujourd'hui à ce nouveau dispositif. Je souhaite que les Antilles et la Guyane puissent se doter le plus rapidement possible, avec l'aide de l'Etat, de cet outil essentiel pour la production cinématographique de l'outre-mer.
J'ai voulu moi-même faire souffler un vent de réforme sur le dispositif de soutien spécifique au cinéma ultramarin pour le rendre plus efficace et pour le mettre plus encore au service de l'outre-mer et de ses réalisateurs. Le fonds d'aide au tournage a été refondé et a dorénavant pour objet non plus de permettre, comme auparavant, le tournage de n'importe quel film en outre-mer, mais d'aider les films, longs ou court métrages, qui présentent un intérêt culturel pour l'outre-mer et qui encouragent les expressions culturelles particulières des DOM.
Cette année verra d'ailleurs la sortie de nombreux films dont le fonds d'aide a permis la réalisation : Neg Mawon de Jean-Claude Flamand Barny, Karukera de Tony Coco Viloin, Biguine de Guy Deslauriers et le court métrage Le Premier Jour de Luc de Saint-Sernin que nous aurons le plaisir de découvrir ce soir.
Le fonds d'aide au cinéma d'outre-mer n'a pas, bien sûr, vocation à se substituer aux autres acteurs du financement de la filière cinématographique mais simplement et fondamentalement à jouer un rôle de levier, en encourageant les projets et en incitant les autres partenaires à les soutenir.
Tout comme les collectivités locales et l'Etat, Réseau France Outre-Mer est un partenaire majeur et naturel du cinéma et des cinéastes de l'outre-mer. Je souhaite que ces partenariats se renforcent, car c'est tous ensemble, professionnels, collectivités locales, Etat, qu'il nous faut mettre en place ce cercle vertueux du financement au profit de l'image d'outre-mer.
Je me réjouis donc de l'initiative de Réseau France Outre-Mer et de l'association Invariances noires qui se sont mobilisés, en amont de la chaîne de production, au service des scénaristes ultramarins. J'ai souhaité que le ministère de l'outre-mer accompagne ce second Prix HOHOA du meilleur scénario d'outre-mer.
Et je voudrais, pour conclure, adresser toutes mes félicitations aux heureux nominés de ce prix : Dominique Duport, Yann Chayia, Fanny Glissant, Christian Augustin et Dimitri Zandronis. Puissent leurs scenarii trouver maintenant leurs réalisateurs et leur producteurs!
Je vous remercie.

(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 24 mai 2004)