Interview de M. Léon Bertrand, secrétaire d'Etat au tourisme, dans le "Figaro économie" le 29 novembre 2003 sur la création de la marque France, le lancement du plan qualité France, le premier bilan de l'année touristique 2003, et sur le plan de relance de l'outre-mer.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Emission Forum RMC Le Figaro - Le Figaro

Texte intégral

Q - Aux Assises nationales du tourisme, qu'allez-vous dire à une profession qui traverse crise sur crise depuis les attentats du 11 septembre 2001 ?
R - D'abord, je lui dirai que le gouvernement Raffarin reconnaît pleinement le poids et l'apport du tourisme dans l'économie française, comme en a témoigné, en septembre dernier, le premier comité interministériel sur le tourisme depuis vingt ans. Ensuite, que nous avons établi une feuille de route pour la prochaine décennie. Il s'agit tout à la fois d'aller chercher et de reconquérir la clientèle à forte contribution - les Américains et les Japonais, notamment -, qui a décliné ces dernières années. Nous allons donner plus de moyens à la promotion dans les pays étrangers et créer une marque France. Un label qualité sera attribué par le secrétariat d'Etat au Tourisme aux professionnels répondant à des critères stricts. Nos efforts en matière de promotion seront accompagnés d'une harmonisation des différentes classifications des produits touristiques. C'est pourquoi nous avons lancé un plan qualité France. J'installe d'ailleurs le Comité national de la qualité de l'offre touristique le 2 décembre.
Parallèlement, nous allons agir pour favoriser la création d'emplois et améliorer la situation des saisonniers dans la filière touristique.
Q - Dans le détail, quels seront les nouveaux moyens financiers dégagés ?
R - Nous allons agir à deux niveaux.
D'abord en faveur de Maison de la France, l'outil de promotion à l'étranger. La contribution de l'Etat à son budget de promotion va augmenter de 40 % en 2003 et en 2004, soit 8 millions d'euros supplémentaires sur deux ans. Ensuite, nous mettrons en place des incitations fiscales pour les entreprises, qui sont inscrites dans la loi de finances pour 2004.
Les taux et le plafond des avantages fiscaux accordés à l'investissement dans des résidences ou des immeubles de loisirs neufs ou dans leur rénovation sont relevés, à condition de réserver 15 % du parc aux saisonniers. A titre indicatif, un investissement dans du neuf sera désormais exonéré d'impôt à hauteur de 25 %, dans la limite de 50 000 euros pour un célibataire et de 100 000 euros pour un couple. Nous estimons que ces mesures devraient permettre la création d'environ 9 000 logements neufs sur la période.
Q - Ces mesures seront-elles suffisantes pour améliorer le sort des 420.000 saisonniers, et pas seulement en matière de logement ?
R - Il s'agit d'un véritable chantier que j'entends non seulement ouvrir mais achever. Mon objectif est de faire "sortir les saisonniers de la saisonnalité" en leur proposant des missions polyvalentes quasiment à l'année, mais à condition qu'ils acceptent d'être mobiles. Les villes et les stations touristiques ont un rôle important à jouer. Ainsi, l'exemple de Royan et de Courchevel mérite d'être dupliqué. Les maires de ces deux stations ont signé une convention mer-montagne aux termes de laquelle les saisonniers accueillis durant la saison de ski à Courchevel le sont ensuite pour la saison d'été à Royan.
Plus généralement, la profession doit être davantage attractive pour les jeunes. Selon l'Organisation mondiale du tourisme, la filière, qui compte déjà 2 millions d'emplois, devrait créer 900 000 emplois d'ici à 2010.
(...)
Q - Pouvez-vous nous brosser un premier bilan de l'année touristique 2003 ?
R - Malgré une baisse significative de la clientèle étrangère, qui, sur l'ensemble de l'année, devrait être d'environ 25 % pour les Américains et de 15 % pour les Japonais, nous sommes, selon les premiers indicateurs dont nous disposons, moins pessimistes qu'en début d'année.
En matière de recettes touristiques, le solde de la balance des paiements devrait être stable et ressortir à 15 milliards d'euros comparé à 2002. Les Français, qui sont moins partis à l'étranger, ont dépensé en France, ce qui a en partie compensé le recul des dépenses des touristes étrangers.
Q - Comment envisagez-vous le nécessaire équilibre à trouver entre la métropole et l'outre-mer ?
R - L'outre-mer est une préoccupation du gouvernement, comme en témoigne la loi-programme qu'a défendue Brigitte Girardin. Cette loi, dans le cadre de la continuité territoriale, a notamment posé les bases d'une compensation financière permettant la réduction des coûts de transport vers ces départements et territoires. Sans réduire totalement le déséquilibre par rapport à la métropole, c'est une avancée non négligeable. Et j'ai bon espoir que l'arrivée d'Air Caraïbes contribue à la baisse des prix sur ces destinations. C'est aussi le plan de relance de l'outre-mer que j'ai mis en oeuvre il y a un an et qui produit déjà ses premiers effets. Il est consacré au renforcement de l'offre touristique par l'aide à la formation, à l'investissement et à l'amélioration de la qualité des équipements et des prestations. Il comporte aussi un volet communication, avec la campagne "La France des trois océans", sortie à l'automne, qui vante les mérites de cette autre France, si attachante, dotée de richesses naturelles et culturelles exceptionnelles, et d'infrastructures modernes et sûres, souvent méconnue des Français
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 décembre 2003)