Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer, sur la politique de soutien de l'Etat aux images d'outre-mer, Paris le 13 octobre 2004.

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Circonstance : Ouverture de la semaine des cinémas d'Outre-mer à Paris le 13 octobre 2004

Texte intégral

Chers amis de métropole et d'outre-mer,

Je suis heureuse d'être avec vous ce soir. Pour honorer ensemble les cinématographies d'outre-mer, ici, à l'Espace Saint-Michel, dans ce lieu hautement symbolique de l'histoire du cinéma français. Je voudrais remercier tout particulièrement, Osange Silou et l'association Invariance Noire pour avoir organisé, avec le soutien du ministère de l'outre-mer, Regards Ultramarins.
Cette Semaine des cinémas d'outre-mer est, pour nous, l'occasion d'esquisser un premier bilan des politiques de soutien de l'Etat aux images d'outre-mer. Elle est aussi l'occasion de rassembler tous les acteurs de la filière cinéma et audiovisuelle ultramarine. Elle est également une invitation à travailler davantage ensemble. Elle est enfin un événement destiné à sensibiliser les professionnels du secteur, -producteurs, diffuseurs, exploitants, médias -, à l'intérêt et à la qualité de la production ultramarine.
La question du financement des filières cinéma et audiovisuelle est cruciale. Le Gouvernement et l'Etat cherchent à jouer pleinement leur rôle, d'impulsion et d'accompagnement, au service des réalisateurs et des créateurs d'outre-mer.
Le Fonds d'aide à la production audiovisuelle du ministère de l'outre-mer a ainsi soutenu, depuis deux ans, la production de plus de 61 documentaires ou fictions (pour un montant total d'un million d'euros), et qui tous ont été diffusés sur RFO ou d'autres chaînes. Ont été aidés, par exemple, en 2003, Ma Grenat et moi de Gilles Elie-dit-Cosaque, qui a obtenu cette année le prix du documentaire du Festival du film insulaire de Groix, et en 2004 le très beau documentaire de Jean-Michel Martial : Léon-Gontran Damas, le nègre fondamental que le public pourra apprécier dans le cadre de cette semaine.
Mon ministère cherche également à structurer le secteur en favorisant des manifestations comme Cinamazonia, Festival du film des mondes métissés, qui rassemble, tous les deux ans, en Guyane, les professionnels de la filière.
Le fonds d'aide aux cinémas d'outre-mer fête en 2004 ses deux premières années d'existence. Et je voudrais remercier chaleureusement le CNC, qui a mis en place ce fonds, pour le travail accompli au service des cinéastes et des réalisateurs de l'outre-mer. Entre 2002 et 2004 ce sont plus de 17 projets de films de court et long métrage qui ont été aidés.
Cette année voit d'ailleurs la sortie de nombreux courts et longs métrages dont le fonds d'aide a permis la réalisation, Pleine lune à Volga plage de Camille Mauduech, Neg Mawon de Jean-Claude Flamand Barny, Karukera-Gorée de Tony Coco Viloin, Le Premier Jour de Luc de Saint-Sernin, Biguine de Guy Deslauriers que nous aurons le plaisir de découvrir ce soir.

Le fonds d'aide aux cinémas d'outre-mer n'a pas, bien sûr, vocation à se substituer aux autres acteurs du financement de la filière cinématographique mais simplement et fondamentalement à jouer un rôle de levier, en encourageant les projets et en incitant les autres partenaires à les soutenir.
J'ai souhaité moi-même réformer en 2003 ce dispositif de soutien spécifique au cinéma ultramarin pour le rendre plus efficace et pour le mettre plus encore au service de l'outre-mer et de ses réalisateurs. Le fonds d'aide au tournage a été refondé et a dorénavant pour objet non plus de permettre, comme auparavant, le tournage de n'importe quel film en outre-mer, mais d'aider les films, longs ou court-métrages, qui présentent un intérêt culturel pour l'outre-mer et qui encouragent les expressions culturelles particulières des DOM.
En amont de la chaîne de production, l'émergence de talents nouveaux et l'écriture de scénarios de qualité sont bien sûr la condition nécessaire à un meilleur développement des images d'outre-mer. C'est pourquoi, j'ai décidé de soutenir le Moulin d'Andé pour lui permettre, chaque année, d'accueillir et de former de jeunes scénaristes d'outre-mer. J'ai souhaité également que le ministère accompagne RFO et Invariance Noire pour leur Prix HOHOA du meilleur scénario de court- métrage d'outre-mer qui récompense chaque année un jeune scénariste.

Le ministère de la culture et de la communication a créé un dispositif supplémentaire d'incitation au financement du long métrage, en partenariat avec les régions. Ce nouveau dispositif est une chance pour l'outre-mer. L'Etat s'engage en effet, davantage encore, à favoriser la création par les collectivités locales de fonds d'aide à la production, en abondant la contribution que ces dernières y apporteront. Je me réjouis à cet égard que la Réunion ait déjà créé son système d'aide à la production et s'intéresse aujourd'hui à ce nouveau dispositif. Je souhaite que les Antilles et la Guyane puissent se doter le plus rapidement possible, avec l'aide de l'Etat, de cet outil essentiel pour la production cinématographique de l'outre-mer.
Tout comme les collectivités locales et l'Etat, Réseau France Outre-Mer est un partenaire majeur et naturel des cinéastes et des réalisateurs de l'outre-mer. La télévision publique doit à cet égard jouer tout son rôle. Et je souhaite que le groupe France Télévisions sache saisir l'occasion de l'intégration de Réseau France Outre-Mer, en son sein, pour assumer pleinement son rôle de soutien majeur de l'image ultramarine. La mutualisation des moyens, les coproductions entre les chaînes du groupe France télévisions, permettront de développer la production d'images de l'outre-mer. Et je sais pouvoir compter sur RFO pour sensibiliser ses nouveaux partenaires au financement des images ultramarines.
Je voudrais souligner également le rôle important de Médias Overseas dans le financement de la production audiovisuelle ultramarine. Et je salue ici son Président, Dominique Fagot, et son engagement en faveur des réalisateurs d'outre-mer. En matière de cinéma, je souhaite que les contacts se renforcent avec Studio Canal dont le rôle dans la production cinématographique française n'est plus à dire. Et je veux marquer le rôle de Canal + dans le financement de Neg Mawon. Toutefois, un effort et une plus grande ouverture vers les cinéastes ultramarins sont, je crois, encore possibles !
Chers amis,
C'est tous ensemble, professionnels, collectivités locales, Etat, qu'il nous faut mettre en place ce cercle vertueux du financement au profit de l'image d'outre-mer. La semaine des cinémas d'outre-mer est une étape nécessaire dans une histoire encore fragile. Je forme le vu qu'elle soit aussi un nouveau départ.
Je vous souhaite une bonne soirée et beaucoup de plaisir dans la découverte de ce très beau film de Guy Deslauriers.
Je vous remercie.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 15 octobre 2004)