Texte intégral
LCI : Donc, aujourd'hui, à 21h00, heure française, l'Assemblée de Polynésie française devrait désigner un nouveau Président du gouvernement, puisque l'élection de mardi n'a pu avoir lieu faute du quorum et que cette fois-ci, il n'y a pas besoin du quorum pour que l'élection ait lieu. Donc, vous confirmez que ce soir, en tout cas cette nuit, heure française, il y aura un président du Gouvernement de Polynésie Française.
Brigitte Girardin : Absolument, conformément à la loi statutaire, et nous observons la même procédure que celle qui avait été suivie lors de l'élection de monsieur Temaru il y a quatre mois.
LCI : Est-ce qu'on ne risque pas de se trouver, demain, dans une situation paradoxale, avec une élection ce soir d'un Président et demain un recours devant le Conseil d'Etat qui annulerait la motion de censure ?
Brigitte Girardin : Il y a effectivement un recours devant le Conseil d'Etat en raison de ce que nous avons apprécié comme une erreur matérielle, commise par le président de l'Assemblée territoriale, monsieur Geros, qui, au moment de faire voter les motions de censure - il y a les deux motions de censure, et il y en avait une qui n'avait été signée que par un nombre insuffisant, il faut 12 signataires, et monsieur Geros -, au lieu d'appeler au vote sur la première motion de censure qui avait été déposée et qui comportait plus de 12 signataires, a pris l'autre motion qui n'avait été signée que par 6 signataires. Mais nous avons considéré que ces deux motions étant rédigées de la même façon, c'était une simple erreur matérielle de monsieur Geros. Alors, le Conseil d'Etat appréciera si c'était différent, si c'était une intention volontaire, là, on serait dans un autre cas de figure.
LCI : Quel est votre pronostic ? G. Flosse sera élu ce soir ?
Brigitte Girardin : Ah, écoutez, je n'ai pas de pronostic à faire...
LCI : Vous avez une préférence.
Brigitte Girardin : Je n'ai absolument pas de préférence. Vous savez, ce sont...
LCI : Ah, vous appartenez à une majorité !
Brigitte Girardin : Oui, mais ce sont...
LCI : Il appartient à votre majorité.
Brigitte Girardin : Ce sont les Polynésiens qui décident, qui font leur choix, et nous n'avons pas à émettre... Je ne vote pas en Polynésie, et en tout cas, on ne peut pas dire aujourd'hui qui sera élu président. Je me refuse à tout pronostic, vous savez que le vote, pour élire le Président, est un vote personnel et secret. De même que j'avais refusé de prendre position avant l'élection de monsieur Temaru, sans vouloir anticiper, je le fais de la même façon aujourd'hui.
LCI : Néanmoins, est-ce que vous estimez, à supposer que G. Flosse soit élu ce soir, que son élection résoudrait le malaise du territoire tel qu'il s'est exprimé il y a quelques jours avec une manifestation très importante, puisque si l'on compare à la population polynésienne - 150 000 personnes, si je ne me trompe, pour le Territoire français de Polynésie française -, 20 000 ou 15 000, même, personnes, dans la rue, c'est l'équivalent de plusieurs millions pour la France.
Brigitte Girardin : Je rappelle que monsieur Temaru a réuni sur son nom à peu près 43 000 suffrages, c'est-à-dire 37 % des voix. C'est vrai qu'une partie importante de son électorat est descendue dans la rue pour manifester. Le malaise que vous indiquez, je voudrais dire qu'il y est depuis l'origine, en quelque sorte, puisqu'on a eu une élection très serrée. Ni monsieur Temaru, ni monsieur Flosse ne pouvaient avoir la majorité absolue. On se trouvait dans un système où, à la suite des élections du 23 mai, celui qui allait être élu, est élu avec une seule voix de majorité, donc, dans ce cas de figure, les jeux d'alliances permettent, soit d'obtenir la majorité à une coalition, soit à une autre.
LCI : Ce qui confirmerait l'idée qu'une dissolution ne serait pas inopportune.
Brigitte Girardin : Mais vous avez vu, parfois, en France, que dans une collectivité locale, quand il y a une majorité qui tient à une voix, on dissout l'Assemblée ?
LCI : J'entends bien, mais vous vous rétractez toujours derrière des problèmes juridiques, mais est-ce que vous ne voyez pas qu'il y a un problème politique aujourd'hui ?
Brigitte Girardin : Mais, écoutez, moi je trouve que ce serait très grave que, à partir du moment où une loi statutaire prévoit qu'une motion de censure peut renverser un gouvernement, et ne dit pas que dans ce cas là, on doit dissoudre l'Assemblée - l'Assemblée ne peut être dissoute qu'en cas de blocage des institutions - je trouverais très grave que l'on décide de dissoudre depuis Paris, parce que le président élu ne nous convient pas. Je crois qu'il faut respecter vraiment la démocratie locale et respecter surtout la loi qui prévoit qu'en cas de motion de censure, le Gouvernement est renversé et qu'une élection a lieu dans les 15 jours qui suivent.
LCI : Est-ce que vous n'avez pas le sentiment que cette motion de censure, de quelque manière qu'elle ait été instrumentalisée, visait à éviter la parution d'audits qui sont très néfastes pour les 16 ans de gouvernement de G. Flosse ?
Brigitte Girardin : Ecoutez, il peut y avoir tous les audits que l'on souhaite. Moi, je voudrais rappeler que nous avons considérablement renforcé, dans les derniers statuts, tous les contrôles, aussi bien de légalité, que financiers et budgétaires et que, à partir du moment où l'on constaterait des illégalités et des malversations, la justice doit être saisie, mais ce n'est...
LCI : Attendez, pour ceux qui nous écoutent, comment, vous, vous réagissez quand vous apprenez, et vous le savez, puisque vous suivez ces questions depuis très longtemps, que la Délégation de Polynésie à Paris avait pour le service du président une limousine rallongée, une Mercedes, un parc de voitures considérable, pour les déplacements du Président du territoire polynésien à Paris ? Ça ne vous choque pas ?
Brigitte Girardin : Ecoutez, moi je n'ai pas à porter de jugement sur la façon dont un territoire qui a une très large autonomie, gère ses moyens et son personnel. Encore une fois, s'il y a des illégalités qui ont été commises, ou des malversations, je crois que ce n'est pas devant la presse qu'il faut le dénoncer, mais devant la justice.
LCI : Alors, quelques questions très précises. Les socialistes et la gauche ont réclamé une commission d'enquête. Ce n'est pas de votre ressort, bien évidemment, c'est du ressort du président de l'Assemblée nationale, mais est-ce que vous, vous seriez favorable à une commission d'enquête parlementaire ?
Brigitte Girardin : Je n'ai pas à être favorable ou défavorable, c'est le rôle du Parlement, c'est au Parlement de choisir...
LCI : Vous pensez que ce serait une bonne chose ?
Brigitte Girardin : Moi, d'une façon générale, je suis pour la transparence sur l'ensemble des dossiers...
LCI : Donc vous pensez que ce serait une bonne chose.
Brigitte Girardin : Je n'ai pas d'objection à émettre, et encore une fois, il y a une séparation des pouvoirs...
LCI : J'entends bien.
Brigitte Girardin : ... c'est au Parlement de décider et de faire son choix.
LCI : G. Flosse a émis l'idée, s'il était élu, d'un référendum.
Brigitte Girardin : D'un référendum, vous voulez dire de...
LCI : Un référendum en demandant aux Polynésiens s'ils sont partisans ou non de l'indépendance.
Brigitte Girardin : Non, il n'a pas émis l'idée d'un référendum sur l'autodétermination, il a simplement dit, je crois, surtout, aux membres du Parti socialiste, si... " puisque vous soutenez des indépendantistes, vous devriez demander un scrutin d'autodétermination ". Vous savez, je crois que si un tel scrutin était organisé, tout le monde en connaît l'issue, on sait très bien qu'une très grande majorité des Polynésiens ne veulent pas de rupture avec la France et je rappelle que monsieur Temaru qui prône l'indépendance, n'a réuni que 37 % des voies sur son nom.
LCI : Pour vous, le rétablissement, demain, du " système " Flosse, c'est une bonne chose pour les Polynésiens.
Brigitte Girardin : Mais encore une fois, les Polynésiens décident, ce sont des Français majeurs, qui ont une maturité démocratique, suffisante, pour décider eux-mêmes de ce qu'ils souhaitent. C'est à eux de choisir leurs élus, ce n'est sûrement pas depuis Paris, à 20 000 km, que nous devons dispenser des conseils ou porter des jugements.
LCI : Oui, mais quand ils sont 20 000 dans la rue à réclamer la dissolution on n'écoute pas ?
Brigitte Girardin : Ecoutez, il y a 54 000 Polynésiens qui ont voté pour monsieur Flosse. Le parti de monsieur Flosse est toujours le premier parti en Polynésie, il ne faut pas non plus avoir une vue fausse de la réalité politique de la Polynésie.
LCI : Les représentants de l'opposition souhaitaient être reçus par J. Chirac pour parler de cette question, ils n'ont pas eu de réponse. Ils auront une réponse bientôt ?
Brigitte Girardin : Ecoutez, ce n'est pas à moi de répondre à cette question, mais je pense que le président de la République leur apportera sûrement une réponse comme il le fait à chaque fois qu'il est interrogé.
LCI : Et vous-même vous allez vous rendre prochainement sur le territoire ?
Brigitte Girardin : Vous savez, moi je me rends en permanence sur l'ensemble des collectivités d'Outre Mer et je retournerai bien sûr en Polynésie assez rapidement, je l'espère.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 25 octobre 2004)
Brigitte Girardin : Absolument, conformément à la loi statutaire, et nous observons la même procédure que celle qui avait été suivie lors de l'élection de monsieur Temaru il y a quatre mois.
LCI : Est-ce qu'on ne risque pas de se trouver, demain, dans une situation paradoxale, avec une élection ce soir d'un Président et demain un recours devant le Conseil d'Etat qui annulerait la motion de censure ?
Brigitte Girardin : Il y a effectivement un recours devant le Conseil d'Etat en raison de ce que nous avons apprécié comme une erreur matérielle, commise par le président de l'Assemblée territoriale, monsieur Geros, qui, au moment de faire voter les motions de censure - il y a les deux motions de censure, et il y en avait une qui n'avait été signée que par un nombre insuffisant, il faut 12 signataires, et monsieur Geros -, au lieu d'appeler au vote sur la première motion de censure qui avait été déposée et qui comportait plus de 12 signataires, a pris l'autre motion qui n'avait été signée que par 6 signataires. Mais nous avons considéré que ces deux motions étant rédigées de la même façon, c'était une simple erreur matérielle de monsieur Geros. Alors, le Conseil d'Etat appréciera si c'était différent, si c'était une intention volontaire, là, on serait dans un autre cas de figure.
LCI : Quel est votre pronostic ? G. Flosse sera élu ce soir ?
Brigitte Girardin : Ah, écoutez, je n'ai pas de pronostic à faire...
LCI : Vous avez une préférence.
Brigitte Girardin : Je n'ai absolument pas de préférence. Vous savez, ce sont...
LCI : Ah, vous appartenez à une majorité !
Brigitte Girardin : Oui, mais ce sont...
LCI : Il appartient à votre majorité.
Brigitte Girardin : Ce sont les Polynésiens qui décident, qui font leur choix, et nous n'avons pas à émettre... Je ne vote pas en Polynésie, et en tout cas, on ne peut pas dire aujourd'hui qui sera élu président. Je me refuse à tout pronostic, vous savez que le vote, pour élire le Président, est un vote personnel et secret. De même que j'avais refusé de prendre position avant l'élection de monsieur Temaru, sans vouloir anticiper, je le fais de la même façon aujourd'hui.
LCI : Néanmoins, est-ce que vous estimez, à supposer que G. Flosse soit élu ce soir, que son élection résoudrait le malaise du territoire tel qu'il s'est exprimé il y a quelques jours avec une manifestation très importante, puisque si l'on compare à la population polynésienne - 150 000 personnes, si je ne me trompe, pour le Territoire français de Polynésie française -, 20 000 ou 15 000, même, personnes, dans la rue, c'est l'équivalent de plusieurs millions pour la France.
Brigitte Girardin : Je rappelle que monsieur Temaru a réuni sur son nom à peu près 43 000 suffrages, c'est-à-dire 37 % des voix. C'est vrai qu'une partie importante de son électorat est descendue dans la rue pour manifester. Le malaise que vous indiquez, je voudrais dire qu'il y est depuis l'origine, en quelque sorte, puisqu'on a eu une élection très serrée. Ni monsieur Temaru, ni monsieur Flosse ne pouvaient avoir la majorité absolue. On se trouvait dans un système où, à la suite des élections du 23 mai, celui qui allait être élu, est élu avec une seule voix de majorité, donc, dans ce cas de figure, les jeux d'alliances permettent, soit d'obtenir la majorité à une coalition, soit à une autre.
LCI : Ce qui confirmerait l'idée qu'une dissolution ne serait pas inopportune.
Brigitte Girardin : Mais vous avez vu, parfois, en France, que dans une collectivité locale, quand il y a une majorité qui tient à une voix, on dissout l'Assemblée ?
LCI : J'entends bien, mais vous vous rétractez toujours derrière des problèmes juridiques, mais est-ce que vous ne voyez pas qu'il y a un problème politique aujourd'hui ?
Brigitte Girardin : Mais, écoutez, moi je trouve que ce serait très grave que, à partir du moment où une loi statutaire prévoit qu'une motion de censure peut renverser un gouvernement, et ne dit pas que dans ce cas là, on doit dissoudre l'Assemblée - l'Assemblée ne peut être dissoute qu'en cas de blocage des institutions - je trouverais très grave que l'on décide de dissoudre depuis Paris, parce que le président élu ne nous convient pas. Je crois qu'il faut respecter vraiment la démocratie locale et respecter surtout la loi qui prévoit qu'en cas de motion de censure, le Gouvernement est renversé et qu'une élection a lieu dans les 15 jours qui suivent.
LCI : Est-ce que vous n'avez pas le sentiment que cette motion de censure, de quelque manière qu'elle ait été instrumentalisée, visait à éviter la parution d'audits qui sont très néfastes pour les 16 ans de gouvernement de G. Flosse ?
Brigitte Girardin : Ecoutez, il peut y avoir tous les audits que l'on souhaite. Moi, je voudrais rappeler que nous avons considérablement renforcé, dans les derniers statuts, tous les contrôles, aussi bien de légalité, que financiers et budgétaires et que, à partir du moment où l'on constaterait des illégalités et des malversations, la justice doit être saisie, mais ce n'est...
LCI : Attendez, pour ceux qui nous écoutent, comment, vous, vous réagissez quand vous apprenez, et vous le savez, puisque vous suivez ces questions depuis très longtemps, que la Délégation de Polynésie à Paris avait pour le service du président une limousine rallongée, une Mercedes, un parc de voitures considérable, pour les déplacements du Président du territoire polynésien à Paris ? Ça ne vous choque pas ?
Brigitte Girardin : Ecoutez, moi je n'ai pas à porter de jugement sur la façon dont un territoire qui a une très large autonomie, gère ses moyens et son personnel. Encore une fois, s'il y a des illégalités qui ont été commises, ou des malversations, je crois que ce n'est pas devant la presse qu'il faut le dénoncer, mais devant la justice.
LCI : Alors, quelques questions très précises. Les socialistes et la gauche ont réclamé une commission d'enquête. Ce n'est pas de votre ressort, bien évidemment, c'est du ressort du président de l'Assemblée nationale, mais est-ce que vous, vous seriez favorable à une commission d'enquête parlementaire ?
Brigitte Girardin : Je n'ai pas à être favorable ou défavorable, c'est le rôle du Parlement, c'est au Parlement de choisir...
LCI : Vous pensez que ce serait une bonne chose ?
Brigitte Girardin : Moi, d'une façon générale, je suis pour la transparence sur l'ensemble des dossiers...
LCI : Donc vous pensez que ce serait une bonne chose.
Brigitte Girardin : Je n'ai pas d'objection à émettre, et encore une fois, il y a une séparation des pouvoirs...
LCI : J'entends bien.
Brigitte Girardin : ... c'est au Parlement de décider et de faire son choix.
LCI : G. Flosse a émis l'idée, s'il était élu, d'un référendum.
Brigitte Girardin : D'un référendum, vous voulez dire de...
LCI : Un référendum en demandant aux Polynésiens s'ils sont partisans ou non de l'indépendance.
Brigitte Girardin : Non, il n'a pas émis l'idée d'un référendum sur l'autodétermination, il a simplement dit, je crois, surtout, aux membres du Parti socialiste, si... " puisque vous soutenez des indépendantistes, vous devriez demander un scrutin d'autodétermination ". Vous savez, je crois que si un tel scrutin était organisé, tout le monde en connaît l'issue, on sait très bien qu'une très grande majorité des Polynésiens ne veulent pas de rupture avec la France et je rappelle que monsieur Temaru qui prône l'indépendance, n'a réuni que 37 % des voies sur son nom.
LCI : Pour vous, le rétablissement, demain, du " système " Flosse, c'est une bonne chose pour les Polynésiens.
Brigitte Girardin : Mais encore une fois, les Polynésiens décident, ce sont des Français majeurs, qui ont une maturité démocratique, suffisante, pour décider eux-mêmes de ce qu'ils souhaitent. C'est à eux de choisir leurs élus, ce n'est sûrement pas depuis Paris, à 20 000 km, que nous devons dispenser des conseils ou porter des jugements.
LCI : Oui, mais quand ils sont 20 000 dans la rue à réclamer la dissolution on n'écoute pas ?
Brigitte Girardin : Ecoutez, il y a 54 000 Polynésiens qui ont voté pour monsieur Flosse. Le parti de monsieur Flosse est toujours le premier parti en Polynésie, il ne faut pas non plus avoir une vue fausse de la réalité politique de la Polynésie.
LCI : Les représentants de l'opposition souhaitaient être reçus par J. Chirac pour parler de cette question, ils n'ont pas eu de réponse. Ils auront une réponse bientôt ?
Brigitte Girardin : Ecoutez, ce n'est pas à moi de répondre à cette question, mais je pense que le président de la République leur apportera sûrement une réponse comme il le fait à chaque fois qu'il est interrogé.
LCI : Et vous-même vous allez vous rendre prochainement sur le territoire ?
Brigitte Girardin : Vous savez, moi je me rends en permanence sur l'ensemble des collectivités d'Outre Mer et je retournerai bien sûr en Polynésie assez rapidement, je l'espère.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 25 octobre 2004)