Texte intégral
Q- J.-P. Raffarin reste donc à Matignon. C'est Raffarin-Lazare, parce qu'on le donne plusieurs fois pour mort, il est là, il dure.
R- Le plus difficile n'est sans doute pas de durer car dès lors qu'il a la confiance du président de la République et celle de sa majorité, c'est normal qu'il soit encore là, le problème c'est qu'il n'a plus la confiance du pays, et c'est bien là que le contrat qu'il nous propose perd toute signification. Un contrat, il est fondé sur la confiance. Et quand le contrat n'est plus là, eh bien la parole, du Premier ministre en l'occurrence se perd dans les sables de l'indifférence.
Q- A mi-temps du quinquennat, comme il dit, avec 2,5% de croissance, il propose, en effet, son contrat France 2005. Le chômage a un peu baissé, vous ne pouvez pas le nier, il promet de le réduire, de créer des emplois.
R- Là aussi, la parole est là. Parole, parole, mais où sont les actes qui peuvent authentifier de cette intention là ? Au contraire, depuis maintenant deux ans et demi, tout ce qui avait été mis en place comme dispositifs de lutte contre le chômage, d'insertion pour les jeunes, tout cela a disparu, et là qu'est-ce qu'on nous propose ?
Q- Oui, mais le chômage n'augmente pas.
R- Je vais prendre une illustration. On nous dit : voilà, on va faire une grande mesure pour les emplois familiaux. Très bien, si ça peut servir à la fois aux familles et à l'emploi. Est-ce qu'il s'agit d'une prestation pour permettre à de nombreuses familles de pouvoir mieux concilier vie professionnelle et vie familiale ? Nullement. Il s'agit de donner, une nouvelle fois, une déduction fiscale supplémentaire notamment aux personnes qui ont le plus haut revenu, ce qui va aboutir à cette situation quand même extravagante dans notre pays où l'employeur d'une personne à domicile va se retrouver non imposable, quand l'employé de maison, lui ou elle, sera assujetti à l'impôt sur le revenu. Donc il n'y aura aucun progrès...
Q- Il aura peut-être aussi un emploi.
R- Mais il l'avait déjà cet emploi là, et quand bien même, il aurait fallu plutôt utiliser toute la gamme des aides aux personnes qui sont seules ou des aides aux familles pour donner des prestations ou pour aider à la garde des enfants dans les crèches collectives, plutôt que de donner un avantage fiscal dont le seul effet sera d'encourager encore les hauts patrimoines plutôt que de donner des moyens pour la consommation du plus grand nombre. Donc défavorable à l'emploi, injuste socialement. C'est la politique de J.-P. Raffarin.
Q- Vous pensez que ça illustre sa politique ?
R- Je pense que s'il y avait un symbole, je ne voudrais pas le réduire à cela, mais quand même un symbole de sa politique, depuis deux ans et demi, il y a eu une suite d'avantages fiscaux aux même catégories, au prétexte que ça pouvait être favorable à la consommation et donc à l'emploi. Et je constate une nouvelle fois, on va baisser l'impôt sur les sociétés, baisser la taxe professionnelle, baisser les cotisations sociales à travers des exonérations, sans aucune contrepartie en terme d'emploi. Donc on demande des sacrifices à beaucoup, j'allais dire à l'ensemble des Français, et on accorde des avantages à certains, ceux-là mêmes qui sont les clientèles du gouvernement, et ça a comme résultat finalement une perte de confiance, ce qui n'est pas bon pour l'économie, car quand il y a un Premier ministre aussi impopulaire, finalement c'est l'économie qui en souffre, et deuxièmement, ce qui aboutit à ce qu'il n'y ait pas de croissance suffisamment créatrice d'emplois et redistributrice de pouvoir d'achat.
Q- Il n'empêche que les derniers chiffres du chômage montrent que le chômage baisse.
R- Un mois, J.-P. Elkabbach, un mois, pendant qu'il y a eu depuis deux ans une hausse. Alors je veux croire, parce que je suis favorable à ce que mon pays aille mieux, je veux croire que ça va continuer, mais vraiment, ne laissez pas penser qu'une hirondelle fait le printemps, en l'occurrence nous sommes en automne.
Q- D'autant plus que ça ne vous arrangerait pas qu'elle fasse le printemps. Alors deuxièmement, il promet de réussir avec F. Fillon, la rentrée scolaire et la réforme de l'école, troisièmement il promet de lutter contre la vie chère, et N. Sarkozy a commencé. Sur les délocalisations, il condamne les attitudes antisociales, et peut-être il finira par supprimer les aides aux entreprises qui délocalisent, comme le fait S. Royal en Poitou-Charentes, non ?
R- C'est bien quand même de conditionner, c'est bien la moindre des choses de conditionner les aides à l'emploi à la localisation d'activités sur le territoire national ou sur le territoire régional. Là-dessus,heureusement qu'il n'y a pas de débat entre nous. En revanche, d'avoir mis les 35 heures au cur du débat public depuis maintenant deux ans,d'avoir laissé entendre que ce serait les 35 heures, toujours les 35 heures, qui justifieraient, ou les suppressions d'emplois, ou les délocalisations, ça a permis à quelques chefs d'entreprises, heureusement limités, d'organiser un véritable chantage à l'emploi, dont on voit aujourd'hui les traductions. Deuxième illustration,aujourd'hui il y a une menace sur le droit du travail et notamment par rapport aux restructurations d'entreprises. Là aussi, si on laisse le Gouvernement démanteler pans après pans le droit du travail, je peux vous dire, ça ne créera pas d'emplois, ça créera un certain nombre de disparitions d'entreprises et le chantage continuera.
Q- F. Hollande, ne tournons pas toujours autour des mêmes thèmes et des mêmes dossiers...
R- Mais c'est la vérité, c'est la réalité.
Q- Pourquoi vous ne proposez pas une alternative, au moins un vrai programme, que l'on sache que le Parti socialiste ne se définit pas seulement contre J.-P. Raffarin ?
R- Vous m'interrogez par rapport à J.-P. Raffarin, permettez que j'y réponde. Mais, vous me demandez des propositions, je vais vous en faire une. Si on veut lutter contre les délocalisations, il y a deux méthodes. Soit on considère que les salaires sont trop hauts, les protections sociales trop élevées, le droit du travail trop contraignant,c'est une méthode, ce n'est pas la mienne. Il y a une deuxième méthode qui est de considérer qu'il faut donner priorité à la formation professionnelle, y compris en aidant les entreprises, à la recherche,parce que c'est la recherche sur les produits de haute technologie qui permettra justement d'avoir cet avantage comparatif. Et troisièmement,c'est l'investissement sur les bassins d'emplois qui sont les plu sdégradés. Alors, faisons cette politique, si elle est faite, si elle est engagée, je la soutiendrai, aujourd'hui elle n'est pas là.
Q- Il est insubmersible, pour le moment.
R- De qui parlez-vous ?
Q- De Raffarin.
R- Et des Français, vous en parlez ? Parce que lui peut être insubmersible, mais les Français, ils souffrent, ils prennent l'eau, ils se noient.
Q- A cause de lui ?
R- J'ai beaucoup de considération pour la fonction de Premier ministre, mais très franchement je n'ai pas de pitié à l'égard de telle ou telle situation personnelle en fonction des responsabilités qui sont tenues, en revanche j'ai quand même pour ceux qui souffrent un certain nombre de précautions à prendre.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 21 septembre 2004)
R- Le plus difficile n'est sans doute pas de durer car dès lors qu'il a la confiance du président de la République et celle de sa majorité, c'est normal qu'il soit encore là, le problème c'est qu'il n'a plus la confiance du pays, et c'est bien là que le contrat qu'il nous propose perd toute signification. Un contrat, il est fondé sur la confiance. Et quand le contrat n'est plus là, eh bien la parole, du Premier ministre en l'occurrence se perd dans les sables de l'indifférence.
Q- A mi-temps du quinquennat, comme il dit, avec 2,5% de croissance, il propose, en effet, son contrat France 2005. Le chômage a un peu baissé, vous ne pouvez pas le nier, il promet de le réduire, de créer des emplois.
R- Là aussi, la parole est là. Parole, parole, mais où sont les actes qui peuvent authentifier de cette intention là ? Au contraire, depuis maintenant deux ans et demi, tout ce qui avait été mis en place comme dispositifs de lutte contre le chômage, d'insertion pour les jeunes, tout cela a disparu, et là qu'est-ce qu'on nous propose ?
Q- Oui, mais le chômage n'augmente pas.
R- Je vais prendre une illustration. On nous dit : voilà, on va faire une grande mesure pour les emplois familiaux. Très bien, si ça peut servir à la fois aux familles et à l'emploi. Est-ce qu'il s'agit d'une prestation pour permettre à de nombreuses familles de pouvoir mieux concilier vie professionnelle et vie familiale ? Nullement. Il s'agit de donner, une nouvelle fois, une déduction fiscale supplémentaire notamment aux personnes qui ont le plus haut revenu, ce qui va aboutir à cette situation quand même extravagante dans notre pays où l'employeur d'une personne à domicile va se retrouver non imposable, quand l'employé de maison, lui ou elle, sera assujetti à l'impôt sur le revenu. Donc il n'y aura aucun progrès...
Q- Il aura peut-être aussi un emploi.
R- Mais il l'avait déjà cet emploi là, et quand bien même, il aurait fallu plutôt utiliser toute la gamme des aides aux personnes qui sont seules ou des aides aux familles pour donner des prestations ou pour aider à la garde des enfants dans les crèches collectives, plutôt que de donner un avantage fiscal dont le seul effet sera d'encourager encore les hauts patrimoines plutôt que de donner des moyens pour la consommation du plus grand nombre. Donc défavorable à l'emploi, injuste socialement. C'est la politique de J.-P. Raffarin.
Q- Vous pensez que ça illustre sa politique ?
R- Je pense que s'il y avait un symbole, je ne voudrais pas le réduire à cela, mais quand même un symbole de sa politique, depuis deux ans et demi, il y a eu une suite d'avantages fiscaux aux même catégories, au prétexte que ça pouvait être favorable à la consommation et donc à l'emploi. Et je constate une nouvelle fois, on va baisser l'impôt sur les sociétés, baisser la taxe professionnelle, baisser les cotisations sociales à travers des exonérations, sans aucune contrepartie en terme d'emploi. Donc on demande des sacrifices à beaucoup, j'allais dire à l'ensemble des Français, et on accorde des avantages à certains, ceux-là mêmes qui sont les clientèles du gouvernement, et ça a comme résultat finalement une perte de confiance, ce qui n'est pas bon pour l'économie, car quand il y a un Premier ministre aussi impopulaire, finalement c'est l'économie qui en souffre, et deuxièmement, ce qui aboutit à ce qu'il n'y ait pas de croissance suffisamment créatrice d'emplois et redistributrice de pouvoir d'achat.
Q- Il n'empêche que les derniers chiffres du chômage montrent que le chômage baisse.
R- Un mois, J.-P. Elkabbach, un mois, pendant qu'il y a eu depuis deux ans une hausse. Alors je veux croire, parce que je suis favorable à ce que mon pays aille mieux, je veux croire que ça va continuer, mais vraiment, ne laissez pas penser qu'une hirondelle fait le printemps, en l'occurrence nous sommes en automne.
Q- D'autant plus que ça ne vous arrangerait pas qu'elle fasse le printemps. Alors deuxièmement, il promet de réussir avec F. Fillon, la rentrée scolaire et la réforme de l'école, troisièmement il promet de lutter contre la vie chère, et N. Sarkozy a commencé. Sur les délocalisations, il condamne les attitudes antisociales, et peut-être il finira par supprimer les aides aux entreprises qui délocalisent, comme le fait S. Royal en Poitou-Charentes, non ?
R- C'est bien quand même de conditionner, c'est bien la moindre des choses de conditionner les aides à l'emploi à la localisation d'activités sur le territoire national ou sur le territoire régional. Là-dessus,heureusement qu'il n'y a pas de débat entre nous. En revanche, d'avoir mis les 35 heures au cur du débat public depuis maintenant deux ans,d'avoir laissé entendre que ce serait les 35 heures, toujours les 35 heures, qui justifieraient, ou les suppressions d'emplois, ou les délocalisations, ça a permis à quelques chefs d'entreprises, heureusement limités, d'organiser un véritable chantage à l'emploi, dont on voit aujourd'hui les traductions. Deuxième illustration,aujourd'hui il y a une menace sur le droit du travail et notamment par rapport aux restructurations d'entreprises. Là aussi, si on laisse le Gouvernement démanteler pans après pans le droit du travail, je peux vous dire, ça ne créera pas d'emplois, ça créera un certain nombre de disparitions d'entreprises et le chantage continuera.
Q- F. Hollande, ne tournons pas toujours autour des mêmes thèmes et des mêmes dossiers...
R- Mais c'est la vérité, c'est la réalité.
Q- Pourquoi vous ne proposez pas une alternative, au moins un vrai programme, que l'on sache que le Parti socialiste ne se définit pas seulement contre J.-P. Raffarin ?
R- Vous m'interrogez par rapport à J.-P. Raffarin, permettez que j'y réponde. Mais, vous me demandez des propositions, je vais vous en faire une. Si on veut lutter contre les délocalisations, il y a deux méthodes. Soit on considère que les salaires sont trop hauts, les protections sociales trop élevées, le droit du travail trop contraignant,c'est une méthode, ce n'est pas la mienne. Il y a une deuxième méthode qui est de considérer qu'il faut donner priorité à la formation professionnelle, y compris en aidant les entreprises, à la recherche,parce que c'est la recherche sur les produits de haute technologie qui permettra justement d'avoir cet avantage comparatif. Et troisièmement,c'est l'investissement sur les bassins d'emplois qui sont les plu sdégradés. Alors, faisons cette politique, si elle est faite, si elle est engagée, je la soutiendrai, aujourd'hui elle n'est pas là.
Q- Il est insubmersible, pour le moment.
R- De qui parlez-vous ?
Q- De Raffarin.
R- Et des Français, vous en parlez ? Parce que lui peut être insubmersible, mais les Français, ils souffrent, ils prennent l'eau, ils se noient.
Q- A cause de lui ?
R- J'ai beaucoup de considération pour la fonction de Premier ministre, mais très franchement je n'ai pas de pitié à l'égard de telle ou telle situation personnelle en fonction des responsabilités qui sont tenues, en revanche j'ai quand même pour ceux qui souffrent un certain nombre de précautions à prendre.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 21 septembre 2004)