Déclaration de Mme Claudie Haigneré, ministre déléguée à la recherche et aux nouvelles technologies, sur la proposition de la France d'une Charte d'éthique et de civilité commune aux usagers de l'Internet, Genève le 10 décembre 2003.

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Circonstance : Table ronde MJNER lors du Sommet mondial de la société de l'information, à Genève, du 10 au 12 décembre 2003

Texte intégral

Mesdames, messieurs,
Je me félicite d'avoir aujourd'hui l'occasion d'intervenir sur un sujet qui me tient particulièrement à coeur: l'innovation technologique comme facteur de progrès au service de l'homme. L'internet représente en ce domaine une authentique révolution, dont nous ne mesurons peut-être pas encore l'influence qu'elle est à même d'avoir sur le développement durable de nos sociétés.
Je n'ignore pas que, comme tout instrument dont l'usage reste relativement récent et est destiné au public le plus large, son maniement peut s'avérer utile, mais parfois aussi néfaste. Je n'ai pas l'intention de revenir ici sur les méfaits qui peuvent être commis par le moyen de ce nouveau média; chacun les a présents à l'esprit. Le procès récemment tenu en Allemagne suite à des rencontres faites sur Internet en est un exemple.
Je souhaite quant à moi souligner ce qu'il peut avoir de véritablement positif, lorsqu'il est bien utilisé. Comme disait René Cassin, "le pouvoir croissant dont l'homme dispose, crée le devoir croissant d'en user pour le bien."
Rappelons à cet égard que nous célébrons aujourd'hui le 55e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme signée le 10 décembre 1948, dont le rédacteur principal fut justement René Cassin. Cet anniversaire est un symbole fort, ici, à Genève, au sommet mondial de la société de l'information, sous l'égide de l'ONU.
La Déclaration de principes et le Plan d'action que les Nations unies adopteront- espérons-le, à l'issue de ce Sommet mettent l'accent sur la nécessité de promouvoir les "dimensions éthiques de la société de l'information ", et j'attache dans ce cadre une grande importance à l'évocation des droits de l'Homme quant à la circulation des savoirs et des informations via Internet.
Plusieurs actions découlent de cette future Déclaration de principes. Je souhaite pour ma part mentionner ici quelques thèmes de travail qui lui sont attachés : protection des mineurs sur Internet, éducation de tous à la civilité sur Internet et à la civilité via Internet, lutte contre le spam. Nous assistons désormais à une véritable prise de conscience de la nécessité d'une réelle coopération internationale sur ces sujets et d'une action volontaire et efficace : la première phase de ce sommet en est une étape, la coopération internationale doit se renforcer entre les deux phases du sommet. La France a d'ailleurs pris les devants en ce sens, avec une initiative sur la "gouvernance des contenus" prise en direction de ses partenaires européens.
Une autre action que nous souhaitons proposer aujourd'hui, à partir de l'éthique des droits de l'Homme, est un projet de Charte commune aux usagers de l'internet, dont nous souhaitons initier le débat à partir de votre table ronde.
Délibérément placée dans le cadre de la Décennie des Nations Unies sur l'éducation aux droits de l'Homme (1995-2004), cette initiative de Charte d'éthique et de civilité commune aux usagers de l'internet peut permettre de sensibiliser tout internaute sur la possibilité de communication universelle que l'internet permet désormais, et qui lui confère, en tant qu'internaute, non seulement des droits, mais aussi des devoirs à l'égard de la communauté humaine tout entière.
Comme le souligne ce projet de Charte, l'ensemble des internautes doit s'efforcer d'établir sur la Toile un climat de confiance, d'instaurer un dialogue authentique entre les peuples, les cultures et les religions et d'aider le plus grand nombre, et en particulier les jeunes, à accéder de façon permanente aux informations nécessaires non seulement au progrès de leurs connaissances mais aussi à l'épanouissement de leur personnalité.
De cette manière, nous aurons peut-être offert à ce Sommet la possibilité de s'engager dans une aventure à la fois individuelle et collective, à l'image même d'une société progressant dans la voie du respect de toute dignité humaine.

(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 12 décembre 2003)