Texte intégral
Monsieur le recteur, Messieurs les professeurs, Chers étudiants, Mesdames, Messieurs, Je vais être très rapide. D'abord, je voudrais vous saluer du fond du cur, vous remercier de vous être ici rassemblés, et surtout de mener ce travail important pour votre formation, au travers de cette belle langue qu'est la langue que nous avons en commun, la langue française. Je voudrais saluer vos initiatives pédagogiques, et vous dire combien la jeunesse de France est admiratrice de la jeunesse roumaine pour sa capacité d'ouverture, et notamment son intelligence des langues et sa volonté de participer à l'Europe, avec un multilinguisme expérimenté.
Je voudrais vous dire combien nous sommes sensibles aux engagements de votre pays dans la francophonie, et nous souhaitons qu'en 2006, le sommet de la Francophonie puisse avoir lieu à Bucarest, et qu'à cette occasion, nous redéfinissions ensemble un peu ce qu'est le message de la francophonie au XXIe siècle. Qu'est-ce que cela veut dire que parler français ? Ce n'est pas seulement des mots ; ce n'est pas seulement une compréhension : c'est une histoire, ce sont des messages, ce sont des choses que nous avons à dire. La langue est un média ; la langue est aussi un message et ce message, c'est celui des droits de l'homme, c'est le message des valeurs universelles, c'est le message que nous portons, et quand nous parlons français, nous sommes un peu engagés, dans notre pensée, par ces valeurs que notre langue nous impose. Et c'est pour cela qu'aujourd'hui où nous préparons, dans ce siècle nouveau, des idées nouvelles pour faire face aux défis qui sont les nôtres, je crois que la diversité culturelle et l'usage du français comme accès à cette diversité est très important.
Mon deuxième message est pour vous dire que je suis, comme vous, un profond Européen, je suis comme vous un militant de l'Europe engagé. Vous savez, nous avons connu de nombreuses étapes dans la construction européenne. Les Pères fondateurs de l'Europe, ceux qui avec Jean Monnet, Robert Schuman, ont jeté les bases d'une construction européenne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, voulaient surtout la paix à l'intérieur de nos frontières. Et voilà trente mois que je suis Premier ministre, trente mois que tous les jours je regarde le monde. Et je le vois de plus en plus dangereux. Je le vois de plus en plus déséquilibré. Je vois monter le terrorisme, je vois monter des intégrismes. Et face à ce monde dangereux, je dis que le message des Pères fondateurs, qui était la paix à l'intérieur des frontières, est aujourd'hui le message de l'Europe : la paix aussi à l'extérieur de nos frontières.
C'est pour cela que l'Europe c'est un choix d'urgence. Il faut aller vite pour construire aujourd'hui cette Europe continentale, qui participera au rééquilibre du monde, qui fera exister notre pensée, qui fera exister nos valeurs. Il faut réorganiser le monde si nous voulons éviter d'échapper au choc de civilisations. Il faut organiser le monde pour que l'ONU soit la source du droit, pour que l'OMC soit la source d'un développement plus juste, et pour qu'une organisation mondiale de l'environnement vienne affirmer cette conscience de la planète qui est la nôtre. Il nous faut cette gouvernance mondiale. Mais si l'Europe n'est pas organisée, si l'Europe n'est pas structurée, elle ne participera pas à cette gouvernance mondiale qui risque, à ce moment-là, d'être quelque peu unilatérale. Donc, il y a urgence à faire le choix d'Europe. Le monde a besoin de l'Europe. Hegel a une très belle phrase. Il dit : l'oiseau de Minerve s'envole juste avant la nuit ". C'est-à-dire qu'il n'y a plus de temps, il y a peu de temps pour la sagesse avant la nuit. Il y a peu de temps pour faire l'Europe avant les désordres du monde. C'est pour cela que cette Europe est d'abord un choix d'urgence.
C'est aussi un choix politique. Nous avons connu une Europe qui, quelquefois, était un peu administrative. Vous la connaîtrez progressivement comme cela, vous vous apercevrez qu'elle est belle, l'Europe, et que de temps en temps, elle est un peu bureaucratique, un peu administrative. Et quelquefois l'administration ronge un peu l'ambition, parce que nous avons oublié cet élan fondateur. Aujourd'hui, avec la perspective de la nouvelle Constitution, la politique revient au coeur de la construction européenne, avec un Conseil européen qui sera présidé pendant deux ans et demi, peut-être cinq ans, par une personnalité qui aura été élue par les chefs d'État, avec une règle qui est très importante, qui est la règle de la double majorité.
Pendant longtemps, on a dit "l'Europe, c'est l'Europe fédérale, c'est l'Europe des peuples". Après, on a dit "c'est l'Europe des États". Eh bien, finalement, on a trouvé le chemin qui est une Europe des États et des peuples. Une majorité d'États, une majorité des peuples, pour avoir une majorité pour décider. C'est cette Europe politique capable d'écouter les citoyens, avec des femmes et des hommes responsables au Parlement européen, à la Commission et au Conseil, c'est cette Europe-là que nous voulons : un choix d'urgence, un choix politique. Pour la Roumanie aussi, un choix social.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 2 novembre 2004
Je voudrais vous dire combien nous sommes sensibles aux engagements de votre pays dans la francophonie, et nous souhaitons qu'en 2006, le sommet de la Francophonie puisse avoir lieu à Bucarest, et qu'à cette occasion, nous redéfinissions ensemble un peu ce qu'est le message de la francophonie au XXIe siècle. Qu'est-ce que cela veut dire que parler français ? Ce n'est pas seulement des mots ; ce n'est pas seulement une compréhension : c'est une histoire, ce sont des messages, ce sont des choses que nous avons à dire. La langue est un média ; la langue est aussi un message et ce message, c'est celui des droits de l'homme, c'est le message des valeurs universelles, c'est le message que nous portons, et quand nous parlons français, nous sommes un peu engagés, dans notre pensée, par ces valeurs que notre langue nous impose. Et c'est pour cela qu'aujourd'hui où nous préparons, dans ce siècle nouveau, des idées nouvelles pour faire face aux défis qui sont les nôtres, je crois que la diversité culturelle et l'usage du français comme accès à cette diversité est très important.
Mon deuxième message est pour vous dire que je suis, comme vous, un profond Européen, je suis comme vous un militant de l'Europe engagé. Vous savez, nous avons connu de nombreuses étapes dans la construction européenne. Les Pères fondateurs de l'Europe, ceux qui avec Jean Monnet, Robert Schuman, ont jeté les bases d'une construction européenne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, voulaient surtout la paix à l'intérieur de nos frontières. Et voilà trente mois que je suis Premier ministre, trente mois que tous les jours je regarde le monde. Et je le vois de plus en plus dangereux. Je le vois de plus en plus déséquilibré. Je vois monter le terrorisme, je vois monter des intégrismes. Et face à ce monde dangereux, je dis que le message des Pères fondateurs, qui était la paix à l'intérieur des frontières, est aujourd'hui le message de l'Europe : la paix aussi à l'extérieur de nos frontières.
C'est pour cela que l'Europe c'est un choix d'urgence. Il faut aller vite pour construire aujourd'hui cette Europe continentale, qui participera au rééquilibre du monde, qui fera exister notre pensée, qui fera exister nos valeurs. Il faut réorganiser le monde si nous voulons éviter d'échapper au choc de civilisations. Il faut organiser le monde pour que l'ONU soit la source du droit, pour que l'OMC soit la source d'un développement plus juste, et pour qu'une organisation mondiale de l'environnement vienne affirmer cette conscience de la planète qui est la nôtre. Il nous faut cette gouvernance mondiale. Mais si l'Europe n'est pas organisée, si l'Europe n'est pas structurée, elle ne participera pas à cette gouvernance mondiale qui risque, à ce moment-là, d'être quelque peu unilatérale. Donc, il y a urgence à faire le choix d'Europe. Le monde a besoin de l'Europe. Hegel a une très belle phrase. Il dit : l'oiseau de Minerve s'envole juste avant la nuit ". C'est-à-dire qu'il n'y a plus de temps, il y a peu de temps pour la sagesse avant la nuit. Il y a peu de temps pour faire l'Europe avant les désordres du monde. C'est pour cela que cette Europe est d'abord un choix d'urgence.
C'est aussi un choix politique. Nous avons connu une Europe qui, quelquefois, était un peu administrative. Vous la connaîtrez progressivement comme cela, vous vous apercevrez qu'elle est belle, l'Europe, et que de temps en temps, elle est un peu bureaucratique, un peu administrative. Et quelquefois l'administration ronge un peu l'ambition, parce que nous avons oublié cet élan fondateur. Aujourd'hui, avec la perspective de la nouvelle Constitution, la politique revient au coeur de la construction européenne, avec un Conseil européen qui sera présidé pendant deux ans et demi, peut-être cinq ans, par une personnalité qui aura été élue par les chefs d'État, avec une règle qui est très importante, qui est la règle de la double majorité.
Pendant longtemps, on a dit "l'Europe, c'est l'Europe fédérale, c'est l'Europe des peuples". Après, on a dit "c'est l'Europe des États". Eh bien, finalement, on a trouvé le chemin qui est une Europe des États et des peuples. Une majorité d'États, une majorité des peuples, pour avoir une majorité pour décider. C'est cette Europe politique capable d'écouter les citoyens, avec des femmes et des hommes responsables au Parlement européen, à la Commission et au Conseil, c'est cette Europe-là que nous voulons : un choix d'urgence, un choix politique. Pour la Roumanie aussi, un choix social.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 2 novembre 2004