Texte intégral
Cette réception marque un véritable événement : le classement par l'Etat des archives du PCF et des fonds de la Bibliothèque marxiste de Paris comme " archives présentant du point de vue de l'histoire un intérêt public ". Il s'agit, à ma connaissance, d'une première concernant un parti politique français.
Nous sommes naturellement honorés de cette distinction exceptionnelle. Elle confirme l'intérêt et l'originalité du patrimoine. Un patrimoine attaché à plus de 80 ans d'enracinement de l'engagement communiste au sein de la société française.
Cette histoire, que nous assumons dans sa totalité, sans y choisir ou en retrancher au gré de sa lecture, a produit un matériau historique et culturel singulier dans le panorama des organisations politiques françaises. Il constitue un ensemble documentaire utile, certes à l'étude du Parti communiste, à celle du communisme, mais aussi, plus largement, à l'analyse et à la compréhension d'ensemble de la société française du XXe siècle.
Aujourd'hui, il est conforté comme un patrimoine de premier plan.
Vous comprendrez que je profite de l'occasion qui m'est offerte ici pour remercier publiquement Mme la Directrice des Archives de France, pour la disponibilité et l'intérêt qu'elle a manifesté en permanence à l'égard de notre dossier, de notre sollicitation initiale jusqu'à l'aboutissement de la procédure de classement et à l'attribution de premières aides qu'elle permet.
Nous voyons dans cette mesure un encouragement à confirmer et consolider la démarche, annoncée publiquement en 1993 par Francette Lazard, d'ouverture des fonds à la recherche. Disant cela, je souhaite m'arrêter sur le caractère déterminant de la réflexion et de l'implication personnelles de Francette dans la prise de décision et, depuis lors, dans le développement de cette orientation. On mesure mieux aujourd'hui qu'il ne s'agissait pas d'un simple effet d'annonce sans lendemain. Passé le retentissement initial, le respect en pratique des engagements pris a généré un flux de sollicitation et un niveau de consultation par les chercheurs, qui ne s'est jamais démenti depuis et a débouché sur de nombreux travaux et publications historiques ou culturels.
Cette attitude qui est la nôtre, tient à des motivations profondes : la volonté raisonnée de demeurer fidèles à l'idéal émancipateur qui a motivé l'engagement de générations successives et celle de porter un projet et une visée communiste profondément renouvelés, tirant les leçons de l'histoire - et, en particulier, de celle du Parti communiste français lui-même.
C'est pourquoi nous entendons uvrer à la préservation des archives et impulser le travail de mémoire qu'elles appellent, visant à la restitution et à l'appropriation critique de cette histoire, sans la caricaturer ni la sacraliser.
C'est d'autant plus nécessaire que le rôle et l'apport spécifique des militants communistes aux luttes émancipatrices du siècle écoulé, la nature des motivations qui les animaient, sont trop souvent déformés, voire tout simplement occultés.
Que cela procède sciemment de l'instrumentalisation de l'histoire à des fins idéologiques, que cela résulte de la soumission à un certain conformisme ambiant ou que cela révèle une véritable méconnaissance, il n'empêche : le registre de la mémoire et des représentations collectives recèle encore des enjeux important en termes de pluralisme et de démocratie.
L'apport de l'Amicale des Vétérans de notre Parti peut être irremplaçable en ce domaine, en fournissant un témoignage direct sur la réalité concrète de l'engagement communiste et la façon dont il fut vécu par les militants.
De nombreux historiens et chercheurs ont pu faire l'expérience de notre volonté de transparence et d'ouverture. Ils ont pu vérifier que les seules limites rencontrées tenaient à l'avancement du travail de classement et d'inventaire, lui-même tributaire des moyens que le Parti communiste est en mesure de lui consacrer. Car, j'y insiste, cette politique de communication des fonds à la recherche, qui s'apparente en quelque sorte à une démarche de " service public ", était portée jusqu'à ce jour avec les seuls moyens du PCF. Chacun peut mesurer que sa poursuite d'année en année, dans un contexte de contraintes budgétaires fortes, témoigne d'une motivation et d'un engagement forts.
Je sais gré aux différents responsables de nos archives et, en dernier lieu, à Pascal Carreau, de s'être investis dans l'accomplissement de ces missions et d'avoir tâché de préserver un haut niveau d'ambition, dans des conditions parfois complexes. Je mesure l'effort qui a été accompli, ces dernières années, pour faire face aux sollicitations de nombreux chercheurs français et étrangers, pour consolider les liens établis avec les milieux scientifiques, pour susciter les versements de documents. Il me semble qu'une véritable crédibilité s'est instaurée et qu'elle est reconnue aujourd'hui. Elle doit beaucoup à tous ceux et celles qui, historiens, chercheurs, archivistes, militants et militantes, dirigeants et dirigeantes communistes des différentes générations, ont contribué bénévolement et dans leur diversité à ce travail, autour de l'association " Archives du communisme français ".
Nous faisons nôtre l'exigence d'un libre accès des chercheurs qui nourrissent le débat d'interprétation historique sur le communisme, dans la diversité de leurs approches et à égalité de droits, à l'ensemble des sources disponibles.
Ayant sacrifié lui-même à une approche officielle et instrumentalisante de l'histoire, le Parti communiste a désormais renoncé explicitement à toute pratique arbitraire de rétention ou de communication sélective de documents d'archives.
A l'inverse des rumeurs et prétendues révélations, il s'agit ainsi de laisser place à la rigueur des travaux et à la transparence des controverses.
Permettez moi d'ajouter que cette exigence de transparence de l'accès aux sources excède le seul champs de l'investigation historique sur le communisme. La période récente a montré à quel point elle s'exprimait - prenant parfois la forme d'une véritable exigence citoyenne - au sujet de points nodaux de la mémoire collective que sont, par exemple, la période de la collaboration ou celle de la Guerre d'Algérie.
Pour ce qui nous concerne, nous avons résolu de déposer l'ensemble de nos fonds communicables dans un centre public d'archives, disposant des équipements et des compétences aptes à assurer durablement leur conservation et garantissant la pérennité de leur ouverture aux chercheurs. Cette mesure ne traduit aucunement, j'y insiste, un désintérêt ou un dessaisissement quelconques du Parti communiste sur ses archives. Je le souligne, la direction du Parti communiste conservera, sans équivoque possible, la propriété de ses archives, un droit d'accès permanent et la maîtrise de l'usage qui pourra en être fait.
Cela n'annonce pas plus un abandon par le Parti communiste du terrain des enjeux politiques et idéologiques liés à l'histoire, ni un renoncement au travail de mise en mouvement de sa propre mémoire. Nous allons bien sûr continuer à travailler à tout cela ! Le Conseil national du Parti a constitué récemment un collectif " Mémoires et initiatives militantes ", qui s'est réuni pour la première, fois juste avant cette réception, et qui est chargé d'impulser et de développer une activité politique concrète, visible du parti communiste en ce domaine.
C'est en nous plaçant sous l'autorité morale des Archives de France, que nous avons retenu le choix de déposer nos fonds classés aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, avec l'accord du Conseil général. Et je veux ici saluer et remercier Robert Clément, son président. Je sais, connaissant l'engagement de Robert, l'importance qu'il accorde à cette question.
Outre la proximité géographique et l'intérêt manifesté par le Département, elles tiennent à l'ancienneté du travail commun : une partie des fonds d'archives cinématographiques et audiovisuels du PCF est conservée aux Archives départementales depuis des années ; un plan de conservation et de traitement de ses archives sonores y a été initié il y a près de dix ans.
Elles découlent également de la visibilité nationale acquise par le département de la Seine-Saint-Denis comme un pôle de référence en matière de mémoire du mouvement ouvrier. Je rappelle à cet égard que le service des archives de département a déjà accueilli les archives confédérales de la CGT et récemment celles du journal " l'Humanité ".
Les opérations de transfert se feront après que la convention soit officiellement signées, en veillant à éviter une rupture dans la communication aux chercheurs des fonds déjà ouverts. Nous avons l'ambition que cette convention passée avec le département de la Seine-Saint-Denis constitue le socle d'un dispositif ouvert à des partenariats, permettant de développer tous projets de valorisation et d'exploitation scientifique et culturelle des archives du Parti communiste.
Pour finir, je crois pouvoir affirmer qu'en dix ans, une décision politique de principe a su se traduire dans une pratique tangible, qui ne demande qu'à être jugée sur pièces. Avec le recul, je suis confortée dans l'idée que cette décision était juste et que ses effets sont producteurs de sens. Nous avons en tout cas le sentiment d'avoir fait face jusque là à nos responsabilités et à aux engagement pris en termes d'ouverture et de transparence, tout en tâchant de maintenir un niveau élevé d'ambition et de rigueur malgré les limites de nos moyens propres. Une nouvelle période s'ouvre pour les archives du Parti communiste. Puissent-t-elles trouver, dans ce nouveau contexte, la valorisation et le rayonnement qu'elles méritent.
Source http://www.pcf.fr, le 16 décembre 2003)
Nous sommes naturellement honorés de cette distinction exceptionnelle. Elle confirme l'intérêt et l'originalité du patrimoine. Un patrimoine attaché à plus de 80 ans d'enracinement de l'engagement communiste au sein de la société française.
Cette histoire, que nous assumons dans sa totalité, sans y choisir ou en retrancher au gré de sa lecture, a produit un matériau historique et culturel singulier dans le panorama des organisations politiques françaises. Il constitue un ensemble documentaire utile, certes à l'étude du Parti communiste, à celle du communisme, mais aussi, plus largement, à l'analyse et à la compréhension d'ensemble de la société française du XXe siècle.
Aujourd'hui, il est conforté comme un patrimoine de premier plan.
Vous comprendrez que je profite de l'occasion qui m'est offerte ici pour remercier publiquement Mme la Directrice des Archives de France, pour la disponibilité et l'intérêt qu'elle a manifesté en permanence à l'égard de notre dossier, de notre sollicitation initiale jusqu'à l'aboutissement de la procédure de classement et à l'attribution de premières aides qu'elle permet.
Nous voyons dans cette mesure un encouragement à confirmer et consolider la démarche, annoncée publiquement en 1993 par Francette Lazard, d'ouverture des fonds à la recherche. Disant cela, je souhaite m'arrêter sur le caractère déterminant de la réflexion et de l'implication personnelles de Francette dans la prise de décision et, depuis lors, dans le développement de cette orientation. On mesure mieux aujourd'hui qu'il ne s'agissait pas d'un simple effet d'annonce sans lendemain. Passé le retentissement initial, le respect en pratique des engagements pris a généré un flux de sollicitation et un niveau de consultation par les chercheurs, qui ne s'est jamais démenti depuis et a débouché sur de nombreux travaux et publications historiques ou culturels.
Cette attitude qui est la nôtre, tient à des motivations profondes : la volonté raisonnée de demeurer fidèles à l'idéal émancipateur qui a motivé l'engagement de générations successives et celle de porter un projet et une visée communiste profondément renouvelés, tirant les leçons de l'histoire - et, en particulier, de celle du Parti communiste français lui-même.
C'est pourquoi nous entendons uvrer à la préservation des archives et impulser le travail de mémoire qu'elles appellent, visant à la restitution et à l'appropriation critique de cette histoire, sans la caricaturer ni la sacraliser.
C'est d'autant plus nécessaire que le rôle et l'apport spécifique des militants communistes aux luttes émancipatrices du siècle écoulé, la nature des motivations qui les animaient, sont trop souvent déformés, voire tout simplement occultés.
Que cela procède sciemment de l'instrumentalisation de l'histoire à des fins idéologiques, que cela résulte de la soumission à un certain conformisme ambiant ou que cela révèle une véritable méconnaissance, il n'empêche : le registre de la mémoire et des représentations collectives recèle encore des enjeux important en termes de pluralisme et de démocratie.
L'apport de l'Amicale des Vétérans de notre Parti peut être irremplaçable en ce domaine, en fournissant un témoignage direct sur la réalité concrète de l'engagement communiste et la façon dont il fut vécu par les militants.
De nombreux historiens et chercheurs ont pu faire l'expérience de notre volonté de transparence et d'ouverture. Ils ont pu vérifier que les seules limites rencontrées tenaient à l'avancement du travail de classement et d'inventaire, lui-même tributaire des moyens que le Parti communiste est en mesure de lui consacrer. Car, j'y insiste, cette politique de communication des fonds à la recherche, qui s'apparente en quelque sorte à une démarche de " service public ", était portée jusqu'à ce jour avec les seuls moyens du PCF. Chacun peut mesurer que sa poursuite d'année en année, dans un contexte de contraintes budgétaires fortes, témoigne d'une motivation et d'un engagement forts.
Je sais gré aux différents responsables de nos archives et, en dernier lieu, à Pascal Carreau, de s'être investis dans l'accomplissement de ces missions et d'avoir tâché de préserver un haut niveau d'ambition, dans des conditions parfois complexes. Je mesure l'effort qui a été accompli, ces dernières années, pour faire face aux sollicitations de nombreux chercheurs français et étrangers, pour consolider les liens établis avec les milieux scientifiques, pour susciter les versements de documents. Il me semble qu'une véritable crédibilité s'est instaurée et qu'elle est reconnue aujourd'hui. Elle doit beaucoup à tous ceux et celles qui, historiens, chercheurs, archivistes, militants et militantes, dirigeants et dirigeantes communistes des différentes générations, ont contribué bénévolement et dans leur diversité à ce travail, autour de l'association " Archives du communisme français ".
Nous faisons nôtre l'exigence d'un libre accès des chercheurs qui nourrissent le débat d'interprétation historique sur le communisme, dans la diversité de leurs approches et à égalité de droits, à l'ensemble des sources disponibles.
Ayant sacrifié lui-même à une approche officielle et instrumentalisante de l'histoire, le Parti communiste a désormais renoncé explicitement à toute pratique arbitraire de rétention ou de communication sélective de documents d'archives.
A l'inverse des rumeurs et prétendues révélations, il s'agit ainsi de laisser place à la rigueur des travaux et à la transparence des controverses.
Permettez moi d'ajouter que cette exigence de transparence de l'accès aux sources excède le seul champs de l'investigation historique sur le communisme. La période récente a montré à quel point elle s'exprimait - prenant parfois la forme d'une véritable exigence citoyenne - au sujet de points nodaux de la mémoire collective que sont, par exemple, la période de la collaboration ou celle de la Guerre d'Algérie.
Pour ce qui nous concerne, nous avons résolu de déposer l'ensemble de nos fonds communicables dans un centre public d'archives, disposant des équipements et des compétences aptes à assurer durablement leur conservation et garantissant la pérennité de leur ouverture aux chercheurs. Cette mesure ne traduit aucunement, j'y insiste, un désintérêt ou un dessaisissement quelconques du Parti communiste sur ses archives. Je le souligne, la direction du Parti communiste conservera, sans équivoque possible, la propriété de ses archives, un droit d'accès permanent et la maîtrise de l'usage qui pourra en être fait.
Cela n'annonce pas plus un abandon par le Parti communiste du terrain des enjeux politiques et idéologiques liés à l'histoire, ni un renoncement au travail de mise en mouvement de sa propre mémoire. Nous allons bien sûr continuer à travailler à tout cela ! Le Conseil national du Parti a constitué récemment un collectif " Mémoires et initiatives militantes ", qui s'est réuni pour la première, fois juste avant cette réception, et qui est chargé d'impulser et de développer une activité politique concrète, visible du parti communiste en ce domaine.
C'est en nous plaçant sous l'autorité morale des Archives de France, que nous avons retenu le choix de déposer nos fonds classés aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, avec l'accord du Conseil général. Et je veux ici saluer et remercier Robert Clément, son président. Je sais, connaissant l'engagement de Robert, l'importance qu'il accorde à cette question.
Outre la proximité géographique et l'intérêt manifesté par le Département, elles tiennent à l'ancienneté du travail commun : une partie des fonds d'archives cinématographiques et audiovisuels du PCF est conservée aux Archives départementales depuis des années ; un plan de conservation et de traitement de ses archives sonores y a été initié il y a près de dix ans.
Elles découlent également de la visibilité nationale acquise par le département de la Seine-Saint-Denis comme un pôle de référence en matière de mémoire du mouvement ouvrier. Je rappelle à cet égard que le service des archives de département a déjà accueilli les archives confédérales de la CGT et récemment celles du journal " l'Humanité ".
Les opérations de transfert se feront après que la convention soit officiellement signées, en veillant à éviter une rupture dans la communication aux chercheurs des fonds déjà ouverts. Nous avons l'ambition que cette convention passée avec le département de la Seine-Saint-Denis constitue le socle d'un dispositif ouvert à des partenariats, permettant de développer tous projets de valorisation et d'exploitation scientifique et culturelle des archives du Parti communiste.
Pour finir, je crois pouvoir affirmer qu'en dix ans, une décision politique de principe a su se traduire dans une pratique tangible, qui ne demande qu'à être jugée sur pièces. Avec le recul, je suis confortée dans l'idée que cette décision était juste et que ses effets sont producteurs de sens. Nous avons en tout cas le sentiment d'avoir fait face jusque là à nos responsabilités et à aux engagement pris en termes d'ouverture et de transparence, tout en tâchant de maintenir un niveau élevé d'ambition et de rigueur malgré les limites de nos moyens propres. Une nouvelle période s'ouvre pour les archives du Parti communiste. Puissent-t-elles trouver, dans ce nouveau contexte, la valorisation et le rayonnement qu'elles méritent.
Source http://www.pcf.fr, le 16 décembre 2003)