Texte intégral
Monsieur, le Vice-Président du Conseil Régional,
Monsieur le Président du Comité Régional du Tourisme,
Madame la Conseillère Régionale,
Mesdames, Messieurs les présidents,
Chers amis,
Permettez-moi d'abord de vous dire ma satisfaction d'être présente parmi vous ce matin pour ce premier forum "Tourisme et Handicap" en Île-de-France.
Je voudrais, en premier lieu, remercier le Conseil Régional d'Île-de-France grâce à qui ce forum a pu se dérouler ce matin. Plus largement, je salue l'action et l'engagement du Conseil Régional, M. PARNY et Mme VALLADON nous en ont rappelé l'ambition.
Les initiatives franciliennes présentées sont, à bien des égards, exemplaires. En outre je me félicite d'y voir pris en compte des handicaps sensoriels trop longtemps ignorés.
Permettez-moi également de remercier Jean-Luc Michaud, Président du CRT Île-de-France pour l'implication dans l'organisation de ce forum et saluer aussi l'action du Comité Régional du Tourisme Île-de-France pour l'accès des personnes handicapées car en effet, l'enjeu en terme d'exemple est capital, l'Île-de-France étant la Première région touristique du monde.
A l'occasion de cette 3ème campagne nationale "Tourisme et handicap" destinée à sensibiliser les professionnels du tourisme et le grand public à l'accueil des personnes handicapées sur les lieux de vacances, je voudrais prendre le temps de retracer le chemin parcouru, depuis 3 ans.
Il ne s'agit pas de donner dans l'autosatisfaction. Il s'agit de bien mesurer la dynamique qui a été enclenchée, de démontrer qu'il est possible que les personnes handicapées accèdent comme tout un chacun aux vacances.
Lorsque j'ai pris mes fonctions, il y a 3 ans, j'avais à l'esprit la loi de 1975.
Cette loi du 30 juin 1975 place l'accès aux loisirs et aux vacances des personnes handicapées physiques, sensorielles ou mentales, au rang d'obligation nationale, au même titre que la santé, l'éducation, la formation et l'emploi.
Il m'a fallu, immédiatement, faire le constat que plus de 20 ans après la promulgation de la loi, leur taux de départ en vacances demeurait très faible et ce malgré le travail exemplaire mené par les associations et les établissements spécialisés.
Nous avons fait le constat de l'insuffisance de l'offre touristique adaptée :
Insuffisance, bien entendu, en matière d'accessibilité : qu'il s'agisse de l'hébergement, des équipements de loisirs, des transports etc.
Insuffisance aussi dans le domaine de la formation des professionnels du tourisme et plus largement dans leur prise en compte concrète de la question du handicap et ce, en dépit d'un consensus réel mais théorique sur ces idées.
Les associations d'handicapés ont plus d'une fois souligné l'impossibilité de trouver une réponse satisfaisante en matière de vacances ou de loisirs.
Et cette question ne donnait pas en général, vraiment lieu à un traitement particulier et n'était pas envisagée avec l'énergie nécessaire.
Le secteur du tourisme m'a semblé en retard quant à l'existence d'offres adaptées, non pas que les prestations spécifiques étaient inexistantes, mais qu'elles étaient partielles, méconnues et ne bénéficiant surtout, d'aucune mise en globalité qui pourrait en faire des produits touristiques finis.
C'est dans ce contexte que j'ai fait de l'accès des personnes handicapées aux vacances, une des priorités de mon ministère.
Elle s'inscrit naturellement dans la politique que j'ai engagée en matière de promotion et de développement du droit aux vacances pour tous.
Si les objectifs de cette politique étaient clairs, à savoir rendre les vacances accessibles aux personnes handicapées quel que soit leur type de handicap, j'ai aussi voulu que la méthode soit exemplaire.
J'ai d'abord souhaité engager une démarche partenariale qui associe les associations représentantes des personnes handicapées, et de tous les handicaps et les professionnels du tourisme qu'ils soient publics, associatifs ou privés.
Il s'agissait, bien entendu, d'instaurer une concertation afin de préciser les axes de travail, de définir les priorités d'actions mais aussi de faire se rencontrer puis collaborer deux mondes qui, jusque là, ne se connaissaient pas bien.
Ceci était d'autant plus essentiel que - nous le savons - les obstacles ne sont pas uniquement liés aux questions d'accessibilité, ni à des questions techniques. Mais sont aussi des obstacles psychologiques qui résultent encore des méconnaissances ou des clichés qui perdurent.
J'ai ensuite voulu une démarche pragmatique, basée à la fois sur les expériences existantes et sur de nouvelles initiatives, sur leur évaluation et leur diffusion.
Si j'ai mis en place une politique volontariste forte, j'ai voulu que cette politique se construise, s'expérimente, se développe simultanément au niveau local, départemental, régional et dans les instances nationales.
C'est bien cette simultanéité, ces allers-retours entre le territorial, où s'élaborent et se mettent en uvre des actions concrètes et le niveau national qui a permis cette mobilisation dont vous êtes, aujourd'hui, les acteurs et les témoins, qui a permis depuis 1998, d'enclencher une véritable dynamique nationale pour l'accès des personnes handicapées aux vacances et aux loisirs et de réaliser des progrès significatifs.
Mais revenons, une fois de plus, au concret.
La 1ère campagne "pour vivre heureux, vivons ensemble les vacances", en 1998, avait pour vocation de donner une première impulsion. Elle a permis d'enclencher une véritable prise de conscience.
Avec la campagne d'affichage, avec les 15.000 brochures diffusées auprès des professionnels du tourisme, des collectivités locales, des associations etc. il s'agissait de la première opération d'une telle envergure sur ce thème.
C'était, en effet, la première fois, et je tiens à la souligner, que l'on adressait ainsi aux acteurs du tourisme sur la question du handicap. Et ces derniers, j'y reviendrai, ont largement répondu à notre appel.
Six sites ont alors fait le pari de devenir pilote de cette action, préfigurant ainsi une large gamme de produits touristiques adaptés.
Depuis, à l'image de ces sites, la mobilisation s'est intensifiée, que ce soit autour de démarches pédagogiques, de labels ou de la définition d'équipements ou de matériels adaptés.
Les nombreuses initiatives, encouragées et diffusées par cette première campagne, ont permis d'alimenter les réflexions des groupes de travail mis en place et ont contribué à une réelle mobilisation au niveau national.
Ainsi, plusieurs Fédérations Nationales de professionnels du tourisme se sont emparées de la question.
La Fédération Nationale des Comités Départementaux du Tourisme a crée en son sein une commission "tourisme et handicap" qui a vocation à élaborer des outils méthodologiques à destination de ses adhérents. 47 départements sont aujourd'hui engagés au travers de leur Comité Départementaux du Tourisme dans un processus d'adaptation de leur offre touristique.
La FNOTSI ou encore l'Union des Métiers de l'Industrie Hôtelière se sont engagées dans des démarches similaires.
L'an passé, toutes ces démarches ont pris de l'ampleur.
La seconde campagne engagée en juillet 1999 avait pour vocation d'informer et de mieux mobiliser les professionnels du tourisme.
La sensibilisation à l'accueil des touristes handicapés y a été largement amplifiée notamment par la diffusion de 100.000 plaquettes d'informations aux professionnels, au grand public et aux personnes handicapées elles-mêmes.
Parallèlement, le guide "accueil et accessibilité", véritable guide pratique de l'accueil de personnes handicapées dans les équipements touristiques, a été diffusé à 30.000 professionnels. Il continue, d'ailleurs, d'être diffusé.
Sur le terrain aussi, notre démarche a pris de l'ampleur. 14 sites se sont engagés dans une même logique d'offre de séjours adaptés à la spécificité et à la diversité des handicaps, hors de toute logique de ghetto.
Et si l'amplification est quantitative, elle est aussi qualitative. Ainsi, de nombreuses offres intègrent, hébergement, activités sportives, culturelles... etc. Bien souvent, il ne s'agit plus d'une offre isolée d'hébergement ou d'activité mais au contraire d'une offre complète de séjours accessibles tout au long de l'année.
Je ne pourrai pas citer l'ensemble des produits ainsi diffusés lors de la campagne 99. Mais permettez-moi d'en évoquer quelques-uns uns.
La Creuse, déjà pilote en 98, présentait 14 propositions de séjours de découverte axés sur la nature et la pêche.
En Charente-Maritime, où le Relais Club "l'Oreiller des Pins" propose des séjours et des activités sportives (Char à voile) et culturelles.
J'aimerais aussi évoquer les différentes initiatives pour rendre les plages et la baignade accessible. C'est, par exemple, le cas de la plage d'Hendaye avec notamment les "Tiralos" qui là, comme sur de nombreuses plages du Littoral méditerranéen, et atlantique se multiplient.
La plupart de ces équipements nouveaux, vous le savez, sont crées et fabriqués souvent par les équipes des centres d'aide par le travail. Ils bénéficient d'ailleurs maintenant à ma demande auprès du Ministre des Finances du taux réduit à 5,5 % de la T.V.A.
Cette 2ème campagne a entraîné un grand nombre d'initiatives venant du terrain qui inscrivent désormais cette action dans la pérennité.
Toutes ces initiatives locales, que je ne pourrai pas toutes rappeler ici, conduisent les professionnels à réfléchir aux meilleures réponses à apporter à la demande de la clientèle handicapée.
Je pense, notamment, à celles initiées par l'office du Tourisme de Chambéry, en liaison avec la municipalité, qui, avec l'aide de mon ministère, a publié un guide pratique destiné à aider les personnes handicapées dans leurs activités de loisir. Je pense encore à l'office de Tourisme de Metz qui a créé des circuits de visites guidées de découverte de la ville pour les personnes handicapées sensorielles et physiques sous le titre de handi-visites.
L'exposition itinérante "Ensemble en vacances : ne restons pas inadaptés" réalisée en Midi-Pyrénées, à l'initiative de notre Délégué Régional au Tourisme, que nous allons découvrir dans quelques instants, ou encore la formation des guides à la langue des signes, à Orléans et dans la région Auvergne.
On le voit, à travers ces exemples, c'est une véritable démarche, de fond qui est en route et qui s'inscrit dans un progrès durable.
Le rapport du Conseil National du Tourisme, et ses dix propositions sur l'accueil des touristes handicapés, que j'avais demandé en 1998, a, vous le savez, guidé nos travaux en 2000.
Ce rapport, dont je salue une nouvelle fois la qualité, m'a permis d'affirmer, cette année, avec force la priorité nationale pour l'accueil des touristes handicapés. A l'occasion du lancement de cette campagne 2000, permettez-moi ici et en ouvrant cette 3ème semaine de sensibilisation de faire le point sur les 5 grands chantiers nationaux que j'ai ouvert cette année sur la base des propositions du rapport.
Premier chantier : l'étude de marché a été lancée par l'Agence Française de l'Ingénierie Touristique (AFIT).
Cette étude consiste à valider précisément l'importance, sur le plan touristique, de la population handicapée. Elle vise 2 objectifs :
Disposer d'une estimation quantitative en termes de flux, de pratiques touristiques et de pouvoir d'achat ;
Appréhender en termes qualitatifs les attentes et comportements des touristes handicapés.
Les travaux sont en cours et nous disposerons du rapport final à l'automne 2000.
Second chantier : L'accompagnement des personnes handicapées : nous le savons bien certains handicaps nécessitent un accompagnement ou un service à la personne. Une bonne qualification des professionnels du tourisme est indispensable pour répondre de façon satisfaisante à ce besoin. Une réflexion est actuellement conduite quant au recrutement et à la formation de personnels accompagnateurs ainsi que la mise en place de ces services qu'ils soient sociaux ou marchands. Cette démarche est naturellement inter-ministérielle, je vais donc la piloter conjointement avec ma collègue Dominique GILOT, Secrétaire d'État à la Santé et aux Handicapés et c'est dans le cadre du COLIAC, présidé par mon collègue et ami Jean-Claude GAYSSOT, qu'elle va se développer.
Troisième chantier : La formation des acteurs du Tourisme
Afin d'améliorer la formation des professionnels du tourisme à ces questions d'accueil et d'accessibilité, un manuel destiné aux enseignants des sections du BTS Tourisme/loisirs a été publié. Ce manuel servira de support de cours pour le module "accueil des touristes à besoins spécifiques" qui était jusque là une option facultative en 2ème année Cette option sera maintenant complètement intégrée dans le BTS Tourisme.
Quatrième chantier : La mobilisation au niveau régional
Cette mobilisation comporte deux aspects : c'est, en premier lieu, l'introduction dans les contrats de plan Etat-Régions d'un volet relatif au droit aux vacances pour tous. Dans ce cadre, la prise en compte de l'accueil de la clientèle handicapée sera désormais un critère de sélection des projets retenus.
Ensuite, c'est bien évidemment les forums régionaux. Le 1er forum régional sur le thème du tourisme et du handicap s'est déroulé en Alsace, au mois de mai avec, comme ici, une table ronde à laquelle j'ai aussi participée.
Et je dois dire que je suis particulièrement heureuse de voir, en Alsace, en Île-de-France et bientôt dans les autres régions, les acteurs du tourisme et ceux du handicap, travailler et réfléchir ensemble, faire connaître leurs initiatives, proposer et agir pour construire et améliorer cet accueil. La dynamique créée dans les régions est, en effet, la meilleure garantie de l'efficacité de notre action.
Enfin le cinquième chantier, peut être le plus attendu est celui du label national "Tourisme et handicap". Mais permettez-moi d'évoquer cette démarche de label après vous avoir présenté concrètement la campagne 2000 "vivons ensemble nos vacances".
Cette campagne s'appuie d'abord sur un guide qui vous a été remis ce matin. Vous le verrez, ce guide est plus complet, plus pédagogique que ses prédécesseurs. Il sera diffusé à 100.000 exemplaires à l'ensemble des fédérations institutionnelles et professionnelles du Tourisme, tant à l'échelon national, que régional et départemental. Il sera aussi adressé directement aux 20.000 hôtels classés, aux campings, aux villages vacances et aux résidences de tourisme. Bien entendu, les associations de personnes handicapées en seront destinataires.
Sa fonction n'est plus uniquement la sensibilisation des acteurs. Nous avons, cette année, grâce à vous, franchi une étape importante: Ainsi, nous présentons, dans la 3ème partie du document, près de 100 initiatives locales nouvelles dans le domaine du tourisme et du handicap situées dans 20 régions et 47 départements.
Vous conviendrez avec moi de l'importance du chemin parcouru : il ne s'agit plus aujourd'hui uniquement de sensibiliser les professionnels, il s'agit bel et bien de favoriser l'émergence et la diffusion de services et de produits touristiques adaptés.
Permettez-moi, en guise de conclusion, de revenir sur la campagne 2000 qui sera donc axée sur la démarche de labellisation.
Vous êtes nombreux à attendre impatiemment la création et la mise en uvre d'un label national "Tourisme et Handicap".
En effet le caractère insuffisamment fiable de l'information relative à l'accessibilité des sites et des équipements touristiques constitue une des causes majeures de la réticence des personnes handicapées à voyager.
Pour que le label national voit le jour dans les meilleures conditions, j'ai donc installé un groupe de travail dont l'ensemble des membres sont ici présents et dont nous pouvons saluer le travail.
Celui-ci, mis en place dans mon Ministère a permis :
l'élaboration d'un outil précis d'évaluation de l'accessibilité des sites et des équipements touristiques. Je me réjouis du caractère complet et opérationnel de cet outil qui prend en compte l'ensemble des handicaps. Et je remercie particulièrement les représentants des associations de personnes handicapés et des professionnels du tourisme qui ont, avec un remarquable esprit de concertation, mené à bien ce long travail.
la définition d'une démarche partenariale pour l'attribution du label : dans chaque département une commission d'attribution associera Comité Départemental du Tourisme et associations représentantes des personnes handicapées. Je tiens d'ailleurs à souligner l'implication des CDT sans qui cette démarche ne pourrait être possible.
Cette démarche de labellisation est désormais formalisée par une charte d'engagement. La signature de cette charte, par le responsable d'un équipement touristique signifiera son engagement pour l'accueil de la clientèle handicapée et l'obtention du label.
Toute cette démarche permettra donc une meilleure lisibilité de l'offre adaptée et une garantie pour son consommateur.
Le label se traduira visuellement par un logotype ce dernier, actuellement à l'étude, sera prêt en septembre. Mais je tiens à vous préciser, puisque vous l'avez tous souhaité, que ce logo sera décliné autour d'un visuel commun qui prendra en compte les différents types de handicap (visuel, auditif, moteur ou mental). Quant à la charte, elle fera l'objet d'une signature, dans quelques instants, par les fédérations des professionnels du Tourisme qui ont souhaité ainsi témoigner de leur implication dans cette démarche citoyenne.
Permettez-moi donc de remercier très chaleureusement les représentants ici présents :
M. Roland MAGNE, Président de la Confédération des Professionnels Indépendants de l'Hôtellerie (CPIH)
M. Guylehm FERIAUD, Président de la Fédération Nationale de l'Hôtellerie de Plein Air (FNHPA)
M. Alain Philippe FEUTRE, Président du Syndicat Français de l'Hôtellerie (SFH)
M. César BALDERACCHI, Président du Syndicat National des Agences de Voyages (SNAV)
M. Jean GAILLARD, Président du Syndicat National des Résidences de Tourisme
M. Jean BIRON, 1er Vice - Président de l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie (UMIH)
M. François SOULAGE, Président de l'Union Nationale des Associations de Tourisme et de Plein Air (UNAT)
Avant de procéder à la signature de cette charte tourisme et handicap, je voudrais une nouvelle fois vous remercier tous de votre présence et plus largement de votre action pour que les vacances soient réellement accessibles à tous.
En favorisant ainsi le départ en vacances des personnes handicapées et leur meilleure prise en compte sur les lieux de vacances, soyez convaincus que nous oeuvrons pour un tourisme et une société plus harmonieuse et plus juste.
Je vous remercie d'y prendre toute votre part.
(source http://www.tourisme.gouv.fr, le 17 juillet 2000)