Interview de M. Eric Woerth, secrétaire d'Etat à la réforme de l'Etat, dans "Acteurs publics" de décembre 2004, sur le développement et les avantages de l'administration électronique.

Prononcé le 1er décembre 2004

Intervenant(s) : 

Média : Acteurs publics

Texte intégral

QUESTION.- Selon le sondage du Forum européen de l'administration électronique, seuls 17 % des Français savent ce qu'est l'administration électronique. Pour autant, 45 % y ont déjà eu recours. Que vous inspire ce résultat ?
E. WOERTH.- Depuis 2002, et à l'initiative du gouvernement, nous avons accompli d'importants progrès en matière d'administration électronique. Ainsi, chaque année, Accenture compare les États de l'OCDE en matière d' e-government. En 2004, la France est passée de la 12e à la 8e place, devançant désormais l'Allemagne et la Grande-Bretagne. Une grande partie des Français utilise l'administration électronique sans le savoir ; il faut mieux faire connaître les nouveaux services qui sont désormais offerts par la sphère publique. C'est la raison pour laquelle j'annoncerai, lors du Forum européen, la création d'un guide de l'administration électronique pour les "non initiés", pour tous ceux qui ne pensent pas spontanément à utiliser ce formidable outil.
QUESTION.- L'administration électronique est-elle le nec plus ultra de la modernisation de l'État ?
E. WOERTH.- L'administration électronique est effectivement un puissant levier pour moderniser l'État. Elle permet de dégager d'importants gains de productivité et de recentrer l'action de l'administration sur les missions qui ont le plus de valeur ajoutée. Mais surtout, elle facilite et simplifie la relation entre l'usager et l'administration. Le programme de développement de l'administration électronique que nous mettons en oeuvre, le programme "Adele", embrasse chacun de ces aspects et participe donc pleinement à la réforme de l'État. Notre État doit aujourd'hui s'adapter aux nouveaux modes de vie des Français. Mon objectif est de développer les télés services pour que les Français puissent accomplir la majorité de leurs démarches administratives 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, comme c'est le cas aujourd'hui dans certaines provinces canadiennes ou en Suède. Le service unique du changement d'adresse, que nous mettrons en oeuvre en 2005, constitue une bonne illustration de cela. Désormais, vous pourrez déclarer votre changement d'adresse à plusieurs administrations en un seul clic. Cela vous évitera de faire plusieurs déplacements ou plusieurs courriers.
QUESTION.- Et au niveau européen ?
E. WOERTH.- La dimension européenne du programme Adele est très importante, dans la mesure où les administrations de l'Union sont devenues interdépendantes pour l'accomplissement de leurs missions essentielles, en faveur notamment de la croissance économique, de la protection de la santé publique, de la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. De surcroît, conformément au Traité, les administrations européennes doivent favoriser la mobilité des citoyens et des entreprises sur le territoire de l'Union. Dans cet esprit, la France participe activement à la définition et à la mise en oeuvre de la stratégie européenne dans le domaine de l'administration électronique, laquelle est illustrée principalement par le programme eEurope. Nous participons à l'ensemble des comités et groupes de travail européens en charge de l' e-government, ce qui nous permet de défendre les positions françaises, de promouvoir l'ingénierie française et de tirer parti des bonnes pratiques émanant de nos partenaires européens. À titre d'exemple, la France a décidé de la connexion de l'intranet AdER au réseau européen Testa, qui est le vecteur des échanges d'informations entre les administrations de l'Union.
QUESTION.- Vous allez participer à une session plénière consacrée au défi des gains de productivité, et plus particulièrement aux partenariats public-privé. Quelle est votre position à ce sujet ?
E. WOERTH.- Les gains de productivité sont l'un des meilleurs arguments pour investir dans l'administration électronique. Grâce au programme Adele, l'État se fixe un objectif de gain de productivité de près de 5 milliards d'euros à partir de 2007. Cela correspond à l'approche - réaliste - de 7 à 10 % de gains de productivité sur les dépenses de fonctionnement courant de l'État. Quelques exemples nous confortent dans notre analyse. Une étude de la CNAV sur le coût du traitement des 1,8 million de déclarations annuelles des données sociales nous montre qu'un traitement électronique coûte dix fois moins qu'un traitement magnétique, cent fois moins qu'un traitement papier. Autre exemple, l'inspection générale des Finances et la Cour des comptes estiment que la redéfinition de la fonction achat dans les administrations, associée à la dématérialisation des échanges, pourraient engendrer des économies de l'ordre de 10 à 15 % du coût actuel des achats publics.
(Source http://www.u-m-porg, le 8 décembre 2004)