Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Nous avions pris l'habitude de nous rencontrer régulièrement ces dernières années lorsque j'étais à la tête du Ministère de l'Intérieur ou de celui de l'Economie, des Finances et de l'Industrie.
Je suis heureux de vous retrouver aujourd'hui dans mes fonctions de Président de l'Union pour un Mouvement Populaire. J'en suis heureux parce que c'est pour moi l'occasion de vous présenter mes vux personnels et ceux de la formation que j'ai l'honneur de diriger.
Croyez bien que ces vux sont sincères. Je sais bien la difficulté de votre métier, les risques qu'il comporte pour nombre d'entre vous qui assurent leur mission dans des environnements difficiles et la responsabilité qu'il fait peser sur vous dans la mesure où son exercice est un élément structurant de la vie démocratique. Je mesure aussi la passion qu'il vous faut pour continuer chaque jour à faire votre métier avec professionnalisme. Cette passion nous la partageons. Il faut qu'elle continue à nous animer. Rien n'est pire que l'habitude, le conformisme, le manque de curiosité.
Vous l'avez compris mon premier vu sera de vous souhaiter une année 2005 passionnante, pleine de rebondissements, de surprises, d'évènements qui vous permettront les commentaires les plus pertinents et les plus audacieux. Je vous promets d'y prendre toute ma part, non pas aux commentaires mais à l'action !
Mon deuxième vu vous surprendra peut-être. Je me disais en voyant toutes ces images bouleversantes du raz de marée qui a touché l'Asie du Sud-Est, en pensant à tous ces hommes, ces femmes, ces enfants emportés dans des conditions abominables, en songeant à ces populations plongées dans le plus complet dénuement, que nous nous faisons du souci pour des choses qui n'en valent pas la peine. Eh bien sachons en tirer les leçons. Je vous souhaite une année 2005 où vous profiterez de chaque instant en pensant qu'il est unique pour vous comme pour ceux que vous aimez. La meilleure façon d'honorer la mémoire des victimes de ce drame ce sera de vivre pleinement, de faire de sa vie quelque chose d'utile, de respecter chacun de ces moments en pensant que tout peut s'arrêter en un seul instant.
J'ai vu que certains journalistes politiques se demandaient où j'étais passé ! Durant trois années on s'est interrogé pour savoir si je n'en faisais pas trop Trois semaines sans m'exprimer et déjà j'entends murmurer " en fait-il assez ? ". Je ne doute pas qu'il y ait beaucoup d'affection dans ces préoccupations. Je vais sûrement en tenir le plus grand compte en essayant de trouver le juste équilibre.
C'est en tous les cas l'occasion de vous dire en quelques mots comment je conçois cette nouvelle vie et ce nouveau rôle.
Je suis devenu le président élu de la première formation politique française. Je n'ai pour autant nullement l'intention de me laisser enliser dans les méandres de l'actualité partisane quotidienne, je ne veux répondre ni aux piques, ni aux allusions, ni aux attaques.
Dans mon esprit, j'ai clairement trois priorités pour 2005. Et je m'y tiendrai :
- M'exprimer fortement chaque fois qu'il y aura un grand sujet ou une grande question pour essayer de donner du sens, une direction, une volonté. Les Français veulent savoir s'il y a quelque chose à faire face aux grandes craintes qui sont les leurs. Cela sera ma façon d'essayer de donner un espoir, de les convaincre qu'il existe des solutions.
- Rassembler ma famille politique pour que chacun puisse s'y exprimer et y trouver sa place en faisant émerger une nouvelle équipe et de nouveaux talents. C'est vital pour la droite et le centre.
- Profiter de ma nouvelle liberté pour aller à la rencontre des Français. C'est ce que je ferai du 26 au 29 janvier dans la région du Nord Pas-de-Calais. C'est ce que je ferai en répondant à l'invitation de tous ceux qui voudront me faire partager leur univers professionnel. Comme je l'ai fait récemment avec les postiers de Gennevilliers. Je prendrai le temps de multiplier ces rencontres pour connaître, comprendre et partager.
Je veux maintenant vous dire ce que sera 2005 pour l'Union pour un Mouvement Populaire. Nous organiserons notre action autour de quatre priorités :
1. La première sera l'Europe :
Elle s'impose, puisque avant l'été comme le Président de la République vient de l'annoncer, les Français auront, par référendum, à se prononcer sur le " Traité établissant une Constitution pour l'Europe ".
Je souhaite que l'Union pour un Mouvement Populaire, et au premier chef, son Président et l'équipe qui l'entoure, s'engagent de toutes leurs forces pour convaincre les Français que le projet de la Constitution Européenne doit être approuvé.
Je n'ai aucune hésitation et, pas la moindre réserve. L'intérêt de la France, c'est que le oui l'emporte. La France est l'un des tout premier pays fondateur de l'Union Européenne. La France doit continuer à être à la pointe des avancées de l'Union Européenne. Quand l'essentiel est à ce point en jeu, il ne serait pas responsable de faire peser sur ces grands enjeux des considérations partisanes ou simplement tactiques !
Ce traité doit être approuvé pour ce qu'il contient :
- Ce qu'il contient, c'est l'affirmation de valeurs communes à l'ensemble des Etats membres, et qui sont la traduction de tous les progrès de l'humanité.
Souvenons-nous du passé, et même du passé encore très récent des pays d'Europe. L'affirmation des droits qui figurent dans le Traité constitue un formidable progrès. Ils sont un gage de paix. C'est une avancée incontestable que de voir ces principes régir désormais la vie de plus de 400 millions de personnes.
- Ce qu'il contient, c'est la clarification du rôle des institutions de l'Union et donc, la recherche d'une plus grande efficacité dans un ensemble qui ne pouvait plus fonctionner avec des procédures taillées pour un nombre de pays membres beaucoup plus restreint.
Je pense à l'extension du champ de la majorité qualifiée dans des domaines dans lesquels l'action est devenue urgente comme la sécurité ou la politique d'immigration. Je pense à l'allongement de la durée des fonctions du Président du Conseil Européen. Je pense aux coopérations renforcées indispensables à la bonne marche de l'Europe à 25 ou encore à l'expression d'une politique étrangère commune.
Ce traité exprime des progrès incontestables. On peut même affirmer qu'il enracine l'idée européenne.
Briser cette dynamique serait lourd de conséquences. L'Europe est une construction encore en devenir. L'entraver dans sa progression, l'empêcher de fonctionner dans de meilleures conditions, serait ni plus ni moins qu'un renoncement à l'Union Européenne qui pourtant nous a apporté la paix, davantage de prospérité, des espaces supplémentaires de liberté comme la libre circulation des personnes, et de nouvelles victoires de la démocratie et du respect des droits de l'homme.
C'est humain, nous avons tendance à considérer que ce qui est désormais en uvre va de soi. Ce n'est pas vrai. Ce que la volonté politique a mis des décennies à bâtir peut se désagréger si l'on entre dans le processus de la division et de la crise. L'Europe est l'une des trop rares zones de stabilité du monde. Il faut éviter de la plonger dans une crise où elle aurait tant à perdre et bien peu à gagner.
Je crois par ailleurs, que l'idée Européenne est si juste que nous n'avons rien à craindre à en expliciter tous les enjeux et à évoquer toutes les questions. Les Français doivent connaître et comprendre nos positions. Il y a eu trop de zones d'ombres autour des débats européens dans le passé.
Il y a quelques mois l'Union pour un Mouvement Populaire, sous la présidence d'Alain JUPPE, s'est prononcée contre l'entrée de la Turquie en tant que membre à part entière de l'Union Européenne. Je partage complètement ce point de vue. Et j'ajoute, que s'expliquer sur cette importante question c'est éviter les amalgames et l'exploitation des peurs. C'est jouer le jeu de la démocratie qui fait un devoir à chaque responsable de dire ce qu'il pense. C'est surtout permettre à chacun de comprendre ce que nous voulons que devienne l'Union Européenne dans les 10, 20 ou 30 années qui viennent.
La Turquie est un pays ami. C'est un grand peuple, une grande civilisation, une nation qui a fait des progrès incontestables sur le chemin de la démocratie. Mais pour moi la question est moins celle de la Turquie que celle de l'idée que nous nous faisons de l'avenir de l'Europe. Celle-ci a-t-elle des frontières ? A-t-elle vocation à s'élargir indéfiniment ? Pensons après la Turquie, à l'Ukraine, à la Moldavie, à la Biélorussie, à l'ensemble des nations du bassin méditerranéen qui nous est si proche à commencer par l'Algérie, le Maroc, la Tunisie. Qui décidera et alors comment, des limites de la construction européenne, si nous intégrons la Turquie ?
Et si nous devions décider qu'il n'y a pas de limite à cet élargissement, que deviendrait alors l'Union politique Européenne telle qu'elle fut conçue par les pères fondateurs ? Ce n'est pas et cela ne doit pas devenir la vision anglo-saxonne du seul grand marché.
Je milite pour une Europe politique puissante parce qu'intégrée. Plus l'Union Européenne sera solidaire et intégrée plus elle sera forte. C'est d'ailleurs bien pourquoi je voterai oui à la Constitution Européenne qui est un acte majeur d'intégration. Peut-on à la fois proposer davantage d'intégration et davantage d'élargissement ? Je ne le crois pas.
C'est si vrai que les constituants Européens eux-mêmes ont prévu un article 57 organisant les relations futures de l'Union avec les pays voisins dans le cadre d'un partenariat privilégié. C'est donc bien celui-ci qui doit être retenu puisqu'il est expressément prévu par la Constitution que nous allons demander aux Français de ratifier.
La question n'est pas celle des religions, des musulmans, de la solidarité, des peurs, de la Turquie. La question est celle de l'Union Européenne, projet politique majeur qu'il faut préserver dans son originalité et dans ses finalités.
Voilà quel est mon credo européen. Il n'est le fruit d'aucune circonstance, il n'est une réponse à personne en particulier, il n'est nullement un positionnement, il est seulement l'expression d'une conviction européenne solidement ancrée.
2. La deuxième priorité de l'Union pour un Mouvement Populaire en cette nouvelle année sera de faire le choix systématique de la démocratie, de la transparence dans le processus de décision, et de l'ouverture.
Nombre d'adhérents de l'Union ont été déçus de ne pas avoir eu suffisamment la parole sur la vie du mouvement et sur ses orientations politiques. Ils veulent dire ce qu'ils souhaitent pour la France, être davantage sollicités et surtout plus écoutés. Ce n'est pas qu'une question de démocratie, c'est aussi une affaire de respect.
Comme je l'ai annoncé le 28 novembre dernier au Congrès du Bourget, l'équipe que j'anime va donner la parole aux membres de l'Union. La première occasion sera justement celle de l'Europe. Je réunirai le 6 mars un Conseil National au cours duquel je soumettrai trois questions aux votes.
- Quelle Europe voulons-nous ? Je proposerai une Europe qui soit une puissance politique, capable de peser et d'agir.
- Quelle réponse à la Constitution européenne ? Je proposerai le OUI
- Quel statut pour la Turquie entre l'intégration ou l'association ? Je proposerai le statut de partenaire privilégié.
D'ici là chaque membre de l'UMP aura la possibilité de faire campagne pour les convictions qui sont les siennes quelles qu'elles soient. Une tribune libre sera ouverte dans nos publications. L'organisation de réunions militantes se fera dans les mêmes conditions, quel que soit le choix de celui qui les tiendra. Le déplacement des orateurs, eux aussi quels qu'ils soient, sera financé par le centre national.
Le droit à la parole sera ainsi garanti pour chacun. Le sectarisme et l'esprit de clan ne doivent pas avoir droit de cité au sein de notre famille politique. Une fois les trois votes exprimés par notre Conseil National, l'UMP aura une ligne politique claire qui ne souffrira d'aucune ambiguïté.
Je proposerai par ailleurs que les 577 délégués de circonscriptions qui sont les élus des militants au suffrage universel direct soient désormais membres de droit de notre Conseil National. Celui-ci, véritable parlement de notre mouvement, n'en sera que plus représentatif.
Désormais la ligne politique de l'UMP sera définie par les adhérents et les élus du mouvement.
La deuxième occasion nous sera donnée par la situation de Paris. Depuis 10 ans ce qui fut le symbole de la force du mouvement gaulliste est devenu la caricature de notre faiblesse. Divisions, oppositions, règlements de compte doivent cesser. Nos élus parisiens ne sont pas les seuls responsables d'une situation où ils se sont retrouvés autant victimes qu'auteurs. Il n'y avait pas de règle claire de désignation du ou des candidats, les adhérents n'étaient pas sollicités. Chacun se sentait déresponsabilisé. Cette époque est révolue.
D'ici à trois mois seront organisés, durant deux journées, des Etats Généraux de l'UMP parisienne. Chacun y participera et s'y exprimera librement. Il s'agira de poser les bases du projet qui doit être le nôtre pour la capitale. Pour l'organiser, un comité politique sera constitué qui rassemblera toutes les sensibilités de notre mouvement. Tous ceux qui veulent apporter leurs concours à notre action seront les bienvenus, et surtout seront assurés que désormais leurs avis seront pris en compte.
A la fin de l'année, je consulterai tous nos adhérents pour qu'ils choisissent par leurs votes, celle ou celui qui aura la responsabilité de préparer les prochaines élections municipales et de constituer nos équipes. Ce sont donc les adhérents et eux seuls qui désigneront leur candidat à la mairie de Paris. Je serai le garant de la régularité et de l'équité de ce processus. Il s'appliquera à tous : élus, ministres, militants.
Je proposerai de retenir la même méthode dans toutes les grandes villes ou circonscriptions où nous n'aurions pas de sortants ou bien où aucun des candidats potentiels ne serait en mesure de s'imposer. Je réfléchis par ailleurs à la possibilité de faire ratifier les investitures législatives par un vote de l'ensemble de nos adhérents dans chaque circonscription.
La démocratie n'est pas un sujet de discours. Elle est l'occasion de prendre et d'assumer des décisions. Il y aura d'autres exemples et d'autres occasions.
Et ce qui vaut pour le choix des hommes vaut tout autant pour le choix des programmes. Les adhérents sont des Français de toutes origines, de toutes professions, de toutes les régions. S'ils militent, c'est qu'ils croient en l'action publique et en l'engagement politique. Ils ont beaucoup d'idées, souvent très claires.
Nous allons organiser tous les deux mois des conventions qui s'étendront sur deux jours et qui nous permettront de préciser nos positions, de faire des propositions aux Français sur les sujets les plus importants. Ces conventions rassembleront plusieurs centaines de participants, seront ouvertes, aux experts et aux chercheurs, mais aussi à toutes les catégories d'acteurs de la vie collective, ainsi qu'aux témoignages d'expériences étrangères.
La première de ces conventions aura lieu à la mi-mars. Elle portera sur l'analyse et le nécessaire renouveau de nos politiques sociales. En 10 ans la France a doublé le montant des aides sans pour autant réduire le nombre des chômeurs. Ce seul fait doit nous conduire à réfléchir et à innover sans tabou mais avec l'obsession de l'évaluation et de l'efficacité. Le problème n'est pas d'installer le moins inconfortablement possible les exclus dans l'exclusion mais de les en faire sortir le plus vite possible. Par ailleurs il faut maintenant définir et préciser les objectifs d'une stratégie de promotion sociale.
J'ajoute que pour mieux saisir les préoccupations des Français, il leur a été demandé, fin décembre, de formuler des vux pour la France et d'exprimer ainsi leurs attentes pour notre pays. Dix mille réponses sont d'ores et déjà parvenues.
J'ai été frappé par l'importance que revêt dans les préoccupations des Français la question de l'immigration. L'UMP doit réfléchir, proposer et innover.
Comment se fait-il que, dans certains pays, l'immigration est un facteur de dynamisme alors que, dans le nôtre, elle entretient les peurs les plus fortes ? En vérité nous nous trouvons dans cette situation où nous subissons une immigration incontrôlable parce que nous refusons de revendiquer une immigration qui serait voulue et assumée. De grandes démocraties ouvrent largement les portes de leurs universités aux étudiants étrangers qui deviennent les meilleurs de leurs étudiants avant de devenir des " nationaux " parfaitement intégrés. A l'inverse, nous n'avons pas assez d'étudiants étrangers, ce qui finira par poser un grave problème pour la diffusion de notre culture et la promotion de notre langue, et nous avons trop de " sans papiers " qui se trouvent condamnés à vivre dans l'exclusion et la pauvreté la plus absolue. Ainsi nous accumulons tous les problèmes sans bénéficier d'aucun des avantages.
Notre système d'intégration est en panne. Notre politique de l'immigration doit être repensée, redéfinie, profondément renouvelée. Nous ferons des propositions en ce sens. D'ores et déjà, il nous faut réfléchir à la désignation d'un ministère qui soit véritablement en charge de la problématique de l'immigration et de l'intégration au lieu d'avoir comme aujourd'hui trois administrations : celles des Affaires Etrangères, de l'Intérieur et des Affaires Sociales, en charge des mêmes questions avec des logiques contradictoires. La question des quotas devra également faire l'objet de débats approfondis, sans tabou et sans exclusive.
3. Troisième priorité de l'UMP : l'élargissement de notre base, l'augmentation du nombre de nos adhérents.
Je souhaite que nous doublions dans l'année qui vient le nombre des adhérents. Une vaste campagne va être entreprise pour y parvenir, je la présenterai dimanche prochain à nos cadres.
D'ores et déjà, nous avons enregistré un important mouvement d'adhésions supplémentaires puisque, entre le 1er septembre et la fin de l'année, ce sont 37 000 nouveaux adhérents qui nous ont rejoints et que nous sommes aujourd'hui 148 000.
J'ajoute que nous souhaitons promouvoir une nouvelle forme de participation à la vie politique en offrant à ceux qui ne souhaitent pas être des adhérents, avec ce que cela comporte d'engagement, d'être des " partenaires ", c'est-à-dire des sympathisants qui souhaitent être reconnus comme tels et qui désirent prendre part à la vie du mouvement en se faisant adresser des publications, en participant à des consultations ou des réunions de réflexion. Mon objectif, c'est de créer ainsi un fichier de plusieurs dizaines de milliers de " partenaires ".
L'ouverture cela consiste à rassembler le plus grand nombre pour leur communiquer la même énergie et leur faire partager les même convictions. Un mouvement populaire, c'est un mouvement pour tous sans exception.
C'est l'occasion pour moi de dire que je suis comptable de l'image de l'UMP et que je ne la laisserai pas prendre en otage par des comportements qui ne correspondent pas à l'idée que se font les Français de la politique. La politique, c'est une activité utile, digne, respectable. Mais pour être respectable, il faut être respectueux. Or, n'ont pas été respectueux certains propos homophobes dont je veux dire qu'ils ne correspondent en rien à l'idée que je me fais du projet de l'UMP. Ces dérapages ne se produiront plus car je ne les accepterai pas. Dans le même esprit, l'équipée parallèle censée libérer les otages, quelles que soient les intentions de ses auteurs, ne correspond en rien à l'idée que je me fais de la République, de l'Etat de droit et du sens de la responsabilité républicaine. Quand des compatriotes sont pris en otage, c'est à l'Etat, à ses représentants, et à eux seuls, de les libérer. Quant aux autres, ils n'ont qu'un seul devoir : la solidarité et la responsabilité. Ce qui a été fait n'était pas responsable.
Je souhaite enfin vous faire partager mes convictions sur quatre sujets économiques qui ont fait l'objet d'annonces gouvernementales récentes :
- Les 35 heures :
J'avais beaucoup plaidé dans le sens d'une action forte et rapide. Je me réjouis que le gouvernement ait décidé de sortir du contre-sens humain, économique et social qu'a constitué le projet Aubry, qui a privé de la possibilité de travailler plus ceux qui le souhaitaient, et empêché les entreprises de répondre aux demandes du marché.
Le gouvernement n'a rien à craindre à prendre des initiatives politiques fortes. Nous serons jugés aux résultats, pas sur les procès d'intention. Surtout il ne faut pas écouter le cortège habituel de ceux qui disent depuis si longtemps que l'on ne peut rient changer. L'immobilisme n'est jamais la bonne stratégie.
- Les prix :
Il faut rendre du pouvoir d'achat aux Français en organisant la diminution des prix dans la grande distribution par la réduction des marges arrières. C'est à la fois favoriser l'activité économique par la consommation et améliorer le niveau vie des Français. Je suis heureux que le Premier ministre ait décidé de procéder à cet égard, aux adaptations législatives nécessaires. En quittant Bercy, je lui ai transmis un projet de loi complet dont je ne prétends pas qu'il soit parfait mais qui constitue une base de travail. Baisser les prix des produits de la grande distribution de 1,8 % comme je l'ai fait, c'est sans doute insuffisant mais c'est mieux, me semble-t-il, pour les Français, que la stratégie qui aurait consisté à les laisser augmenter.
Ce n'est pas juste pour les Français que les prix aient augmenté davantage en France que dans tous les autres pays européens. Il ne faut pas être frileux. Il faut aller jusqu'au bout de la réforme de la loi Galland.
L'intérêt général ne doit pas être confisqué par des intérêts catégoriels. Il est possible de rendre du pouvoir d'achat aux Français en préservant l'intérêt de nos agriculteurs et en soutenant le commerce de proximité. Je me réjouis également que la réforme du crédit hypothécaire, que j'ai lancée à Bercy en compagnie de Dominique PERBEN, ait retenu l'attention du Président de la République. Elle devrait permettre en effet de transformer la valorisation des biens immobiliers en pouvoir d'achat et en consommation.
Finalement notre stratégie est simple : donner à l'économie française le cadre juridique dont elle a besoin en 2005 et qui ne peut être celui des années 50. L'UMP doit clairement être du côté de la modernité et donc des consommateurs.
- La politique industrielle :
D'une façon qui a pu paraître paradoxale peut-être, lorsque j'étais Ministre des Finances, je me suis battu dans le domaine de la politique industrielle, en privatisant, en facilitant des rapprochements d'entreprises, en luttant pour la survie d'entreprises en difficulté, en instaurant un dispositif de soutien aux pôles de compétitivité. C'est parce qu'une politique industrielle est non seulement possible mais même indispensable, qu'elle a encore du sens aujourd'hui et que l'Etat doit y prendre toute sa part. Je suis profondément en accord avec les décisions que le Président de la République a annoncées la semaine dernière en lien avec la remise du rapport de Jean-Louis BEFFA pour lancer une politique de grands projets industriels. Que seraient aujourd'hui nos exportations sans AIRBUS et ARIANE ? Que serait notre situation énergétique sans les centrales nucléaires ?
Rien ne me semble plus urgent que de poser les bases d'une Europe de l'énergie. Dans 40 ans, il n'y aura plus de pétrole. Dans un siècle, il n'y aura plus de gaz. Quelles seront les énergies de substitution ? Comment peut-on concilier le choix du nucléaire que nous avons fait alors que nos amis allemands ont fait le choix inverse ? Voilà un beau sujet pour le couple franco-allemand. J'ai été heureux de constater combien Angéla MERKEL et Edmund STOIBER sont ouverts à cette perspective.
- Les impôts :
Il ne faut pas dissimuler la vérité aux Français. Notre situation est encore préoccupante. Mille milliards de dettes de l'Etat, cinquante milliards de dépenses pour ne payer que des intérêts : cela n'est pas tenable. Il faut continuer à ne pas augmenter la dépense plus vite que l'inflation. Il faut respecter nos engagements européens. Pour cela, il faut réformer l'Etat. Et c'est en fonction de cet impératif de l'équilibre budgétaire qu'il faudra envisager les baisses d'impôts. Elles sont indispensables mais leur volume ne doit pas compromettre l'équilibre budgétaire.
Je crois à l'effet positif de la baisse des impôts et d'ailleurs de façon plus générale des prélèvements obligatoires car bien entendu, il ne faut pas que les baisses d'impôts se trouvent compensées par des hausses de cotisations. Mais hélas, cela fait trop d'années que la France dépense plus qu'elle ne gagne. L'effort de réduction de nos déficits doit se poursuivre. Nous ne pouvons pas sacrifier l'avenir. Je veux dire aux Français que la réduction des impôts n'est possible que si elle est précédée par un effort important de réduction des dépenses, ce qui suppose des réformes qui ne sont pas toutes derrière nous.
Vous l'avez compris, le volontarisme politique imprégnera la réflexion de l'Union pour un Mouvement Populaire. Trop souvent, nous adoptons sans esprit critique la pensée dominante.
C'est avec passion mais en même temps sérénité que j'aborde cette année 2005. Je mesure mes responsabilités. J'y ferai face. Je dois rassembler, convaincre, porter et faire grandir un espoir. Mais je dois aussi être libre d'imaginer, d'innover, de proposer.
2005 n'est pas une année de transition cela doit être un temps de construction pour la France, pour l'UMP et peut être enfin pour moi-même.
Ce nouveau rôle je l'assumerai pleinement. Que nul n'en doute.
(Source http://www.u-m-p.org, le 13 janvier 2005)
Nous avions pris l'habitude de nous rencontrer régulièrement ces dernières années lorsque j'étais à la tête du Ministère de l'Intérieur ou de celui de l'Economie, des Finances et de l'Industrie.
Je suis heureux de vous retrouver aujourd'hui dans mes fonctions de Président de l'Union pour un Mouvement Populaire. J'en suis heureux parce que c'est pour moi l'occasion de vous présenter mes vux personnels et ceux de la formation que j'ai l'honneur de diriger.
Croyez bien que ces vux sont sincères. Je sais bien la difficulté de votre métier, les risques qu'il comporte pour nombre d'entre vous qui assurent leur mission dans des environnements difficiles et la responsabilité qu'il fait peser sur vous dans la mesure où son exercice est un élément structurant de la vie démocratique. Je mesure aussi la passion qu'il vous faut pour continuer chaque jour à faire votre métier avec professionnalisme. Cette passion nous la partageons. Il faut qu'elle continue à nous animer. Rien n'est pire que l'habitude, le conformisme, le manque de curiosité.
Vous l'avez compris mon premier vu sera de vous souhaiter une année 2005 passionnante, pleine de rebondissements, de surprises, d'évènements qui vous permettront les commentaires les plus pertinents et les plus audacieux. Je vous promets d'y prendre toute ma part, non pas aux commentaires mais à l'action !
Mon deuxième vu vous surprendra peut-être. Je me disais en voyant toutes ces images bouleversantes du raz de marée qui a touché l'Asie du Sud-Est, en pensant à tous ces hommes, ces femmes, ces enfants emportés dans des conditions abominables, en songeant à ces populations plongées dans le plus complet dénuement, que nous nous faisons du souci pour des choses qui n'en valent pas la peine. Eh bien sachons en tirer les leçons. Je vous souhaite une année 2005 où vous profiterez de chaque instant en pensant qu'il est unique pour vous comme pour ceux que vous aimez. La meilleure façon d'honorer la mémoire des victimes de ce drame ce sera de vivre pleinement, de faire de sa vie quelque chose d'utile, de respecter chacun de ces moments en pensant que tout peut s'arrêter en un seul instant.
J'ai vu que certains journalistes politiques se demandaient où j'étais passé ! Durant trois années on s'est interrogé pour savoir si je n'en faisais pas trop Trois semaines sans m'exprimer et déjà j'entends murmurer " en fait-il assez ? ". Je ne doute pas qu'il y ait beaucoup d'affection dans ces préoccupations. Je vais sûrement en tenir le plus grand compte en essayant de trouver le juste équilibre.
C'est en tous les cas l'occasion de vous dire en quelques mots comment je conçois cette nouvelle vie et ce nouveau rôle.
Je suis devenu le président élu de la première formation politique française. Je n'ai pour autant nullement l'intention de me laisser enliser dans les méandres de l'actualité partisane quotidienne, je ne veux répondre ni aux piques, ni aux allusions, ni aux attaques.
Dans mon esprit, j'ai clairement trois priorités pour 2005. Et je m'y tiendrai :
- M'exprimer fortement chaque fois qu'il y aura un grand sujet ou une grande question pour essayer de donner du sens, une direction, une volonté. Les Français veulent savoir s'il y a quelque chose à faire face aux grandes craintes qui sont les leurs. Cela sera ma façon d'essayer de donner un espoir, de les convaincre qu'il existe des solutions.
- Rassembler ma famille politique pour que chacun puisse s'y exprimer et y trouver sa place en faisant émerger une nouvelle équipe et de nouveaux talents. C'est vital pour la droite et le centre.
- Profiter de ma nouvelle liberté pour aller à la rencontre des Français. C'est ce que je ferai du 26 au 29 janvier dans la région du Nord Pas-de-Calais. C'est ce que je ferai en répondant à l'invitation de tous ceux qui voudront me faire partager leur univers professionnel. Comme je l'ai fait récemment avec les postiers de Gennevilliers. Je prendrai le temps de multiplier ces rencontres pour connaître, comprendre et partager.
Je veux maintenant vous dire ce que sera 2005 pour l'Union pour un Mouvement Populaire. Nous organiserons notre action autour de quatre priorités :
1. La première sera l'Europe :
Elle s'impose, puisque avant l'été comme le Président de la République vient de l'annoncer, les Français auront, par référendum, à se prononcer sur le " Traité établissant une Constitution pour l'Europe ".
Je souhaite que l'Union pour un Mouvement Populaire, et au premier chef, son Président et l'équipe qui l'entoure, s'engagent de toutes leurs forces pour convaincre les Français que le projet de la Constitution Européenne doit être approuvé.
Je n'ai aucune hésitation et, pas la moindre réserve. L'intérêt de la France, c'est que le oui l'emporte. La France est l'un des tout premier pays fondateur de l'Union Européenne. La France doit continuer à être à la pointe des avancées de l'Union Européenne. Quand l'essentiel est à ce point en jeu, il ne serait pas responsable de faire peser sur ces grands enjeux des considérations partisanes ou simplement tactiques !
Ce traité doit être approuvé pour ce qu'il contient :
- Ce qu'il contient, c'est l'affirmation de valeurs communes à l'ensemble des Etats membres, et qui sont la traduction de tous les progrès de l'humanité.
Souvenons-nous du passé, et même du passé encore très récent des pays d'Europe. L'affirmation des droits qui figurent dans le Traité constitue un formidable progrès. Ils sont un gage de paix. C'est une avancée incontestable que de voir ces principes régir désormais la vie de plus de 400 millions de personnes.
- Ce qu'il contient, c'est la clarification du rôle des institutions de l'Union et donc, la recherche d'une plus grande efficacité dans un ensemble qui ne pouvait plus fonctionner avec des procédures taillées pour un nombre de pays membres beaucoup plus restreint.
Je pense à l'extension du champ de la majorité qualifiée dans des domaines dans lesquels l'action est devenue urgente comme la sécurité ou la politique d'immigration. Je pense à l'allongement de la durée des fonctions du Président du Conseil Européen. Je pense aux coopérations renforcées indispensables à la bonne marche de l'Europe à 25 ou encore à l'expression d'une politique étrangère commune.
Ce traité exprime des progrès incontestables. On peut même affirmer qu'il enracine l'idée européenne.
Briser cette dynamique serait lourd de conséquences. L'Europe est une construction encore en devenir. L'entraver dans sa progression, l'empêcher de fonctionner dans de meilleures conditions, serait ni plus ni moins qu'un renoncement à l'Union Européenne qui pourtant nous a apporté la paix, davantage de prospérité, des espaces supplémentaires de liberté comme la libre circulation des personnes, et de nouvelles victoires de la démocratie et du respect des droits de l'homme.
C'est humain, nous avons tendance à considérer que ce qui est désormais en uvre va de soi. Ce n'est pas vrai. Ce que la volonté politique a mis des décennies à bâtir peut se désagréger si l'on entre dans le processus de la division et de la crise. L'Europe est l'une des trop rares zones de stabilité du monde. Il faut éviter de la plonger dans une crise où elle aurait tant à perdre et bien peu à gagner.
Je crois par ailleurs, que l'idée Européenne est si juste que nous n'avons rien à craindre à en expliciter tous les enjeux et à évoquer toutes les questions. Les Français doivent connaître et comprendre nos positions. Il y a eu trop de zones d'ombres autour des débats européens dans le passé.
Il y a quelques mois l'Union pour un Mouvement Populaire, sous la présidence d'Alain JUPPE, s'est prononcée contre l'entrée de la Turquie en tant que membre à part entière de l'Union Européenne. Je partage complètement ce point de vue. Et j'ajoute, que s'expliquer sur cette importante question c'est éviter les amalgames et l'exploitation des peurs. C'est jouer le jeu de la démocratie qui fait un devoir à chaque responsable de dire ce qu'il pense. C'est surtout permettre à chacun de comprendre ce que nous voulons que devienne l'Union Européenne dans les 10, 20 ou 30 années qui viennent.
La Turquie est un pays ami. C'est un grand peuple, une grande civilisation, une nation qui a fait des progrès incontestables sur le chemin de la démocratie. Mais pour moi la question est moins celle de la Turquie que celle de l'idée que nous nous faisons de l'avenir de l'Europe. Celle-ci a-t-elle des frontières ? A-t-elle vocation à s'élargir indéfiniment ? Pensons après la Turquie, à l'Ukraine, à la Moldavie, à la Biélorussie, à l'ensemble des nations du bassin méditerranéen qui nous est si proche à commencer par l'Algérie, le Maroc, la Tunisie. Qui décidera et alors comment, des limites de la construction européenne, si nous intégrons la Turquie ?
Et si nous devions décider qu'il n'y a pas de limite à cet élargissement, que deviendrait alors l'Union politique Européenne telle qu'elle fut conçue par les pères fondateurs ? Ce n'est pas et cela ne doit pas devenir la vision anglo-saxonne du seul grand marché.
Je milite pour une Europe politique puissante parce qu'intégrée. Plus l'Union Européenne sera solidaire et intégrée plus elle sera forte. C'est d'ailleurs bien pourquoi je voterai oui à la Constitution Européenne qui est un acte majeur d'intégration. Peut-on à la fois proposer davantage d'intégration et davantage d'élargissement ? Je ne le crois pas.
C'est si vrai que les constituants Européens eux-mêmes ont prévu un article 57 organisant les relations futures de l'Union avec les pays voisins dans le cadre d'un partenariat privilégié. C'est donc bien celui-ci qui doit être retenu puisqu'il est expressément prévu par la Constitution que nous allons demander aux Français de ratifier.
La question n'est pas celle des religions, des musulmans, de la solidarité, des peurs, de la Turquie. La question est celle de l'Union Européenne, projet politique majeur qu'il faut préserver dans son originalité et dans ses finalités.
Voilà quel est mon credo européen. Il n'est le fruit d'aucune circonstance, il n'est une réponse à personne en particulier, il n'est nullement un positionnement, il est seulement l'expression d'une conviction européenne solidement ancrée.
2. La deuxième priorité de l'Union pour un Mouvement Populaire en cette nouvelle année sera de faire le choix systématique de la démocratie, de la transparence dans le processus de décision, et de l'ouverture.
Nombre d'adhérents de l'Union ont été déçus de ne pas avoir eu suffisamment la parole sur la vie du mouvement et sur ses orientations politiques. Ils veulent dire ce qu'ils souhaitent pour la France, être davantage sollicités et surtout plus écoutés. Ce n'est pas qu'une question de démocratie, c'est aussi une affaire de respect.
Comme je l'ai annoncé le 28 novembre dernier au Congrès du Bourget, l'équipe que j'anime va donner la parole aux membres de l'Union. La première occasion sera justement celle de l'Europe. Je réunirai le 6 mars un Conseil National au cours duquel je soumettrai trois questions aux votes.
- Quelle Europe voulons-nous ? Je proposerai une Europe qui soit une puissance politique, capable de peser et d'agir.
- Quelle réponse à la Constitution européenne ? Je proposerai le OUI
- Quel statut pour la Turquie entre l'intégration ou l'association ? Je proposerai le statut de partenaire privilégié.
D'ici là chaque membre de l'UMP aura la possibilité de faire campagne pour les convictions qui sont les siennes quelles qu'elles soient. Une tribune libre sera ouverte dans nos publications. L'organisation de réunions militantes se fera dans les mêmes conditions, quel que soit le choix de celui qui les tiendra. Le déplacement des orateurs, eux aussi quels qu'ils soient, sera financé par le centre national.
Le droit à la parole sera ainsi garanti pour chacun. Le sectarisme et l'esprit de clan ne doivent pas avoir droit de cité au sein de notre famille politique. Une fois les trois votes exprimés par notre Conseil National, l'UMP aura une ligne politique claire qui ne souffrira d'aucune ambiguïté.
Je proposerai par ailleurs que les 577 délégués de circonscriptions qui sont les élus des militants au suffrage universel direct soient désormais membres de droit de notre Conseil National. Celui-ci, véritable parlement de notre mouvement, n'en sera que plus représentatif.
Désormais la ligne politique de l'UMP sera définie par les adhérents et les élus du mouvement.
La deuxième occasion nous sera donnée par la situation de Paris. Depuis 10 ans ce qui fut le symbole de la force du mouvement gaulliste est devenu la caricature de notre faiblesse. Divisions, oppositions, règlements de compte doivent cesser. Nos élus parisiens ne sont pas les seuls responsables d'une situation où ils se sont retrouvés autant victimes qu'auteurs. Il n'y avait pas de règle claire de désignation du ou des candidats, les adhérents n'étaient pas sollicités. Chacun se sentait déresponsabilisé. Cette époque est révolue.
D'ici à trois mois seront organisés, durant deux journées, des Etats Généraux de l'UMP parisienne. Chacun y participera et s'y exprimera librement. Il s'agira de poser les bases du projet qui doit être le nôtre pour la capitale. Pour l'organiser, un comité politique sera constitué qui rassemblera toutes les sensibilités de notre mouvement. Tous ceux qui veulent apporter leurs concours à notre action seront les bienvenus, et surtout seront assurés que désormais leurs avis seront pris en compte.
A la fin de l'année, je consulterai tous nos adhérents pour qu'ils choisissent par leurs votes, celle ou celui qui aura la responsabilité de préparer les prochaines élections municipales et de constituer nos équipes. Ce sont donc les adhérents et eux seuls qui désigneront leur candidat à la mairie de Paris. Je serai le garant de la régularité et de l'équité de ce processus. Il s'appliquera à tous : élus, ministres, militants.
Je proposerai de retenir la même méthode dans toutes les grandes villes ou circonscriptions où nous n'aurions pas de sortants ou bien où aucun des candidats potentiels ne serait en mesure de s'imposer. Je réfléchis par ailleurs à la possibilité de faire ratifier les investitures législatives par un vote de l'ensemble de nos adhérents dans chaque circonscription.
La démocratie n'est pas un sujet de discours. Elle est l'occasion de prendre et d'assumer des décisions. Il y aura d'autres exemples et d'autres occasions.
Et ce qui vaut pour le choix des hommes vaut tout autant pour le choix des programmes. Les adhérents sont des Français de toutes origines, de toutes professions, de toutes les régions. S'ils militent, c'est qu'ils croient en l'action publique et en l'engagement politique. Ils ont beaucoup d'idées, souvent très claires.
Nous allons organiser tous les deux mois des conventions qui s'étendront sur deux jours et qui nous permettront de préciser nos positions, de faire des propositions aux Français sur les sujets les plus importants. Ces conventions rassembleront plusieurs centaines de participants, seront ouvertes, aux experts et aux chercheurs, mais aussi à toutes les catégories d'acteurs de la vie collective, ainsi qu'aux témoignages d'expériences étrangères.
La première de ces conventions aura lieu à la mi-mars. Elle portera sur l'analyse et le nécessaire renouveau de nos politiques sociales. En 10 ans la France a doublé le montant des aides sans pour autant réduire le nombre des chômeurs. Ce seul fait doit nous conduire à réfléchir et à innover sans tabou mais avec l'obsession de l'évaluation et de l'efficacité. Le problème n'est pas d'installer le moins inconfortablement possible les exclus dans l'exclusion mais de les en faire sortir le plus vite possible. Par ailleurs il faut maintenant définir et préciser les objectifs d'une stratégie de promotion sociale.
J'ajoute que pour mieux saisir les préoccupations des Français, il leur a été demandé, fin décembre, de formuler des vux pour la France et d'exprimer ainsi leurs attentes pour notre pays. Dix mille réponses sont d'ores et déjà parvenues.
J'ai été frappé par l'importance que revêt dans les préoccupations des Français la question de l'immigration. L'UMP doit réfléchir, proposer et innover.
Comment se fait-il que, dans certains pays, l'immigration est un facteur de dynamisme alors que, dans le nôtre, elle entretient les peurs les plus fortes ? En vérité nous nous trouvons dans cette situation où nous subissons une immigration incontrôlable parce que nous refusons de revendiquer une immigration qui serait voulue et assumée. De grandes démocraties ouvrent largement les portes de leurs universités aux étudiants étrangers qui deviennent les meilleurs de leurs étudiants avant de devenir des " nationaux " parfaitement intégrés. A l'inverse, nous n'avons pas assez d'étudiants étrangers, ce qui finira par poser un grave problème pour la diffusion de notre culture et la promotion de notre langue, et nous avons trop de " sans papiers " qui se trouvent condamnés à vivre dans l'exclusion et la pauvreté la plus absolue. Ainsi nous accumulons tous les problèmes sans bénéficier d'aucun des avantages.
Notre système d'intégration est en panne. Notre politique de l'immigration doit être repensée, redéfinie, profondément renouvelée. Nous ferons des propositions en ce sens. D'ores et déjà, il nous faut réfléchir à la désignation d'un ministère qui soit véritablement en charge de la problématique de l'immigration et de l'intégration au lieu d'avoir comme aujourd'hui trois administrations : celles des Affaires Etrangères, de l'Intérieur et des Affaires Sociales, en charge des mêmes questions avec des logiques contradictoires. La question des quotas devra également faire l'objet de débats approfondis, sans tabou et sans exclusive.
3. Troisième priorité de l'UMP : l'élargissement de notre base, l'augmentation du nombre de nos adhérents.
Je souhaite que nous doublions dans l'année qui vient le nombre des adhérents. Une vaste campagne va être entreprise pour y parvenir, je la présenterai dimanche prochain à nos cadres.
D'ores et déjà, nous avons enregistré un important mouvement d'adhésions supplémentaires puisque, entre le 1er septembre et la fin de l'année, ce sont 37 000 nouveaux adhérents qui nous ont rejoints et que nous sommes aujourd'hui 148 000.
J'ajoute que nous souhaitons promouvoir une nouvelle forme de participation à la vie politique en offrant à ceux qui ne souhaitent pas être des adhérents, avec ce que cela comporte d'engagement, d'être des " partenaires ", c'est-à-dire des sympathisants qui souhaitent être reconnus comme tels et qui désirent prendre part à la vie du mouvement en se faisant adresser des publications, en participant à des consultations ou des réunions de réflexion. Mon objectif, c'est de créer ainsi un fichier de plusieurs dizaines de milliers de " partenaires ".
L'ouverture cela consiste à rassembler le plus grand nombre pour leur communiquer la même énergie et leur faire partager les même convictions. Un mouvement populaire, c'est un mouvement pour tous sans exception.
C'est l'occasion pour moi de dire que je suis comptable de l'image de l'UMP et que je ne la laisserai pas prendre en otage par des comportements qui ne correspondent pas à l'idée que se font les Français de la politique. La politique, c'est une activité utile, digne, respectable. Mais pour être respectable, il faut être respectueux. Or, n'ont pas été respectueux certains propos homophobes dont je veux dire qu'ils ne correspondent en rien à l'idée que je me fais du projet de l'UMP. Ces dérapages ne se produiront plus car je ne les accepterai pas. Dans le même esprit, l'équipée parallèle censée libérer les otages, quelles que soient les intentions de ses auteurs, ne correspond en rien à l'idée que je me fais de la République, de l'Etat de droit et du sens de la responsabilité républicaine. Quand des compatriotes sont pris en otage, c'est à l'Etat, à ses représentants, et à eux seuls, de les libérer. Quant aux autres, ils n'ont qu'un seul devoir : la solidarité et la responsabilité. Ce qui a été fait n'était pas responsable.
Je souhaite enfin vous faire partager mes convictions sur quatre sujets économiques qui ont fait l'objet d'annonces gouvernementales récentes :
- Les 35 heures :
J'avais beaucoup plaidé dans le sens d'une action forte et rapide. Je me réjouis que le gouvernement ait décidé de sortir du contre-sens humain, économique et social qu'a constitué le projet Aubry, qui a privé de la possibilité de travailler plus ceux qui le souhaitaient, et empêché les entreprises de répondre aux demandes du marché.
Le gouvernement n'a rien à craindre à prendre des initiatives politiques fortes. Nous serons jugés aux résultats, pas sur les procès d'intention. Surtout il ne faut pas écouter le cortège habituel de ceux qui disent depuis si longtemps que l'on ne peut rient changer. L'immobilisme n'est jamais la bonne stratégie.
- Les prix :
Il faut rendre du pouvoir d'achat aux Français en organisant la diminution des prix dans la grande distribution par la réduction des marges arrières. C'est à la fois favoriser l'activité économique par la consommation et améliorer le niveau vie des Français. Je suis heureux que le Premier ministre ait décidé de procéder à cet égard, aux adaptations législatives nécessaires. En quittant Bercy, je lui ai transmis un projet de loi complet dont je ne prétends pas qu'il soit parfait mais qui constitue une base de travail. Baisser les prix des produits de la grande distribution de 1,8 % comme je l'ai fait, c'est sans doute insuffisant mais c'est mieux, me semble-t-il, pour les Français, que la stratégie qui aurait consisté à les laisser augmenter.
Ce n'est pas juste pour les Français que les prix aient augmenté davantage en France que dans tous les autres pays européens. Il ne faut pas être frileux. Il faut aller jusqu'au bout de la réforme de la loi Galland.
L'intérêt général ne doit pas être confisqué par des intérêts catégoriels. Il est possible de rendre du pouvoir d'achat aux Français en préservant l'intérêt de nos agriculteurs et en soutenant le commerce de proximité. Je me réjouis également que la réforme du crédit hypothécaire, que j'ai lancée à Bercy en compagnie de Dominique PERBEN, ait retenu l'attention du Président de la République. Elle devrait permettre en effet de transformer la valorisation des biens immobiliers en pouvoir d'achat et en consommation.
Finalement notre stratégie est simple : donner à l'économie française le cadre juridique dont elle a besoin en 2005 et qui ne peut être celui des années 50. L'UMP doit clairement être du côté de la modernité et donc des consommateurs.
- La politique industrielle :
D'une façon qui a pu paraître paradoxale peut-être, lorsque j'étais Ministre des Finances, je me suis battu dans le domaine de la politique industrielle, en privatisant, en facilitant des rapprochements d'entreprises, en luttant pour la survie d'entreprises en difficulté, en instaurant un dispositif de soutien aux pôles de compétitivité. C'est parce qu'une politique industrielle est non seulement possible mais même indispensable, qu'elle a encore du sens aujourd'hui et que l'Etat doit y prendre toute sa part. Je suis profondément en accord avec les décisions que le Président de la République a annoncées la semaine dernière en lien avec la remise du rapport de Jean-Louis BEFFA pour lancer une politique de grands projets industriels. Que seraient aujourd'hui nos exportations sans AIRBUS et ARIANE ? Que serait notre situation énergétique sans les centrales nucléaires ?
Rien ne me semble plus urgent que de poser les bases d'une Europe de l'énergie. Dans 40 ans, il n'y aura plus de pétrole. Dans un siècle, il n'y aura plus de gaz. Quelles seront les énergies de substitution ? Comment peut-on concilier le choix du nucléaire que nous avons fait alors que nos amis allemands ont fait le choix inverse ? Voilà un beau sujet pour le couple franco-allemand. J'ai été heureux de constater combien Angéla MERKEL et Edmund STOIBER sont ouverts à cette perspective.
- Les impôts :
Il ne faut pas dissimuler la vérité aux Français. Notre situation est encore préoccupante. Mille milliards de dettes de l'Etat, cinquante milliards de dépenses pour ne payer que des intérêts : cela n'est pas tenable. Il faut continuer à ne pas augmenter la dépense plus vite que l'inflation. Il faut respecter nos engagements européens. Pour cela, il faut réformer l'Etat. Et c'est en fonction de cet impératif de l'équilibre budgétaire qu'il faudra envisager les baisses d'impôts. Elles sont indispensables mais leur volume ne doit pas compromettre l'équilibre budgétaire.
Je crois à l'effet positif de la baisse des impôts et d'ailleurs de façon plus générale des prélèvements obligatoires car bien entendu, il ne faut pas que les baisses d'impôts se trouvent compensées par des hausses de cotisations. Mais hélas, cela fait trop d'années que la France dépense plus qu'elle ne gagne. L'effort de réduction de nos déficits doit se poursuivre. Nous ne pouvons pas sacrifier l'avenir. Je veux dire aux Français que la réduction des impôts n'est possible que si elle est précédée par un effort important de réduction des dépenses, ce qui suppose des réformes qui ne sont pas toutes derrière nous.
Vous l'avez compris, le volontarisme politique imprégnera la réflexion de l'Union pour un Mouvement Populaire. Trop souvent, nous adoptons sans esprit critique la pensée dominante.
C'est avec passion mais en même temps sérénité que j'aborde cette année 2005. Je mesure mes responsabilités. J'y ferai face. Je dois rassembler, convaincre, porter et faire grandir un espoir. Mais je dois aussi être libre d'imaginer, d'innover, de proposer.
2005 n'est pas une année de transition cela doit être un temps de construction pour la France, pour l'UMP et peut être enfin pour moi-même.
Ce nouveau rôle je l'assumerai pleinement. Que nul n'en doute.
(Source http://www.u-m-p.org, le 13 janvier 2005)