Texte intégral
Q- Bonjour B. Accoyer. Les députés examinent à partir d'aujourd'hui une proposition de loi visant à assouplir - c'est comme ça qu'on dit - "assouplir les 35 heures". Quels effets concrets attendez-vous, espérez-vous de cet assouplissement, B. Accoyer ?
R- C'est une volonté de répondre aux priorités des Français, qui sont au nombre de deux : l'emploi et le pouvoir d'achat.
Q- Parce qu'assouplir les 35 heures ça fera diminuer le chômage d'après vous, B. Accoyer ?
R- Oui, c'est le meilleur moyen de permettre aux entreprises de répondre aux commandes, donc de donner du travail, et tout ceci est fondé sur le volontariat. Volontariat des salariés, volontariat bien entendu des entreprises. Si elles ont du travail à donner, elles permettront à ceux qui veulent gagner plus, qui ont besoin de gagner plus, et on a vu que c'était environ un quart des salariés du privé qui attendait cette solution. Elle permettra de travailler plus pour gagner plus.
Q- Vous avez lu, comme nous, le sondage Ifop paru dans Le Journal du Dimanche il y a 48 heures. 77 % des salariés souhaitent conserver leur temps de travail actuel. Et quand on interroge les patrons, direction de Carrefour, Renault, Bosch, eh bien on ne changera rien, ça nous va comme ça. Alors pour qui vous faites cette loi vraiment, B. Accoyer ?
R- Cette loi respecte justement le souhait des Français. Le temps de travail hebdomadaire n'est pas remis en cause. Les 35 heures ne sont pas remises en cause, elles sont aménagées, selon le mécanisme du volontariat. Que de très grandes entreprises, qui ont bénéficié de l'assouplissement, de la flexibilité, considèrent que c'est une solution qui leur va, c'est leur affaire, c'est la liberté. Par contre, il y a énormément de PME, PMI et petites entreprises, tout le monde le sait, qui ont été bloquées dans leur développement quand il y a eu des commandes, qui n'ont pas pu les satisfaire et qui sont rentrées dans la spirale d'une certaine menace de leur avenir, une certaine régression, et par là même ce sont leurs salariés dont le pouvoir d'achat a été - nul ne le conteste - réduit, contraint par les 35 heures. La France n'a pas, malheureusement, la capacité d'avoir inventé, comme le pensent les socialistes, la pierre philosophale pour lutter contre le chômage ! Si c'était la vérité, ça se saurait !
Q- Mais si vous aviez raison, les sondages ne diraient pas ce qu'ils
disent : 77 % des salariés souhaitent conserver leur temps de
travail. C'est l'immense majorité tout de même.
R- Cela veut dire que, un quart, c'est beaucoup un quart J.-M. Aphatie...
Q- Pour 77.
R- Oui. C'est-à-dire pratiquement un quart a besoin de travailler plus pour gagner plus, parce que c'est difficile de payer son loyer et de pouvoir assumer l'éducation des enfants. C'est un problème, le pouvoir d'achat et c'est une des grandes priorités du gouvernement, qui est au même rang que la priorité de l'emploi.
Q- C. Mangin, qui suit les questions économiques sur RTL, expliquait tout à l'heure sur l'antenne qu'en faisant cet assouplissement, en procédant à cet assouplissement, la majorité faisait plaisir au patronat, et pas aux chefs d'entreprise. Vous saisissez la nuance ? A E.-A. Seillière, au lobbying du Medef et pas aux chefs d'entreprise qui sont sur le terrain.
R- Ecoutez, je ne partage pas ce jugement parce que je vis dans un département qui est un tissu de PME - PMI, et je peux vous dire que, de la souplesse, de l'adaptation, quand il y a des commandes qu'on puisse les prendre, qu'on puisse proposer aux salariés de travailler plus, c'est ce qu'ils attendent. Et les petits patrons, et leurs salariés. Alors c'est vrai que les 35 heures ont été un dispositif très lourd, qui a compliqué la vie des entreprises, et que les entreprises redoutent - parce que c'est aussi sur la négociation que cette évolution est fondée - redoutent d'avoir à se lancer dans une procédure assez lourde. Mais c'est une marge de manoeuvres qui est offerte parce que, encore une fois, la seule priorité qui vaille, c'est l'économie, et c'est l'avenir de l'emploi.
Q- Vous présidez le groupe UMP à l'Assemblée Nationale, et les socialistes disent, je cite un député : "Nous serons extrêmement virulents" ! Alors ça va être la guerre des tranchées à l'Assemblée nationale, B. Accoyer ?
R- D'abord, je trouve qu'en politique, il y a des mots qui sont excessifs. Et le débat démocratique mérite autre chose que des mots d'une telle agressivité ! Je crois qu'en plus la gauche a montré, dans justement la réduction autoritaire et généralisée, systématisée du temps de travail, de l'idéologie, de l'à priori, elle a montré toute sa rigidité, dont on sait qu'elle est un handicap dans un monde globalisé, dans un monde où tout est ouvert désormais. Nous, nous agissons avec pragmatisme. Notre volonté, c'est de laisser ouvertes des portes, et de ne pas contraindre les Français qui ne voudraient pas travailler plus mais par contre, de permettre à ceux qui le souhaitent de vouloir le faire pour gagner plus.
Q- Petite phrase lue dans Le Figaro du 17 janvier, et signée N. Sarkozy : "Il faudra poser un jour la question des 35 heures dans la Fonction Publique. Pourquoi - c'est N. Sarkozy qui pose la question - les fonctionnaires ne disposeraient-ils pas, eux aussi, de la liberté de choix" ? Pourquoi, B. Accoyer ?
R- C'est une bonne question.
Q- Alors vous vous y mettez quand ?
R- Il est vrai que l'application, encore une fois systématique, au privé, au public, dans tous les domaines, était tout à fait déraisonnable. Il y a certainement des fonctionnaires qui peuvent avoir envie de travailler plus pour gagner plus, qui ont besoin de gagner plus. Ils rencontrent les mêmes difficultés. Et aujourd'hui, si les fonctionnaires s'inquiètent pour leur pouvoir d'achat, c'est aussi parce que les 35 heures, ça a coûté combien ? 15 milliards d'euros ! Cinq milliards dans la seule fonction publique. C'est une marge de manoeuvres que le gouvernement de J-P. Raffarin n'a pas, parce qu'il faut assumer la suite... et c'est là où l'on voit qu'il y a besoin de sortir de ce dispositif. J'ai fait moi-même des propositions, en particulier dans des secteurs très techniques, comme la réanimation, les services d'urgence dans les hôpitaux. Sur la base du volontariat, on peut très bien proposer d'aller un peu au-delà des 35 heures - encore une fois avec une rétribution en rapport avec ce temps supplémentaire de travail - et sur la base d'un volontariat commun : employeur - salarié.
Q- Et alors ? A quel horizon l'assouplissement des 35 heures dans la fonction publique ?
R- Ecoutez...
Q- Bientôt ?
R- Aujourd'hui, nous nous occupons de ce qui relève de la loi, c'est-à-dire
du temps de travail et de son aménagement dans le secteur privé.
Q- On botte en touche, c'est ça ?
R- Non, pas du tout. Mais chaque chose en son temps.
Q- C'est ça. C'est ce que j'appelais botter un peu en touche.
R- Non, les problèmes...
Q- On va voir.
R- Les problèmes doivent être, sans dogmatisme, examinés les uns après les autres.
Q- C'était le 7 décembre dernier à l'Assemblée Nationale, lors du débat créant la haute autorité contre les discriminations et un député de votre groupe B. Accoyer, C. Vaneste, député UMP du Nord, a déclaré : "le comportement homosexuel est évidemment une menace pour la survie de l'humanité". Ces propos, il les a répétés après. Il crée un certain trouble. Qu'est-ce que vous en pensez, B. Accoyer ?
R- J'avais condamné ces propos en décembre. Il a été sollicité, il les a répétés et je les condamne à nouveau, très fermement.
Q- Et à part condamner les propos, un président de groupe comme vous peut faire autre chose, ou pas ?
R- Vous pensez qu'un groupe doit être conduit "à la schlague" avec des menaces de sanctions ? Ca n'est pas ma conception de la liberté d'expression même si je condamne, encore une fois, ces propos.
Q- Et donc Monsieur C. Vaneste, vous le jugez libre de dire ce qu'il a envie de dire dans ce domaine-là ?
R- Le vrai problème, c'est l'expression. Peut-on brider l'expression des élus ? Ils restent totalement responsables individuellement de leurs propos. Et là, chacun peut en tirer les conséquences, y compris demander l'évaluation de la justice.
B. Accoyer, l'homme qui assouplit les 35 heures était l'invité d'RTL
ce matin. Bonne journée.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 2 février 2005)
R- C'est une volonté de répondre aux priorités des Français, qui sont au nombre de deux : l'emploi et le pouvoir d'achat.
Q- Parce qu'assouplir les 35 heures ça fera diminuer le chômage d'après vous, B. Accoyer ?
R- Oui, c'est le meilleur moyen de permettre aux entreprises de répondre aux commandes, donc de donner du travail, et tout ceci est fondé sur le volontariat. Volontariat des salariés, volontariat bien entendu des entreprises. Si elles ont du travail à donner, elles permettront à ceux qui veulent gagner plus, qui ont besoin de gagner plus, et on a vu que c'était environ un quart des salariés du privé qui attendait cette solution. Elle permettra de travailler plus pour gagner plus.
Q- Vous avez lu, comme nous, le sondage Ifop paru dans Le Journal du Dimanche il y a 48 heures. 77 % des salariés souhaitent conserver leur temps de travail actuel. Et quand on interroge les patrons, direction de Carrefour, Renault, Bosch, eh bien on ne changera rien, ça nous va comme ça. Alors pour qui vous faites cette loi vraiment, B. Accoyer ?
R- Cette loi respecte justement le souhait des Français. Le temps de travail hebdomadaire n'est pas remis en cause. Les 35 heures ne sont pas remises en cause, elles sont aménagées, selon le mécanisme du volontariat. Que de très grandes entreprises, qui ont bénéficié de l'assouplissement, de la flexibilité, considèrent que c'est une solution qui leur va, c'est leur affaire, c'est la liberté. Par contre, il y a énormément de PME, PMI et petites entreprises, tout le monde le sait, qui ont été bloquées dans leur développement quand il y a eu des commandes, qui n'ont pas pu les satisfaire et qui sont rentrées dans la spirale d'une certaine menace de leur avenir, une certaine régression, et par là même ce sont leurs salariés dont le pouvoir d'achat a été - nul ne le conteste - réduit, contraint par les 35 heures. La France n'a pas, malheureusement, la capacité d'avoir inventé, comme le pensent les socialistes, la pierre philosophale pour lutter contre le chômage ! Si c'était la vérité, ça se saurait !
Q- Mais si vous aviez raison, les sondages ne diraient pas ce qu'ils
disent : 77 % des salariés souhaitent conserver leur temps de
travail. C'est l'immense majorité tout de même.
R- Cela veut dire que, un quart, c'est beaucoup un quart J.-M. Aphatie...
Q- Pour 77.
R- Oui. C'est-à-dire pratiquement un quart a besoin de travailler plus pour gagner plus, parce que c'est difficile de payer son loyer et de pouvoir assumer l'éducation des enfants. C'est un problème, le pouvoir d'achat et c'est une des grandes priorités du gouvernement, qui est au même rang que la priorité de l'emploi.
Q- C. Mangin, qui suit les questions économiques sur RTL, expliquait tout à l'heure sur l'antenne qu'en faisant cet assouplissement, en procédant à cet assouplissement, la majorité faisait plaisir au patronat, et pas aux chefs d'entreprise. Vous saisissez la nuance ? A E.-A. Seillière, au lobbying du Medef et pas aux chefs d'entreprise qui sont sur le terrain.
R- Ecoutez, je ne partage pas ce jugement parce que je vis dans un département qui est un tissu de PME - PMI, et je peux vous dire que, de la souplesse, de l'adaptation, quand il y a des commandes qu'on puisse les prendre, qu'on puisse proposer aux salariés de travailler plus, c'est ce qu'ils attendent. Et les petits patrons, et leurs salariés. Alors c'est vrai que les 35 heures ont été un dispositif très lourd, qui a compliqué la vie des entreprises, et que les entreprises redoutent - parce que c'est aussi sur la négociation que cette évolution est fondée - redoutent d'avoir à se lancer dans une procédure assez lourde. Mais c'est une marge de manoeuvres qui est offerte parce que, encore une fois, la seule priorité qui vaille, c'est l'économie, et c'est l'avenir de l'emploi.
Q- Vous présidez le groupe UMP à l'Assemblée Nationale, et les socialistes disent, je cite un député : "Nous serons extrêmement virulents" ! Alors ça va être la guerre des tranchées à l'Assemblée nationale, B. Accoyer ?
R- D'abord, je trouve qu'en politique, il y a des mots qui sont excessifs. Et le débat démocratique mérite autre chose que des mots d'une telle agressivité ! Je crois qu'en plus la gauche a montré, dans justement la réduction autoritaire et généralisée, systématisée du temps de travail, de l'idéologie, de l'à priori, elle a montré toute sa rigidité, dont on sait qu'elle est un handicap dans un monde globalisé, dans un monde où tout est ouvert désormais. Nous, nous agissons avec pragmatisme. Notre volonté, c'est de laisser ouvertes des portes, et de ne pas contraindre les Français qui ne voudraient pas travailler plus mais par contre, de permettre à ceux qui le souhaitent de vouloir le faire pour gagner plus.
Q- Petite phrase lue dans Le Figaro du 17 janvier, et signée N. Sarkozy : "Il faudra poser un jour la question des 35 heures dans la Fonction Publique. Pourquoi - c'est N. Sarkozy qui pose la question - les fonctionnaires ne disposeraient-ils pas, eux aussi, de la liberté de choix" ? Pourquoi, B. Accoyer ?
R- C'est une bonne question.
Q- Alors vous vous y mettez quand ?
R- Il est vrai que l'application, encore une fois systématique, au privé, au public, dans tous les domaines, était tout à fait déraisonnable. Il y a certainement des fonctionnaires qui peuvent avoir envie de travailler plus pour gagner plus, qui ont besoin de gagner plus. Ils rencontrent les mêmes difficultés. Et aujourd'hui, si les fonctionnaires s'inquiètent pour leur pouvoir d'achat, c'est aussi parce que les 35 heures, ça a coûté combien ? 15 milliards d'euros ! Cinq milliards dans la seule fonction publique. C'est une marge de manoeuvres que le gouvernement de J-P. Raffarin n'a pas, parce qu'il faut assumer la suite... et c'est là où l'on voit qu'il y a besoin de sortir de ce dispositif. J'ai fait moi-même des propositions, en particulier dans des secteurs très techniques, comme la réanimation, les services d'urgence dans les hôpitaux. Sur la base du volontariat, on peut très bien proposer d'aller un peu au-delà des 35 heures - encore une fois avec une rétribution en rapport avec ce temps supplémentaire de travail - et sur la base d'un volontariat commun : employeur - salarié.
Q- Et alors ? A quel horizon l'assouplissement des 35 heures dans la fonction publique ?
R- Ecoutez...
Q- Bientôt ?
R- Aujourd'hui, nous nous occupons de ce qui relève de la loi, c'est-à-dire
du temps de travail et de son aménagement dans le secteur privé.
Q- On botte en touche, c'est ça ?
R- Non, pas du tout. Mais chaque chose en son temps.
Q- C'est ça. C'est ce que j'appelais botter un peu en touche.
R- Non, les problèmes...
Q- On va voir.
R- Les problèmes doivent être, sans dogmatisme, examinés les uns après les autres.
Q- C'était le 7 décembre dernier à l'Assemblée Nationale, lors du débat créant la haute autorité contre les discriminations et un député de votre groupe B. Accoyer, C. Vaneste, député UMP du Nord, a déclaré : "le comportement homosexuel est évidemment une menace pour la survie de l'humanité". Ces propos, il les a répétés après. Il crée un certain trouble. Qu'est-ce que vous en pensez, B. Accoyer ?
R- J'avais condamné ces propos en décembre. Il a été sollicité, il les a répétés et je les condamne à nouveau, très fermement.
Q- Et à part condamner les propos, un président de groupe comme vous peut faire autre chose, ou pas ?
R- Vous pensez qu'un groupe doit être conduit "à la schlague" avec des menaces de sanctions ? Ca n'est pas ma conception de la liberté d'expression même si je condamne, encore une fois, ces propos.
Q- Et donc Monsieur C. Vaneste, vous le jugez libre de dire ce qu'il a envie de dire dans ce domaine-là ?
R- Le vrai problème, c'est l'expression. Peut-on brider l'expression des élus ? Ils restent totalement responsables individuellement de leurs propos. Et là, chacun peut en tirer les conséquences, y compris demander l'évaluation de la justice.
B. Accoyer, l'homme qui assouplit les 35 heures était l'invité d'RTL
ce matin. Bonne journée.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 2 février 2005)