Texte intégral
Q- Avec J.-F. Copé, ce matin, nous allons en effet parler, entre autres, du budget. Mais pour commencer, J.-F. Copé, revenons sur l'effort que fait la France face à la catastrophe en Asie. Hier, le président de la République, à l'occasion des vux au Gouvernement, est longuement revenu là-dessus, en expliquant qu'en effet il fallait surtout bien organiser l'aide. C'est ça l'idée ?
R- Oui, tout à fait. Hier, d'ailleurs, le Conseil des ministres a consacré une large part de ses travaux à faire un peu l'état de la mobilisation de la France. Nous atteignons, vous le savez, aujourd'hui, un niveau très important d'aide, à la fois en terme d'aides publiques et puis aussi de dons, des particuliers, des associations, des entreprises, puisque l'on avoisine les 85/90 millions d'euros, ce qui est évidemment une somme importante...
Q- C'est la plus grosse contribution européenne, celle de la France, à peu près ?
R- C'est certainement l'une des toutes premières. Mais vous savez que les chiffres évoluent tous les jours ou toutes les heures, à la hausse, puisque les dons sont très importants. La mobilisation publique est très importante, que ce soit à la fois pour ce qui concerne l'aide aux victimes, le volet sanitaire qui est très important, et de ce point de vue, la visite du ministre de la Santé au Sri Lanka est évidemment très importante. C'est vrai que tout cela correspond à une mobilisation forte et le maître mot, bien sûr, c'est la coordination. Il y a, on le voit bien, plusieurs étapes, il faut travailler bien sûr à aider nos compatriotes qui sont victimes, à leurs familles.
Q- On est toujours sans nouvelles, d'ailleurs, de 550 Français, à peu près.
R- Alors, c'est vrai que de ce point de vue, effectivement, la mobilisation est très forte et puis aussi, bien sûr, tout ce qui concerne la prévention des épidémies, qui est l'autre grand volet et puis enfin l'aide à la reconstruction. Je dois dire que tout ça se passe, effectivement, dans une atmosphère, bien sûr, de grande gravité, mais aussi une mobilisation exceptionnelle et je crois que cela nous engage tous à titre individuel, très fortement, bien sûr.
Q- On sait que la situation sur place n'est évidemment pas la même entre la Thaïlande, le Sri Lanka, l'Inde, l'Indonésie. Est-ce qu'il y a une clef de répartition, est-ce que quand on donne de l'argent, on dit, d'ores et déjà " je donne tant pour la Thaïlande, tant pour le Sri Lanka", ou ça se fait sur place en coordination avec les Etats, ou il va falloir inventer un système ?
R- Vous savez, F. Laborde, d'abord les besoins ne sont pas les mêmes et ensuite la situation économique de ces pays n'est pas la même - H. Gaymard a eu l'occasion, d'ailleurs, de le rappeler à plusieurs reprises. Je crois qu'il faut bien avoir à l'esprit que la situation de revenus par habitants n'est pas la même en Malaisie, par exemple, ou en Inde ou au Sri Lanka. Donc, à chaque fois, il faut évidemment tenir compte de cela. C'est pour ça qu'à la fois le président de la République, puis le Premier ministre ont l'un et l'autre rappelé que le mot-clef c'est la coordination, l'évaluation des besoins et puis évidemment la rapidité d'intervention et, de ce point de vue, je crois que le travail fait par la communauté internationale, par l'Europe en particulier, est assez remarquable.
Q- P. Douste Blazy a parlé d'une sorte de SAMU mondial qu'il faudrait inventer ; le président de la République évoquait un corps un peu particulier, qui pourrait être des sortes de casques bleus humanitaires.
R- A vrai dire, ça fait plusieurs années que le président de la République évoque, dans de nombreuses instances internationales, l'idée qu'il y ait, à l'image des casques bleus, une force internationale, du point de vue humanitaire, qui maîtrise mieux la coordination. Je crois que c'est vraiment important de dire que de ce point de vue l'efficacité est importante et ça exige sans doute une mobilisation internationale plus organisée.
Q- Mais au-delà des voeux, des souhaits, est-ce qu'il y aura une réunion à Bruxelles pour étudier, quelque chose comme ça ?
R- Eh bien ça fait partie des sujets qui vont commencer d'être abordés très sérieusement. Je crois que tout le monde est profondément marqué par cette catastrophe qui, je crois, est totalement inédite dans notre histoire contemporaine. Donc cela exige que l'on en tire tous les enseignements : prévention des risques, meilleure connaissance de ce type d'évènements, aussi en amont que possible, et puis ensuite organisation des secours.
Q- Pour revenir à l'activité franco-française, si je puis dire, à l'occasion, là, encore une fois, et du Conseil des ministres et des voeux, le président de la République a tracé un certain nombre de lignes. Et, en ce qui vous concerne, très directement, il vous a demandé de poursuivre ou de redémarrer, je ne sais pas comment il faut dire, l'effort, en ce qui concerne la baisse des impôts...
R- Poursuivre, poursuivre...
Q- Alors, vaste programme. Comment vous allez faire ?
R- Il faut quand même rappeler que tout cela procède d'abord du titre de la feuille de route qui nous est fixée, qui est quand même de dire : voilà, le temps est venu, pour reprendre la formule du Président, le temps est venu maintenant de bâtir des projets pour l'avenir des Français parce que, voilà, la France est remise sur les rails sur un certain nombre de sujets sur lesquels les Français nous attendaient - la sécurité, le rétablissement de l'équilibre des comptes, les réformes de structures comme les retraites ou la santé -, eh bien maintenant, il faut bâtir l'avenir. Et, de ce point de vue, il y a des grands rendez-vous : il y a l'école, il y a la formation professionnelle, il y a l'innovation, c'est-à-dire la recherche et en particulier la recherche scientifique, et puis il y a aussi la compétitivité de nos entreprises et il y a l'emploi. Tout ça exige de finances bien tenues, un pays géré en bon père de famille, comme on dit, et donc ça veut dire maîtriser la dépense, parce qu'on ne peut pas dépenser plus que ce que l'on gagne et d'autre part...
Q- Mais on a un niveau d'endettement très élevé...
R- Oui, absolument.
Q- ... qui fait que l'on a une charge de la dette, pour employer un mot un peu technique, c'est-à-dire que ce que l'on doit rembourser tous les ans parce que l'on a dépensé un peu trop.
R- Eh bien. Donc vous voyez en quoi, finalement, le boulot du ministre du Budget exige...
Q- C'est infernal...
R- Ah non, ce n'est pas ce que j'allais dire... exige un bon niveau d'équilibre entre tout ça. Ça veut dire qu'effectivement, les baisses d'impôts, elles doivent se faire avec un objectif qui corresponde à la feuille de route. C'est quoi ? C'est stimuler l'emploi et puis l'attractivité de notre territoire pour que les entreprises s'installent en France et investissent et embauchent.
Q- Est-ce que vous pouvez nous dire sur quoi ça va porter, concrètement ? Est-ce que ça peut être un peu, par exemple, d'impôts sur le revenu, un peu de TVA, de l'impôt sur les sociétés ?
R- Ecoutez, ça, c'est... reconnaissez avec moi...
Q- C'est un peu tôt ? Un peu des trois ?
R- C'est un petit peu tôt pour le dire. Par contre, ce que je peux vous dire, c'est que l'année 2005 va être une année absolument historique pour ce qui concerne la gestion des comptes de l'Etat. Parce que nous allons ...
Q- C'est-à-dire que les familles vont s'en rendre compte concrètement, que ce soit en allant faire leurs courses parce qu'il y a moins de TVA ou sur la feuille d'impôts...
R- Attendez, j'arrive. Ça veut dire que, un, nous allons gérer les comptes de l'Etat de manière beaucoup plus rigoureuse, dans le sens où à chaque fois on va dire : dès le premier euro dépensé, les Français ont le droit de savoir à quoi il sert. Avec le nouveau système comptable, ce sera mis en place. Deuxièmement, le ministre du Budget, c'est le ministre des contribuables, c'est-à-dire celui qui veille à ce que l'impôt des Français soit utilisé efficacement et, deuxièmement, que la relation entre l'Etat et le contribuable soit un peu meilleure, qu'elle soit un peu plus transparente, un peu plus, comment dire, courtoise, aussi. Et donc il y a une réforme complète...
Q- Donc vous n'êtes plus le ministre des percepteurs, mais le ministre des contribuables, c'est plutôt une bonne nouvelle pour nous, alors.
R- En tout cas, c'est les deux à la fois, et le rôle du ministre du Budget, on en a beaucoup parlé avec H. Gaymard, c'est de veiller à ce que dès cette année, le contribuable ait, avec son administration fiscale, des relations qui soient plus courtoises, qui soient plus lisibles, que concrètement on puisse aller plus vite pour un certain nombre de formulaires, dans les déclarations, dans les paiements ; on va simplifier beaucoup de choses et c'est vrai que là, on va beaucoup travailler. Et puis, bien sûr, les baisses d'impôts. Nous allons les poursuivre, comme le président de la République l'a souhaité, d'ailleurs J.-P. Raffarin nous l'a rappelé aux uns et aux autres. Cela veut dire qu'on le fera bien sûr sans aggraver le déficit, on le fera en veillant à tout ce que cela se fasse...
Q- Mais il y aura de l'allègement.
R- Mais il y aura, bien sûr, des baisses d'impôts.
Q- Une question sur le contrat de travail intermédiaire, il y a eu un peu de, j'allais dire, cafouillages, il y a eu une annonce qui a été un peu précipitée, peut-être, hier, dans La Tribune, au cours d'une interview d'un chef d'entreprise, qui expliquait que l'on allait pouvoir licencier un peu plus rapidement et puis J.-L. Borloo est revenu dessus. C'est quoi, il y a quand même un projet là dessus, ce n'est pas totalement, tout à fait vrai ?
R- L'objectif numéro 1, il est de sécuriser le parcours des salariés, c'est-à-dire de faire en sorte que tout au long de la vie active, on puisse bénéficier d'une formation, y compris tout au long de la vie, et que d'autre part, face à des drames liés à des restructurations industrielles, les parcours soient sécurisés, que les travaux de reclassement soient faits dans des conditions qui soient tout à fait décentes. C'est vrai que de ce point de vue, c'est là-dessus que l'on travaille, tout le reste relève peut-être un peu de la désinformation, je crois qu'il faut...
Q- Donc il n'est pas question d'accélérer les licenciements, comme on a pu le comprendre, abusivement.
R- Non, écoutez, en l'occurrence, ce n'est pas l'objet de la réflexion qui est la nôtre.
Q- Dernier thème important, la révision constitutionnelle pour organiser le référendum sur l'Europe, justement, avant le 1er juillet.
R- C'est le rendez-vous majeur de l'année 2005. C'est vrai que de ce point de vue, la feuille de route là aussi fixée par le président est tout à fait claire, nous avons un rendez-vous absolument essentiel, c'est un rendez-vous européen. La France a toujours été en première ligne pour porter le projet européen, et de ce point de vue ce rendez-vous constitutionnel est absolument essentiel. Il doit nous permettre effectivement une Europe plus efficace et de ce point de vue ça va être un grand, grand débat pour les mois qui viennent.
Q- Ça veut dire qu'il y aura une campagne qui pourra être en faveur du référendum, toutes familles politiques confondues, c'est ça un peu l'idée à un moment donné, ou pas ? Quand on sait qu'il y a une partie de la gauche, pour dire les choses simplement, qui est pour, alors, est-ce qu'on peut imaginer que vous allez vous croiser, à un moment donné, dans les meetings ?
R- Non. Les partisans du " oui ", bien entendu, peuvent partager ici ou là les mêmes idées. Pour autant, chaque parti politique a son organisation, sa tradition, sa culture. On n'est pas dans l'idée de faire des meetings communs. En revanche, on est dans l'idée qu'effectivement les partisans du " oui " doivent se mobiliser, parce que le référendum ce n'est pas quelque chose qui se fait comme ça. Comme beaucoup de mes collègues, je suis très engagé pour le " oui " et je peux vous dire que la campagne, on va la faire tous les jours, toutes les semaines, parce qu'il faut convaincre les Français que c'est un rendez-vous absolument historique pour l'Europe mais surtout pour la France. Vous savez, moi j'ai une idée très simple là-dessus, c'est que je crois fondamentalement que nous devons protéger les Français de la mondialisation dans ses dangers et les préparer aux atouts de la mondialisation et ça, ça passe par l'Europe.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 5 janvier 2005
R- Oui, tout à fait. Hier, d'ailleurs, le Conseil des ministres a consacré une large part de ses travaux à faire un peu l'état de la mobilisation de la France. Nous atteignons, vous le savez, aujourd'hui, un niveau très important d'aide, à la fois en terme d'aides publiques et puis aussi de dons, des particuliers, des associations, des entreprises, puisque l'on avoisine les 85/90 millions d'euros, ce qui est évidemment une somme importante...
Q- C'est la plus grosse contribution européenne, celle de la France, à peu près ?
R- C'est certainement l'une des toutes premières. Mais vous savez que les chiffres évoluent tous les jours ou toutes les heures, à la hausse, puisque les dons sont très importants. La mobilisation publique est très importante, que ce soit à la fois pour ce qui concerne l'aide aux victimes, le volet sanitaire qui est très important, et de ce point de vue, la visite du ministre de la Santé au Sri Lanka est évidemment très importante. C'est vrai que tout cela correspond à une mobilisation forte et le maître mot, bien sûr, c'est la coordination. Il y a, on le voit bien, plusieurs étapes, il faut travailler bien sûr à aider nos compatriotes qui sont victimes, à leurs familles.
Q- On est toujours sans nouvelles, d'ailleurs, de 550 Français, à peu près.
R- Alors, c'est vrai que de ce point de vue, effectivement, la mobilisation est très forte et puis aussi, bien sûr, tout ce qui concerne la prévention des épidémies, qui est l'autre grand volet et puis enfin l'aide à la reconstruction. Je dois dire que tout ça se passe, effectivement, dans une atmosphère, bien sûr, de grande gravité, mais aussi une mobilisation exceptionnelle et je crois que cela nous engage tous à titre individuel, très fortement, bien sûr.
Q- On sait que la situation sur place n'est évidemment pas la même entre la Thaïlande, le Sri Lanka, l'Inde, l'Indonésie. Est-ce qu'il y a une clef de répartition, est-ce que quand on donne de l'argent, on dit, d'ores et déjà " je donne tant pour la Thaïlande, tant pour le Sri Lanka", ou ça se fait sur place en coordination avec les Etats, ou il va falloir inventer un système ?
R- Vous savez, F. Laborde, d'abord les besoins ne sont pas les mêmes et ensuite la situation économique de ces pays n'est pas la même - H. Gaymard a eu l'occasion, d'ailleurs, de le rappeler à plusieurs reprises. Je crois qu'il faut bien avoir à l'esprit que la situation de revenus par habitants n'est pas la même en Malaisie, par exemple, ou en Inde ou au Sri Lanka. Donc, à chaque fois, il faut évidemment tenir compte de cela. C'est pour ça qu'à la fois le président de la République, puis le Premier ministre ont l'un et l'autre rappelé que le mot-clef c'est la coordination, l'évaluation des besoins et puis évidemment la rapidité d'intervention et, de ce point de vue, je crois que le travail fait par la communauté internationale, par l'Europe en particulier, est assez remarquable.
Q- P. Douste Blazy a parlé d'une sorte de SAMU mondial qu'il faudrait inventer ; le président de la République évoquait un corps un peu particulier, qui pourrait être des sortes de casques bleus humanitaires.
R- A vrai dire, ça fait plusieurs années que le président de la République évoque, dans de nombreuses instances internationales, l'idée qu'il y ait, à l'image des casques bleus, une force internationale, du point de vue humanitaire, qui maîtrise mieux la coordination. Je crois que c'est vraiment important de dire que de ce point de vue l'efficacité est importante et ça exige sans doute une mobilisation internationale plus organisée.
Q- Mais au-delà des voeux, des souhaits, est-ce qu'il y aura une réunion à Bruxelles pour étudier, quelque chose comme ça ?
R- Eh bien ça fait partie des sujets qui vont commencer d'être abordés très sérieusement. Je crois que tout le monde est profondément marqué par cette catastrophe qui, je crois, est totalement inédite dans notre histoire contemporaine. Donc cela exige que l'on en tire tous les enseignements : prévention des risques, meilleure connaissance de ce type d'évènements, aussi en amont que possible, et puis ensuite organisation des secours.
Q- Pour revenir à l'activité franco-française, si je puis dire, à l'occasion, là, encore une fois, et du Conseil des ministres et des voeux, le président de la République a tracé un certain nombre de lignes. Et, en ce qui vous concerne, très directement, il vous a demandé de poursuivre ou de redémarrer, je ne sais pas comment il faut dire, l'effort, en ce qui concerne la baisse des impôts...
R- Poursuivre, poursuivre...
Q- Alors, vaste programme. Comment vous allez faire ?
R- Il faut quand même rappeler que tout cela procède d'abord du titre de la feuille de route qui nous est fixée, qui est quand même de dire : voilà, le temps est venu, pour reprendre la formule du Président, le temps est venu maintenant de bâtir des projets pour l'avenir des Français parce que, voilà, la France est remise sur les rails sur un certain nombre de sujets sur lesquels les Français nous attendaient - la sécurité, le rétablissement de l'équilibre des comptes, les réformes de structures comme les retraites ou la santé -, eh bien maintenant, il faut bâtir l'avenir. Et, de ce point de vue, il y a des grands rendez-vous : il y a l'école, il y a la formation professionnelle, il y a l'innovation, c'est-à-dire la recherche et en particulier la recherche scientifique, et puis il y a aussi la compétitivité de nos entreprises et il y a l'emploi. Tout ça exige de finances bien tenues, un pays géré en bon père de famille, comme on dit, et donc ça veut dire maîtriser la dépense, parce qu'on ne peut pas dépenser plus que ce que l'on gagne et d'autre part...
Q- Mais on a un niveau d'endettement très élevé...
R- Oui, absolument.
Q- ... qui fait que l'on a une charge de la dette, pour employer un mot un peu technique, c'est-à-dire que ce que l'on doit rembourser tous les ans parce que l'on a dépensé un peu trop.
R- Eh bien. Donc vous voyez en quoi, finalement, le boulot du ministre du Budget exige...
Q- C'est infernal...
R- Ah non, ce n'est pas ce que j'allais dire... exige un bon niveau d'équilibre entre tout ça. Ça veut dire qu'effectivement, les baisses d'impôts, elles doivent se faire avec un objectif qui corresponde à la feuille de route. C'est quoi ? C'est stimuler l'emploi et puis l'attractivité de notre territoire pour que les entreprises s'installent en France et investissent et embauchent.
Q- Est-ce que vous pouvez nous dire sur quoi ça va porter, concrètement ? Est-ce que ça peut être un peu, par exemple, d'impôts sur le revenu, un peu de TVA, de l'impôt sur les sociétés ?
R- Ecoutez, ça, c'est... reconnaissez avec moi...
Q- C'est un peu tôt ? Un peu des trois ?
R- C'est un petit peu tôt pour le dire. Par contre, ce que je peux vous dire, c'est que l'année 2005 va être une année absolument historique pour ce qui concerne la gestion des comptes de l'Etat. Parce que nous allons ...
Q- C'est-à-dire que les familles vont s'en rendre compte concrètement, que ce soit en allant faire leurs courses parce qu'il y a moins de TVA ou sur la feuille d'impôts...
R- Attendez, j'arrive. Ça veut dire que, un, nous allons gérer les comptes de l'Etat de manière beaucoup plus rigoureuse, dans le sens où à chaque fois on va dire : dès le premier euro dépensé, les Français ont le droit de savoir à quoi il sert. Avec le nouveau système comptable, ce sera mis en place. Deuxièmement, le ministre du Budget, c'est le ministre des contribuables, c'est-à-dire celui qui veille à ce que l'impôt des Français soit utilisé efficacement et, deuxièmement, que la relation entre l'Etat et le contribuable soit un peu meilleure, qu'elle soit un peu plus transparente, un peu plus, comment dire, courtoise, aussi. Et donc il y a une réforme complète...
Q- Donc vous n'êtes plus le ministre des percepteurs, mais le ministre des contribuables, c'est plutôt une bonne nouvelle pour nous, alors.
R- En tout cas, c'est les deux à la fois, et le rôle du ministre du Budget, on en a beaucoup parlé avec H. Gaymard, c'est de veiller à ce que dès cette année, le contribuable ait, avec son administration fiscale, des relations qui soient plus courtoises, qui soient plus lisibles, que concrètement on puisse aller plus vite pour un certain nombre de formulaires, dans les déclarations, dans les paiements ; on va simplifier beaucoup de choses et c'est vrai que là, on va beaucoup travailler. Et puis, bien sûr, les baisses d'impôts. Nous allons les poursuivre, comme le président de la République l'a souhaité, d'ailleurs J.-P. Raffarin nous l'a rappelé aux uns et aux autres. Cela veut dire qu'on le fera bien sûr sans aggraver le déficit, on le fera en veillant à tout ce que cela se fasse...
Q- Mais il y aura de l'allègement.
R- Mais il y aura, bien sûr, des baisses d'impôts.
Q- Une question sur le contrat de travail intermédiaire, il y a eu un peu de, j'allais dire, cafouillages, il y a eu une annonce qui a été un peu précipitée, peut-être, hier, dans La Tribune, au cours d'une interview d'un chef d'entreprise, qui expliquait que l'on allait pouvoir licencier un peu plus rapidement et puis J.-L. Borloo est revenu dessus. C'est quoi, il y a quand même un projet là dessus, ce n'est pas totalement, tout à fait vrai ?
R- L'objectif numéro 1, il est de sécuriser le parcours des salariés, c'est-à-dire de faire en sorte que tout au long de la vie active, on puisse bénéficier d'une formation, y compris tout au long de la vie, et que d'autre part, face à des drames liés à des restructurations industrielles, les parcours soient sécurisés, que les travaux de reclassement soient faits dans des conditions qui soient tout à fait décentes. C'est vrai que de ce point de vue, c'est là-dessus que l'on travaille, tout le reste relève peut-être un peu de la désinformation, je crois qu'il faut...
Q- Donc il n'est pas question d'accélérer les licenciements, comme on a pu le comprendre, abusivement.
R- Non, écoutez, en l'occurrence, ce n'est pas l'objet de la réflexion qui est la nôtre.
Q- Dernier thème important, la révision constitutionnelle pour organiser le référendum sur l'Europe, justement, avant le 1er juillet.
R- C'est le rendez-vous majeur de l'année 2005. C'est vrai que de ce point de vue, la feuille de route là aussi fixée par le président est tout à fait claire, nous avons un rendez-vous absolument essentiel, c'est un rendez-vous européen. La France a toujours été en première ligne pour porter le projet européen, et de ce point de vue ce rendez-vous constitutionnel est absolument essentiel. Il doit nous permettre effectivement une Europe plus efficace et de ce point de vue ça va être un grand, grand débat pour les mois qui viennent.
Q- Ça veut dire qu'il y aura une campagne qui pourra être en faveur du référendum, toutes familles politiques confondues, c'est ça un peu l'idée à un moment donné, ou pas ? Quand on sait qu'il y a une partie de la gauche, pour dire les choses simplement, qui est pour, alors, est-ce qu'on peut imaginer que vous allez vous croiser, à un moment donné, dans les meetings ?
R- Non. Les partisans du " oui ", bien entendu, peuvent partager ici ou là les mêmes idées. Pour autant, chaque parti politique a son organisation, sa tradition, sa culture. On n'est pas dans l'idée de faire des meetings communs. En revanche, on est dans l'idée qu'effectivement les partisans du " oui " doivent se mobiliser, parce que le référendum ce n'est pas quelque chose qui se fait comme ça. Comme beaucoup de mes collègues, je suis très engagé pour le " oui " et je peux vous dire que la campagne, on va la faire tous les jours, toutes les semaines, parce qu'il faut convaincre les Français que c'est un rendez-vous absolument historique pour l'Europe mais surtout pour la France. Vous savez, moi j'ai une idée très simple là-dessus, c'est que je crois fondamentalement que nous devons protéger les Français de la mondialisation dans ses dangers et les préparer aux atouts de la mondialisation et ça, ça passe par l'Europe.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 5 janvier 2005