Texte intégral
Madame la Ministre, Chère Christina,
Madame la Présidente,
Monsieur l'Ambassadeur,
Es ist mir eine besondere Freude, heute Abend auf Einladung meiner geschätzten Kollegin Christina Weiss, hier in Berlin anwesend zu sein, anlässlich der diesjährigen Filmbiennale. [Je suis très heureux de vous retrouver ce soir, à l'invitation de ma collègue et amie Christina Weiss, à l'occasion du Festival de Berlin]. Berlin, où, après avoir participé le 25 et 26 novembre dernier au colloque, organisé à l'invitation du Chancelier Schröder, qui avait pour thème " donner une âme à l'Europe ", je reviens avec d'autant plus de plaisir que c'est le cinéma qui nous réunit ici. Le cinéma, qui exprime une fois de plus, à l'occasion de cette 55e Berlinale, la richesse et la diversité des oeuvres, des créations et des émotions que nous partageons. Le cinéma, qui est un moyen privilégié de nourrir par nos images, par nos récits, par nos rêves, par nos regards, l'âme de l'Europe. Le cinéma, au nom duquel nos deux pays réaffirment une fois de plus, leur profonde amitié et leur essentielle convergence d'intérêts, en un moment particulièrement important de l'émergence d'une véritable Europe de la culture.
Je me réjouis tout particulièrement qu'aujourd'hui, le cinéma français soit à l'honneur. Ce soir, le film que nous allons découvrir, Le promeneur du Champ de Mars de Robert Guédiguian, évoque l'un des bâtisseurs de l'Europe et de la grande réconciliation franco-allemande, François Mitterrand, l'homme d'Etat, face à l'Histoire, et l'homme, tout simplement, face à la vie, à l'approche de la mort. Face à l'admiration et aux questions d'un homme jeune, qui fait avec lui l'apprentissage de sa propre vie. En notant leurs entretiens, il écrit aussi en quelque sorte son Bildungsroman. Je suis heureux que nous puissions découvrir ce film en avant-première ce soir, à Berlin, avant sa sortie en salles, mercredi, à Paris et dans toute la France.
Ce film illustre combien le cinéma est un instrument de découvertes et de curiosités mutuelles essentiel, en particulier, pour les jeunes générations.
La coopération entre l'Allemagne et la France dans le domaine du cinéma est particulièrement exemplaire. Sans revenir en détail sur toutes les actions développées, depuis la création, par le Président Jacques Chirac et le Chancelier Gerhard Schröder, de l'Académie franco-allemande du Cinéma, je veux simplement rappeler que ce forum dynamique, piloté par nos ministères de la culture, a donné naissance à plusieurs instruments qui ont relancé les échanges professionnels entre nos deux pays :
- la révision de l'accord bilatéral de coproduction, qui a assoupli et facilité les partenariats, financiers comme artistiques, entre nos producteurs ;
- la mise en place du fonds bilatéral à la coproduction, doté de 3 millions d'euros, qui a permis de soutenir à ce jour une vingtaine de films ;
- la création de la " Masterclasse " entre la Filmakademie de Ludwigsburg et l'école nationale supérieure des métiers de l'image et du son (FEMIS), qui accueille désormais aussi d'autres pays européens ;
- la création des rendez-vous annuels franco-allemands qui réunissent depuis deux ans, en novembre, les professionnels du cinéma de nos deux pays. Vous étiez sans doute nombreux ici à participer aux derniers rendez-vous le 27 novembre dernier, à l'Institut Louis Lumière à Lyon, où j'étais représenté par Henri Paul, mon directeur de cabinet, au moment même où se tenait ici le colloque sur " l'âme de l'Europe ".
- Ich freue mich sehr, dass Ihr nächstes Treffen im November dieses Jahres zum ersten Mal in Köln, das heisst in der Bundesrepublik stattfindet. [Je me réjouis que votre prochain rendez-vous, en novembre 2005, ait lieu, pour la première fois, en Allemagne, à Cologne.]
Donnons ensemble, à tous les citoyens de l'Europe, le goût du cinéma, du cinéma européen, dans sa diversité, et c'est ainsi que nous ferons des hommes et des femmes qui font le cinéma européen les bâtisseurs de l'Europe de la culture, dans la fidélité à l'héritage des pères fondateurs, exprimé dans cette si belle devise de Jean Monnet : " Nous ne coalisons pas des Etats, nous unissons des hommes. "
Je vous remercie. Ich danke sehr herzlich für Ihre Aufmerksamkeit.
- [rencontre avec la Junge Union]
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Es ist mir eine besondere Freude, Sie alle heute zu treffen, denn es ist immer erfreulich, jungen Leuten zu begegnen, die ein politisches Engagement haben und Europas zukunft sind.
[Cela me fait un immense plaisir de vous rencontrer. Parce qu'il est toujours encourageant, de rencontrer des jeunes qui s'engagent pour agir en politique. Parce que vous incarnez l'avenir de l'Europe.] Et que cet avenir passe par la culture. N'oublions jamais cette phrase de Jean Monnet, l'un des pères fondateurs de l'Europe : " nous ne coalisons pas des Etats, nous unissons des hommes ".
C'est pourquoi, je tenais particulièrement à vous rencontrer aujourd'hui pour avoir avec vous une discussion directe, libre et personnelle.
Je suis venu à Berlin pour assister à ce magnifique festival du cinéma qu'organise votre capitale, pas seulement parce que j'aime le cinéma et que je soutiens les films français, mais parce que le cinéma aujourd'hui est au coeur de la projection de nos identités et au coeur de l'Europe que nous voulons construire.
Aujourd'hui, les identités culturelles se déploient avant tout dans l'image. C'est pourquoi le cinéma occupe une place fondamentale dans la projection de nos cultures, au sein du continent européen, ainsi que dans le reste du monde.
Un phénomène récent est riche de promesses pour la relance de lnotre créativité : le désir très fort de nombreux pays de marquer leur identité culturelle par le cinéma, de l'exporter, de la faire reconnaître. C'est particulièrement frappant en Asie, par exemple en Corée et en Chine, mais aussi en Amérique latine.
Parce qu'il est à la fois un art et une industrie, le cinéma est autant un moyen d'expression d'une identité artistique qu'un vecteur de rayonnement dans le monde. C'est ce que les Etats-Unis ont parfaitement compris.. Nous avons tous découvert le modèle américain par l'image, avant même de pouvoir aller en Amérique, pour ceux qui ont eu cette chance. Et le cinéma américain a exercé une influence profonde sur des générations d'Européens pour diffuser des valeurs positives comme celles de la liberté et pour affirmer une certaine vision de l'homme et du monde.
Des études montrent, en ce qui concerne le cinéma français, que 80% des spectateurs étrangers qui ont vu un film français dans leur pays, éprouvent l'envie de venir visiter la France. Ceci est important, pour le tourisme, bien sûr, mais aussi pour notre capacité d'attraction des entreprises et des investissements internationaux. Dans mes déplacements à l'étranger, beaucoup de gens me disent qu'ils ont décidé d'apprendre le français ou de s'intéresser à la culture française parce qu'ils avaient vu des films français et qu'ils étaient devenus ainsi plus attentifs aux prises de position de la France en matière de politique étrangère.
Pour faire l'Europe, les Européens doivent donc se donner des moyens d'expression, afin de se connaître mutuellement et de faire connaître dans le monde ce qui constitue l'essence même de l'esprit européen, sa valeur suprême, c'est-à-dire le pluralisme, le dialogue entre une diversité d'identités qui se mêlent et se fécondent au cours de l'histoire. Il en va de notre vision du monde.
Je vous rassure tout de suite. Il ne s'agit pas de créer un cinéma européen mais bien une Europe des cinémas. Il s'agit de promouvoir ensemble la diversité de nos cultures, de mieux faire circuler les oeuvres européennes au sein de l'Europe. Il s'agit aussi d'apprendre à coopérer à l'étranger pour appuyer la diffusion des cinémas européens.
Or la situation du cinéma en Europe est fragile. Le cinéma américain occupe des deux tiers aux trois quarts du marché européen. Si l'on exclut la part du cinéma national, la part du cinéma européen non national est marginale dans chacun des pays de l'Union européenne. Cela veut dire que nous ne voyons pas les oeuvres des cinéastes européens des autres pays d'Europe.
A l'inverse, les films européens ne pénètrent pratiquement pas le marché américain ni les immenses marchés que sont l'Inde ou la Chine.
Il faut se rendre à l'évidence. Les Européens encourent le risque d'une marginalisation culturelle au moment même où ils veulent faire une Europe politique. Faut-il s'y résigner alors que, dans d'autres domaines, la coopération européenne a connu des succès extraordinaires comme Ariane ou comme Airbus ?
Je crois qu'il y a deux types d'action à entreprendre.
Il est d'abord indispensable de garantir la sécurité et le financement des mécanismes existants. J'entends les programmes communautaires (Média et Média +) comme les mécanismes nationaux.
Les programmes communautaires sont très utiles, parce qu'ils visent les actions qui ont une valeur ajoutée par rapport aux aides nationales : formation et diffusion par rapport aux aides à la production. Mais ils resteront limités car la politique culturelle, conformément au principe de subsidiarité, relève avant tout des Etats et des régions.
C'est pourquoi la Commission européenne doit traiter avec bienveillance les aides d'Etat qui viennent soutenir la production nationale dans chaque pays. C'est le sens notamment de la Charte pour l'Europe de la culture que j'ai proposé à nos partenaires européens d'élaborer avec l'Allemagne et la Pologne.
Au-delà, il est nécessaire de passer à une vitesse supérieure dans la coopération européenne. Les priorités sont claires. Il s'agit de faciliter la circulation des uvres européennes au sein de l'Union européenne et d'appuyer l'exportation des films européens dans le reste du monde. Pour cela, je crois que les responsables politiques et les professionnels du cinéma doivent faire preuve d'inventivité et rechercher, selon la méthode de Jean Monnet, des solidarités concrètes qui répondent à des intérêts communs. Dans cette perspective, j'ai proposé à nos amis allemands et polonais et aux pays qui le souhaitent, de mettre en place un groupe de coopération sur le cinéma pour trouver de nouvelles solutions qui puissent, si elles fonctionnent, être reprises un jour par l'ensemble de l'Union européenne. Parmi les pistes à examiner, on peut se demander pourquoi les Etats concernés ne pourraient pas aider réciproquement la circulation des films qui ont obtenu un prix national. Actuellement, un film allemand qui remporte un prix à Berlin n'a aucune garantie de diffusion dans un autre pays d'Europe. On pourrait imaginer aussi que les chaînes de télévision publiques s'engagent mutuellement à montrer au moins une dizaine de films de cinéma chaque année.Enfin, à l'exportation, nous pourrions rapprocher nos organismes nationaux pour concentrer nos efforts sur certains marchés et sur un nombre limité de films européens, dont tout porterait à croire qu'ils pourraient remporter des succès, je pense par exemple aux films lauréats de grands prix nationaux. Nous vivons une nouvelle étape de la construction européenne, dans laquelle le soutien aux activités artistiques et culturelles devra jouer un rôle majeur. Il est évident que de notre capacité à créer une Europe des cinémas, dépendra aussi notre capacité à mettre en place une Europe politique. [Je vous remercie et je compte sur nos échanges pour aller plus loin.]Ich danke sehr herzlich für Ihre Aufmerksamkeit und freue mich auf die folgende Debatte, die uns allen weiterhelfen soll.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 16 février 2005)
Madame la Présidente,
Monsieur l'Ambassadeur,
Es ist mir eine besondere Freude, heute Abend auf Einladung meiner geschätzten Kollegin Christina Weiss, hier in Berlin anwesend zu sein, anlässlich der diesjährigen Filmbiennale. [Je suis très heureux de vous retrouver ce soir, à l'invitation de ma collègue et amie Christina Weiss, à l'occasion du Festival de Berlin]. Berlin, où, après avoir participé le 25 et 26 novembre dernier au colloque, organisé à l'invitation du Chancelier Schröder, qui avait pour thème " donner une âme à l'Europe ", je reviens avec d'autant plus de plaisir que c'est le cinéma qui nous réunit ici. Le cinéma, qui exprime une fois de plus, à l'occasion de cette 55e Berlinale, la richesse et la diversité des oeuvres, des créations et des émotions que nous partageons. Le cinéma, qui est un moyen privilégié de nourrir par nos images, par nos récits, par nos rêves, par nos regards, l'âme de l'Europe. Le cinéma, au nom duquel nos deux pays réaffirment une fois de plus, leur profonde amitié et leur essentielle convergence d'intérêts, en un moment particulièrement important de l'émergence d'une véritable Europe de la culture.
Je me réjouis tout particulièrement qu'aujourd'hui, le cinéma français soit à l'honneur. Ce soir, le film que nous allons découvrir, Le promeneur du Champ de Mars de Robert Guédiguian, évoque l'un des bâtisseurs de l'Europe et de la grande réconciliation franco-allemande, François Mitterrand, l'homme d'Etat, face à l'Histoire, et l'homme, tout simplement, face à la vie, à l'approche de la mort. Face à l'admiration et aux questions d'un homme jeune, qui fait avec lui l'apprentissage de sa propre vie. En notant leurs entretiens, il écrit aussi en quelque sorte son Bildungsroman. Je suis heureux que nous puissions découvrir ce film en avant-première ce soir, à Berlin, avant sa sortie en salles, mercredi, à Paris et dans toute la France.
Ce film illustre combien le cinéma est un instrument de découvertes et de curiosités mutuelles essentiel, en particulier, pour les jeunes générations.
La coopération entre l'Allemagne et la France dans le domaine du cinéma est particulièrement exemplaire. Sans revenir en détail sur toutes les actions développées, depuis la création, par le Président Jacques Chirac et le Chancelier Gerhard Schröder, de l'Académie franco-allemande du Cinéma, je veux simplement rappeler que ce forum dynamique, piloté par nos ministères de la culture, a donné naissance à plusieurs instruments qui ont relancé les échanges professionnels entre nos deux pays :
- la révision de l'accord bilatéral de coproduction, qui a assoupli et facilité les partenariats, financiers comme artistiques, entre nos producteurs ;
- la mise en place du fonds bilatéral à la coproduction, doté de 3 millions d'euros, qui a permis de soutenir à ce jour une vingtaine de films ;
- la création de la " Masterclasse " entre la Filmakademie de Ludwigsburg et l'école nationale supérieure des métiers de l'image et du son (FEMIS), qui accueille désormais aussi d'autres pays européens ;
- la création des rendez-vous annuels franco-allemands qui réunissent depuis deux ans, en novembre, les professionnels du cinéma de nos deux pays. Vous étiez sans doute nombreux ici à participer aux derniers rendez-vous le 27 novembre dernier, à l'Institut Louis Lumière à Lyon, où j'étais représenté par Henri Paul, mon directeur de cabinet, au moment même où se tenait ici le colloque sur " l'âme de l'Europe ".
- Ich freue mich sehr, dass Ihr nächstes Treffen im November dieses Jahres zum ersten Mal in Köln, das heisst in der Bundesrepublik stattfindet. [Je me réjouis que votre prochain rendez-vous, en novembre 2005, ait lieu, pour la première fois, en Allemagne, à Cologne.]
Donnons ensemble, à tous les citoyens de l'Europe, le goût du cinéma, du cinéma européen, dans sa diversité, et c'est ainsi que nous ferons des hommes et des femmes qui font le cinéma européen les bâtisseurs de l'Europe de la culture, dans la fidélité à l'héritage des pères fondateurs, exprimé dans cette si belle devise de Jean Monnet : " Nous ne coalisons pas des Etats, nous unissons des hommes. "
Je vous remercie. Ich danke sehr herzlich für Ihre Aufmerksamkeit.
- [rencontre avec la Junge Union]
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Es ist mir eine besondere Freude, Sie alle heute zu treffen, denn es ist immer erfreulich, jungen Leuten zu begegnen, die ein politisches Engagement haben und Europas zukunft sind.
[Cela me fait un immense plaisir de vous rencontrer. Parce qu'il est toujours encourageant, de rencontrer des jeunes qui s'engagent pour agir en politique. Parce que vous incarnez l'avenir de l'Europe.] Et que cet avenir passe par la culture. N'oublions jamais cette phrase de Jean Monnet, l'un des pères fondateurs de l'Europe : " nous ne coalisons pas des Etats, nous unissons des hommes ".
C'est pourquoi, je tenais particulièrement à vous rencontrer aujourd'hui pour avoir avec vous une discussion directe, libre et personnelle.
Je suis venu à Berlin pour assister à ce magnifique festival du cinéma qu'organise votre capitale, pas seulement parce que j'aime le cinéma et que je soutiens les films français, mais parce que le cinéma aujourd'hui est au coeur de la projection de nos identités et au coeur de l'Europe que nous voulons construire.
Aujourd'hui, les identités culturelles se déploient avant tout dans l'image. C'est pourquoi le cinéma occupe une place fondamentale dans la projection de nos cultures, au sein du continent européen, ainsi que dans le reste du monde.
Un phénomène récent est riche de promesses pour la relance de lnotre créativité : le désir très fort de nombreux pays de marquer leur identité culturelle par le cinéma, de l'exporter, de la faire reconnaître. C'est particulièrement frappant en Asie, par exemple en Corée et en Chine, mais aussi en Amérique latine.
Parce qu'il est à la fois un art et une industrie, le cinéma est autant un moyen d'expression d'une identité artistique qu'un vecteur de rayonnement dans le monde. C'est ce que les Etats-Unis ont parfaitement compris.. Nous avons tous découvert le modèle américain par l'image, avant même de pouvoir aller en Amérique, pour ceux qui ont eu cette chance. Et le cinéma américain a exercé une influence profonde sur des générations d'Européens pour diffuser des valeurs positives comme celles de la liberté et pour affirmer une certaine vision de l'homme et du monde.
Des études montrent, en ce qui concerne le cinéma français, que 80% des spectateurs étrangers qui ont vu un film français dans leur pays, éprouvent l'envie de venir visiter la France. Ceci est important, pour le tourisme, bien sûr, mais aussi pour notre capacité d'attraction des entreprises et des investissements internationaux. Dans mes déplacements à l'étranger, beaucoup de gens me disent qu'ils ont décidé d'apprendre le français ou de s'intéresser à la culture française parce qu'ils avaient vu des films français et qu'ils étaient devenus ainsi plus attentifs aux prises de position de la France en matière de politique étrangère.
Pour faire l'Europe, les Européens doivent donc se donner des moyens d'expression, afin de se connaître mutuellement et de faire connaître dans le monde ce qui constitue l'essence même de l'esprit européen, sa valeur suprême, c'est-à-dire le pluralisme, le dialogue entre une diversité d'identités qui se mêlent et se fécondent au cours de l'histoire. Il en va de notre vision du monde.
Je vous rassure tout de suite. Il ne s'agit pas de créer un cinéma européen mais bien une Europe des cinémas. Il s'agit de promouvoir ensemble la diversité de nos cultures, de mieux faire circuler les oeuvres européennes au sein de l'Europe. Il s'agit aussi d'apprendre à coopérer à l'étranger pour appuyer la diffusion des cinémas européens.
Or la situation du cinéma en Europe est fragile. Le cinéma américain occupe des deux tiers aux trois quarts du marché européen. Si l'on exclut la part du cinéma national, la part du cinéma européen non national est marginale dans chacun des pays de l'Union européenne. Cela veut dire que nous ne voyons pas les oeuvres des cinéastes européens des autres pays d'Europe.
A l'inverse, les films européens ne pénètrent pratiquement pas le marché américain ni les immenses marchés que sont l'Inde ou la Chine.
Il faut se rendre à l'évidence. Les Européens encourent le risque d'une marginalisation culturelle au moment même où ils veulent faire une Europe politique. Faut-il s'y résigner alors que, dans d'autres domaines, la coopération européenne a connu des succès extraordinaires comme Ariane ou comme Airbus ?
Je crois qu'il y a deux types d'action à entreprendre.
Il est d'abord indispensable de garantir la sécurité et le financement des mécanismes existants. J'entends les programmes communautaires (Média et Média +) comme les mécanismes nationaux.
Les programmes communautaires sont très utiles, parce qu'ils visent les actions qui ont une valeur ajoutée par rapport aux aides nationales : formation et diffusion par rapport aux aides à la production. Mais ils resteront limités car la politique culturelle, conformément au principe de subsidiarité, relève avant tout des Etats et des régions.
C'est pourquoi la Commission européenne doit traiter avec bienveillance les aides d'Etat qui viennent soutenir la production nationale dans chaque pays. C'est le sens notamment de la Charte pour l'Europe de la culture que j'ai proposé à nos partenaires européens d'élaborer avec l'Allemagne et la Pologne.
Au-delà, il est nécessaire de passer à une vitesse supérieure dans la coopération européenne. Les priorités sont claires. Il s'agit de faciliter la circulation des uvres européennes au sein de l'Union européenne et d'appuyer l'exportation des films européens dans le reste du monde. Pour cela, je crois que les responsables politiques et les professionnels du cinéma doivent faire preuve d'inventivité et rechercher, selon la méthode de Jean Monnet, des solidarités concrètes qui répondent à des intérêts communs. Dans cette perspective, j'ai proposé à nos amis allemands et polonais et aux pays qui le souhaitent, de mettre en place un groupe de coopération sur le cinéma pour trouver de nouvelles solutions qui puissent, si elles fonctionnent, être reprises un jour par l'ensemble de l'Union européenne. Parmi les pistes à examiner, on peut se demander pourquoi les Etats concernés ne pourraient pas aider réciproquement la circulation des films qui ont obtenu un prix national. Actuellement, un film allemand qui remporte un prix à Berlin n'a aucune garantie de diffusion dans un autre pays d'Europe. On pourrait imaginer aussi que les chaînes de télévision publiques s'engagent mutuellement à montrer au moins une dizaine de films de cinéma chaque année.Enfin, à l'exportation, nous pourrions rapprocher nos organismes nationaux pour concentrer nos efforts sur certains marchés et sur un nombre limité de films européens, dont tout porterait à croire qu'ils pourraient remporter des succès, je pense par exemple aux films lauréats de grands prix nationaux. Nous vivons une nouvelle étape de la construction européenne, dans laquelle le soutien aux activités artistiques et culturelles devra jouer un rôle majeur. Il est évident que de notre capacité à créer une Europe des cinémas, dépendra aussi notre capacité à mettre en place une Europe politique. [Je vous remercie et je compte sur nos échanges pour aller plus loin.]Ich danke sehr herzlich für Ihre Aufmerksamkeit und freue mich auf die folgende Debatte, die uns allen weiterhelfen soll.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 16 février 2005)