Texte intégral
Messieurs les Présidents,
Monsieur le Maire,
Monsieur le Préfet,
Mesdames, Messieurs,
Il y a près de 25 ans, Michel GUY alors Secrétaire d'Etat à la Culture se rendait ici-même, en Arles, pour évoquer la création d'une institution photographique sur le modèle de l'International Center of Photography de New York. Favoriser la connaissance des grandes oeuvres aider les artistes, encourager les rencontres entre professionnels, tels étaient alors les objectifs prioritaires.
Aujourd'hui j'entends souligner l'intérêt tout particulier que je porte à la photographie et le souci que j'ai de structurer une politique ambitieuse dans ce domaine autour des axes suivants : formation, soutien aux créateurs, diffusion, constitution du patrimoine et mise en valeur de ce dernier.
La formation.
J'ai récemment confié à Monsieur Jacques IMBERT une mission de réflexion et de propositions sur les enseignements artistiques et je me réjouis de constater que la photographie y tient une place importante.
D'abord parce que la grande majorité des 56 écoles d'art réparties sur notre territoire assurent un enseignement de très haut niveau dans cette discipline et nous avons pu voir à cet égard le travail remarquable accompli, par exemple, à Grenoble avec Ange LECCIA ou à Rennes avec Tom DRAHOS ; mais surtout parce que depuis sa création en 1982, l'Ecole Nationale de la Photographie, que nous venons de visiter ensemble, a su démontrer son efficacité. De jeunes artistes tels Valérie JOUVE ou Bruno SERRALONGUE, qui débutent avec brio leur carrière, en sont issus, de nombreux professionnels qui travaillent aujourd'hui avec rigueur et compétence dans les domaines de la presse, de l'édition ou dans le secteur culturel y ont été formés.
C'est la raison pour laquelle, je souhaite que l'Ecole Nationale de la Photographie, établissement d'enseignement supérieur, soit dotée d'un statut juridique qui se rapproche de celui des autres écoles nationales.
Je veille par ailleurs à ce que les établissements qui préparent aux fonctions patrimoniales, de conservateurs, de restaurateurs..., dispensent un enseignement spécialisé en photographie et depuis peu l'Institut Français de Restauration des Oeuvres d'Art, l'Ecole du Louvre et l'Ecole du Patrimoine assurent la formation de professionnels dans ces domaines.
Enfin, parce que la culture doit être accessible à tous et en particulier aux plus jeunes, j'ai demandé à ce que des programmes conjoints soient développés avec le Ministère de l'Education Nationale : ateliers de pratique artistique menés avec les photographes dans les collèges et les lycées, artistes en résidence dans les écoles, actions pédagogiques engagées par les musées et les centres d'art, autant d'actions qui permettent aux jeunes de connaître ou de pratiquer la photographie. Ce sont ces projets qui sont intégrés dans le cadre des accords de coopération que je viens de signer avec mon collègue Claude ALLEGRE.
Le soutien aux créateurs.
Pour être durable, la politique en faveur de la photographie doit s'inscrire dans le cadre général des procédures mises en place par mon département ministériel.
Je rappellerai donc que l'ensemble des aides, comme celle à la première exposition, les bourses d'incitation à la création, les allocations de séjour à l'étranger, les aides à l'édition, les allocations d'installation, les attributions d'ateliers, sont accessibles aux photographes. Ainsi plus d'une dizaine de photographes dont Sophie CALLE, Bogdan KONOPKA... ont bénéficié l'an dernier de ces procédures et je tiens à remercier tout particulièrement l'Union des Photographes Créateurs et son Président Monsieur Pierre PEROUSE, du travail continu et confiant qui a ainsi pu être mené avec mes services.
La diffusion.
Si nous sommes réunis aujourd'hui à Arles, c'est parce que les Rencontres Internationales de la Photographie ont été et demeurent la première manifestation à dimension européenne et internationale capable de proposer, à travers expositions, des soirées et des rencontres, une réflexion et une analyse sur la photographie contemporaine.
Permettez-moi, Monsieur le Maire, de vous adresser mes remerciements et de féliciter chaleureusement Madame Giovanna CALVENZI et Monsieur Bernard MILLET pour l'excellence de la programmation de cette année.
Il est juste en effet, en cette civilisation de fin de millénaire, de placer l'homme au centre de nos préoccupations. Nous savons tous à quel point les photographes hongrois qui ont rejoint notre pays - CAPA, BRASSAÏ, KERTESZ mais aussi ceux qui sont restés en Hongrie - y ont excellé. Et je me réjouis qu'après l'exposition qui leur a été consacrée à la Chapelle de la Sorbonne, les photographes de l'Agence MAGNUM aient accepté de nous présenter ce soir leur témoignage, déjà presque historique, sur l'année 1968.
Et, sans doute parce que vous êtes italienne, Madame, vous avez su rendre un hommage empreint de pudeur et de tendresse à celui dont les reportages nous paraissent aujourd'hui si familiers, Frederico PATELLANI.
Je suis heureuse enfin que nos amis d'Actes Sud aient accepté de présenter le travail de Beat STREULI sur Marseille, réalisé dans le cadre d'une commande publique de la délégation aux arts plastiques, et qui témoigne de l'engagement de cette artiste à l'égard des " anonymes ".
Si les Rencontres Internationales de la Photographie, je le rappelais à l'instant, ont été pionnières, j'ai toutefois le souci de favoriser la diffusion de la photographie au travers d'un réseau réparti sur le territoire et qui permet d'aborder l'ensemble du champ photographique.
Je souligne que mon département ministériel a pu soutenir, dès l'origine, le Mois de la Photo à Paris qui demeure exemplaire par sa capacité à fédérer les institutions publiques ou privées et dont le modèle a été repris par tant de pays étrangers.
Je souhaite par ailleurs permettre le développement de deux autres manifestations de portée internationale : Visa pour l'Image à Perpignan, où j'espère me rendre cette année, qui consacre le talent des photographes reporters et permet d'analyser la situation de la presse internationale et le Printemps de Cahors, manifestation exemplaire qui révèle la jeune création.
Il me semble toutefois indispensable d'inscrire l'action du Ministère de la Culture dans la durée, aussi ai-je demandé à mes services d'engager un travail destiné à structurer et à rendre plus lisible l'action des centres d'art.
Dialoguer avec les collectivités territoriales, veiller à une bonne répartition sur le territoire, établir des conventions triennales qui engagent les partenaires et permettent à ces institutions de travailler dans la durée, tel est le chantier actuellement engagé avec les centres photographiques de Pontault-Combault, Bastia, Toulouse, Douchy-les-Mines, Lectoure et bientôt Perpignan.
Le Centre National de la Photographie, constitue quant à lui l'institution de référence consacrée à la jeune création et je tiens à remercier ici Monsieur Régis DURAND à la fois pour la programmation exigeante et rigoureuse du Centre National de la Photographie mais aussi pour les jeunes talents qu'il nous a fait découvrir à la Biennale de l'Image.
Vous savez sans doute que j'ai demandé aux musées de s'ouvrir à l'art contemporain aussi suis-je heureuse de soutenir les musées qui, cette année, vont ainsi ouvrir des salles ou des départements consacrés à la photographie contemporaine parmi lesquels le C.A.P.C. à Bordeaux, le musée d'Annecy et le musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg où j'aurai plaisir à vous convier.
J'ai par ailleurs souhaité apporter un concours particulier à Monsieur Dominique PERBEN, Maire de Châlon-sur-Saône, afin de permettre l'accroissement des collections contemporaines du Musée Nicéphore Niepce afin qu'il puisse devenir le musée européen de référence pour l'histoire de l'art photographique.
Puisque nous évoquons ici le développement des musées et afin de souligner l'effort de l'Etat au regard des collections publiques d'oeuvres photographiques, j'ai souhaité que l'Invitation aux Musées, en novembre prochain, soit consacrée à l'image ; la manifestation " Invitation à la Photographie " sera étendue aux centres d'art et institutions culturelles qui présenteront les collections publiques en photographie. Une centaine d'établissements devraient ainsi participer à cette manifestation, témoignant ainsi de l'exceptionnelle richesse de notre patrimoine en ce domaine.
La constitution du patrimoine.
Parce qu'un pays est riche du talent de ses créateurs, je veillerai à ce que les dotations budgétaires relatives à l'acquisition d'oeuvres photographiques, notamment pour le Fonds National d'Art Contemporain et la Commission Nationale de la Photographie, soient maintenues à un niveau élevé, comme elles le furent cette année avec un accroissement de 1 million de francs.
Il importe en effet que la France, pays qui a offert la photographie au monde, soit attentive aux artistes contemporains, sans omettre de préserver, conserver, faire connaître et mettre en valeur son patrimoine. Aussi ai-je demandé à la Délégation aux Arts Plastiques, et tout particulièrement à Madame Agnès DE GOUVION SAINT CYR, qui assume avec grande compétence la coordination de la politique de la photographie dans le secteur de l'art contemporain, de reconduire les actions visant à restaurer, montrer et publier les collections comme cela avait été initié il y a quelques années (acquisition d'un ensemble de tirages d'époque de BRASSAÏ et de DOISNEAU, aide à la réédition de la revue La Lumière ).
Je souhaite en particulier que soit entreprise la publication du catalogue des oeuvres photographiques du Fonds National d'Art Contemporain.
Vous le savez sans doute, nous disposons avec le Fonds National d'Art Contemporain d'un outil à la fois singulier et exceptionnel ; probablement le plus grand collectionneur français, il a pour vocation de soutenir la création contemporaine et de mettre à disposition du public sa collection.
Fer de lance de la politique internationale de mon département ministériel, près de 1000 oeuvres sont ainsi régulièrement prêtées chaque année dans une vingtaine de pays dont le Japon, les Etats Unis, le Liban, l'Ethiopie, les pays européens et les Territoires d'Outre-Mer ; elles sont présentes dans la plupart des manifestations artistiques internationales - vous les retrouverez ici-même, mais aussi au Mois de la Photo de Beyrouth ou à la Biennale de Moscou - et sont confiées par ailleurs à des structures plus modestes. Ainsi les photographies de Seydou KEITA qui venaient de faire l'objet d'une exposition au musée Guggenheim de New York ont aussitôt été mises à disposition du centre culturel de Sarcelles où des jeunes en difficulté s'initiaient alors à la photographie.
Et si vous me rendez visite rue de Valois, je vous proposerai de vous arrêter devant les oeuvres de Sophie CALLE, de Thibaut CUISSET, d'Alain FLEISCHER ou de Keiichi TAHARA.
Vous l'aurez compris, je demeure très attachée à l'idée que le ministère de la culture encourage le talent des photographes et leur donne la possibilité de s'exprimer.
J'ai donc décidé de poursuivre le programme de commandes publiques initié pour le passage du millénaire, qu'il s'agisse du travail que Bettina RHEIMS et Serge BRAMLY vont consacrer à la vie du Christ ou à l'ambitieux projet relatif à la jeunesse.
Je souhaite en outre que se développent les commandes réalisées pour les manifestations internationales dont la proposition de Beat STREULI est un bon exemple.
De même si l'insertion de la photographie contemporaine au musée d'Orsay a pu constituer un pari audacieux, les oeuvres de Patrick FAIGENBAUM, celles de Karen KNORR et d'Alejandra FIGUEROA témoignent de la capacité des artistes à se pencher sur les oeuvres de leurs prédécesseurs. Ce projet de création artistique va donc se poursuivre les deux prochaines années pour faire écho à l'exposition que le musée d'Orsay va consacrer à la Castiglione et à la proposition de Françoise CACHIN sur le paysage méditerranéen.
Grâce au dynamisme de la Mission du Patrimoine photographique animée par Monsieur Pierre BONHOMME, les donations de fonds photographiques se sont multipliées au cours des dernières années, témoignant de la diversité des centres d'intérêt, des esthétiques, des démarches professionnelles et autres qui enrichissent l'histoire du médium.
J'apprécie que les expositions présentées à l'Hôtel de Sully, telles dernièrement " Découverte photographie de la Nouvelle Calédonie " ou actuellement " Beauté moderne " sur les avant-gardes tchèques, fassent mieux connaître la photographie patrimoniale tant française qu'étrangère, sans exclusive d'aucune sorte.
Je me réjouis également qu'un effort soutenu soit effectué pour mieux diffuser, grâce à une banque d'images informatisée et, bientôt grâce aussi à Internet, les archives photographiques gérées et mises en valeur par la Mission. Cet effort conforte la circulation de ses expositions dans le monde entier, comme, cet été, LARTIGUE en Suède et KERTESZ en Italie.
J'envisage par ailleurs de créer plusieurs musées en herbe qui permettront aux jeunes enfants d'approcher la photographie de manière ludique ; et je demande enfin à la Délégation aux Arts Plastiques de me faire des propositions pour que les Français des Territoires d'Outre-Mer puissent avoir accès aux grandes oeuvres des photographes, comme cela commence à se développer en Nouvelle Calédonie.
En rappelant la richesse des actions photographiques menées dans notre pays, je ne peux manquer de faire plusieurs observations : - la première est, qu'au sein même du Ministère de la culture, la diversité des fonds patrimoniaux et contemporains et la dispersion des initiatives les concernants nécessitent plus de cohérence et de lisibilité. - deuxième réflexion, l'enjeu d'une politique ambitieuse pour la photographie ne se limite pas à mon département ; en effet, de nombreux services appartenant à d'autres Ministères utilisent la photographie sans qu'il y ait eu une totale coordination dans le traitement des archivages et une utilisation de l'ensemble des données.
De même, la transmission des savoir-faire auprès des institutions étrangères n'est pas suffisamment prise en compte et il est évident que la ville d'Arles devrait jouer un rôle moteur dans ce domaine.
J'ai décidé de confier à François de BANES GARDONNE, Directeur régional des affaires culturelles de Provence-Alpes - Côte d'Azur une mission de proposition en vue de conforter la ville d'Arles en tant que pôle national et international de la photographie. Il me remettra ses propositions avant la fin de cette année.
Les collectivités territoriales contribuent au dynamisme de cette discipline qu'est la photographie. Je sais pouvoir compter sur leur aide précieuse pour mener à bien ce programme ambitieux et conforter le rôle initiateur de la France dans ce domaine.
Je formule le voeu que les institutions en Arles, dont je viens de parler, s'imposent dans un avenir très proche comme l'élément essentiel d'une politique internationale de formation, de création et de diffusion de l'art photographique.
(source http://www.culture.gouv.fr, le 14 septembre 2001)
Monsieur le Maire,
Monsieur le Préfet,
Mesdames, Messieurs,
Il y a près de 25 ans, Michel GUY alors Secrétaire d'Etat à la Culture se rendait ici-même, en Arles, pour évoquer la création d'une institution photographique sur le modèle de l'International Center of Photography de New York. Favoriser la connaissance des grandes oeuvres aider les artistes, encourager les rencontres entre professionnels, tels étaient alors les objectifs prioritaires.
Aujourd'hui j'entends souligner l'intérêt tout particulier que je porte à la photographie et le souci que j'ai de structurer une politique ambitieuse dans ce domaine autour des axes suivants : formation, soutien aux créateurs, diffusion, constitution du patrimoine et mise en valeur de ce dernier.
La formation.
J'ai récemment confié à Monsieur Jacques IMBERT une mission de réflexion et de propositions sur les enseignements artistiques et je me réjouis de constater que la photographie y tient une place importante.
D'abord parce que la grande majorité des 56 écoles d'art réparties sur notre territoire assurent un enseignement de très haut niveau dans cette discipline et nous avons pu voir à cet égard le travail remarquable accompli, par exemple, à Grenoble avec Ange LECCIA ou à Rennes avec Tom DRAHOS ; mais surtout parce que depuis sa création en 1982, l'Ecole Nationale de la Photographie, que nous venons de visiter ensemble, a su démontrer son efficacité. De jeunes artistes tels Valérie JOUVE ou Bruno SERRALONGUE, qui débutent avec brio leur carrière, en sont issus, de nombreux professionnels qui travaillent aujourd'hui avec rigueur et compétence dans les domaines de la presse, de l'édition ou dans le secteur culturel y ont été formés.
C'est la raison pour laquelle, je souhaite que l'Ecole Nationale de la Photographie, établissement d'enseignement supérieur, soit dotée d'un statut juridique qui se rapproche de celui des autres écoles nationales.
Je veille par ailleurs à ce que les établissements qui préparent aux fonctions patrimoniales, de conservateurs, de restaurateurs..., dispensent un enseignement spécialisé en photographie et depuis peu l'Institut Français de Restauration des Oeuvres d'Art, l'Ecole du Louvre et l'Ecole du Patrimoine assurent la formation de professionnels dans ces domaines.
Enfin, parce que la culture doit être accessible à tous et en particulier aux plus jeunes, j'ai demandé à ce que des programmes conjoints soient développés avec le Ministère de l'Education Nationale : ateliers de pratique artistique menés avec les photographes dans les collèges et les lycées, artistes en résidence dans les écoles, actions pédagogiques engagées par les musées et les centres d'art, autant d'actions qui permettent aux jeunes de connaître ou de pratiquer la photographie. Ce sont ces projets qui sont intégrés dans le cadre des accords de coopération que je viens de signer avec mon collègue Claude ALLEGRE.
Le soutien aux créateurs.
Pour être durable, la politique en faveur de la photographie doit s'inscrire dans le cadre général des procédures mises en place par mon département ministériel.
Je rappellerai donc que l'ensemble des aides, comme celle à la première exposition, les bourses d'incitation à la création, les allocations de séjour à l'étranger, les aides à l'édition, les allocations d'installation, les attributions d'ateliers, sont accessibles aux photographes. Ainsi plus d'une dizaine de photographes dont Sophie CALLE, Bogdan KONOPKA... ont bénéficié l'an dernier de ces procédures et je tiens à remercier tout particulièrement l'Union des Photographes Créateurs et son Président Monsieur Pierre PEROUSE, du travail continu et confiant qui a ainsi pu être mené avec mes services.
La diffusion.
Si nous sommes réunis aujourd'hui à Arles, c'est parce que les Rencontres Internationales de la Photographie ont été et demeurent la première manifestation à dimension européenne et internationale capable de proposer, à travers expositions, des soirées et des rencontres, une réflexion et une analyse sur la photographie contemporaine.
Permettez-moi, Monsieur le Maire, de vous adresser mes remerciements et de féliciter chaleureusement Madame Giovanna CALVENZI et Monsieur Bernard MILLET pour l'excellence de la programmation de cette année.
Il est juste en effet, en cette civilisation de fin de millénaire, de placer l'homme au centre de nos préoccupations. Nous savons tous à quel point les photographes hongrois qui ont rejoint notre pays - CAPA, BRASSAÏ, KERTESZ mais aussi ceux qui sont restés en Hongrie - y ont excellé. Et je me réjouis qu'après l'exposition qui leur a été consacrée à la Chapelle de la Sorbonne, les photographes de l'Agence MAGNUM aient accepté de nous présenter ce soir leur témoignage, déjà presque historique, sur l'année 1968.
Et, sans doute parce que vous êtes italienne, Madame, vous avez su rendre un hommage empreint de pudeur et de tendresse à celui dont les reportages nous paraissent aujourd'hui si familiers, Frederico PATELLANI.
Je suis heureuse enfin que nos amis d'Actes Sud aient accepté de présenter le travail de Beat STREULI sur Marseille, réalisé dans le cadre d'une commande publique de la délégation aux arts plastiques, et qui témoigne de l'engagement de cette artiste à l'égard des " anonymes ".
Si les Rencontres Internationales de la Photographie, je le rappelais à l'instant, ont été pionnières, j'ai toutefois le souci de favoriser la diffusion de la photographie au travers d'un réseau réparti sur le territoire et qui permet d'aborder l'ensemble du champ photographique.
Je souligne que mon département ministériel a pu soutenir, dès l'origine, le Mois de la Photo à Paris qui demeure exemplaire par sa capacité à fédérer les institutions publiques ou privées et dont le modèle a été repris par tant de pays étrangers.
Je souhaite par ailleurs permettre le développement de deux autres manifestations de portée internationale : Visa pour l'Image à Perpignan, où j'espère me rendre cette année, qui consacre le talent des photographes reporters et permet d'analyser la situation de la presse internationale et le Printemps de Cahors, manifestation exemplaire qui révèle la jeune création.
Il me semble toutefois indispensable d'inscrire l'action du Ministère de la Culture dans la durée, aussi ai-je demandé à mes services d'engager un travail destiné à structurer et à rendre plus lisible l'action des centres d'art.
Dialoguer avec les collectivités territoriales, veiller à une bonne répartition sur le territoire, établir des conventions triennales qui engagent les partenaires et permettent à ces institutions de travailler dans la durée, tel est le chantier actuellement engagé avec les centres photographiques de Pontault-Combault, Bastia, Toulouse, Douchy-les-Mines, Lectoure et bientôt Perpignan.
Le Centre National de la Photographie, constitue quant à lui l'institution de référence consacrée à la jeune création et je tiens à remercier ici Monsieur Régis DURAND à la fois pour la programmation exigeante et rigoureuse du Centre National de la Photographie mais aussi pour les jeunes talents qu'il nous a fait découvrir à la Biennale de l'Image.
Vous savez sans doute que j'ai demandé aux musées de s'ouvrir à l'art contemporain aussi suis-je heureuse de soutenir les musées qui, cette année, vont ainsi ouvrir des salles ou des départements consacrés à la photographie contemporaine parmi lesquels le C.A.P.C. à Bordeaux, le musée d'Annecy et le musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg où j'aurai plaisir à vous convier.
J'ai par ailleurs souhaité apporter un concours particulier à Monsieur Dominique PERBEN, Maire de Châlon-sur-Saône, afin de permettre l'accroissement des collections contemporaines du Musée Nicéphore Niepce afin qu'il puisse devenir le musée européen de référence pour l'histoire de l'art photographique.
Puisque nous évoquons ici le développement des musées et afin de souligner l'effort de l'Etat au regard des collections publiques d'oeuvres photographiques, j'ai souhaité que l'Invitation aux Musées, en novembre prochain, soit consacrée à l'image ; la manifestation " Invitation à la Photographie " sera étendue aux centres d'art et institutions culturelles qui présenteront les collections publiques en photographie. Une centaine d'établissements devraient ainsi participer à cette manifestation, témoignant ainsi de l'exceptionnelle richesse de notre patrimoine en ce domaine.
La constitution du patrimoine.
Parce qu'un pays est riche du talent de ses créateurs, je veillerai à ce que les dotations budgétaires relatives à l'acquisition d'oeuvres photographiques, notamment pour le Fonds National d'Art Contemporain et la Commission Nationale de la Photographie, soient maintenues à un niveau élevé, comme elles le furent cette année avec un accroissement de 1 million de francs.
Il importe en effet que la France, pays qui a offert la photographie au monde, soit attentive aux artistes contemporains, sans omettre de préserver, conserver, faire connaître et mettre en valeur son patrimoine. Aussi ai-je demandé à la Délégation aux Arts Plastiques, et tout particulièrement à Madame Agnès DE GOUVION SAINT CYR, qui assume avec grande compétence la coordination de la politique de la photographie dans le secteur de l'art contemporain, de reconduire les actions visant à restaurer, montrer et publier les collections comme cela avait été initié il y a quelques années (acquisition d'un ensemble de tirages d'époque de BRASSAÏ et de DOISNEAU, aide à la réédition de la revue La Lumière ).
Je souhaite en particulier que soit entreprise la publication du catalogue des oeuvres photographiques du Fonds National d'Art Contemporain.
Vous le savez sans doute, nous disposons avec le Fonds National d'Art Contemporain d'un outil à la fois singulier et exceptionnel ; probablement le plus grand collectionneur français, il a pour vocation de soutenir la création contemporaine et de mettre à disposition du public sa collection.
Fer de lance de la politique internationale de mon département ministériel, près de 1000 oeuvres sont ainsi régulièrement prêtées chaque année dans une vingtaine de pays dont le Japon, les Etats Unis, le Liban, l'Ethiopie, les pays européens et les Territoires d'Outre-Mer ; elles sont présentes dans la plupart des manifestations artistiques internationales - vous les retrouverez ici-même, mais aussi au Mois de la Photo de Beyrouth ou à la Biennale de Moscou - et sont confiées par ailleurs à des structures plus modestes. Ainsi les photographies de Seydou KEITA qui venaient de faire l'objet d'une exposition au musée Guggenheim de New York ont aussitôt été mises à disposition du centre culturel de Sarcelles où des jeunes en difficulté s'initiaient alors à la photographie.
Et si vous me rendez visite rue de Valois, je vous proposerai de vous arrêter devant les oeuvres de Sophie CALLE, de Thibaut CUISSET, d'Alain FLEISCHER ou de Keiichi TAHARA.
Vous l'aurez compris, je demeure très attachée à l'idée que le ministère de la culture encourage le talent des photographes et leur donne la possibilité de s'exprimer.
J'ai donc décidé de poursuivre le programme de commandes publiques initié pour le passage du millénaire, qu'il s'agisse du travail que Bettina RHEIMS et Serge BRAMLY vont consacrer à la vie du Christ ou à l'ambitieux projet relatif à la jeunesse.
Je souhaite en outre que se développent les commandes réalisées pour les manifestations internationales dont la proposition de Beat STREULI est un bon exemple.
De même si l'insertion de la photographie contemporaine au musée d'Orsay a pu constituer un pari audacieux, les oeuvres de Patrick FAIGENBAUM, celles de Karen KNORR et d'Alejandra FIGUEROA témoignent de la capacité des artistes à se pencher sur les oeuvres de leurs prédécesseurs. Ce projet de création artistique va donc se poursuivre les deux prochaines années pour faire écho à l'exposition que le musée d'Orsay va consacrer à la Castiglione et à la proposition de Françoise CACHIN sur le paysage méditerranéen.
Grâce au dynamisme de la Mission du Patrimoine photographique animée par Monsieur Pierre BONHOMME, les donations de fonds photographiques se sont multipliées au cours des dernières années, témoignant de la diversité des centres d'intérêt, des esthétiques, des démarches professionnelles et autres qui enrichissent l'histoire du médium.
J'apprécie que les expositions présentées à l'Hôtel de Sully, telles dernièrement " Découverte photographie de la Nouvelle Calédonie " ou actuellement " Beauté moderne " sur les avant-gardes tchèques, fassent mieux connaître la photographie patrimoniale tant française qu'étrangère, sans exclusive d'aucune sorte.
Je me réjouis également qu'un effort soutenu soit effectué pour mieux diffuser, grâce à une banque d'images informatisée et, bientôt grâce aussi à Internet, les archives photographiques gérées et mises en valeur par la Mission. Cet effort conforte la circulation de ses expositions dans le monde entier, comme, cet été, LARTIGUE en Suède et KERTESZ en Italie.
J'envisage par ailleurs de créer plusieurs musées en herbe qui permettront aux jeunes enfants d'approcher la photographie de manière ludique ; et je demande enfin à la Délégation aux Arts Plastiques de me faire des propositions pour que les Français des Territoires d'Outre-Mer puissent avoir accès aux grandes oeuvres des photographes, comme cela commence à se développer en Nouvelle Calédonie.
En rappelant la richesse des actions photographiques menées dans notre pays, je ne peux manquer de faire plusieurs observations : - la première est, qu'au sein même du Ministère de la culture, la diversité des fonds patrimoniaux et contemporains et la dispersion des initiatives les concernants nécessitent plus de cohérence et de lisibilité. - deuxième réflexion, l'enjeu d'une politique ambitieuse pour la photographie ne se limite pas à mon département ; en effet, de nombreux services appartenant à d'autres Ministères utilisent la photographie sans qu'il y ait eu une totale coordination dans le traitement des archivages et une utilisation de l'ensemble des données.
De même, la transmission des savoir-faire auprès des institutions étrangères n'est pas suffisamment prise en compte et il est évident que la ville d'Arles devrait jouer un rôle moteur dans ce domaine.
J'ai décidé de confier à François de BANES GARDONNE, Directeur régional des affaires culturelles de Provence-Alpes - Côte d'Azur une mission de proposition en vue de conforter la ville d'Arles en tant que pôle national et international de la photographie. Il me remettra ses propositions avant la fin de cette année.
Les collectivités territoriales contribuent au dynamisme de cette discipline qu'est la photographie. Je sais pouvoir compter sur leur aide précieuse pour mener à bien ce programme ambitieux et conforter le rôle initiateur de la France dans ce domaine.
Je formule le voeu que les institutions en Arles, dont je viens de parler, s'imposent dans un avenir très proche comme l'élément essentiel d'une politique internationale de formation, de création et de diffusion de l'art photographique.
(source http://www.culture.gouv.fr, le 14 septembre 2001)