Texte intégral
Q- J.-J. Bourdin : On va parler d'écologie, on va parler de développement durable, mais un mot sur le service bancaire universel. C'est l'actualité : la mise en place de cette CMU bancaire, en quelque sorte, a été annoncée par le Premier ministre, D. de Villepin. Vous aviez contribué à l'élaboration de ce service bancaire universel, puisque vous étiez ministre déléguée à la Lutte contre l'exclusion ; comment va-t-il fonctionner ?
R- D'abord, je dis que c'est une excellente chose, parce que les personnes qui sont les plus démunies aujourd'hui, les priver de compte en banque, c'est vraiment les priver de tout droit. Il est important que le Premier ministre ait pris cette décision aujourd'hui. Cela va fonctionner avec un compte simple, où les gens auront quand même une surveillance de leurs entrées comme de leurs sorties pour éviter qu'ils retombent dans des systèmes de dettes et d'endettement. Mais en tout cas, cela leur permettra d'avoir des droits et de vivre comme tout le monde.
Q- J.-J. Bourdin : Ce qui veut dire qu'aucune banque ne pourra plus refuser d'ouvrir un compte ?
R- Moi, c'est quelque chose qui m'avait profondément choquée : ce n'est pas parce qu'on est pauvre que l'on doit être absolument relégué dans tous les domaines et dans tous les systèmes. Donc, je suis très heureuse de cette nouvelle.
Q- J.-J. Bourdin : J'avais envie de vous demander combien de voitures électriques vous aviez à votre ministère.
R- Sur trente véhicules, nous avons vingt-sept véhicules propres.
Q- J.-J. Bourdin : C'est un ministère exemplaire !
R- Et moi, héritant d'une voiture de mon prédécesseur, j'ai donc
commandé une voiture à filtre à particules.
Q- J.-J. Bourdin : Dans les autres ministères, ce n'est pas pareil.
R- Nous allons y arriver.
Q- J.-J. Bourdin : Vous arrivez à convaincre ?
R- Nous allons y arriver. Le Premier ministre est quelqu'un de très engagé dans le développement et dans l'écologie. Je crois que toutes les consignes qu'il va donner seront celles-là en tout cas.
Q- J.-J. Bourdin : Terminé la Journée sans voiture ; aujourd'hui, on est dans la semaine de la mobilité ; le slogan, c'est "Bougez autrement". Comment peut-on bouger autrement ?
R- Alors, pourquoi une semaine ? Parce que je pense que pour apprendre les gestes simples de "bougez autrement", une journée n'est pas suffisante, et d'autre part, la "Journée sans voiture" me semblait un peu irréaliste. On ne peut pas dire aux gens qui habitent très loin, ne serait-ce que dans les zones rurales de ne pas prendre de voiture, quand on sait quelquefois que les transports publics ne sont pas là. Donc, une semaine "Bougez autrement", cela peut-être aller chercher son pain à pied, ce que souvent, on ne sait plus faire, cela peut-être accompagner ses enfants à l'école à pied au lieu de prendre la voiture si ce n'est pas très loin. Cela peut être de faire un effort en prenant les transports en commun quand c'est possible et puis tout un tas de choses qui sont mises en place avec les entreprises qui ont beaucoup adhéré cette année. On a soixante-trois villes, ce qui beaucoup plus que l'an passé. Et cette semaine, c'est une semaine de pédagogie ; je ne suis jamais pour l'interdiction, je crois que l'interdiction a la seule valeur d'être contre productive.
Q- J.-J. Bourdin : Pas d'interdiction, par exemple, des voitures en centre-ville, pas de péage, de droit de péage ? Vous êtes contre tout cela ?
R- C'est irréaliste. Faisons des choses simples, des gestes simples et faisons en sorte, par les messages pédagogiques que l'on passe que les gens adhérent à nos idées. Je crois que c'est beaucoup mieux comme cela.
Q- J.-J. Bourdin : A Londres, cela a l'air de marcher quand même.
R- Cela marche moyennement. J'en reviens et je peux vous dire que ce n'est pas terrible.
Q- J.-J. Bourdin : C'est cher...
R- C'est cher mais ce n'est pas terrible.
Q- J.-J. Bourdin : Je regardais l'exemple marseillais, où le centre-ville est insupportable, on ne peut pas se garer, maintenant, il y a des horodateurs, il y a très peu de parkings, il y a des transports en commun qui sont largement insuffisants, mais comment fait-on quand on va bosser et qu'on a besoin de sa voiture ?!
R- Marseille est une ville extrêmement encombrée dont je sais qu'il y a des plans de déplacement urbain qui sont en cours de réalisation. Mais c'est une ville effectivement, où le centre-ville est complètement engorgé, donc les voitures, les autobus, tout cela, ça roule... Et puis le centre ville est quelque chose d'assez compliqué, parce que les rues sont quand même peu larges et quand il passe un autobus et deux voitures, c'est fini, c'est le blocage.
Q- J.-J. Bourdin : Certaines villes ont décidé de rendre leurs transports en commun gratuits.
R- C'est une bonne idée.
Q- J.-J. Bourdin : Est-ce que l'on ne pourrait pas inciter toutes les villes de France à faire la même chose ? Comment pourrait-on faire ?
R- Les transports ne dépendent pas que de l'Etat. A Paris, c'est le Syndicat des transports, le Stif, ailleurs, c'est le Gars ; je pense que c'est à eux de prendre ces initiatives. Un geste, c'est quelque chose d'important et cela permettrait peut-être une adhésion plus forte aux transports en commun qui, quelquefois, sont regardés avec peu d'interrogation.
Q- J.-J. Bourdin : Parfois, ils n'existent même pas ! Quand on habite un peu loin des centres-villes, parfois, on ne peut prendre de transport en commun !
R- Je suis bien placée pour le savoir : de Garges-lès-gonesse ou de Sarcelles pour aller à Roissy, alors que c'est une plate-forme pour l'emploi, pour les jeunes, nous n'avons pas de transport en commun. Nous les réclamons depuis dix ans, nous n'avons rien !
Q- J.-J. Bourdin : Pourquoi ?
R- Je ne sais pas. Je n'ai jamais obtenu d'explication, mais j'ai l'impression que c'est très...
Q- J.-J. Bourdin : Ah bon, même en tant que ministre ?
R- Non, même moi, ministre, je n'ai pas obtenu d'explication. Pas de transport en commun, alors que la plate-forme pour l'emploi pour nos jeunes des quartiers en difficulté est là, offrant beaucoup de travail, et en sachant quand même, contrairement à ce que l'on dire, beaucoup de gens dans nos quartiers n'ont pas tous des voitures.
Q- J.-J. Bourdin : Certains voudraient restreindre l'accès des grandes villes aux 4x4 ; y êtes-vous favorable ?
R- C'est pareil, arrêtons d'interdire !
Q- J.-J. Bourdin : Donc, pas question ?
R- Chacun prendra ses responsabilités ?
Q- J.-J. Bourdin : Donc, sur les 4x4, vous n'avez rien à dire ?
R- Sur les 4x4, sur la carte grise, ils payeront plus. Effectivement, les 4x4 en ville sont quand même un problème. Ils représentent d'abord des émissions de gaz beaucoup plus importantes que les autres véhicules, ce sont des véhicules assez encombrants. Mais chacun doit avoir sa part de responsabilité. Moi, je fais confiance aux gens, parce que je pense que quelquefois, et bien souvent, les gens ont du bon sens.
Q- J.-J. Bourdin : Vous ne voulez vous fâcher avec personne...
R- Ne dites pas que je ne veux pas me fâcher, parce que je peux aussi être terrible. Quand je pense que le mal est là, je ne suis vraiment pas prête à fermer les yeux. Je peux vous dire que dans bien des situations, lorsque j'ai pris une décision, même si elle doit fâcher, si je pense qu'elle est juste et raisonnable, elle sera prise.
Q- Question de Denis, un auditeur des Landes : Pourquoi faire payer une taxe sur les 4x4 ? Est-ce surtout pour faire plaisir à certains électeurs ?
R- Je ne suis pas là pour faire plaisir à qui que ce soit. Je suis simplement là pour essayer de faire en sorte que l'on soit au rendez-vous de 2050. On a un défi à relever. Si nous n'arrivons pas à diminuer nos émissions de gaz à effet de serre par quatre d'ici à 2050, nous courons à la
catastrophe.
Q- Le même auditeur : Je pense que ce n'est pas en faisant payer des taxes sur les 4x4 que l'on va diminuer l'effet de serre !
R- Il n'y a pas que les 4x4. Nous allons nous attaquer à tous les sujets, mais entre autres, il y a cela. Je n'ai rien contre les gens qui ont des 4x4, parce que je pense que c'est la liberté, mais je crois qu'il y va quand même de l'effort de chacun au jour d'aujourd'hui, compte tenu des dangers qui nous guettent par rapport au changement climatique.
Q- J.-J. Bourdin : A quoi allez-vous vous attaquer, en dehors des 4x4 ?
R- Non, ce n'est pas une grosse attaque...
Q- J.-J. Bourdin : C'est une attaque timide ?
R- C'est une attaque simple. Ce n'est pas une attaque d'ailleurs, je ne considère pas cela ainsi. Je pense que c'est une façon de responsabiliser les gens devant ce qui nous attend par rapport au changement climatique ; c'est quand même grave aujourd'hui. Les phénomènes de sécheresse, les phénomènes d'inondation, les phénomènes qui se multiplient, Katrina... Tout cela, c'est dû effectivement au changement climatique qui est inquiétant. Je suis allée au Groenland et j'ai vu comment la fonte des glaciers s'est accélérée. Elle est passée de cinq kilomètres en 1988, à quatorze kilomètres au jour d'aujourd'hui. Ce qui veut dire que la mer continue à se gonfler, le niveau continue à s'élever, ce qui va mettre ce secteur, si cela continue ainsi dans quelques années, les populations inuit seront obligées de partir, nous n'aurons plus la faune, les ours ont beaucoup de mal aujourd'hui à se nourrir et les femelles ne peuvent plus se reproduire du fait de leur fatigue.
Q- J.-J. Bourdin : Que proposez-vous ?
R- Il faut absolument réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il faut absolument, aussi, que tous les pays développés adhèrent au protocole de Kyoto, et il faut que les pays en voie de développement au jour d'aujourd'hui, que tout le monde est prêt à aider, et c'est normal et il faut continuer, inscrivent aussi le changement climatique dans leur priorité, parce qu'il concerne tout le monde.
Q- J.-J. Bourdin : C'est vrai que cela concerne tout le monde. Pour en revenir à la circulation, êtes-vous prête à remettre en place la circulation alternée : jours pairs, plaques paires ?
R- En cas de grosse pollution, oui.
Q- J.-J. Bourdin : Parce que, j'ai l'impression que c'est totalement
oublié cela...
R- Cela fait longtemps, mais aujourd'hui, je serais aujourd'hui surtout pour inscrire dans le Code de la route la limitation de vitesse en cas de pollution, parce qu'il faut quand même savoir que l'on a un dysfonctionnement. On demande à réduire la vitesse en cas de pollution, on la respecte ou on ne la respecte pas ; ceux qui ne la respectent pas, éventuellement, et qui se font arrêter, dès l'instant où ce n'est pas inscrit dans le Code de la route, je ne suis pas sûre que la verbalisation soit totalement légale. Donc, faisons les choses pour que les choses soient claires.
Q- J.-J. Bourdin : Mettons cela dans la loi ?
R- Voilà.
[...]
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 19 septembre 2005)
R- D'abord, je dis que c'est une excellente chose, parce que les personnes qui sont les plus démunies aujourd'hui, les priver de compte en banque, c'est vraiment les priver de tout droit. Il est important que le Premier ministre ait pris cette décision aujourd'hui. Cela va fonctionner avec un compte simple, où les gens auront quand même une surveillance de leurs entrées comme de leurs sorties pour éviter qu'ils retombent dans des systèmes de dettes et d'endettement. Mais en tout cas, cela leur permettra d'avoir des droits et de vivre comme tout le monde.
Q- J.-J. Bourdin : Ce qui veut dire qu'aucune banque ne pourra plus refuser d'ouvrir un compte ?
R- Moi, c'est quelque chose qui m'avait profondément choquée : ce n'est pas parce qu'on est pauvre que l'on doit être absolument relégué dans tous les domaines et dans tous les systèmes. Donc, je suis très heureuse de cette nouvelle.
Q- J.-J. Bourdin : J'avais envie de vous demander combien de voitures électriques vous aviez à votre ministère.
R- Sur trente véhicules, nous avons vingt-sept véhicules propres.
Q- J.-J. Bourdin : C'est un ministère exemplaire !
R- Et moi, héritant d'une voiture de mon prédécesseur, j'ai donc
commandé une voiture à filtre à particules.
Q- J.-J. Bourdin : Dans les autres ministères, ce n'est pas pareil.
R- Nous allons y arriver.
Q- J.-J. Bourdin : Vous arrivez à convaincre ?
R- Nous allons y arriver. Le Premier ministre est quelqu'un de très engagé dans le développement et dans l'écologie. Je crois que toutes les consignes qu'il va donner seront celles-là en tout cas.
Q- J.-J. Bourdin : Terminé la Journée sans voiture ; aujourd'hui, on est dans la semaine de la mobilité ; le slogan, c'est "Bougez autrement". Comment peut-on bouger autrement ?
R- Alors, pourquoi une semaine ? Parce que je pense que pour apprendre les gestes simples de "bougez autrement", une journée n'est pas suffisante, et d'autre part, la "Journée sans voiture" me semblait un peu irréaliste. On ne peut pas dire aux gens qui habitent très loin, ne serait-ce que dans les zones rurales de ne pas prendre de voiture, quand on sait quelquefois que les transports publics ne sont pas là. Donc, une semaine "Bougez autrement", cela peut-être aller chercher son pain à pied, ce que souvent, on ne sait plus faire, cela peut-être accompagner ses enfants à l'école à pied au lieu de prendre la voiture si ce n'est pas très loin. Cela peut être de faire un effort en prenant les transports en commun quand c'est possible et puis tout un tas de choses qui sont mises en place avec les entreprises qui ont beaucoup adhéré cette année. On a soixante-trois villes, ce qui beaucoup plus que l'an passé. Et cette semaine, c'est une semaine de pédagogie ; je ne suis jamais pour l'interdiction, je crois que l'interdiction a la seule valeur d'être contre productive.
Q- J.-J. Bourdin : Pas d'interdiction, par exemple, des voitures en centre-ville, pas de péage, de droit de péage ? Vous êtes contre tout cela ?
R- C'est irréaliste. Faisons des choses simples, des gestes simples et faisons en sorte, par les messages pédagogiques que l'on passe que les gens adhérent à nos idées. Je crois que c'est beaucoup mieux comme cela.
Q- J.-J. Bourdin : A Londres, cela a l'air de marcher quand même.
R- Cela marche moyennement. J'en reviens et je peux vous dire que ce n'est pas terrible.
Q- J.-J. Bourdin : C'est cher...
R- C'est cher mais ce n'est pas terrible.
Q- J.-J. Bourdin : Je regardais l'exemple marseillais, où le centre-ville est insupportable, on ne peut pas se garer, maintenant, il y a des horodateurs, il y a très peu de parkings, il y a des transports en commun qui sont largement insuffisants, mais comment fait-on quand on va bosser et qu'on a besoin de sa voiture ?!
R- Marseille est une ville extrêmement encombrée dont je sais qu'il y a des plans de déplacement urbain qui sont en cours de réalisation. Mais c'est une ville effectivement, où le centre-ville est complètement engorgé, donc les voitures, les autobus, tout cela, ça roule... Et puis le centre ville est quelque chose d'assez compliqué, parce que les rues sont quand même peu larges et quand il passe un autobus et deux voitures, c'est fini, c'est le blocage.
Q- J.-J. Bourdin : Certaines villes ont décidé de rendre leurs transports en commun gratuits.
R- C'est une bonne idée.
Q- J.-J. Bourdin : Est-ce que l'on ne pourrait pas inciter toutes les villes de France à faire la même chose ? Comment pourrait-on faire ?
R- Les transports ne dépendent pas que de l'Etat. A Paris, c'est le Syndicat des transports, le Stif, ailleurs, c'est le Gars ; je pense que c'est à eux de prendre ces initiatives. Un geste, c'est quelque chose d'important et cela permettrait peut-être une adhésion plus forte aux transports en commun qui, quelquefois, sont regardés avec peu d'interrogation.
Q- J.-J. Bourdin : Parfois, ils n'existent même pas ! Quand on habite un peu loin des centres-villes, parfois, on ne peut prendre de transport en commun !
R- Je suis bien placée pour le savoir : de Garges-lès-gonesse ou de Sarcelles pour aller à Roissy, alors que c'est une plate-forme pour l'emploi, pour les jeunes, nous n'avons pas de transport en commun. Nous les réclamons depuis dix ans, nous n'avons rien !
Q- J.-J. Bourdin : Pourquoi ?
R- Je ne sais pas. Je n'ai jamais obtenu d'explication, mais j'ai l'impression que c'est très...
Q- J.-J. Bourdin : Ah bon, même en tant que ministre ?
R- Non, même moi, ministre, je n'ai pas obtenu d'explication. Pas de transport en commun, alors que la plate-forme pour l'emploi pour nos jeunes des quartiers en difficulté est là, offrant beaucoup de travail, et en sachant quand même, contrairement à ce que l'on dire, beaucoup de gens dans nos quartiers n'ont pas tous des voitures.
Q- J.-J. Bourdin : Certains voudraient restreindre l'accès des grandes villes aux 4x4 ; y êtes-vous favorable ?
R- C'est pareil, arrêtons d'interdire !
Q- J.-J. Bourdin : Donc, pas question ?
R- Chacun prendra ses responsabilités ?
Q- J.-J. Bourdin : Donc, sur les 4x4, vous n'avez rien à dire ?
R- Sur les 4x4, sur la carte grise, ils payeront plus. Effectivement, les 4x4 en ville sont quand même un problème. Ils représentent d'abord des émissions de gaz beaucoup plus importantes que les autres véhicules, ce sont des véhicules assez encombrants. Mais chacun doit avoir sa part de responsabilité. Moi, je fais confiance aux gens, parce que je pense que quelquefois, et bien souvent, les gens ont du bon sens.
Q- J.-J. Bourdin : Vous ne voulez vous fâcher avec personne...
R- Ne dites pas que je ne veux pas me fâcher, parce que je peux aussi être terrible. Quand je pense que le mal est là, je ne suis vraiment pas prête à fermer les yeux. Je peux vous dire que dans bien des situations, lorsque j'ai pris une décision, même si elle doit fâcher, si je pense qu'elle est juste et raisonnable, elle sera prise.
Q- Question de Denis, un auditeur des Landes : Pourquoi faire payer une taxe sur les 4x4 ? Est-ce surtout pour faire plaisir à certains électeurs ?
R- Je ne suis pas là pour faire plaisir à qui que ce soit. Je suis simplement là pour essayer de faire en sorte que l'on soit au rendez-vous de 2050. On a un défi à relever. Si nous n'arrivons pas à diminuer nos émissions de gaz à effet de serre par quatre d'ici à 2050, nous courons à la
catastrophe.
Q- Le même auditeur : Je pense que ce n'est pas en faisant payer des taxes sur les 4x4 que l'on va diminuer l'effet de serre !
R- Il n'y a pas que les 4x4. Nous allons nous attaquer à tous les sujets, mais entre autres, il y a cela. Je n'ai rien contre les gens qui ont des 4x4, parce que je pense que c'est la liberté, mais je crois qu'il y va quand même de l'effort de chacun au jour d'aujourd'hui, compte tenu des dangers qui nous guettent par rapport au changement climatique.
Q- J.-J. Bourdin : A quoi allez-vous vous attaquer, en dehors des 4x4 ?
R- Non, ce n'est pas une grosse attaque...
Q- J.-J. Bourdin : C'est une attaque timide ?
R- C'est une attaque simple. Ce n'est pas une attaque d'ailleurs, je ne considère pas cela ainsi. Je pense que c'est une façon de responsabiliser les gens devant ce qui nous attend par rapport au changement climatique ; c'est quand même grave aujourd'hui. Les phénomènes de sécheresse, les phénomènes d'inondation, les phénomènes qui se multiplient, Katrina... Tout cela, c'est dû effectivement au changement climatique qui est inquiétant. Je suis allée au Groenland et j'ai vu comment la fonte des glaciers s'est accélérée. Elle est passée de cinq kilomètres en 1988, à quatorze kilomètres au jour d'aujourd'hui. Ce qui veut dire que la mer continue à se gonfler, le niveau continue à s'élever, ce qui va mettre ce secteur, si cela continue ainsi dans quelques années, les populations inuit seront obligées de partir, nous n'aurons plus la faune, les ours ont beaucoup de mal aujourd'hui à se nourrir et les femelles ne peuvent plus se reproduire du fait de leur fatigue.
Q- J.-J. Bourdin : Que proposez-vous ?
R- Il faut absolument réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il faut absolument, aussi, que tous les pays développés adhèrent au protocole de Kyoto, et il faut que les pays en voie de développement au jour d'aujourd'hui, que tout le monde est prêt à aider, et c'est normal et il faut continuer, inscrivent aussi le changement climatique dans leur priorité, parce qu'il concerne tout le monde.
Q- J.-J. Bourdin : C'est vrai que cela concerne tout le monde. Pour en revenir à la circulation, êtes-vous prête à remettre en place la circulation alternée : jours pairs, plaques paires ?
R- En cas de grosse pollution, oui.
Q- J.-J. Bourdin : Parce que, j'ai l'impression que c'est totalement
oublié cela...
R- Cela fait longtemps, mais aujourd'hui, je serais aujourd'hui surtout pour inscrire dans le Code de la route la limitation de vitesse en cas de pollution, parce qu'il faut quand même savoir que l'on a un dysfonctionnement. On demande à réduire la vitesse en cas de pollution, on la respecte ou on ne la respecte pas ; ceux qui ne la respectent pas, éventuellement, et qui se font arrêter, dès l'instant où ce n'est pas inscrit dans le Code de la route, je ne suis pas sûre que la verbalisation soit totalement légale. Donc, faisons les choses pour que les choses soient claires.
Q- J.-J. Bourdin : Mettons cela dans la loi ?
R- Voilà.
[...]
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 19 septembre 2005)